mercredi 28 juin 2017

Pierre Louÿs. Les Chansons Secrètes de Bilitis (1935). Tirage à 99 exemplaires. 12 tailles-douces par Jean Berque rehaussées à la main. Très beau livre érotique illustré. Rare.


LOUYS, Pierre. BERQUE, Jean (illustrateur).

LES CHANSONS SECRÈTES DE BILITIS.

S.l.n.n., 1935

1 volume in-4 (28 x 23 cm), en feuilles, sous couverture crème imprimée du seul titre "Chansons secrètes" sur le premier plat, 59 feuillets non chiffrés dont 12 planches hors-texte. Complet. Petites déchirures sans manque au bas du dos de la couverture. Rousseurs aux premiers et derniers feuillets blancs (gardes et intérieur de couverture), quelques pâles rousseurs à quelques feuillets. Les gravures sont rehaussées à la main à l'aquarelle et à la gouache et sont en parfait état. Emboîtage éditeur en très bon état.


TIRAGE A 99 EXEMPLAIRES SEULEMENT.

CELUI-CI, 1 DES 48 EXEMPLAIRES SUR PAPIER PUR FIL A LA FORME COMPORTANT LA SUITE DÉFINITIVE DES 12 TAILLE-DOUCES REHAUSSÉES A LA MAIN EN COULEURS.


Ce volume contient cinq chansons censurées et retirées de l'édition des Chansons de Bilitis de 1925 dont il forme le complément.


Les gravures sont attribuées à Jean Berque. Elles montrent essentiellement des corps féminins lascifs, alanguis dans l'ivresse de la nudité. Le rehaut de couleurs à la main apporte une touche unique à chaque exemplaire de ce livre très bien réalisé. Belle typographie italique en gros caractères.


Jean Berque est né à Reims en 1896 et est mort à Paris en 1954. Peintre et illustrateur, on lui doit de très belles illustrations libres ou moins libres. Il a illustré plusieurs ouvrages de Pierre Louÿs (Aphrodite, Les Chansons de Bilitis, Trois filles de leur mère). Il était élève des Nabis, Félix Vallotton, Maurice Denis et Paul Sérusier. Il fut un des premiers membres de l’Union rémoise des Arts décoratifs. Il réalisé le chemin de croix de l'église Saint-Nicaise de Reims. Réputé pour ses nus, il exposa au Salon d'automne de 1924 à 1928 et au Salon des Tuileries entre 1927 et 1934. Il est surtout connu comme illustrateur de livres et collabora avec François-Louis Schmied, Philippe Gonin et les frères Gonin, de Lausanne. Il illustra notamment des ouvrages d’André Gide, Pierre Louÿs, Colette, Montherlant, André Maurois, Paul Claudel, Anna de Noailles et Paul-Jean Toulet. L'illustration du livre de poèmes Vers Toi, signé Claude Ramboz, publié par Philippe Gonin en 1935, contient plus de cinquante gouaches originales de nues féminins. (source : Wikipédia).

Référence : Dutel, Bibliographie des ouvrages érotiques publiés clandestinement en français entre 1920 et 1970, n°1196.

TRÈS BON EXEMPLAIRE DE CE TRÈS BEL ILLUSTRE ÉROTIQUE.

Prix : 650 euros


mardi 27 juin 2017

Amandine Doré. Florilège de la poésie érotique du XVIe au XXe siècle (vers 1960). Tirage à 195 exemplaires seulement. 20 cuivres originaux libres.


COLLECTIF - Pierre de RONSARD - François VILLON -  RUTEBEUF - Mathurin REGNIER - MAYNARD - Auteurs modernes restés anonymes (poèmes non signés)

FLORILÈGE. ÉDITION ORIGINALE. VINGT GRAVURES SUR CUIVRE DE MADAME *** [AMANDINE DORÉ].

Sans lieu, ni nom, ni date [vers 1960]

1 volume grand in-4 (32 x 25 cm), 77 feuillets, en feuilles, couverture rempliée, titre imprimé en bleu sur le premier plat de couverture. Emboîtage carton toilé de l'éditeur (légèrement marqué). Livre en très bon état, fines rousseurs éparses sur la couverture et sur quelques feuillets. Belle impression sur papier BFK de Rives.


ÉDITION DE BIBLIOPHILE IMPRIMÉE A 195 EXEMPLAIRES SEULEMENT.

CELUI-CI UN DES 150 EXEMPLAIRES SUR VÉLIN BFK DE RIVES AVEC L'ÉTAT DÉFINITIF DES 20 ESTAMPES D'AMANDINE DORÉ.


Le volume s'ouvre sur une Présentation restée anonyme mais fort bien écrite : " (...) Si l'on en croit montrer aujourd'hui, en face de la licence et du parler couillu, une sorte de honte ou d'hypocrisie qui nous oblige à rabaisser la cotte de nos femmes à boutonner nos braguettes, cela tient sans doute à l'anémie de notre temps. (...) Il fallait, pour transposer sur le cuivre les évocations de ces carmes inspirées par l'Aphrodite Populaire, la main d'une femme : elles sont toujours pudiques, jusque dans leurs suprêmes abandons. Seule, une femme était capable de traduire les plus ardents gestes de l'amour avec une caressante poésie."


Référence : Dutel, Bibliographie des ouvrages érotiques publiés clandestinement en français entre 1920 et 1970, n° 1584 : "Anthologie de textes publiée vers 1960. Elle est ornée de 20 gravures hors-texte attribuées à Amandine Doré."


Amandine Doré serait la descendante de l'illustre Gustave Doré (mais rien n'est moins certain selon les sources). Née en 1912 elle meurt en 2011 âgée de 99 ans ! Elle débute comme illustratrice puis touche au domaine galant. Sous son nom de naissance sa production est licencieuse mais est plus érotique sous le pseudonyme de Madame ***. Au moment d’entrer dans la vie du romancier t’Serstevens (ami de Blaise Cendrars), Amandine suit des cours aux Beaux-Arts et se destine au professorat de dessin. C’est son frère André Bonne, qui est éditeur, qui l’envoie chez t’Serstevens pour qu’elle étudie avec lui la possibilité d’illustrer un texte sur les corsaires. Amandine, devait être encore adolescente quand il l’a connue au début des années quarante alors que lui avait dépassé les 55 ans. C’est en 46 qu’ils se sont mariés à Tahiti. T’Serstevens avait 61 ans! Amandine débute alors une activité d’illustratrice de voyages pour les livres de son mari, aquarelle et pointe sèche notamment. Elle a illustré en particulier de ses charmants dessins la plupart des livres que t’Serstevens a publiés après les voyages faits en commun après la guerre: Polynésie (ils y ont séjourné trois ans), Espagne, Mexique, Sicile, Sardaigne, Iles Eoliennes, Grèce, Maroc, etc. Elle dessine même des foulards tout en continuant une production galante. « Ce que Redouté a fait pour les roses, elle l’a fait pour l’hibiscus, le pua, le tiare, le frangipanier et tant d’autres merveilles de cette flore excessive dont elle n’a abandonné que les parfums » dira d’elle t’Serstevens, dans son introduction au volume 3 de son œuvre « Tahiti et sa couronne ». Son oeuvre érotique est abondante et remarquable de sensualité.


BEL EXEMPLAIRE, TEL QUE PARU, DE CE BEAU LIVRE ILLUSTRÉ ÉROTIQUE A PETIT TIRAGE.

VENDU


vendredi 16 juin 2017

Johannes Gros (Maurice Duflou). Les Délices Libertines (1937). 12 illustrations libres en couleurs. Belle production clandestine de l'entre-deux guerres. Rare.


JACQUELINE DE LANSAY [Johannes GROS]

LES DÉLICES LIBERTINES. ROMAN.

A Moncontour, Au Bonheur des Dames, s.d. (Paris, Maurice Duflou, vers 1937)

1 volume in-8 (22 x 15,5 cm), broché, 149-(1) pages. 12 illustrations hors-texte en couleurs. Ornements imprimés en rouge. Culs-de-lampe érotiques pour la plupart, imprimés en rouge également. Couverture imprimée en bleu, papier gris texturé. Couverture légèrement défraîchie. Intérieur frais.

TIRAGE CLANDESTIN ANNONCE A 450 EXEMPLAIRES POUR UN GROUPE D'AMATEURS.

Exemplaire numéroté au composteur. Imprimé sur papier pur fil Lafuma.



DEUXIÈME TIRAGE SORTI DES PRESSES DE MAURICE DUFLOU.

La première édition de cet ouvrage date de 1935 ou environ d'après Dutel. Il l'annonce ornée de 14 gravures monogrammées DD. Tout comme sa réédition par le même Duflou imprimée environ deux années plus tard, quasiment identique à la première.



Personne ne s'accorde sur le nombre de gravures requises pour cette édition. Le volume se compose de XIV chapitres ce qui pourrait laisser penser qu'il faut en effet 14 gravures (une pour chaque chapitre). Dans notre exemplaire tous les chapitres possèdent une gravure à l'exception des chapitres I et XIII, sans manque apparent. Un exemplaire du même tirage a été vendu en 2009 (Ferraton, Bruxelles) avec 10 gravures sur 12 annoncées (?). Nous avons pu répertorié un autre exemplaire de ce tirage avec 12 gravures. Nous restons sur cette idée que le volume est bien complet avec 12 gravures jusqu'à ce qu'on nous en montre un qui en possède 14.



Dutel souligne qu'il s'agit d'un excellent texte attribué à Johannes Gros.

"[...] Et je vis, la seconde d'après, le plus potelé cul de fille qu'il soit, présenter sa raie complaisante au solide priape que ton frère ajustait à son trou. Ses jambes imbriquées dans les siennes et légèrement fléchies pour ête à hauteur convenable, le buste ployé en avant sur la croupe de Claude, et les deux mains cramponnées à ses hanches délicates, son ventre, comme sous la poussée d'un ressort, plongea insensiblement sa belle quille entre ses chairs qui me faisaient envie ... En quelques coups de reins donnés sans brutalité, avec le sentiment de la délicatesse de ce siège étroit, elle pénétra jusqu'à sa racine. [...]" (extrait).

Référence : Dutel, Bibliographie des ouvrages érotiques publiés clandestinement en français entre 1920 et 1970, n°1359.



BON EXEMPLAIRE DE CE JOLI LIVRE ÉROTIQUE CLANDESTIN SORTI DES PRESSES DE MAURICE DUFLOU.

VENDU



mercredi 7 juin 2017

Alfred de Musset. Gamiani. Edition clandestine (1948) illustrée de lithographies érotiques attribuées à Jacques Nam. Exemplaire avec planches libres.


[Alfred de MUSSET]

GAMIANI.

Sans nom, sans lieu ni date [édité pour un groupe de bibliophiles, vers 1948]

1 volume in-4 (32,5 x 25,5 cm), en feuilles, 130 pages et 1 page non chiffrée pour la justification du tirage. Couverture rempliée à fenêtre imprimée en couleurs. Texte calligraphié lithographié et 32 lithographies dans le texte en noir et en sanguine, 38 planches hors-texte dont 2 double-page et 3 portraits. Les planches libres sont bien présentes dans une pochette à part. Très bon état.


TIRAGE A 325 EXEMPLAIRES.

CELUI-CI, 1 DES 300 EXEMPLAIRES AVEC PLANCHES LIBRES.


Certaines planches avec remarque libre.

Référence : Dutel, Bibliographie des ouvrages érotiques publiés clandestinement en français entre 1920 et 1970, n° 1656. (indique qu'il faut 14 planches hors texte).


Curieuse édition clandestine publiée avec pour seul titre celui de la couverture à fenêtre, le texte débute directement par la page 1 précédée d'un simple faux-titre "Gamiani" imprimé en noir dans la partie basse du premier feuillet. Le texte est entièrement reproduit en lithographie d'après une calligraphie soignée, les 32 lithographies libres qu'on trouve réparties dans le texte viennent compléter une illustration hors-texte tout aussi "libérée". Les 3 portraits dénotent une édition des années 40. Aucun bibliographe ne s'est attardé à essayer d'attribuer les dessins qui ornent cette édition. Nous pensons, d'après le colophon illustré (justification du tirage) que ces dessins sont l'oeuvre de Jacques Nam (1881-1974). Plusieurs indices pourraient trahir sa main. La page de justificatif est composée d'un satyre au type asiatique tandis qu'au bas de ce même feuillet on trouve trois chants esquissés. Par ailleurs le style des dessins nous paraît tout à fait proche de ceux exécutés pour Chatteries (vers 1935), un recueil portfolio érotique qui met en parallèle les minauderies féminines et les félines attitudes des femmes. On remarquera encore quelques indications animalières dans les planches hors-texte de ce Gamiani.


Jusqu'à preuve évidente d'une autre paternité, nous donnons donc l'ensemble de cette illustration érotique à Jacques Nam. "Issu d’une famille de musiciens, J. NAM entre à 19 ans à l’Ecole des Beaux-Arts dans l’Atelier de Gérome. Celui-ci l’encourage à aller dessiner les fauves au Jardin des Plantes. Dès 1900, il commence à faire des dessins humoristiques puis politiques pour divers journaux (le Rire, le Sourire, la Vie Parisienne, le Figaro, L’Echo de Paris,...). Il travaille comme illustrateur chez Hachette, Flammarion, Delagrave. Son attirance pour les animaux, particulièrement pour les chats, le conduit à utiliser de nombreux médias : dessins d’illustrations pour journaux, bandesdessinées, illustrations de romans de Colette ou pour la Bibliothèque Verte (James Oliver Curwood), sculptures en ronde-bosse, laques et peintures. Son style d’un cubisme modéré l’inscrit dans la ligne de l’Art Déco." (Biographie, catalogue Chayette et Cheval, 2010).

Gamiani est l’ouvrage le plus réimprimé au cours du XIXe siècle avec plus de 40 éditions. L'attribution du roman à Alfred de Musset a longtemps été contestée.

Le roman raconte deux nuits de la vie de la comtesse Gamiani marquées par ses ébats avec Fanny et Alcide. Pendant ces deux nuits, les trois personnages vont successivement raconter leur initiation sexuelle ainsi que leurs plus grands exploits dans ce domaine.

Pierre Louÿs dans le Manuel de civilité pour les petites filles à l'usage des maisons d'éducation écrit : « Ne suivez pas l'office sur un exemplaire de Gamiani, surtout s'il est illustré ».


"La première fois que je fus mise à l’épreuve, j’étais dans le délire du vin. Je me précipitai violemment sur la sellette, défiant toutes les nonnes. L’âne fut à l’instant dressé devant moi, à l’aide d’une courroie. Son braquemart terrible, échauffé par les mains des sœurs, battait lourdement sur mon flanc. Je le pris à deux mains, je le plaçai à l’orifice, et, après un chatouillement de quelques secondes, je cherchai à l’introduire. Mes mouvements aidant, ainsi que mes doigts et une pommade dilatante, je fus bientôt maîtresse de cinq pouces au moins. Je voulus pousser encore, mais je manquai de forces, je retombai. Il me semblait que ma peau se déchirait, que j’étais fendue, écartelée ! C’était une douleur sourde, étouffante, à laquelle se mêlait pourtant une irritation chaleureuse, titillante et sensuelle. La bête, remuant toujours, produisait un frottement si vigoureux que toute ma charpente vertébrale était ébranlée. Mes canaux spermatiques s’ouvrirent et débordèrent. Ma cyprine brûlante tressaillit un instant dans mes reins. Oh ! quelle jouissance ! Je la sentais courir en jets de flamme et tomber goutte à goutte au fond de ma matrice. Tout en moi ruisselait d’amour. Je poussai un long cri d’énervement et je fus soulagée… Dans mes élans lubriques, j’avais gagné deux pouces ; toutes les mesures étaient passées, mes compagnes étaient vaincues. Je touchais aux bourrelets sans lesquels on serait éventrée ! Épuisée, endolorie dans tous les membres, je croyais mes voluptés finies lorsque l’intraitable fléau se raidit de plus belle, me sonde, me travaille et me tient presque levée. Mes nerfs se gonflent, mes dents se serrent et grincent ; mes bras se tendent sur mes deux cuisses crispées. Tout à coup un jet violent s’échappe et m’inonde d’une pluie chaude et gluante, si forte, si abondante, qu’elle semble regorger dans mes veines et toucher jusqu’au cœur. Mes chairs lâchées, détendues par ce baume exubérant, ne me laissent plus sentir que des félicités poignantes qui me piquent les os, la moelle, la cervelle et les nerfs, dissolvent mes jointures et me mettent en fusion brûlante… Torture délicieuse !… intolérable volupté qui défait les liens de la vie et vous fait mourir avec ivresse !" (extrait)

TRÈS BON EXEMPLAIRE DE CE BEAU LIVRE ÉROTIQUE ILLUSTRÉ.

Prix : 650 euros


mardi 6 juin 2017

Clovis Hugues. Ode au Vagin (1933). 10 illustrations érotiques. Edition clandestine Maurice Duflou, Paris.


HUGUES, Clovis.

ODE A VENUS. ODE AU VAGIN. Poème inédit.


Domrémy, A l'Enseigne de la Pucelle, s.d. (vers 1933) [Paris, Maurice Duflou]


1 volume in-8 (22 x 16,5 cm), broché, 69-(1) pages. 10 photogravures hors-texte en noir. Couverture crème imprimée en rouge et noir avec deux lettrines pour les lettres Q et V. Couverture légèrement salie, dos marqué, ensemble solide. Intérieur très frais imprimé sur beau papier blanc.


TIRAGE A 300 EXEMPLAIRES NON MIS DANS LE COMMERCE.


CELUI-CI PORTE LE NUMÉRO 2 AU COMPOSTEUR.



La couverture porte pudiquement le titre Ode à Vénus tandis que la page de titre indique clairement Ode au Vagin.


Ce volume contient une notice sur l'auteur signée Jean Tiretta, le fac-similé de la dernière page du manuscrit signé Klau-Vizuq, l'Ode au Vagin, une notice sur l'Ode à Priape de Piron par Helpey (Louis Perceau), l'Ode à Priape et Les Sept Béatitudes.


Quand une femme est en chemise
Les épaules de marbre blanc,
Le cul, forme encore indécise
Dans les plis du voile tremblant,
Le parfum épars dans la chambre,
L'orteil, le mollet qui se cambre,
Les nichons rosés d'un émoi,
Les bras, la taille forte ou frêle,
Tout t'annonce, tout te révèle,
Rien n'est attirant que pour toi.
Le voile glisse. Extase ! Aurore !
Exquis prélude des bons coups !
Les cuisses te cachent encore,
Mais voici ton poil souple et doux,
Ton poil, touffe d'or ou d'ébène
Que l'on croirait posée à peine
Au bas du ventre point plissé,
Et qui, lentement caressée,
Allonge sa pointe frisée
Comme un triangle renversé.
Mais les cuisses s'ouvrent. Victoire !
Voici le con dans sa beauté,
Sous sa frisure blonde ou noire
Adorablement abrité,
Humide comme une prunelle,
Frissonnant déjà comme une aile
Dans le fouillis des rameaux verts,
Détendu sur sa fente rose,
Et l'air tout de même un peu chose,
Avec son sourire en travers !
La main de l'amant t'entre-baille
Vivante rose de cypris,
Et de tout de suite elle travaille,
D'un doigt léger, le clitoris.
Fin chef-d'œuvre de la nature,
Vit d'oiseau, pine en miniature,
Bouton subitement durci,
Qui, dans l'écartement des lèvres,
Tout baigné d'amoureuses fièvres,
Dresse la tête et bande aussi.
Ô paradis ! joie étoilée !
Explosion du désir fou !
La langue, la langue effilée,
Toute la langue dans le trou !
Pendant que, de ses mains savantes,
Il étreint les fesses mouvantes
Ou chatouille le bout des seins,
Et que, la chevelure éparse,
L'impétueuse et belle garce
Halète en mordant les coussins !
Victoire charnelle de l'homme
Rayonnant et transfiguré !
Le pape vient d'entrer dans Rome,
La pine est dans l'antre sacré,
La calotte vite abaissée,
Électrique, droite, élancée
Comme une flèche dans l'azur,
Faisant, sans que rien l'interrompe,
Son léger mouvement de pompe,
Les nerfs tendus, le couillon dur.
La caresse devient morsure,
Les voix se mêlent : "- Prends-moi bien !
- Arrange-toi pour que ça dure !
- Mon petit con ! - Mon petit chien !
- Colombe ! - Scélérat ! - Rusée !
Celui qui ne t'a pas baisée
N'a pas plus joui que vécu !
- Entre et sors, envahis mon être !
- Bel ange pur, laisse-moi mettre
Mon doigt dans le trou du cu !
- Oh ! mourir ainsi, que t'en semble ?
- Non, vivons pour recommencer !
- Comme c'est bon ! partons ensemble !
Va toujours, mais sans te presser !"
Et tandis que la bien aimée
Célèbre, d'une voix pâmée,
La pine active et sans arrêts,
Toi, tu l'engouffres tout entière,
La bouche ardente et carnassière,
Comme si tu la dévorais.
Tu fonds en célestes coulées,
Tu te tords et t'épanouis,
Quand, les prunelles envolées,
Elle a soupiré : "- Je jouis !"
Et quelle extase sans seconde !
Quel heureux vol dans l'autre monde !
Quels délires vertigineux,
Si le sort, la voulant parfaite,
Te donna le casse-noisette,
Mystérieux étau des nœuds !
Telle est ton œuvre sur la terre,
Vagin, faiseur de paradis,
Unique bien du prolétaire,
Consolation des maudits,
Trésor de la déshéritée,
Tabernacle sans un athée,
Temple au chapiteau frisotté
Qui, sur le renflement des hanches,
As pour piliers deux cuisses blanches,
Et pour prêtre l'Humanité !
Tant pis pour toi, quand une vierge,
Les rêves et le teint pâlots,
Te laissant jaunir comme un cierge
Sous le pantalon toujours clos,
Dérobe ta douce ouverture
Aux pines rouges de luxure,
Te tient captif, comme emmuré,
Te met sans raison à la diète
Ou ne t'effleure - la pauvrette ! -
Que d'un doigt vite retiré !
Mais, gloire à toi, quand une belle,
Le cul, l'âme et les yeux ardents,
T'offre à toute la ribambelle
Des vits affamés et bandants !
J'admire le con de Lucrèce,
Mais ce n'est point, je le confesse,
De s'être fermé pour Tarquin :
C'est, en se fermant pour cet homme,
De s'être un instant conduit comme
Un noble con républicain.
Et nargue aux poètes sans couilles,
Aux filandreux bouffe-Jésus
Qui prétendirent que tu souilles
Le vers en te posant dessus !
Ce que tout Roméo désire,
Avec son pâle et doux sourire
Flottant de la lune au balcon,
C'est dans le chant de l'alouette,
Moins le baiser de Juliette
Que la morsure de son con.
A toi l'amour doré du Verbe,
Les chants délicats et fleuris,
Chat féminin, matou superbe
Dont nous sommes tous les souris,
Que nous mangeons et qui nous manges
Avec des pâmoisons étranges,
Dans un bâillement sans pareil,
Et qui, pour nos yeux plein de rêve,
Sembles errer là-haut, sans trêve,
Tout emmitouflé de soleil !
Erre toujours ainsi, va, marche !
Si je vieillis, doux rabâcheur,
Souviens-toi que le patriarche
Fut de tout temps un vieux marcheur,
Tout ce qu'à présent je souhaite,
C'est de mourir en bon poète,
Libéré de nos soucis vains,
Sans bru
it et surtout sans harangue,

Avec ma langue sur ta langue,
Et mon front dans tes poils divins.

Clovis Hugues (Ode au vagin, extraits)


A propos de Clovis Hugues (1851-1907), Aristide Briand écrivait : « Il y avait en lui du Béranger, du Camille Desmoulins et du Tartarin de Tarascon ». Autrement dit : communard, franc-maçon, socialiste, poète ; il fut tout cela tour à tour et à la fois.

L'Ode au Vagin date de 1906.



On ne sait rien de l'illustrateur de cette jolie édition sortie des presses de Maurice Duflou.

Référence : Dutel, Bibliographie des ouvrages érotiques publiés clandestinement en française entre 1920 et 1970, n°2078 ; Pia, Les Livres de l'Enfer, 1003.

BON EXEMPLAIRE DE CE BEAU LIVRE ÉROTIQUE ILLUSTRÉ.

Prix : 700 euros


dimanche 4 juin 2017

Marcel Valotaire. Nous Deux, illustré de seize pointes sèches originales de Gaston de Sainte Croix (1956). Roman érotique clandestin pour bibliophiles avertis. Bel exemplaire tel que paru. Tirage à 200 exemplaires seulement.


ANONYME [Marcel VALOTAIRE]. SAINTE-CROIX, Gaston de (illustrateur).

NOUS DEUX. Illustré de seize pointes sèches originales [de Gaston de Sainte Croix].

Editions du Cyclamen - MCMLVI [1956] [Paris, Vialetay]

1 volume in-4 (27,5 x 20 cm), en feuilles, de 2 feuillets, 142 pages et 3 feuillets, couverture rempliée imprimée en rose. Excellent état. Sans emboîtage.

NOUVELLE ÉDITION CLANDESTINE.

TIRAGE A 200 EXEMPLAIRES SEULEMENT.

CELUI-CI, UN DES 168 EXEMPLAIRES SUR VÉLIN DE RIVES PUR FILS.


Le tirage comprend en tout 2 exemplaires sur papier Japon nacré, et 198 papiers de Rives pur fil (dont 30 ex. avec suite).



Cette édition, écrit Dutel dans sa Bibliographie des ouvrages érotiques publiés clandestinement en français entre 1920 et 1970 (n°2055), a été publiée en 1956, probablement par Vialetay. Elle est ornée de 16 superbes pointes sèches, dont 12 hors-texte (2 sont sur double-page), de Gaston de Sainte Croix, qui furent tirées chez Georges Viglino.


Ce texte a paru pour la première fois en 1929, publié par Marcel Valotaire (l'auteur) et Jean Dulac (l'illustrateur). Cette première édition est rare et très recherchée des amateurs. Dutel note la contrepèterie dans le titre "Nous Deux" ... Pour le texte Marcel Valotaire s'est sans doute inspiré du titre de l'ouvrage de Gaston Riou publié en 1926, intitulé "Ellen et Jean", pour le nom de ses héros (Dutel, 2054).

Référence : Dutel, Bibliographie des ouvrages érotiques publiés clandestinement en français entre 1920 et 1970, n°2055.


"[cet ouvrage] est axé sur la comparaison des sensations amoureuses de la femme avec celle de l’homme (...) Nelly est une étudiante vierge qui prend des leçons de latin avec un jeune professeur. Ils s’éprennent l’un de l’autre, et il l’initie à toutes sortes de caresses avant d’en venir à la défloration..." Alexandrian p. 313


L'illustration présente ici est d'un réalisme époustouflant. La technique de la pointe sèche est utilisée avec le grand talent qu'on connait à Gaston de Sainte Croix (1904-1977) plus connu du grand public pour ses illustrations (tout aussi réalistes) pour les livres pour la jeunesse.

BEL EXEMPLAIRE, TEL QUE PARU, DE CE SUPERBE CLANDESTIN POUR BIBLIOPHILES AVERTIS.

Prix : 800 euros


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