[Affaire des Poisons sous Louis XIV - Procès et exécution de Mme la marquise de Brinvilliers]
MARQUISE DE BRINVILLIERS (Marie Madeleine Dreux d'Aubray)
MÉMOIRE DU PROCÈS EXTRAORDINAIRE. CONTRE Madame de Brinvilliers, & de La Chaussée, Valet de Monsieur Sainte-Croix. Pour raison des Empoisonnements des diverses personnes. Avec la defension, et l'Arrêt de la Cour donné contre la dit Dame, du 16 juillet 1676.
Suivant la Copie de Paris, A Amsterdam, chez Henry & Théodore Boom, l'an 1676
1 volume petit in-12 (133 x 77 mm - Hauteur des marges : 129 mm) de 140 pages.
Reliure plein maroquin rouge janséniste, dentelle dorée en encadrement intérieur des plats, tranches dorées sur marbrure, double-filet sur les coupes (reliure de la seconde moitié du XIXe siècle, signée THIBARON). Exemplaire à l'état proche du neuf. Reliure très fraîche. Intérieur parfait.
BELLE ET TRÈS RARE ÉDITION EN PETITS CARACTÈRES FAITE SUR L’ÉDITION AU FORMAT IN QUARTO DE PARIS CHEZ AUBOUIN LA MÊME ANNÉE.
Exemplaire bien complet de la deuxième page de titre qui suit la page de titre général : FACTUM DU PROCEZ Extraordinairement fait à LA CHAUSEE Valet de Sainte-Croix, pour raison des empoisonnemens des Sieurs d'Aubray Lieutenant Civils. A Amsterdam, chez Henry & Théodore Boom, l'An 1676 (avec un grand fleuron gravé sur bois). Compris dans la pagination, on trouve encore une autre page de titre (page 25) : MEMOIRE DU PROCEZ EXTRAORDINAIRE. Contre la Dame De Brinvilliers, Prisonnière en la Conciergerie du Palais, accusée. A Amsterdam, chez Henry & Théodore Boom, l'An 1676 (avec un grand fleuron gravé sur bois).. Enfin, également comprise dans la pagination, on trouve une page de titre (p. 57) : ARREST DE LA COUR DE PARLEMENT, les Chambres assemblées, Contre la Dame MARIE MARGUERITE d'Aubray Espouse du Sieur Marquis de Brinvilliers. Du 16 juillet 1676. A Paris, l'An 1676 (avec un grand fleuron gravé sur bois).
Le marquis de Brinvilliers avait des habitudes de luxe et de dépenses ; il aimait le jeu, les plaisirs ; et son mariage fut loin de lui faire perdre ses habitudes joyeuses. En 1659, il se lia intimement avec un nommé Godin, dit Sainte-Croix, capitaine de cavalerie dans le régiment de Tracy, officier originaire de Montauban, qui se disait bâtard d'une bonne famille de Gascogne. Sainte-Croix était jeune et bien fait, « doué, dit un mémoire du temps, de tous les avantages de l'esprit et peut-être encore de ces qualités du cœur dont une femme manque rarement, à la longue, de subir l'empire ». extrait de La Revue hebdomadaire, 1897.
La marquise de Brinvilliers succombe aux charmes de Godin de Sainte-Croix, passionné par l'alchimie. Dreux d'Aubray, irrité de la conduite de sa fille, fait emprisonner en 1663 le séducteur à La Bastille par une lettre de cachet. Sainte-Croix y devient alors l'ami de son compagnon de cellule, l'empoisonneur italien Exili, qui avait déjà commis de nombreux empoisonnements. Le chevalier a déjà été formé à cet art en suivant les cours de Christophe Glaser au Jardin royal des plantes.
À sa sortie au bout de 6 semaines d'embastillement, il retrouve sa maîtresse et lui enseigne l'art qu’il vient d’apprendre. Devenue experte et certainement sous l'influence de son amant, Marie Madeleine achète des fioles chez Glaser et aurait exercé ses « talents » sur des malades de l'Hôtel-Dieu et sur sa femme de chambre, notant tout (doses, symptômes, longueur de l'agonie). Elle réussit à empoisonner successivement son père (le 10 septembre 1666), puis ses deux frères et sa sœur, à six mois d'intervalle, (en 1670) afin de faire disparaitre les obstacles à sa liaison et de toucher seule l'héritage qui se révèle dérisoire. L'empoisonnement du premier frère en 1670 coïncide avec le décès d'Henriette d'Angleterre, qui ne fut pas empoisonnée, contrairement à ce qu'en pensa l'opinion (porphyrie aiguë intermittente probable ou péritonite biliaire).
Son mari, soupçonneux et craignant pour sa vie, préfère se retirer dans ses terres. Pour se débarrasser de la surveillance de son père sur ses mœurs, la marquise se mit à tester divers poisons à la faveur de la nuit dans les hôpitaux, selon des rumeurs non avérées : les malades dont elle s'approchait et à qui elle distribuait des biscuits plus ou moins imprégnés de poison, n'auraient pas tardé à succomber en d'horribles souffrances. Rien ne prouve cependant la véracité de ces faits, qui semblent tenir de l'affabulation. Le procès de la marquise vit défiler de nombreux témoins dont le témoignage n'est pas toujours crédible. Le 13 juin 1666, son père souffrait depuis plusieurs mois de maux étranges. Priant sa fille de le rejoindre à son château d'Offémont, il fut pris d'affreux vomissements qui continuèrent jusqu'à sa mort, le 10 septembre à Paris, malgré les meilleurs médecins. La Marquise avouera qu'il fut empoisonné 28 ou 30 fois, par elle ou par le laquais de son amant, La Chaussée, qu'elle fit embaucher chez son père. En 1670, ses deux frères furent empoisonnés par le même La Chaussée, le premier le 17 juin 1670, soit treize jours seulement avant la mort d'Henriette d'Angleterre, et le second en novembre 1670. Lors de l'autopsie, des "traces suspectes" furent décelées, mais l'affaire en resta là. La marquise avait une sœur, qui avait sagement choisi de ne plus la revoir après les décès des frères. Elle tenta de s'en prendre à son mari, nous dit son confesseur, en multipliant les doses infimes pour que l'on croie qu'il souffrait d'une fluxion dans les jambes. Mais son amant, sentant qu'il était lui-même en danger, administra au mari un antidote pour le sauver. La marquise n'avait pas intérêt à tuer son ex-amant, mais à récupérer les preuves conservées par ce maître-chanteur, qui s'éloigna d'elle et enferma dans une cassette les reconnaissances de dettes, les lettres d'amour de la marquise, plusieurs fioles de poison et une lettre accusatrice.
Sainte-Croix avait enfermé des preuves de la culpabilité (confession écrite de sa main dans son journal intime, des lettres d'amour de la marquise ainsi que des fioles de poison) de sa maîtresse dans une cassette « à n'ouvrir qu'en cas de mort antérieure à celle de la Marquise ». Et malheureusement pour elle, Godin de Sainte-Croix meurt accidentellement en 1672. La cassette trouvée et ouverte, la Marquise est recherchée et s'enfuit successivement à Londres, d'où Colbert tente de la ramener de force en France, puis aux Pays-Bas et à Liège en Belgique et peut-être en Flandre.
Le valet de Sainte-Croix, La Chaussée, qui avait aidé la Marquise, est arrêté. Soumis à la question, il passe une confession complète.
Elle-même, condamnée par contumace en 1673, est retrouvée dans un couvent à Liège et ramenée en France en 1676 par la ruse d'un exempt de police déguisé en prêtre, François Desgrez. Sa tentative de suicide échoue. Au cours de son long procès (29 avril - 16 juillet 1676), elle refuse tout aveu malgré la question. Elle est condamnée à une amende honorable, c'est-à-dire que son exécution est rendue publique.
Conduite en place de Grève en robe de bure, elle est décapitée, les yeux bandés, à l'épée, par le bourreau de Paris André Guillaume, qui porte ensuite son corps jusqu'au bûcher. Puis le bourreau prend la tête encore bandée et la jette dans le brasier devant la foule qui se bouscule. Les valets du bourreau dispersent ses cendres dans la Seine ainsi que l'ensemble des fioles et poudres trouvées tandis que ses biens confisqués.
Contemporaine de Bussy-Rabutin et de sa cousine, la Marquise de Sévigné, cette dernière écrira à son sujet : "Les plus grands crimes, sont une bagatelle en comparaison d'être huit mois à tuer son père." Lettre du 17 juillet 1676, Correspondance, II, Pléiade (Duchêne éd.), p. 342-343
Le courage de la Marquise de Brinvilliers sous la torture et son extraordinaire piété en prison émurent nombre de ses contemporains, qui virent en elle une sainte. Son procès, sa condamnation et son exécution sont rapportées dans les Crimes Célèbres d'Alexandre Dumas et dans la correspondance de Madame de Sévigné qui écrit "Le lendemain, on cherchait ses os parce que le peuple disait qu'elle était une sainte". Une sainte dont on a dit qu'elle aurait voulu punir l'alliance franco-anglaise de 1670 en empoisonnant Madame Henriette d'Angleterre, tout comme on avait tenté en 1658 d'empêcher l'alliance de Mazarin avec une puissance hérétique. Actuellement, nombre d'auteurs, dont Agnès Walch ont reconsidéré le procès de madame de Brinvilliers. Sans lui enlever la responsabilité de ses crimes, ils pensent d'une part que le chevalier de Sainte-Croix avait pris l'initiative des meurtres, et d'autre part, que la marquise ne put guère se défendre au cours de son procès. Si l'on reprend les témoignages de l'abbé Pirot, ses juges voulurent surtout connaître le nom de ses complices. En prenant en compte les intrigues politiques de l'époque, certains auraient par exemple souhaité voir le receveur du clergé Pierre Louis Reich de Pennautier compromis. Mais jamais Marie-Madeleine de Brinvilliers ne l'accusa de complicité. Par ailleurs, certains témoignages abusifs de ses anciens domestiques ont contribué à renforcer une légende noire autour du personnage. (Source : Wikipedia)
Localisation : Bib. de l'Arsenal, 1 exemplaire. La BnF ne possède pas d'exemplaire de cette édition. Aucun autre exemplaire au CCfr.
Référence : Arlette Lebigre, 1679-1682, L'affaire des poisons ; Frantz Funck-Brentano, Le drame des poisons études sur la société du XVIIe siècle et plus particulièrement la cour de Louis XIV d'après les archives de la Bastille.
CHARMANT PETIT VOLUME, FINEMENT RELIÉ, DE CETTE RARETÉ BIBLIOGRAPHIQUE.
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