Comte de CAYLUS | André COLLOT, illustrateur
Le Fée Paillardine ou la Princesse Ratée. Conte inédit.
Londres, MCMXXXI [1931]
1 volume petit in-4 (24,5 x 19,5 cm) de 116-(1) pages. Avec 10 eaux-fortes coloriées à la main par l'artiste [André Collot]. ornements et bandeaux gravés imprimés en or.
Reliure strictement de l'époque plein maroquin havane poli à grain fin, dos lisse, décor doré parlant sur l'ensemble des deux plats et du dos, tête dorée, autres tranches non rognées, roulette dorée sur les coupes, roulette dorée en encadrement intérieur des plats, doublures et gardes de papier marbré coordonné, couverture de papier velours bleu (les deux plats et le dos) conservés en excellent état. Volume parfaitement conservé. Intérieur parfait. Reliure signée dans la dentelle intérieure H. MANGEAT. Les décors dorés sur les plats ont été entièrement réalisés aux petits filets dorés, droits, courbes ou circulaires, le tout reprenant pour chaque plat une vignette imprimée en or dans le volume (angelot éros).
Premier tirage limité à 160 exemplaires seulement.
Celui-ci, un des 150 exemplaires sur vélin d'Arches numérotés à la main.
Bien complet des 10 eaux-fortes érotiques coloriées à la main au crayon de couleurs par l'artiste.
ON JOINT :
Un exemplaire en feuilles du même ouvrage de la même édition.
Un des 10 exemplaires sur Japon impérial numérotés à la main.
Avec 9 eaux-fortes érotiques coloriées à la main au crayon de couleurs par l'artiste (sur 10) tirées également sur Japon impérial.
Tirage de la plus grande rareté.
ON JOINT :
L'exemplaire relié contient (volant) un billet autographe de l'illustrateur André Collot qui s'adresse à un bibliophile qui lui a fait demande de "tirages à part", l'illustrateur demande des précisions.
L'ensemble est conservé dans un étui cartonné recouvert de papier marbré.
La notice bibliographique qui se trouve à la fin est signée Sylvestre Bonnard (en réalité Pierre Dufay).
Comme l'indique Dutel il s'agit d'un texte inédit provenant d'un manuscrit du XVIIIe siècle ayant appartenu à Pierre Louÿs et attribué au Comte de Caylys.
Il édition presque identique (même texte, même illustratons et décors) mais exécutée avec beaucoup moins de luxe (les ornements ne sont pas imprimés en or) a été imprimée en 1933. Son tirage est presque identique.
"Il était une fois une fée qui se nommait Paillardine. Elle était bien faite, grande et ferme ; ses cheveux étaient bruns et son teint était un peu bis ; en un mot, c'était une foutée délicieuse, puisqu'elle tenait plus qu'elle ne promettait encore pour la jouissance. Elle joignait un tempérament aussi prodigieux qu'immanquable aux yeux les plus paillards et par conséquent les plus beaux. Sa peau était aussi douce qu'elle était unie. Le mouvement de son cul était si recommandable et si parfait qu'il paraissait nouveau à chaque coup qu'on lui mettait. La nature départ rarement en nos pays ces heureux talents et ces véritables dons du Ciel, car enfin (l'on n'y peut penser sans gémir) combien peu nos femmes déchargent-elles en France ! Paillardine ajoutait à tant de perfections celle d'être au moins au coup pour le coup. Quelle foutée ! L'idée seule non seulement me fait bander, mais encore elle est riante du côté de l'esprit, puisque les brouilleries sont courtes avec une semblable femme, qu'une arcée produit seule le raccommodement et que seule elle épargne cent protestations plus gentilles les unes que les autres. Quoi qu'il en soit, Paillardine, qui joignait le pouvoir au désir, foutait, comme l'on peut croire, avec un succès et une abondance merveilleuse. Quand elle n'eût été que femme du monde, étant telle que je l'ai décrite avec vérité, eût-elle jamais manqué de fouteurs ? Non, sans doute. Aussi n'en manquait-elle jamais. Indépendamment des fouteurs réglés dont elle avait toujours une douzaine de garde auprès d'elle, du plus petit coup de sa baguette il eût paru cinquante vits[1] en état de satisfaire la paillardise qu'elle ressentait et qu'elle inspirait. Mais elle ne voulait point faire d'éclat ; elle aimait mieux envoyer par le monde trois ou quatre femmes dont elle était sûre et qui lui rendaient un compte fidèle des grands vits qui paraissaient et de leur bonne ou mauvaise qualité. Ces émissaires avaient chacune une mesure très exacte aux armes de la fée. Elle voulait que la taille des vits que l'on choisissait pour elle fût au moins dix pouces de roi. Au-dessous de cette taille un vit n'était seulement pas regardé ; c'était même la plus petite mesure à laquelle Paillardine n'aimait pas trop se réduire." (extrait des premières lignes du conte ...).
Provenance : de la bibliothèque du bibliophile William Froehlich avec son ex libris ; autre ex libris eroticis moderne (M. L.).
Références : Dutel, Bibliographie des ouvrages érotiques publiés clandestinement en français entre 1920 et 1970, n°1554 ; Pia, Les Livres de l'Enfer, 485
Très bel exemplaire richement habillé d'une reliure signée et parlante de l'époque, accompagné du très rare tirage sur papier Japon à 10 exemplaires seulement (avec 9 des 10 estampes coloriées également sur Japon).
Prix : 3.900 euros
