Nicolas CHORIER [jean MEURSIUS] - Alcide Bonneau (traducteur)
LES DIALOGUES DE LUISA SIGEA sur les arcanes de l'amour et de Vénus ou Satire Sotadique de Nicolas Chorier, prétendue écrite en Espagnol par Luisa Sigea et traduite en latin par Jean Meursius. Texte latin revu sur les premières éditions et traduction littérale, la seule complète, par le traducteur des Dialogues de Pietro Aretino [Alcide Bonneau].
Imprimé à cent exemplaires, Pour Isidore Liseux et ses amis, Paris, 1882 [Paris. - Typ. de A.-H. Bécus].
4 tomes reliés en 4 volumes in-8 (20,5 x 13,5 cm) de CXLVII-175 ; 269-(1) ; 199 et 363-(1) pages.
Reliure demi-chagrin cerise à coins, dos à nerfs richement ornés aux petits fers dorés, tête dorée, relié sur brochure, non rogné, couvertures conservées (reliure de la première moitié du XXe siècle). Reliure à l'état de neuf, intérieur très frais (petits défauts aux couvertures de brochage). Belle impression sur papier vergé de Hollande.
TEXTE EN FRANÇAIS ET LATIN EN REGARD.
UN DES 100 EXEMPLAIRES DE CE TIRAGE UNIQUE, NUMÉROTÉ ET PARAPHÉ A LA PLUME PAR ISIDORE LISEUX.
C'est faussement que Nicolas Chorier a publié sous son nom le Satyra Sotadica, ensemble de dialogues saphiques et érotiques en latin, traduits en de nombreuses langues sous le titre de Dialogues de Luisa Sigea.
« Entre 1658 et 1660, on se passait curieusement de main en main, parmi les magistrats, les jurisconsultes, les hauts fonctionnaires de Lyon, de Grenoble et de Vienne, un petit volume in-12 de moins de quatre cent pages, écrit en latin d'une rare élégance et destiné à une célébrité que nul sans doute ne prévoyait alor. L'auteur y exposait en six Dialogues d'un intérêt croissant, où la perfection du langage l'emportait encore sur le charme attrayant du sujet, les mystères de l'amour, les secrets raffinements du plaisir. Deux jeunes femmes, couchées ensemble, s'y initiaient mutuellement à la science de la vie par une succession de confidences indiscrètes, de scènes passionnées, de récits voluptueux, et de Latin, un Latin savant, compliqué, jetait comme un voile de gaze sur la nudité lascive des tableaux [...] » (extrait de la préface par Alcide Bonneau)
Octave Uzanne analyse la sortie de cet ouvrage dans un compte rendu élogieux compte rendu paru dans la Bibliographie moderne du Livre dans la livraison du 10 juillet 1882 :
« Musée secret des bibliophiles. N° I. - Nicolas Chorier : Dialogues de Luisa Sigea, 4 vol. in-8°, imprimé à cent exemplaires pour Isidore Liseux et ses amis. Paris. - Prix : 200 francs.
Eh bien, ceci me plaît, et je dois féliciter, en tout respect et gratitude, Liseux-Grolier qui vient de plisser dédaigneusement sa lèvre pour le gros public, "Vulgum pecus", en faisant imprimer pour lui et ses amis, intimes et dilettantes, - le Musée secret du bibliophile.
Ce musée rabelaisien, mis par son tirage restreint à l'abri du bégueulisme et de la pruderie, ne comprendra, il faut le dire, ni obscénités ni oeuvres érotiques, vulgaires ; il sera à la littérature ce que le musée secret du roi de Naples fut à l'art ; on y verra des chefs-d'oeuvre d'un genre spécial et sans la feuille de vigne des musées publics, car j'estime que ces admirables Dialogues de Luisa Sigea, par la réimpression desquels débute cette rarissime collection, n'ont rien de ce que le sens du mot pornographique, interprété à la moderne, semble désigner. J'ai dit récemment, à propos de l'édition in-16, mon opinion sur cette oeuvre éclatante et hors ligne ; tous les vrais lettrés seront de mon avis, j'en ai l'assurance, car on ne trouverait ni au dix-neuvième siècle ni à cette époque une oeuvre de si hautaine allure et de si mâle style que celle de Chorier. Je reviendrai sur ce Musée secret des bibliophiles, que tous ceux que n'a pas atteints la mal'aria de ce temps doivent soutenir. Je tiens à dire aujourd'hui que les quatre volumes des Dialogues de Luisa Sigea sont admirablement imprimés en format in-8 avec belles marges, que le texte latin est mis en italique vis-à-vis du texte français juste alinéaire comme traduction, et que cette belle édition restera toujours dans le monde des amoureux des belles-lettres comme le plus noble témoignage de la vaillance tenace et de la grande intelligence de son éditeur.
U. [Octave Uzanne] »
Il se dégage de cet ouvrage, dont l'élégance du style impressionna Guillaume Apollinaire, une « philosophie sexuelle très clairvoyante et très pratique, émaillée de maximes d'une morale sage ».
BEL EXEMPLAIRE DE CET OUVRAGE RARE.
VENDU