OVIDE [Publius Ovidius Naso] - MARTIN VAN MAELE, illustrateur
LES AMOURS. Traduit du latin en français par le sieur de Bellefleur MCXXI (1621), préface de Ad. Van Bever. Edition illustrée de compositions originales par MARTIN VAN MAELE comprenant vingt planches gravées à l'eau-forte par l'artiste et des en-têtes, lettres ornées et culs-de-lampe gravés sur bois par Eugène Dété.
Paris, J. Chevrel, Libraire, 1913. [achevé d'imprimer le 10 janvier 1913 par Paul Herissey à Evreux].
1 fort volume grand in-8 (25,5 x 16,5 cm), broché, VIII-344-(3) pages. 20 eaux-fortes dont la plupart sont hors-texte à pleine pages et quelques unes à mi-page. Nombreux ornements au trait d'après les dessins de Van Maele et gravés sur bois par Dété. Exemplaire en très bon état, tel que paru. Quelques ombres et décharges aux feuillets blancs jouxtant la couverture intérieure. Très beau papier de cuve. Les Lettrines ont toutes été délicatement enluminées au pinceau.
IMPRIMÉ A 250 EXEMPLAIRES NUMÉROTÉS SEULEMENT (20 ex. sur Japon Impérial et 230 ex. sur vélin d'Arches).
CELUI-CI UN DES 230 EXEMPLAIRES SUR VÉLIN D'ARCHES CONTENANT LES EAUX-FORTES EN UN SEUL ÉTAT.
UN DES RARES EXEMPLAIRES A AVOIR ÉTÉ ENLUMINÉ A L'ÉPOQUE A LA GOUACHE ET A L'AQUARELLE. (il n'est pas fait mention de ces exemplaires coloriés à l'époque dans la justification du tirage ; les planches en couleurs devaient être réservées à une élite d'amateurs).
"Voici la vérité : dans mon sein ont pénétré ses flèches aiguës ; le cruel Amour tyrannise ce coeur dont il a pris possession. Lui céderai-je ? ou, par ma résistance, donnerai-je une force nouvelle à cette flamme soudaine ? Cédons-lui : pour qui sait le porter, un fardeau devient léger. J'ai vu, quand on mettait le tison en mouvement, la flamme, ainsi agitée, s'accroître, et je l'ai vue s'éteindre quand le mouvement cessait ; les jeunes boeufs, qui se révoltent contre le premier joug, sont plus souvent frappés que ceux qui, par l'habitude, se plaisent à le porter. On dompte avec le mors le plus dur le coursier dont la bouche est rebelle ; on fait moins sentir le frein celui qu'on voit prêt à voler aux combats. Ainsi l'Amour traite un coeur qui lui résiste encore avec plus de rigueur et de tyrannie que celui qui se reconnaît son esclave. Eh bien ! je l'avoue ; oui, Cupidon, je suis devenu ta proie. Je tends les mains à mon vainqueur, et demande à lui obéir. Il ne s'agit plus de combattre la paix et mon pardon, voilà ce que j'implore. D'ailleurs, il n'y aurait pas de gloire pour toi à vaincre, les armes à la main, un homme désarmé. Que le myrrhe couronne ta chevelure ; attelle les colombes de ta mère ; Mars lui-même te donnera le char qui te convient. Tu le recevras aux acclamations d'un peuple qui chantera tes exploits ; alors, jeune triomphateur, tu paraîtras guidant avec adresse tes oiseaux attelés. Derrière toi marcheront de jeunes garçons enchaînés avec autant de jeunes filles ; telles seront la magnificence et la pompe de ton triomphe. Moi-même, ta dernière victime, je te suivrai avec ma récente blessure ; esclave volontaire, je traînerai ma nouvelle chaîne. Ensuite viendront, les mains liées derrière le dos, la bonne Conscience, la Pudeur, et tous ce qui ose lutter contre toi. Tu feras tout trembler sur ton passage ; le peuple, les bras tendus vers ton char, criera à haute voix "Triomphe !" Tu auras à tes côtés les Caresses et la Fureur, cortège qui te suit toujours. C'est avec cette milice que tu soumets les hommes et les dieux ; privé de tels auxiliaires, tu serais sans pouvoir. Fière de ton triomphe, ta mère y applaudira du haut de l'Olympe ; et ses mains verseront sur son fils une pluie de roses. Les pierreries brilleront sur tes ailes ; ta chevelure en sera chargée, et, tout resplendissant d'or, tu feras voler les roues dorées de ton char. Alors, si je te connais bien, tu enflammeras encore mille coeurs ; alors tu feras, à ton passage, de nouvelles blessures. Tu le voudrais en vain ; le repos n'est pas fait pour tes flèches ; ta flamme brille jusqu'au sein des eaux. Tel était Bacchus quand il soumettait les terres que baigne le Gange. Des oiseaux peuvent traîner ton char ; au sien il fallait des tigres. Puis donc que je puis faire partie de ton divin triomphe, ne va point perdre les droits que la victoire te donne sur moi. (...)" Ovide, Amours, Élégie II.
OUVRAGE MAGISTRALEMENT ILLUSTRÉ PAR MARTIN VAN MAELE ; SAGEMENT ÉROTIQUE ET ÉVOCATEUR DE L'AMOUR.
TRÈS RARE EN ÉPREUVES COLORIÉES.
UN LIVRE PARFAITEMENT EXÉCUTÉ DE TOUTE BEAUTÉ.
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