mardi 10 mars 2009

Une supercherie littéraire sous la restauration : Louis XVI peint par lui-même ou correspondance et autres écrits de ce monarque etc... (1817)





(BABIE DE BERCENAY - LA PLATIERE (Sulpice IMBERT, comte de)

LOUIS XVI PEINT PAR LUI-MÊME, ou correspondance et autres écrits de ce monarque ; précédés d’une notice sur la vie de ce prince, avec des notes historiques sur sa correspondance et ses autres écrits.

Paris, chez Gide fils, libraire, 1817. (Adrien Egron, imprimeur de S.A.R. Monseigneur Duc d’Angoulême).

1 volume in-8 (21 x 13,5 cm) de XLIV-468 pages.

Reliure pleine basane havane racinée et granitée, dos lisse richement orné de caissons soulignés de filets dorés gras, caissons décorés d’un semis de minuscules fleurs de lis et de grandes fleurs de lis, alternés, pièce de titre de maroquin rouge. Roulette de feuillages dorés en encadrement des plats, filet doré sur les coupes, gardes et tranches marbrés coordonnés. (reliure strictement de l’époque). Belle impression sur beau papier chiffon vergé. Exemplaire parfaitement conservé à l’état proche du neuf.


ÉDITION ORIGINALE SOUS CE TITRE DE CETTE INCROYABLE SUPERCHERIE LITTÉRAIRE.


On connait l’histoire de cet ouvrage d’après Barbier, dans son Dictionnaire des ouvrages anonymes et pseudonymes :

« En 1809, lorsque je faisais imprimer le troisième volume de ce dictionnaire, M. Babié m'a avoué qu'il avait composé le plus grand nombre de ces lettres en société avec M. de La Platière. Dans ces derniers temps il a répété le même aveu à M. Beuchot, qui l'a consigné dans le "Journal général de la librairie"(...)" Voici ce que dit M.Babié à M. Beuchot "J'étais un jour chez Sulpice de la Platière ; nous cherchions ensemble le titre ou le sujet d'un livre. L'idée nous vint de faire des "lettres de Louis XVI". Tous les matins je me rendais chez Sulpice de La Platière et là en prenant le thé nous fabriquions quelques lettres, quand nous en eûmes une quantité suffisante, nous vendîmes notre travail à M. L. qui nous en donna cent louis que mon collaborateur partagea avec moi »

Il faut replacer la genèse de cet ouvrage dans son contexte historique. Depuis le 8 juillet 1815 les Bourbons sont de retour sur le devant de la scène politique (seconde restauration). La France se trouve alors sous l’emprise d’une sorte de frénésie royaliste renaissante. Les écrits complaisants envers les Bourbons et la monarchie ressuscitée pullulent alors. Créer de toute pièce une correspondance inédite de Louis XVI et la publier en 1817 paraît une idée fort à propos. Nous sommes en présence ici d’un exemplaire relié aux attributs de la monarchie (fleurs de lis répétées), gage que cette édition, au moment de sa parution en librairie, persuada une partie des lecteurs amateurs de la faire recouvrir d’une reliure authentiquement « monarchique ». La supercherie a semble-t-il totalement réussi.

Certaines lettres de cette édition avaient déjà paru dans les 2 volumes publiés en 1803 (Paris, Debray, 2 vol. in-8) intitulés : « Correspondance politique et confidentielle inédite de Louis XVI avec ses frères et plusieurs personnages célèbres pendant les dernières années de son règne et jusqu'à sa mort, etc. »

Références : Quérard V, 190 ; Supercheries, II, 825a ; Barbier II, 1346 ; Tourneux 20831 ; Bulletin du Bibliophile, 1838, pp. 74-75 ; Eckard, Recherches historiques et biographiques sur Versailles, p. 387.

MAGNIFIQUE EXEMPLAIRE DANS SA TRÈS BELLE RELIURE DE L’ÉPOQUE, PARFAITEMENT CONSERVÉE.

VENDU

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