mercredi 15 juillet 2009

La vie de Bohème et Les buveurs d'eau d'Henry Murger, EO (1855), maroquin doublé signé A. Cuzin.



HENRY MURGER

LES BUVEURS D'EAU par Henry Murger.

Paris, Michel Lévy frères, libraires-éditeurs, 1855. (Corbeil, typographie de Crété).

1 volume in-18 anglais (18,7 x 12,7 cm) de (2)-VIII-354 pages.

Reliure de maroquin olive doublé de maroquin rouge sang, dos à nerfs janséniste avec auteur, titre et millésime dorés, double-filet doré sur les coupes, doublure sertie d'un triple-filet doré en encadrement et d'un décor de quatre grands fers dorés en écoinçons reliés ensemble par un filet doré gras, première garde volante de soie tissée pistache, gardes de papier peigne, tête dorée polie et autres tranches dorées sur brochure, les deux couvertures vertes ainsi que le dos original du brochage ont été reliés à la fin et sont parfaitement conservés (A. Cuzin).

Dos uniformément passé, la couleur ayant viré au brun clair, pourtour des plats et encadrement intérieur des plats également viré au brun clair. Intérieur en parfait état, d'une fraîcheur exceptionnelle.


ÉDITION ORIGINALE FRANÇAISE SUR VÉLIN TEINTE SATINÉ.

Cet ouvrage avait paru précédemment à Bruxelles chez Lebègue en 1854 au format petit in-12. Cette édition de Paris, Michel Lévy est considérée comme la véritable édition originale.

Bien que Clouzot ne signale aucun grand papier pour cette édition, notre exemplaire est imprimé sur un beau papier vélin teinté satiné, absolument sans rousseurs, totalement différent des papiers ordinaires qu'on peut rencontrer pour le tirage courant des ouvrages édités par Michel Lévy et sortis de l'imprimerie de Crété.

Cet ouvrage, d'un très grand mérite littéraire, totalement éclipsé ou presque par le succès de l'auteur "Scènes de la vie de Bohême", paru en 1851, roule sur le même thème. Murger, fils d'un concierge-tailleur, né dans la loge de concierge de son père en 1822, il mourut en 1861, âgé d'à peine 40 ans. Murger usa sa courte vie dans les cafés et autres estaminets de la capitale. C'était le peintre de la Bohème, de ses artistes misérables et miséreux, par les mots. Théodore de Banville, Nadar, et bien d'autres étaient de ses amis.

Qui étaient les "buveurs d'eau" ?

"(...) Il était interdit aux Buveurs d'eau de faire partie d'aucune société secrète, et les réunions mensuelles excluaient d'une façon absolue toute discussion politique. (...) Pour les besoins de la vie matérielle, nous devenions, en effet, tous solidaires les uns des autres; et, en vérité, cette loi n'aurait pas eu besoin d'être formulée, elle avait été pratiquée depuis longtemps quand la société fut fondée. (...) La cotisation pour la caisse commune était assez faible pour que chaque membre pût, dans l'espace d'un mois, s'en procurer le montant, et si, dans les repas qui précédaient ou suivaient nos réunions, l'eau devait figurer comme unique boisson, c'est qu'il fallait que l'écot en fût assez modique pour que chacun put en payer sa part. (...) En outre, nous ne voulions pas qu'un projet, au moins sérieusement conçu, devînt un prétexte à banguets. Beaucoup d'associations plus ambitieuses ont fini par là. (...) Bien loin d'imposer à ses membres une patience stoï- que, le parti pris de l'isolement et le mépris du succès, la société des Buveurs d'eau avait été créée, au contraire, pour mettre en commun non-seulement l'étude et l'expérience, mais encore l'activité et les relations de tous ses membres. Se produire et faire aux autres un marchepied d'un succès, tel était le devoir de chacun ; grandir et arriver les uns par les autres, tel était le but principal. On comprend alors que nous avions dû nous choisir et procéder dans ce triage le plus souvent par exclusion ; on comprend aussi que, par conséquent, cette « perpétuelle admiration de notre talent et de « nos œuvres » devait être et pouvait être le résultat d'une conviction sincère. Nous réprouvions sans doute le mercantilisme, mais comme but seulement et non comme moyen de vivre: Noël donnait des leçons de dessin ; Murger était secrétaire de M. Tolstoï et brochait des petits contes d'enfant pour l'Age d'or; je sténographiais des séances de justice de paix pour un journal judiciaire; Christ et Cabot dessinaient des ornements pour un marbrier ; Gothique peignait des enseignes de sages-femmes, etc. Il était non-seulement permis, mais encore recommandé à chaque Buveur d'eau de faire descendre son art jusqu'à la production du pain de quatre livres. Chacun de nous, du reste, vivait à sa guise et n'était même tenu de boire de l'eau qu'une fois par mois. Mais chaque membre de l'association devait, à la fin de l'année, justifier d'une tentative sérieuse, soumettre à l'association une œuvre d'étude et de conscience. Enfin, ces pauvres Buveurs d'eau qu'on a déguisés depuis en conspirateurs permanents, en fanatiques à tous crins s'épuisant en imprécations contre les gouvernements, les sociétés et les génies classiques, avaient eu dès lors assez de bon sens et de conscience pour comprendre qu'un système commun d'opinions politiques, d'utopie sociale, d'école littéraire ou artistique, était plutôt un péril qu'une force ; et ce respect des aspirations individuelles fut si religieusement observé qu'il fut en germe une des causes de la dissolution de la société. Il était difficile, en effet, surtout à, des esprits jeunes et ardents, d'établir une' délimitation bien tranchée entre la forme de l'œuvre et sa tendance. Comment admirer sans réserve, et surtout comment louer sans restriction le poëme, le roman, le tableau, la statue, glorification ou symbole d'une idée qu'on ne partageait pas? Ce fut le sujet d'une discussion orageuse, une difficulté qui, toujours imparfaitement résolue, reparaissait toujours menaçante. Mais il faut le dire : la société des Buveurs d'eau ne fut dissoute que pour la forme, et quand nous la brisâmes, ce fut encore par respect pour le sentiment pur et profond qui l'avait inspirée; nous ne voulûmes pas la laisser s'éteindre dans un méprisant abandon. (...)"

(extrait de l'Histoire de Murger pour servir à l'histoire de la vraie Bohème, par trois buveurs d'eau, contenant des correspondances privées de Murger. Paris, Hetzel, s.d.(1862).

Telle était cette "société" de bohème des buveurs d'eau.

Cet ouvrage connaîtra tout de même un succès à sa sortie et même plus tard puisqu'on dénombre plusieurs rééditions en 1857, 1862, 1875, 1876, 1878, 1886 et même jusqu'en 1890. Il semblerait qu'aucun exemplaire de cette édition de 1855 ne soit référencé au Catalogue collectif des bibliothèques de France (CCfr). La Bibliothèque Nationale de France (BNF) ne possède pas cette première édition française.

Provenance : ce volume est resté vierge de toute provenance attestée par un ex libris ou une mention manuscrite.

Reliure : Adolphe Cuzin est le fils du grand relieur d'art parisien Francisque Cuzin qui exerça de 1861 à sa mort en 1890. Adolphe Cuzin assura la direction de l'atelier pendant deux ans seulement. C'est Mercier qui reprit l'atelier en 1892. Après avoir travaillé dans quelques ateliers de confrères, il ouvrit, en 1900, un atelier de reliure passage Dauphine (...) puis un beau jour il quitta Paris. Il y revint cependant et nous le retrouvons, dans les années 1920, professeur à l'Ecole centrale des Arts Décoratifs, dorant les livres des élèves. On perd sa trace aux abords de la guerre de 1939. (Cf. Fléty, Dictionnaire des relieurs français..., pp. 50-51). Il semble qu'Adolphe Cuzin était surtout réputé pour la qualité de ses dorures.

Références : Clouzot, Guide du bibliophile français, 214. Histoire de Murger pour servir à l'histoire de la vraie Bohème, par trois buveurs d'eau, contenant des correspondances privées de Murger. Paris, Hetzel, s.d. (1862).

ÉDITION RARE.

TRÈS BEL EXEMPLAIRE, PARFAITEMENT ÉTABLI PAR ADOLPHE CUZIN AU DÉBUT DU XXe SIÈCLE.

JOLI TIRAGE SUR BEAU PAPIER VÉLIN TEINTÉ.


VENDU

jeudi 9 juillet 2009

Les métamorphoses du jour de Grandville (1854). Reliure signée de Petit.



GRANDVILLE (Jean Ignace Isidore Gérard, connu sous le nom de)

LES MÉTAMORPHOSES DU JOUR PAR GRANDVILLE, accompagnées d’un texte par MM. Albéric Second, Louis Lurine, Clément Caraguel, Taxile Delord, H. de Beaulieu, Louis Huart, Charles Monselet, Julien Lemer, précédées d’une notice sur Grandville par M. Charles Blanc.

Paris, Gustave Havard, libraire, 1854. (Imprimerie de . Claye et Cie, rue St-Benoit, 7).

1 volume grand in-8 (282 x 185 mm – Hauteur des marges : 275 mm) de (4)-XXVIII-283 pages et 70 planches hors texte coloriées non comprises dans la pagination. Vignette sur le titre.

Reliure demi-maroquin vert pistache à larges coins, signée R. PETIT au bas du dos. Fine reliure de l’époque dont la couleur fragile n’a malheureusement pas su résister au temps, le temps est uniformément passé et viré au marron clair, ainsi que les bordures des coins. De jolis filets dorés concentriques décorent les caissons au dos. Exemplaire relié sur brochure, non rogné. Tiré sur papier vélin teinté, absolument sans rousseurs. Le coloris d’époque des gravures est d’une très grande fraîcheur. Rares et infimes frottements à la reliure qui est très fraîche cependant.


NOUVELLE ÉDITION, EN PARTIE ORIGINALE.

Les admirables planches de Grandville ont paru pour la première fois sous la forme d’un album in-4 oblong, sans texte d’accompagnement, en 1829, chez Bulla. Ce recueil devenu rarissime contenait 73 planches lithographiées et coloriées à l’aquarelle.

Cette nouvelle édition, la première a être accompagnée d’un texte, contient 70 planches gravées sur bois par Desperet d’après les lithographies originales de 1829. Les bois ne sont pas signés. Notre exemplaire est conforme à Vicaire, Manuel de l’amateur de livres du XIXe siècle, tome V, col. 783-787. Cet ouvage a paru en 70 livraisons à 25 centimes. Il sera réédité en 1869 par Garnier frères.

Sans doute un des plus beaux ouvrage illustré par Grandville. Son existence fut courte et semée de gros chagrins, nous dit Carteret, il se maria deux fois, perdit ses enfants et mourut à 44 ans dans un accès de folie (en 1847). Il s’était composé cet épitaphe : Ci-gît Grandville, il aima tout, fit tout vivre, parler et marcher, seul, il ne sur pas faire son chemin.

Référence : Carteret III, 284-285.

EXEMPLAIRE ABSOLUMENT SANS ROUSSEURS ET D’UNE FRAÎCHEUR ÉTONNANTE.

BEL EXEMPLAIRE, TRÈS FRAIS, EXCEPTIONNELLEMENT GRAND DE MARGES ET DANS UN TRÈS JOLI COLORIS D’ÉPOQUE, DANS UNE FINE RELIURE DE PETIT.

RARE DANS CETTE CONDITION.

VENDU

mardi 7 juillet 2009

Les contes libertins et facétieux du Pogge. Edition rare et recherchée de 1712. Maroquin de Joseph Thouvenin.



LE POGGE (Gian Francesco Poggio Bracciolini ou Poggio Bracciolini dit en français Le Pogge)

LES CONTES DE POGGE, FLORENTIN, AVEC DES REFLEXIONS. Hae nugae seria ducunt.

A Amsterdam, chez Jean-Frédéric Bernard, dans le Kalverstraat, 1712.

1 volume petit in-12 (139 x 78 mm – Hauteur des marges : 134 mm) de 1 feuillet de frontispice gravé à l’eau-forte, 1 feuillet de titre imprimé en rouge et noir, 240 pages chiffrées et 2 feuillets blancs.

Reliure plein maroquin vert sombre, dos à nerfs orné de minuscules fleurettes au centre des caissons, nerfs soulignés d’un filet gras doré, triple-filet doré en encadrement des plats avec petit fer carré dans les angles, roulette dorée sur les coupes, roulette dorée intérieure, gardes peigne, tranches dorées (reliure du début du XIXe siècle signée THOUVENIN).

Quelques ombres discrètes au maroquin. Le frontispice a été recoupé autour du cadre gravé et remonté sur le feuillet blanc qui devait précéder le frontispice. Petit défaut d’impression au feuillet paginé 7/8 (avec perte de quelques caractères en début de ligne en haut de la page 8, caractères qui se retrouvent imprimés, de travers à la page 7, ceci venant d’une petite perforation du papier au moment de l’impression). Petite restauration en marge inférieure du feuillet 235/236 mais sans perte de texte. Quelques rousseurs claires sur le frontispice et la page de titre, le reste du volume étant très frais et sans rousseurs.

ÉDITION RECHERCHÉE ET TRÈS CURIEUSE.

Elle contient en effet des réflexions très libres et très satiriques qui accompagnent chaque conte. Ces réflexions sont attribuées, par certains bibliographes à David Durand (d’après Barbier mais sans certitude), par d’autres, à l’éditeur J.Fréd. Bernard lui-même (d’après Brunet), ou encore à Lenglet du Fresnoy (d’après Paul Lacroix).

La traduction de ces contes est certainement du XVIe siècle ; c’est à tort qu’on l’attribue, dans plusieurs catalogues, à Julien Macho, moine augustin, qui vivait à Lyon sur la fin du XVe siècle, et qui n’a réellement traduit qu’un très-petit nombre de morceaux du Pogge, insérés dans le volume intitulé : Fables d’Esope, d’Aviénus, d’Alphonse et du Pogge, traduites par frère Julien, des Augustins de Lyon, docteur en théologie. » Lyon, Martin Huez et Jean Schabeller, 1484, le 15 mai, in-fol. Il est bien plus probable que la traduction réimprimée en 1712 est celle qui parut sous ce titre : « Les facéties de Pogge, translatées du latin en françois. » Paris, Jean Bonnefons, 1549, in-4 ; ou sous ceux-ci : « Contes facétieux du Pogge, Florentin, traduits en françois ». Lyon, 1558 ; Paris, 1574, in-16 ; « Les comptes (contes) facétieux et joyeuses récréations du Pogge, Florentin, traduits du latin en françois ». Paris, Cousturier, 1605, in-16. (toutes ces éditions sont fort rares).

Il n’y a que 73 contes dans cette édition de 1712 contre 80 dans les traductions précédentes. Ces informations sont extraites du Dictionnaire des Anonymes de Barbier, qui n’avait pas réussi à ce procurer une seule des éditions citées dans cette note.

Provenance : De la bibliothèque Henriette de Paniagua, avec son ex libris armorié gravé (ex libris gravé par l’atelier parisien de Stern à la fin du XIXe siècle). De la bibliothèque d'une femme bibliophile avisée qui visiblement n'était pas effrayée par le libertinage.

Référence : Un exemplaire relié par Hardy-Mennil au milieu du XIXe siècle était coté 120 francs au catalogue de la librairie Auguste Fontaine en 1878-1879, n°1064. On suit par ailleurs la destinée de l'exemplaire en maroquin rouge de Derome (XVIIIe siècle) de Pixéricourt, puis du Baron Taylor, puis d'O. de Béhague, puis enfin De Backer (n°2980 - vendu 280 francs en 1927). Nous n'avons pas trouvé d'exemplaires en reliure de l'époque.

Joseph Thouvenin l’aîné fut, de 1813 à 1834, la figure dominante de la reliure parisienne et, dès sa mort, il a pris un rang éminent dans l’histoire de la reliure française. Formé auprès d’un des relieurs les plus réputés du Premier Empire, il s’établit en 1813 et se voua dès lors constamment à perfectionner son savoir-faire dans la reliure proprement dite et dans la dorure sur peau. Très vite, il acquit une grande notoriété par la rigueur de sa technique et par la nouveauté de ses décors qui rompaient avec l’ornementation néo-classique de ses prédécesseurs immédiats. Nous avons ici un exemple de reliure très sobre qui indique sans doute une réalisation des premières années, exemptes des décors à la plaque et autres ornements à froid typique de la période qui suivra. On est certainement ici encore dans une période où l’influence de Bozérian, dont il fut l’élève, est encore très présente sur le décor des reliures. Cette reliure a sans doute été exécutée avant 1830.

BEL EXEMPLAIRE DE CE CURIOSA RARE ET RECHERCHÉ, PARFAITEMENT ÉTABLI PAR JOSEPH THOUVENIN.

VENDU

lundi 6 juillet 2009

Les liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos, 1782. Très rare tirage "B", en reliure de l'époque.



CHODERLOS DE LACLOS (Pierre)

LES LIAISONS DANGEREUSES, OU LETTRES recueillies dans une Société, et publiées pour l’instruction de quelques autres. Par M. C….. de L… Première (Deuxième, Troisième et Quatrième) partie.

A Amsterdam, et se trouve à Paris, chez Durand Neveu, libraire, à la Sagesse, rue Galande. M. DCC. LXXXII. (1782).

4 parties reliées en 2 volumes in-12 (170 x 100 mm – Hauteur des marges : 164 mm) de 248 ; 242 ; 231 et 257 pages. Pour chaque partie, le faux-titre ainsi que le titre sont compris dans la pagination.

Reliure pleine basane fauve marbrée, dos à nerfs ornés, tranches citron, gardes marbrées, filet à froid en encadrement des plats (reliure de l’époque). Quelques défauts d’usage et quelques restaurations anciennes aux reliures (petite fente du cuir au bas du dos du premier volume, mors partiellement fendus/fendillés, charnières intérieures en bon état, ensemble solide). Quelques nouvelles restaurations (mors) à prévoir. Intérieur frais. Bordure des premiers et derniers feuillets de chaque volume avec une légère trace de décharge marron clair (déteinte du cuir des contreplats). Collationné complet.


ÉDITION ORIGINALE DE TIRAGE « B » (Max Brun).

Édition parue immédiatement après le premier tirage « A » (Max Brun) et dont on a corrigé les fautes.

VÉRITABLE DEUXIÈME ÉDITION ORIGINALE d'après son découvreur, G. WILLERMETZ, conservateur de la B.N., qui l'a analysée dans Le Bulletin du Bibliophile, 1957, pages 45 et suivantes d'après le seul exemplaire alors connu acheté par la B.N. (exemplaire vendu jadis par Camille BLOCH en 1928, décrit mais mal classé par TALVART, 1950 pages 299-300).


Max Brun en possédait un exemplaire qu’il a cité dans son étude parue dans le Bulletin du Bibliophile, 1958, page 64. Notre exemplaire est en tout point conforme à sa description de l'édition « B » (étude reprise dans Le Livre et l'Estampe, 1963, pages 10, suivantes et 42).

Cette deuxième édition est une des deux seules avouées par l'auteur qui y consentit le 21 avril 1782, vu l'énorme succès remporté par l'ouvrage paru au début du mois à 2.000 exemplaires. Imprimée hâtivement (des erreurs s'y sont glissées et certains cahiers proviennent du tirage A , elle fut cependant corrigée, notamment les fautes signalées à l'erratum de A , plus quelques rectifications. M. BRUN souligne que B est une impression nouvelle des Liaisons et ne provient pas d'une modification du premier tirage « A ». M. BRUN l'a dite « très rare » et WILLEMETZ la proclamait « rarissime ». Après l'originale, c'est la seule des 16 éditions et contrefaçons de 1782 à rechercher en priorité.


"Bible du libertinage pour certains, le livre s'impose surtout comme chef-d’œuvre du roman d'analyse, comme un des romans les plus abstraits et les plus intelligents. Aussi l'audace des Liaisons Dangereuses ne consiste-t-elle ni dans la débauche facile au langage cru, ni dans la perversité au premier degré ou la jouissance de faire le mal propre à Sade, mais dans l'art de dire ou plutôt de l'écrire pour un connaisseur admiratif et un peu vexé, placé en position de voyeur comme le lecteur"

(Laurent Versini, BnF, En français dans le texte , n° 174).

Ce roman épistolaire retrace les aventures amoureuses de la marquise de Merteuil et de son ancien amant, le vicomte de Valmont. La marquise, voulant se venger d’un amant infidèle alors promis à la fille d’une cousine, Cécile de Volanges, fait en sorte que le Vicomte déshonore cette dernière avant le mariage. Ce que le Vicomte accomplit, alors même qu’il tente de séduire une femme reconnue pour sa vertu : la présidente de Tourvel. Celle-ci tente de rester fidèle à son époux mais le Vicomte parvient à la piéger pour la faire mourir d’amour. Cécile de Volanges, quant à elle, est amoureuse du chevalier Danceny, son maître de solfège. Mais, la marquise de Merteuil le prend pour amant, par toutes sortes d'intrigues. Elle provoque ainsi un duel entre le Vicomte de Valmont, qui cherche à retrouver ses faveurs - déstabilisé par ses mésaventures dues à Cécile de Volanges et Tourvel -, et le jeune chevalier Danceny, qui parviendra à tuer le Vicomte, tourmenté de regrets d’avoir condamné la présidente de Tourvel. Il remet alors au chevalier toute la correspondance qu’il a tenue avec la marquise de Merteuil afin que celle-ci soit révélée non comme une femme des plus vertueuses de tout Paris, ainsi qu'elle le laissait croire, mais comme une dangereuse intrigante.

Référence : Max Brun, Bibliographie des éditions des Liaisons Dangereuses portant le millésime de 1782.

Provenance : Notre exemplaire, hormis un numéro d’ordre « 467 » à la plume sur la garde blanche des deux volumes, ne contient aucune autre marque de provenance.

Résultats : L’exemplaire Jacques Guérin, également du tirage « B », relié en 4 volumes en basane de l’époque, a été adjugé 53.000 francs (soit environ 8.000 euros), le 28 juin 2000, chez Tajan (Paris). Un exemplaire du tirage « A », relié en 2 volumes, veau époque, a été adjugé dernièrement 31.000 euros chez Christie’s Paris (lot 7, vente du 25 juin 2009 – sur une estimation à 3/5.000 euros).

TRÈS BON EXEMPLAIRE EN RELIURE STRICTEMENT DE L'ÉPOQUE DE CE CHEF D’ŒUVRE DE LA LITTÉRATURE ROMANESQUE DU XVIIIe SIÈCLE.

VENDU

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