Pierre l'Arétin (Pietro ARETINO)
LES SONNETS LUXURIEUX DU DIVIN ARETIN.
Sans lieu ni date ni nom [vers 1940 ?]
1 volume in-8 à l'italienne (25 x 16 cm), en feuilles, de 1 feuillet de titre photogravé, 16 reproductions photogravées en noir et blanc d'aquarelles, texte non paginé (22 ff.), suite des hors-textes photogravés imprimés en sépia. Couverture grise imprimée en noir sur le premier plat.
La présente édition a été réalisée pour un groupe de bibliophiles d'après les éléments de l'édition originale existant au musée secret de Naples. Le texte en a été tiré sur papier d'Auvergne à la cuve, ainsi qu'en témoignent les filigranes. Les 250 exemplaires sont numérotés à la presse.
UN DES 250 EXEMPLAIRES SUR AUVERGNE.
Outre la Vie de l'Arétin on trouve XVI sonnets luxurieux. Les illustrations sont d'après les dessins de Paul Avril (le premier tirage, rarissime datant de 1892).
Ecarte les genoux, et permets-moi de voir
Ton ventre de très près, et ton con bien en face.
Oh ! ventre, qui ne peut laisser mon vit de glace !
Oh ! con, qui sur les coeurs possède un tel pouvoir !
Tout en te caressant, je me sens émouvoir
Du désir de te prendre, et sur l'heure, et sur place.
Narcisse même semble un vaniteux sans grâce
Quand mon vit, dans ton con, trouve un plaisant miroir
Sonnet XI (extrait)
Pierre l’Arétin est né en 1492 à Arezzo (l’Arétin signifiant « venant d’Arezzo »). Banni de sa ville natale, il passe une décennie à Pérouse avant d’être envoyé à Rome, où le riche banquier Agostino Chigi, mécène de Raphaël le prend sous son aile. L’Arétin fait parler de lui à Rome à travers ses satires mordantes et les Sonetti lussuriosi (Sonnets luxurieux), pièces assez crues qui servirent d’accompagnement textuel à 16 illustrations pornographiques de Giulio Romano (Jules Romain). Cet écart lui vaut de perdre la protection du pape Léon X.
Ses Ragionamenti, propos d’une prostituée à divers interlocuteurs composés comme des raisonnements en forme de dialogue platonicien, tournent en dérision la société de son temps et particulièrement les sacrements religieux (vœux monastiques, mariage). Un des personnages est la Nanna, une ancienne courtisane qui évoque son expérience.
Après une tentative d’assassinat sur sa personne, l’Arétin part vivre à Mantoue, puis enfin à Venise (la ville italienne la plus opposée au pape) en 1527, où il demeure jusqu’à sa mort.
L’Arétin est l’auteur de cinq comédies (dont La Cortigiana et La Talenta) et de la tragédie Les Horaces (1546). Lors de son séjour à Venise, il publie également sa correspondance, mettant ainsi sous pression tout ce que l’Italie comptait de notables. Il n’épargne pas dans ses écrits satiriques les princes et les grands, ce qui le fait surnommer « le fléau des Princes » : la plupart, pour éviter les traits de sa satire, lui font des présents considérables, quelques-uns, cependant, ne le payent qu’avec le bâton. C’est ainsi que François Ier et l’empereur Charles Quint le subventionnent en même temps, chacun espérant quelque dommage pour son rival. Par orgueil, il s’appelle lui-même le « divin Arétin ».
Sur la fin de sa vie, l’Arétin publie par ailleurs diverses œuvres pieuses (une traduction italienne des Psaumes de David, trois livres « sur l’humanité de Jésus Christ » ainsi qu’un livre sur la passion du Christ).
D’après la tradition, la mort de l’Arétin aurait été à son image : on raconte que, au cours d’un copieux repas, une plaisanterie particulièrement obscène provoqua chez l’Arétin une incroyable crise de rire, au point qu’il tomba à la renverse et se fendit le crâne.
L’Arétin était un ami personnel du Titien, qui fit au moins trois portraits de lui. Après sa mort, le pape Paul IV mit ses livres à l’Index. Il fut un proche de Giuseppe Betussi.
Référence : Dutel, Bibliographie des ouvrages érotiques publiés clandestinement en français entre 1920 et 1970, n° 2422.
BON EXEMPLAIRE, TEL QUE PARU, DE CETTE EDITION CLANDESTINE PEU COMMUNE.
VENDU