[Alfred de MUSSET]
GAMIANI.
Sans nom, sans lieu ni date [édité pour un groupe de bibliophiles, vers 1948]
1 volume in-4 (32,5 x 25,5 cm), en feuilles, 130 pages et 1 page non chiffrée pour la justification du tirage. Couverture rempliée à fenêtre imprimée en couleurs (bien complet du plexiglas). Texte calligraphié lithographié et 32 lithographies dans le texte en noir et en sanguine, 26 lithographies hors-texte en noir ou en sanguine dont 3 portraits et 23 planches libres. Très bon état.
TIRAGE A 325 EXEMPLAIRES.
CELUI-CI, UN DES 300 EXEMPLAIRES AVEC PLANCHES LIBRES SUPPLÉMENTAIRES.
9 planches libres sont en 2 états (avec et sans remarque), sur papier blanc ou papier teinté. Les 3 portraits sont en 2 états. Notre exemplaire comporte donc un total de 38 planches hors-texte dont 32 sont libres ou érotiques pour le moins.
Référence : Dutel, Bibliographie des ouvrages érotiques publiés clandestinement en français entre 1920 et 1970, n° 1656. (indique qu'il faut 14 planches hors texte).
Curieuse édition clandestine publiée avec pour seul titre celui de la couverture à fenêtre, le texte débute directement par la page 1 précédée d'un simple faux-titre "Gamiani" imprimé en noir dans la partie basse du premier feuillet. Le texte est entièrement reproduit en lithographie d'après une calligraphie soignée, les 32 lithographies libres qu'on trouve réparties dans le texte viennent compléter une illustration hors-texte tout aussi "libérée". Les 3 portraits dénotent une édition des années 40.
Aucun bibliographe ne s'est attardé à essayer d'attribuer les dessins qui ornent cette édition. Nous pensons, d'après le colophon illustré (justification du tirage) que ces dessins sont l'oeuvre de Jacques Nam (1881-1974). Plusieurs indices pourraient trahir sa main. La page de justificatif est composée d'un satyre au type asiatique tandis qu'au bas de ce même feuillet on trouve trois chants esquissés. Par ailleurs le style des dessins nous paraît tout à fait proche de ceux exécutés pour Chatteries (vers 1935), un recueil portfolio érotique qui met en parallèle les minauderies féminines et les félines attitudes des femmes. On remarquera encore quelques indications animalières dans les planches hors-texte de ce Gamiani.
Jusqu'à preuve évidente d'une autre paternité, nous donnons donc l'ensemble de cette illustration érotique à Jacques Nam. "Issu d’une famille de musiciens, J. NAM entre à 19 ans à l’Ecole des Beaux-Arts dans l’Atelier de Gérome. Celui-ci l’encourage à aller dessiner les fauves au Jardin des Plantes. Dès 1900, il commence à faire des dessins humoristiques puis politiques pour divers journaux (le Rire, le Sourire, la Vie Parisienne, le Figaro, L’Echo de Paris,...). Il travaille comme illustrateur chez Hachette, Flammarion, Delagrave. Son attirance pour les animaux, particulièrement pour les chats, le conduit à utiliser de nombreux médias : dessins d’illustrations pour journaux, bandesdessinées, illustrations de romans de Colette ou pour la Bibliothèque Verte (James Oliver Curwood), sculptures en ronde-bosse, laques et peintures. Son style d’un cubisme modéré l’inscrit dans la ligne de l’Art Déco." (Biographie, catalogue Chayette et Cheval, 2010).
Gamiani est l'ouvrage le plus réimprimé au cours du XIXe siècle avec plus de 40 éditions. L'attribution du roman à Alfred de Musset a longtemps été contestée, elle semble aujourd'hui certaine.
Le roman raconte deux nuits de la vie de la comtesse Gamiani marquées par ses ébats avec Fanny et Alcide. Pendant ces deux nuits, les trois personnages vont successivement raconter leur initiation sexuelle ainsi que leurs plus grands exploits dans ce domaine.
Pierre Louÿs dans le Manuel de civilité pour les petites filles à l'usage des maisons d'éducation écrit : « Ne suivez pas l'office sur un exemplaire de Gamiani, surtout s'il est illustré ».
"La première fois que je fus mise à l’épreuve, j’étais dans le délire du vin. Je me précipitai violemment sur la sellette, défiant toutes les nonnes. L’âne fut à l’instant dressé devant moi, à l’aide d’une courroie. Son braquemart terrible, échauffé par les mains des sœurs, battait lourdement sur mon flanc. Je le pris à deux mains, je le plaçai à l’orifice, et, après un chatouillement de quelques secondes, je cherchai à l’introduire. Mes mouvements aidant, ainsi que mes doigts et une pommade dilatante, je fus bientôt maîtresse de cinq pouces au moins. Je voulus pousser encore, mais je manquai de forces, je retombai. Il me semblait que ma peau se déchirait, que j’étais fendue, écartelée ! C’était une douleur sourde, étouffante, à laquelle se mêlait pourtant une irritation chaleureuse, titillante et sensuelle. La bête, remuant toujours, produisait un frottement si vigoureux que toute ma charpente vertébrale était ébranlée. Mes canaux spermatiques s’ouvrirent et débordèrent. Ma cyprine brûlante tressaillit un instant dans mes reins. Oh ! quelle jouissance ! Je la sentais courir en jets de flamme et tomber goutte à goutte au fond de ma matrice. Tout en moi ruisselait d’amour. Je poussai un long cri d’énervement et je fus soulagée… Dans mes élans lubriques, j’avais gagné deux pouces ; toutes les mesures étaient passées, mes compagnes étaient vaincues. Je touchais aux bourrelets sans lesquels on serait éventrée ! Épuisée, endolorie dans tous les membres, je croyais mes voluptés finies lorsque l’intraitable fléau se raidit de plus belle, me sonde, me travaille et me tient presque levée. Mes nerfs se gonflent, mes dents se serrent et grincent ; mes bras se tendent sur mes deux cuisses crispées. Tout à coup un jet violent s’échappe et m’inonde d’une pluie chaude et gluante, si forte, si abondante, qu’elle semble regorger dans mes veines et toucher jusqu’au cœur. Mes chairs lâchées, détendues par ce baume exubérant, ne me laissent plus sentir que des félicités poignantes qui me piquent les os, la moelle, la cervelle et les nerfs, dissolvent mes jointures et me mettent en fusion brûlante… Torture délicieuse !… intolérable volupté qui défait les liens de la vie et vous fait mourir avec ivresse !" (extrait)
BEL EXEMPLAIRE AVEC LES PLANCHES LIBRES.
VENDU