mercredi 17 avril 2013

La Nymphomanie ou Traité de la fureur utérine (par Bienville) - 1771 : Exemplaire du Prince de Talleyrand (Bibliothèque du Château de Valencay). La Nymphomanie lue par le Diable boiteux ...


BIENVILLE (M. D. T., Docteur en Médecine)

LA NYMPHOMANIE OU TRAITÉ DE LA FUREUR UTÉRINE  dans lequel on explique, avec autant de clarté que de méthode, les commencements & les progrès de cette cruelle maladie, dont on développe les différentes causes. Ensuite on propose les moyens de conduite dans les divers périodes, & les spécifiques les plus éprouvés pour la curation. Par M. D. T. de Bienville, Docteur en Médecine.

A Amsterdam, chez Marc-Michel Rey, 1771

1 volume in-8 (20,5 x 12,5 cm) de (2)-XV-(1)-164 pages.

Reliure plein veau marbré de l'époque, dos lisse orné, pièce de titre de maroquin rouge, triple-filet doré en encadrement des plats, fleurettes d'angle, tranches jaspées. Reliure en bon état, solide et décorative. Légères usure aux coins, à l'extrémité des coiffes et sur les coupes/chasses, avec légers manques de cuir. Intérieur uniformément légèrement roussi, sans gravité.

ÉDITION ORIGINALE.


PRÉCIEUX EXEMPLAIRE DE LA BIBLIOTHÈQUE DU « DIABLE BOITEUX » (Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord), AVEC SON EX LIBRIS, DE LA BIBLIOTHÈQUE DU CHÂTEAU DE VALENCAY.

L'EXEMPLAIRE A PASSÉ ENSUITE DANS LA BIBLIOTHÈQUE DU POÈTE JEAN RAMEAU (1858-1942), AVEC SON NOM A LA PLUME (caché sous un papier de réemploi - visible uniquement par rétro-éclairage).

J.D.T. de Bienville (1726, Cévennes - 1813, Paris), de son vrai nom Jean Baptiste Louis de Thesacq, médecin français du XVIIIe siècle, a exerçé en France et aux Provinces-Unies, notamment à La Haye et Rotterdam. Il est l'auteur de différents traités de médecine. L'un de ses ouvrages, La Nymphomanie, publié en 1771, se pose comme le pendant du célèbre traité sur l'onanisme de Samuel-Auguste Tissot. Il a rencontré un certain succès, comme en témoignent les nombreuses rééditions et traductions dont il a fait l'objet.

« La tendance d'un sexe à l'autre vient d'un besoin aussi naturel que difficile à supprimer. Il n'est point de moyens moraux capables d'imposer silence à la nature. [...] La maladie que je traite n'est point une chimère, elle n'est que trop réellement existante dans le Sexe [féminin], elle n'y fait tous les jours que des progrès trop rapide. [...] On entend par Nymphomanie un mouvement déréglé des fibres dans les parties organiques de la femme. [...] Cette maladie surprend quelquefois les jeunes filles nubiles [...] filles débauchées [...] Les femmes mariées n'en sont point exemptes, surtout celles qui se trouvent unies à des époux d'un tempérament faible, qui exige de la sobriété dans les plaisirs, ou à un homme froid, peu sensible aux délices de la jouissance. Enfin les jeunes veuves y sont souvent exposées surtout si la mort les a privées d'un homme fort & vigoureux [...] etc » (extrait)

Principal remède :  distraire la malade de ses pensées obscènes ! la saignée n'est point à exclure ! Pour les plus Métromaniaques, une once d'hydromel vineux à la sortie d'un bain fera l'affaire ! Bref ! Pour « celles qui se déshonorent sans cesse en secret par des pollutions habituelles dont elles sont elles-mêmes les infortunées ouvrières » il faut tout mettre en oeuvre pour faire cesser les comportements honteux de celles qui n'ont que trop « d'imagination ».

Difficile de dissimuler le plaisir qu'il y a à feuilleter un livre de la bibliothèque du Diable boiteaux ! Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, communément nommé Talleyrand, éminent homme d'État et grand diplomate, est né le 2 février 1754 à Paris et mort dans cette même ville le 17 mai 1838. Il a traversé tous les régimes politiques, depuis la Révolution française jusqu'à la France de Louis-Philippe. Décrit comme le « diable boiteux », un traître cynique plein de vices et de corruption, ou au contraire comme un dirigeant pragmatique et visionnaire, soucieux d'harmonie et de raison, admiré ou détesté par ses contemporains, amant aux nombreuses maîtresses, Talleyrand a-t-il lu la Nymphomanie de Bienville dans ce volume ? C'est fort probable. Même s'il n'a que 17 ans lorsque paraît l'ouvrage en 1771, c'est assurément ultérieurement, dans son château de Valencay, qu'il range ce livre dans sa bibliothèque riche de plus de 10.000 volumes !


Le volume porte le grand ex libris armorié de Talleyrand « Bibliothèque du Château de Valencay » (Berry) (propriété de Talleyrand de 1803 à son décès en 1838). Photographie ci-dessus.

Si cet ouvrage n'est pas rare, le Diable boiteux lui donne ici toutes ses lettres de noblesse. Gageons que le Prince de Talleyrand a su tirer quelque enseignement de ces fureurs utérines qu'il a certainement eu l'occasion de constater.

TRÈS BON EXEMPLAIRE.

VENDU

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