MAUPASSANT Guy de
DES VERS.
Paris, Victor Havard, 1884
1 volume in-18 (17 x 11 cm) de (4)-VII-(1)-209-(4) pages. Portrait de l'auteur dessiné et gravé à l'eau-forte en frontispice par Le Rat.
Reliure demi-maroquin bleu nuit à larges coins, dos à nerfs richement orné aux petits fers dorés, filets dorés sur les plats, tête dorée, autres tranches ébarbées (reliure de l'époque signée VISINAND). Exemplaire en excellent état de conservation, à noter un petit travail de vers peu visible à l'extrémité de la coiffe inférieure. Intérieur parfait. Les couvertures de brochage n'ont pas été conservées.
NOUVELLE ÉDITION DITE "ÉDITION DE LUXE VICTOR HAVARD" ou "VÉRITABLE SECONDE ÉDITION".
L'histoire de cette édition est trop passionnante pour être passée sous silence ici. La première édition de Des vers est mise en vente dès le 27 avril 1880. Elle parait sous la célèbre couverture jaune de l'éditeur Charpentier. Banville qui en avait alors reçu un exemplaire sur chine (le seul ?) donne un compte-rendu élogieux dans le National du 10 mai 1880. Le recueil de Maupassant est dédié à son ami Gustave Flaubert : "A Gustave Flaubert, à l'illustre et paternel ami que j'aime de toute ma tendresse, à l'irréprochable maître que j'admire avant tous." Dès la troisième édition, le volume s'ouvre avec une lettre de Flaubert à son "cher bonhomme" datée du Croisset, le 19 février 1880 (lettre extraite du Gaulois à cette date). La critique est très bonne dans l'ensemble mais cet ouvrage ne sera jamais le succès de librairie qu'on a parfois dit. Avant le 23 mai 1880 soit moins d'un mois avant la première mise en vente l'éditeur Charpentier décide de remplacer les couvertures des volumes alors invendus avec la mention de seconde édition. Une "véritable seconde édition" parait en juillet de la même année, et enfin une "troisième édition" parait en novembre 1880 (première édition avec la Lettre de Flaubert). Depuis le départ, Maupassant souhaitait vivement qu'il soit fait une édition de luxe de ses poésies. Avec l'édition Charpentier, ce n'était pas le cas. Alors qu'en décembre 1884 Charpentier annonce le "3e mille" seulement, Maupassant est entre temps passé chez le concurrent, Victor Havard qui il avait donné la Maison Tellier en 1881. Maupassant ayant menacé Charpentier de faire éditer Des vers en édition de luxe chez un autre, ce dernier consent puis finalement renonce. Havard propose 1.500 francs à Maupassant pour un tirage à 1.500 exemplaires (courrier du 7 février 1884). Maupassant, perfectionniste, décide de revoir l'édition Charpentier. Havard qui n'avait pas bien réfléchit à toutes les dépenses qu'entrainerait cette réédition de luxe voulue par Maupassant, laisse pourrir la situation, puis annonce finalement que le livre paraitra au 1er mai 1884. Le volume tant attendu par Maupassant sera finalement imprimé pour être mis en vente le 31 mai 1884. C'est bien une édition de luxe, ornée d'un portrait de l'auteur par Le Rat et d'ornements gravés sur bois (bandeaux et culs-de-lampe) par Frédéric Régamey. Le volume reprend la Lettre de Flaubert, sans la note qui l'accompagnait (comme dans la 3e édition Charpentier) et la totalité des titres des éditions antérieures. Le volume sort des presses de Charles Unsiger avec un achevé d'imprimer en date du 20 mai 1884. L'imprimeur dut agir un peu précipitamment sur les sollicitations de l'éditeur Victor Havard lui-même pressé par Maupassant. Malgré le soin apporté à cette impression, il reste des coquilles dénaturant le texte. Ce nouveau volume contient quelques variantes par rapport aux éditions précédentes mais pas autant que Maupassant aurait voulu. Son exemplaire corrigé ayant été détruit dans l'incendie de la Maison Charpentier. Il a été tiré à petit nombre d'exemplaires. Le tirage courant, sans doute de 1.500 exemplaires, comme convenu, est sur papier vélin teinté (notre exemplaire). Il a par ailleurs été fait un tirage de grand luxe à 100 exemplaires numérotés, comme suit : 10 japon, 20 chine, 20 whatman et 50 hollande. Maupassant meurt en 1893. C'est en 1899 que la dernière édition séparée posthume de Des vers fut donnée par Ollendorff qui avait racheté les droits d'Havard sur d'autres textes de Maupassant (La Maison Tellier, 1891). Cette édition de 1899 est en tout point identique à celle de 1884 donnée par Havard à l'exception de la mention "nouvelle édition" indiquant le changement de propriétaire des droits. C'est ainsi l'édition de 1884 qui sert d'édition de référence pour les rééditions critiques modernes.
C'est le seul recueil de poésies publié par Guy de Maupassant. Ses autres poèmes - pièces de circonstance ou poèmes érotiques - ont paru dans des revues ou en appendice d'ouvrages critiques.
Voici le compte-rendu analytique qui en est fait dans la revue bibliographique "Le Livre" dirigée par Octave Uzanne : "Parmi les nombreux lecteurs qui connaissent les oeuvres en prose de Guy de Maupassant, il en est qui ignorent que l'auteur de la Maison Tellier, d'Une vie, etc., etc., est un poète d'une personnalité exceptionnelle et que le début du prosateur dans la vie littéraire fut un volume de poésie, devenu une véritable rareté. On y retrouve toutes les qualités qui ont si rapidement répandu le nom de Maupassant, en même temps qu'une note très curieuse dans la manière de comprendre la poésie moderne. Certainement le poète, qui a simplement intitulé son volumes, Des vers, n'appartient à aucune école et ne peut être classé ni parmi les parnassiens, ni parmi les romantiques, ni parmi les classiques. Avant tout sa muse est humaine, toute vibrante de désirs inassouvis et de passions assouvies. Ce qui s'en dégage, c'est l'odeur de la vie chaude, c'est l'odeur forte et passionnante de la femme, c'est la palpitation terrible de l'amour renaissant. Oeuvre de jeunesse féconde, d'ardeurs renaissantes ; il faut relire ces pages enflammées, ces vers pénétrants : la soif d'aimer gonfle éperdument le sein des amoureuses et les flancs robustes des amoureux ; c'est l'hymne de la passion charnelle avec des envolements superbes vers la nature et des appels continus au bonheur par la possession. Il faudrai citer les unes après les autres ces pièces écrites avec un soin jaloux de la phrase et du mot ; les amoureux des lettres comme les amoureux du livre s'empresseront de donner dans leur bibliothèque une place de choix à ce charmant volume, que décore un saisissant portrait de l'auteur, gravé par Le Rat, et dont chaque pièce de vers est ornée de fleurons et de culs-de-lampe dus à Frédéric Régamey, qui s'est inspiré de l'ornementation raffinée de l'art japonais." (article signé des initiales G. T. dans le n°56 - 10 août 1884 - Le Livre, Bibliographie moderne, p. 504)
BEL EXEMPLAIRE PARFAITEMENT ÉTABLI A L’ÉPOQUE PAR VISINAND.
VENDU
DES VERS.
Paris, Victor Havard, 1884
1 volume in-18 (17 x 11 cm) de (4)-VII-(1)-209-(4) pages. Portrait de l'auteur dessiné et gravé à l'eau-forte en frontispice par Le Rat.
Reliure demi-maroquin bleu nuit à larges coins, dos à nerfs richement orné aux petits fers dorés, filets dorés sur les plats, tête dorée, autres tranches ébarbées (reliure de l'époque signée VISINAND). Exemplaire en excellent état de conservation, à noter un petit travail de vers peu visible à l'extrémité de la coiffe inférieure. Intérieur parfait. Les couvertures de brochage n'ont pas été conservées.
NOUVELLE ÉDITION DITE "ÉDITION DE LUXE VICTOR HAVARD" ou "VÉRITABLE SECONDE ÉDITION".
L'histoire de cette édition est trop passionnante pour être passée sous silence ici. La première édition de Des vers est mise en vente dès le 27 avril 1880. Elle parait sous la célèbre couverture jaune de l'éditeur Charpentier. Banville qui en avait alors reçu un exemplaire sur chine (le seul ?) donne un compte-rendu élogieux dans le National du 10 mai 1880. Le recueil de Maupassant est dédié à son ami Gustave Flaubert : "A Gustave Flaubert, à l'illustre et paternel ami que j'aime de toute ma tendresse, à l'irréprochable maître que j'admire avant tous." Dès la troisième édition, le volume s'ouvre avec une lettre de Flaubert à son "cher bonhomme" datée du Croisset, le 19 février 1880 (lettre extraite du Gaulois à cette date). La critique est très bonne dans l'ensemble mais cet ouvrage ne sera jamais le succès de librairie qu'on a parfois dit. Avant le 23 mai 1880 soit moins d'un mois avant la première mise en vente l'éditeur Charpentier décide de remplacer les couvertures des volumes alors invendus avec la mention de seconde édition. Une "véritable seconde édition" parait en juillet de la même année, et enfin une "troisième édition" parait en novembre 1880 (première édition avec la Lettre de Flaubert). Depuis le départ, Maupassant souhaitait vivement qu'il soit fait une édition de luxe de ses poésies. Avec l'édition Charpentier, ce n'était pas le cas. Alors qu'en décembre 1884 Charpentier annonce le "3e mille" seulement, Maupassant est entre temps passé chez le concurrent, Victor Havard qui il avait donné la Maison Tellier en 1881. Maupassant ayant menacé Charpentier de faire éditer Des vers en édition de luxe chez un autre, ce dernier consent puis finalement renonce. Havard propose 1.500 francs à Maupassant pour un tirage à 1.500 exemplaires (courrier du 7 février 1884). Maupassant, perfectionniste, décide de revoir l'édition Charpentier. Havard qui n'avait pas bien réfléchit à toutes les dépenses qu'entrainerait cette réédition de luxe voulue par Maupassant, laisse pourrir la situation, puis annonce finalement que le livre paraitra au 1er mai 1884. Le volume tant attendu par Maupassant sera finalement imprimé pour être mis en vente le 31 mai 1884. C'est bien une édition de luxe, ornée d'un portrait de l'auteur par Le Rat et d'ornements gravés sur bois (bandeaux et culs-de-lampe) par Frédéric Régamey. Le volume reprend la Lettre de Flaubert, sans la note qui l'accompagnait (comme dans la 3e édition Charpentier) et la totalité des titres des éditions antérieures. Le volume sort des presses de Charles Unsiger avec un achevé d'imprimer en date du 20 mai 1884. L'imprimeur dut agir un peu précipitamment sur les sollicitations de l'éditeur Victor Havard lui-même pressé par Maupassant. Malgré le soin apporté à cette impression, il reste des coquilles dénaturant le texte. Ce nouveau volume contient quelques variantes par rapport aux éditions précédentes mais pas autant que Maupassant aurait voulu. Son exemplaire corrigé ayant été détruit dans l'incendie de la Maison Charpentier. Il a été tiré à petit nombre d'exemplaires. Le tirage courant, sans doute de 1.500 exemplaires, comme convenu, est sur papier vélin teinté (notre exemplaire). Il a par ailleurs été fait un tirage de grand luxe à 100 exemplaires numérotés, comme suit : 10 japon, 20 chine, 20 whatman et 50 hollande. Maupassant meurt en 1893. C'est en 1899 que la dernière édition séparée posthume de Des vers fut donnée par Ollendorff qui avait racheté les droits d'Havard sur d'autres textes de Maupassant (La Maison Tellier, 1891). Cette édition de 1899 est en tout point identique à celle de 1884 donnée par Havard à l'exception de la mention "nouvelle édition" indiquant le changement de propriétaire des droits. C'est ainsi l'édition de 1884 qui sert d'édition de référence pour les rééditions critiques modernes.
C'est le seul recueil de poésies publié par Guy de Maupassant. Ses autres poèmes - pièces de circonstance ou poèmes érotiques - ont paru dans des revues ou en appendice d'ouvrages critiques.
Voici le compte-rendu analytique qui en est fait dans la revue bibliographique "Le Livre" dirigée par Octave Uzanne : "Parmi les nombreux lecteurs qui connaissent les oeuvres en prose de Guy de Maupassant, il en est qui ignorent que l'auteur de la Maison Tellier, d'Une vie, etc., etc., est un poète d'une personnalité exceptionnelle et que le début du prosateur dans la vie littéraire fut un volume de poésie, devenu une véritable rareté. On y retrouve toutes les qualités qui ont si rapidement répandu le nom de Maupassant, en même temps qu'une note très curieuse dans la manière de comprendre la poésie moderne. Certainement le poète, qui a simplement intitulé son volumes, Des vers, n'appartient à aucune école et ne peut être classé ni parmi les parnassiens, ni parmi les romantiques, ni parmi les classiques. Avant tout sa muse est humaine, toute vibrante de désirs inassouvis et de passions assouvies. Ce qui s'en dégage, c'est l'odeur de la vie chaude, c'est l'odeur forte et passionnante de la femme, c'est la palpitation terrible de l'amour renaissant. Oeuvre de jeunesse féconde, d'ardeurs renaissantes ; il faut relire ces pages enflammées, ces vers pénétrants : la soif d'aimer gonfle éperdument le sein des amoureuses et les flancs robustes des amoureux ; c'est l'hymne de la passion charnelle avec des envolements superbes vers la nature et des appels continus au bonheur par la possession. Il faudrai citer les unes après les autres ces pièces écrites avec un soin jaloux de la phrase et du mot ; les amoureux des lettres comme les amoureux du livre s'empresseront de donner dans leur bibliothèque une place de choix à ce charmant volume, que décore un saisissant portrait de l'auteur, gravé par Le Rat, et dont chaque pièce de vers est ornée de fleurons et de culs-de-lampe dus à Frédéric Régamey, qui s'est inspiré de l'ornementation raffinée de l'art japonais." (article signé des initiales G. T. dans le n°56 - 10 août 1884 - Le Livre, Bibliographie moderne, p. 504)
BEL EXEMPLAIRE PARFAITEMENT ÉTABLI A L’ÉPOQUE PAR VISINAND.
VENDU