PRÉVOST Antoine François, dit Prévost d’Exiles ou l'Abbé PRÉVOST
HISTOIRE DE MANON LESCAUT ET DU CHEVALIER DES GRIEUX par l'Abbé Prévost. Edition illustrée par Tony Johannot précédée d'une notice historique sur l'auteur par Jules Janin.
Paris, Ernest Bourdin et Cie, s.d. (1839). [Typographie Lacrampe et Comp., rue Damiette, 2 (Paris)].
1 volume grand in-8 (282 x 185 mm - Hauteur des marges : 275 mm) de (2)-VII-XII-344 pages. Frontispice en camaïeu (portrait de l'abbé Prévost et personnages divers, imprimés en jaune), d'après Edouard Wattier et gravé par Andrew, Best et Leloir. 18 compositions hors texte gravées sur bois et 90 vignettes dans le texte, plus deux faux-titres ornementés, gravés sur bois et imprimés en or pour chacune des deux parties de l'ouvrage.
Reliure à la bradel demi-maroquin à coins bleu vif, dos lisse orné de fers dorés et de deux petites fleurettes mosaïquées de maroquin rouge, filets dorés sur les plats, tête dorée, relié sur brochure, non rogné, les couvertures imprimées n'ont pas été conservées (reliure de la fin du XIXe siècle signée V. CHAMPS). Reliure très fraîche, intérieur à l'état proche du neuf, de toute fraîcheur également. Quelques rares pâles rousseurs. Rousseurs au papier vélin support de la seule composition hors-texte de cette sorte. Infimes marques à la reliure.
ÉDITION ESTIMÉE ILLUSTRÉE PAR TONY JOHANNOT.
EXEMPLAIRE DE PREMIER TIRAGE AVEC "MANON LESCAUT" IMPRIMÉ EN LETTRES BLANCHES SUR LE TITRE.
UN DES QUELQUES EXEMPLAIRES IMPRIMÉS SUR PAPIER DE CHINE D'UN SEUL COTÉ. TIRAGE LE PLUS RARE ET LE PLUS DÉSIRABLE POUR CET OUVRAGE.
Léopold Carteret donne une description détaillée et précise de cette édition. Il indique que le frontispice et les deux faux-titres n'ont pas été tirés sur papier de Chine et figurent par conséquent sur papier blanc fort dans ces exemplaires. Ce qui est le cas de notre exemplaire. Le très-rare papillon bleu donnant le placement des gravures "Avis au brocheur" n'a ici pas été conservé. Contrairement à ce qu'indique Carteret, les compositions hors-texte sont ici tirées sur Chine appliqué sur papier de Chine fort (et non sur vélin à l'exception d'une seule planche qui est sur vélin blanc).
"Un des beaux livres de la période romantique, illustré par Johannot ; c'est la seule édition intéressante de ce chef-d’œuvre parue au début du XIXe siècle." (L. Carteret III, 505-506).
Ces exemplaires sur papier de Chine sont très rares, selon les bibliographes il n'y en aurait pas plus de 20 ou 25 exemplaires, encore plus rares sont ceux, comme celui-ci, imprimés d'un seul côté.
Exemplaire parfaitement établi sur brochure, à toutes marges, par le praticien relieur Victor Champs. Un très petit nombre d'exemplaires ont subi le feu des enchères ces dernières années. Un exemplaire en maroquin bleu de Petit (reliure de la fin XIXe s.) a été adjugé 21.000 francs (soit 3.200 euros) en 2000 (La Bibliothèque de Monsieur ***( 2ème partie), 24 novembre 2000, Piasa, Paris). Un autre exemplaire, celui de Béraldi, également relié par R. Petit en maroquin rouge, sur Chine imprimé d'un seul côté, réalisa 10.000 euros chez Christie's en mai 2002 (Lot 643 / Sale 5008).
Voyez comme on ne peut pas faire confiance à un éminent bibliophile. En effet, Henri Béraldi écrivait dans Estampes et livres (L. Conquet, 1892) : "Cette Manon Lescaut de Bourdin mérite la reliure doublée. Elle reste un des plus gracieux livres à figures du XIXe siècle, bien qu'on ait refait, depuis, bien des éditions de Manon. Je n'ai, pour ma part, aucun goût pour les exemplaires sur papier de Chine imprimés d'un seul côté qui font un livre absurde." (p. 192). Comme nous l'avons vu plus haut H. Béraldi possédait un exemplaire sur Chine imprimé d'un seul côté...
A propos de cet ouvrage, Montesquieu écrit en 1734 : « J’ai lu le 6 avril 1734, Manon Lescaut (...) Je ne suis pas étonné que ce roman, dont le héros est un fripon, et l’héroïne, une catin qui est menée à la Salpêtrière, plaise ; parce que toutes les mauvaises actions du héros, le chevalier des Grieux, ont pour motif l’amour, qui est toujours un motif noble, quoique la conduite soit basse. ».
"Manon Lescaut a laissé une trace durable dans la littérature française. Peu de romans n’ont été aussi loués et aussi critiqués que ce chef-d’œuvre rempli de passion, de douleur et d’amour. Le drame touchant vécu par le « fripon » des Grieux et la « catin » Manon parvient à éviter la réprobation des lecteurs grâce au caractère admirable qui caractérise les passions dans ce court récit si naturel et si vraisemblable qui se déroule avec une rapidité qui tranche avec le reste de l’œuvre de Prévost. L’intrigue de cette histoire remplie de variété et de mouvement sur fond unique de délire et d’amour se développe et s’enchaîne dans un ordre logique et naturel qui donne à chaque nouvel épisode son impression d’authenticité et de vraisemblance. Les deux héros sont présentés avec une netteté lumineuse : séduisants, jeunes et amoureux à outrance, ils se précipitent tête baissée dans leur passion sans jamais paraître rien perdre de leur grâce, de leur beauté et de leur esprit. Leur jeunesse et leur innocence ne semblent jamais atteintes par la fange de l’échelle sociale au bas de laquelle se passe une bonne partie de leur histoire. Passant tour à tour, et du jour au lendemain, de la misère à la fortune, du boudoir à la prison, de Paris à la déportation, de l’exil à la mort, des Grieux et Manon n’ont qu’une excuse : l’amour, ce sentiment qui fait oublier que tous deux mentent et volent, que le premier triche et tue ou que la seconde se prostitue. C’est également la conscience de ce sentiment qui permet au lecteur de prendre en pitié la faiblesse et les inconséquences de des Grieux, ce héros tout à la fois si humain et si démuni face à la tentation amoureuse. L’amour, dans Manon Lescaut, est une passion qui se révèle brusquement et qu’il serait vain de chercher à surmonter. De même, dans cette narration où le fourmillement d’incidents romanesques révèle un souci de la réalité dans ses plus petits détails, le réalisme ne dispute pourtant jamais à l’idéalisme. En dépit de leur caractère éminemment romanesque, les événements de Manon Lescaut ne paraissent jamais enfreindre la vraisemblance comme, par exemple, lorsque des Grieux saisit avec quelle facilité les résolutions les plus fermes s’évanouissent devant le regard d’une femme. La structure psychologique des héros obéit à cette règle : des Grieux réunit en lui une incroyable naïveté et un cynisme grossier tandis que Manon est un esprit pratique doué de bon sens et d’une extraordinaire insouciance. Le commerce de sa personne qu’elle fera, dès que l’argent viendra à manquer au couple, est une fatalité que rien ne peut infléchir car son bien être matériel est une nécessité qui ne saurait souffrir d’entraves. Mais Manon revient toujours à des Grieux, comme il revient à elle, après ses intervalles de retour à ses études et à la théologie. Le chef-d’œuvre littéraire de Manon Lescaut finit par naître de la somme des imperfections de des Grieux et de Manon lorsque la vérité de la passion de leurs caractères devient la personnification littéraire de l’amour, fatal et misérable pour l’un, inconstant et frivole pour l’autre mais d’un amour qui finit par trouver, sous le coup du malheur, sa rédemption dans un sentiment sincère et profond inévitablement voué à trouver son dénouement dans la mort." (in Article Manon Lescaut, Wikipedia, section Analyse).
Provenance : exemplaire étonnamment vierge de toute marque d'appartenance.
TRÈS BEL EXEMPLAIRE DE CETTE RARETÉ BIBLIOPHILIQUE.
EXEMPLAIRE DE CHOIX.
VENDU
HISTOIRE DE MANON LESCAUT ET DU CHEVALIER DES GRIEUX par l'Abbé Prévost. Edition illustrée par Tony Johannot précédée d'une notice historique sur l'auteur par Jules Janin.
Paris, Ernest Bourdin et Cie, s.d. (1839). [Typographie Lacrampe et Comp., rue Damiette, 2 (Paris)].
1 volume grand in-8 (282 x 185 mm - Hauteur des marges : 275 mm) de (2)-VII-XII-344 pages. Frontispice en camaïeu (portrait de l'abbé Prévost et personnages divers, imprimés en jaune), d'après Edouard Wattier et gravé par Andrew, Best et Leloir. 18 compositions hors texte gravées sur bois et 90 vignettes dans le texte, plus deux faux-titres ornementés, gravés sur bois et imprimés en or pour chacune des deux parties de l'ouvrage.
Reliure à la bradel demi-maroquin à coins bleu vif, dos lisse orné de fers dorés et de deux petites fleurettes mosaïquées de maroquin rouge, filets dorés sur les plats, tête dorée, relié sur brochure, non rogné, les couvertures imprimées n'ont pas été conservées (reliure de la fin du XIXe siècle signée V. CHAMPS). Reliure très fraîche, intérieur à l'état proche du neuf, de toute fraîcheur également. Quelques rares pâles rousseurs. Rousseurs au papier vélin support de la seule composition hors-texte de cette sorte. Infimes marques à la reliure.
ÉDITION ESTIMÉE ILLUSTRÉE PAR TONY JOHANNOT.
EXEMPLAIRE DE PREMIER TIRAGE AVEC "MANON LESCAUT" IMPRIMÉ EN LETTRES BLANCHES SUR LE TITRE.
UN DES QUELQUES EXEMPLAIRES IMPRIMÉS SUR PAPIER DE CHINE D'UN SEUL COTÉ. TIRAGE LE PLUS RARE ET LE PLUS DÉSIRABLE POUR CET OUVRAGE.
Léopold Carteret donne une description détaillée et précise de cette édition. Il indique que le frontispice et les deux faux-titres n'ont pas été tirés sur papier de Chine et figurent par conséquent sur papier blanc fort dans ces exemplaires. Ce qui est le cas de notre exemplaire. Le très-rare papillon bleu donnant le placement des gravures "Avis au brocheur" n'a ici pas été conservé. Contrairement à ce qu'indique Carteret, les compositions hors-texte sont ici tirées sur Chine appliqué sur papier de Chine fort (et non sur vélin à l'exception d'une seule planche qui est sur vélin blanc).
"Un des beaux livres de la période romantique, illustré par Johannot ; c'est la seule édition intéressante de ce chef-d’œuvre parue au début du XIXe siècle." (L. Carteret III, 505-506).
Ces exemplaires sur papier de Chine sont très rares, selon les bibliographes il n'y en aurait pas plus de 20 ou 25 exemplaires, encore plus rares sont ceux, comme celui-ci, imprimés d'un seul côté.
Exemplaire parfaitement établi sur brochure, à toutes marges, par le praticien relieur Victor Champs. Un très petit nombre d'exemplaires ont subi le feu des enchères ces dernières années. Un exemplaire en maroquin bleu de Petit (reliure de la fin XIXe s.) a été adjugé 21.000 francs (soit 3.200 euros) en 2000 (La Bibliothèque de Monsieur ***( 2ème partie), 24 novembre 2000, Piasa, Paris). Un autre exemplaire, celui de Béraldi, également relié par R. Petit en maroquin rouge, sur Chine imprimé d'un seul côté, réalisa 10.000 euros chez Christie's en mai 2002 (Lot 643 / Sale 5008).
Voyez comme on ne peut pas faire confiance à un éminent bibliophile. En effet, Henri Béraldi écrivait dans Estampes et livres (L. Conquet, 1892) : "Cette Manon Lescaut de Bourdin mérite la reliure doublée. Elle reste un des plus gracieux livres à figures du XIXe siècle, bien qu'on ait refait, depuis, bien des éditions de Manon. Je n'ai, pour ma part, aucun goût pour les exemplaires sur papier de Chine imprimés d'un seul côté qui font un livre absurde." (p. 192). Comme nous l'avons vu plus haut H. Béraldi possédait un exemplaire sur Chine imprimé d'un seul côté...
A propos de cet ouvrage, Montesquieu écrit en 1734 : « J’ai lu le 6 avril 1734, Manon Lescaut (...) Je ne suis pas étonné que ce roman, dont le héros est un fripon, et l’héroïne, une catin qui est menée à la Salpêtrière, plaise ; parce que toutes les mauvaises actions du héros, le chevalier des Grieux, ont pour motif l’amour, qui est toujours un motif noble, quoique la conduite soit basse. ».
"Manon Lescaut a laissé une trace durable dans la littérature française. Peu de romans n’ont été aussi loués et aussi critiqués que ce chef-d’œuvre rempli de passion, de douleur et d’amour. Le drame touchant vécu par le « fripon » des Grieux et la « catin » Manon parvient à éviter la réprobation des lecteurs grâce au caractère admirable qui caractérise les passions dans ce court récit si naturel et si vraisemblable qui se déroule avec une rapidité qui tranche avec le reste de l’œuvre de Prévost. L’intrigue de cette histoire remplie de variété et de mouvement sur fond unique de délire et d’amour se développe et s’enchaîne dans un ordre logique et naturel qui donne à chaque nouvel épisode son impression d’authenticité et de vraisemblance. Les deux héros sont présentés avec une netteté lumineuse : séduisants, jeunes et amoureux à outrance, ils se précipitent tête baissée dans leur passion sans jamais paraître rien perdre de leur grâce, de leur beauté et de leur esprit. Leur jeunesse et leur innocence ne semblent jamais atteintes par la fange de l’échelle sociale au bas de laquelle se passe une bonne partie de leur histoire. Passant tour à tour, et du jour au lendemain, de la misère à la fortune, du boudoir à la prison, de Paris à la déportation, de l’exil à la mort, des Grieux et Manon n’ont qu’une excuse : l’amour, ce sentiment qui fait oublier que tous deux mentent et volent, que le premier triche et tue ou que la seconde se prostitue. C’est également la conscience de ce sentiment qui permet au lecteur de prendre en pitié la faiblesse et les inconséquences de des Grieux, ce héros tout à la fois si humain et si démuni face à la tentation amoureuse. L’amour, dans Manon Lescaut, est une passion qui se révèle brusquement et qu’il serait vain de chercher à surmonter. De même, dans cette narration où le fourmillement d’incidents romanesques révèle un souci de la réalité dans ses plus petits détails, le réalisme ne dispute pourtant jamais à l’idéalisme. En dépit de leur caractère éminemment romanesque, les événements de Manon Lescaut ne paraissent jamais enfreindre la vraisemblance comme, par exemple, lorsque des Grieux saisit avec quelle facilité les résolutions les plus fermes s’évanouissent devant le regard d’une femme. La structure psychologique des héros obéit à cette règle : des Grieux réunit en lui une incroyable naïveté et un cynisme grossier tandis que Manon est un esprit pratique doué de bon sens et d’une extraordinaire insouciance. Le commerce de sa personne qu’elle fera, dès que l’argent viendra à manquer au couple, est une fatalité que rien ne peut infléchir car son bien être matériel est une nécessité qui ne saurait souffrir d’entraves. Mais Manon revient toujours à des Grieux, comme il revient à elle, après ses intervalles de retour à ses études et à la théologie. Le chef-d’œuvre littéraire de Manon Lescaut finit par naître de la somme des imperfections de des Grieux et de Manon lorsque la vérité de la passion de leurs caractères devient la personnification littéraire de l’amour, fatal et misérable pour l’un, inconstant et frivole pour l’autre mais d’un amour qui finit par trouver, sous le coup du malheur, sa rédemption dans un sentiment sincère et profond inévitablement voué à trouver son dénouement dans la mort." (in Article Manon Lescaut, Wikipedia, section Analyse).
Provenance : exemplaire étonnamment vierge de toute marque d'appartenance.
TRÈS BEL EXEMPLAIRE DE CETTE RARETÉ BIBLIOPHILIQUE.
EXEMPLAIRE DE CHOIX.
VENDU