mardi 26 avril 2022

La Matinée libertine d'Andréa de Nerciat (1928) avec 9 pointes sèches et 72 dessins au trait rehaussés en couleurs par Gaston Trilleau. Très bel illustré clandestin curiosa. Un des plus beaux livres publiés par Maurice Duflou.

NERCIAT (ANDREA DE) - Gaston TRILLEAU illustrateur

La matinée libertine ou les moments bien employés. Pointes sèches et dessins de Jean-Gilles LEGENDRE (Gaston Trilleau).

Paris, s.n. [Maurice Duflou], 1928

1 volume in-8 (23 x 17,8 cm) de 118 pages. Broché. 9 pointes sèches en couleurs hors texte dont 1 en titre-frontispice et 72 dessins au trait dans les marges rehaussés en couleurs au pochoir. Premier plat de couverture illustré d'une vignette coloriée. Très bon état. Petite fente du papier en bas et en haut du dos. Très frais.

Jolie édition illustrée de 9 très belles pointes sèches libres par Gaston Trilleau.

Tirage à seulement 196 exemplaires, celui-ci, un des 175 exemplaires sur papier vélin à la forme.


Jean-Pierre Dutel dans sa Bibliographie des ouvrages érotiques publiés clandestinement en Français entre 1920 et 1970 indique : "Édition imprimée en 1928 par Maurice Duflou. Elle est ornée d'un titre et de 8 pointes-sèches en couleurs ainsi que de 72 dessins."





Jean-Gilles LEGENDRE est le pseudonyme de Gaston TRILLEAU (1874 - 1945), humoriste et graveur qui collabora à plusieurs revues humoristiques avant la guerre de 1914-1918. Il illustra notamment le Vieux cahier de chansons, la Lanterne magique, la Nouvelle méthode pour apprendre l'anglais, l'Art et manière de découper le poulet.





La Matinée libertine ou les moments bien employés a été publié anonymement sous l'adresse de Cythère, 1787, 144 p. C’est un écrit qui se situe dans la même veine et dans le même style que ceux du Diable et des Aphrodites. Comme le titre le laisse pressentir, il s’agit de la description d’une matinée passée par une jeune Comtesse. Le récit se compose de quatre dialogues où règnent frivolité et libertinage. L'attribution à de Nerciat reste incertaine. En ce qui concerne la Matinée, les avis des critiques restent partagés. D’un côté Vital-Puissant, Poulet-Malassis et Marion Toebbens l’attribueraient plutôt à Mérard de Saint-Just, tandis que Apollinaire, Kearney, Denise Miège, Hubert Juin et Sarane Alexandrian l’octroieraient à Nerciat.





Cette très belle édition tirée à très petit nombre a été copiée peu de temps après avec les illustrations (8 illustrations - le frontispice n'ayant pas été repris) tirées en héliogravures aquarellées au pinceau (212 exemplaires). 







A propos de l'éditeur Maurice Duflou : « J'ai connu Maurice Duflou à Paris en 1947, quand j'étais un surréaliste de vingt ans, et je l'ai fréquenté jusqu'à sa mort. C'était alors un vieil anarchiste fort distingué, se rendant à son imprimerie habillé en grand bourgeois, avec un chapeau à bord roulés, un foulard de soie bleu marine à pois blancs, un pardessus bien coupé, tenant d'une main sa canne, de l'autre sa serviette bourrée de livres érotiques qu'il proposait aux libraires spécialisés. Il avait une femme et une fille qui se désintéressaient complètement de son activité ; lui-même il l'accomplissait plutôt par conviction libertaire que par salacité. Il avait horreur des ouvrages mal écrits, des obscénités insupportables. Maurice Duflou possédait, dans une traversière de la rue de la Goutte-d'Or, une petite imprimerie où il travaillait tout seul à sa presse, tel un artisan d'autrefois ; en blouse grise, il bavardait avec moi devant sa fenêtre aux parisiennes à demi fermées, tout en surveillant sa cour comme s'il s'attendait à subir un assaut. En effet, la police avait fait plusieurs fois des descentes chez lui, abîmant son outil de travail, raflant ses livres. » Alexandrian, Histoire de la littérature érotique, Paris, Seghers, 1989, pp. 314-15.

Référence : Dutel, Bibliographie des ouvrages érotiques publiés clandestinement en Français entre 1920 et 1970, n°1939

Ce premier tirage est très rare.

L'un des plus beaux et luxueux illustrés érotiques clandestins produits par Maurice Duflou.

VENDU

vendredi 22 avril 2022

Les Sonnets luxurieux de Pierre Arétin (Pietro Aretino) illustrés de 16 pointes sèches coloriées par André Collot. Tirage unique sur papier du Japon à 150 exemplaires seulement. Exemplaire unique accompagné de la suite complète des 16 croquis originaux de l'artiste.



Pierre ARETIN / Pietro ARETINO - André COLLOT, illustrateur

LES SONNETS LUXURIEUX.

Paris, MCMXXX [1931]

1 volume in-8 (18,3 x 14,2 cm), 32 pages, 16 gravures coloriées à la main par André Collot. 1 vignette dorée sur la page de titre. Angelots dorés en tête de chaque sonnet (16 en tout), également par André Collot. En feuilles, sous couverture de papier fort crème avec titre imprimé or sur le plat supérieur. Etui éditeur en papier marbré (bords légèrement frottés). Volume en parfait état.

TIRAGE UNIQUE A 150 EXEMPLAIRES SUR JAPON NACRÉ. (notre exemplaire est numéroté au composteur).

Exemplaire unique accompagné de la suite complète des 16 croquis originaux ayant servi à la réalisation de l'ouvrage.



Pierre l’Arétin est né en 1492 à Arezzo (l’Arétin signifiant « venant d’Arezzo »). Banni de sa ville natale, il passe une décennie à Pérouse avant d’être envoyé à Rome, où le riche banquier Agostino Chigi, mécène de Raphaël le prend sous son aile. L’Arétin fait parler de lui à Rome à travers ses satires mordantes et les Sonetti lussuriosi (Sonnets luxurieux), pièces assez crues qui servirent d’accompagnement textuel à 16 illustrations pornographiques de Giulio Romano (Jules Romain). Cet écart lui vaut de perdre la protection du pape Léon X. Ses Ragionamenti, propos d’une prostituée à divers interlocuteurs composés comme des raisonnements en forme de dialogue platonicien, tournent en dérision la société de son temps et particulièrement les sacrements religieux (vœux monastiques, mariage). Un des personnages est la Nanna, une ancienne courtisane qui évoque son expérience. Après une tentative d’assassinat sur sa personne, l’Arétin part vivre à Mantoue, puis enfin à Venise (la ville italienne la plus opposée au pape) en 1527, où il demeure jusqu’à sa mort. L’Arétin est l’auteur de cinq comédies (dont La Cortigiana et La Talenta) et de la tragédie Les Horaces (1546). Lors de son séjour à Venise, il publie également sa correspondance, mettant ainsi sous pression tout ce que l’Italie comptait de notables. Il n’épargne pas dans ses écrits satiriques les princes et les grands, ce qui le fait surnommer « le fléau des Princes » : la plupart, pour éviter les traits de sa satire, lui font des présents considérables, quelques-uns, cependant, ne le payent qu’avec le bâton. C’est ainsi que François Ier et l’empereur Charles Quint le subventionnent en même temps, chacun espérant quelque dommage pour son rival. Par orgueil, il s’appelle lui-même le « divin Arétin ». Sur la fin de sa vie, l’Arétin publie par ailleurs diverses œuvres pieuses (une traduction italienne des Psaumes de David, trois livres « sur l’humanité de Jésus Christ » ainsi qu’un livre sur la passion du Christ). D’après la tradition, la mort de l’Arétin aurait été à son image : on raconte que, au cours d’un copieux repas, une plaisanterie particulièrement obscène provoqua chez l’Arétin une incroyable crise de rire, au point qu’il tomba à la renverse et se fendit le crâne. L’Arétin était un ami personnel du Titien, qui fit au moins trois portraits de lui. Après sa mort, le pape Paul IV mit ses livres à l’Index. Il fut un proche de Giuseppe Betussi.







Ouvre les cuisses, afin que je voie
Ton cul charmant et ton con bien de face.
O cul à faire changer un vit de méthode !
O con qui distille les cœurs par les veines !

Pendant que je vous caresse, voici qu'il me vient
Un caprice de vous baiser à l'improviste,
Et je me parais beaucoup plus beau que Narcisse
Dans le miroir qui s'offre à mon vit,
tout guilleret.

[...]

Sonnet XI (extrait)





Cette édition reprend les codes et le format d'un volume publié l'année précédente, également pour un ouvrage de l'Arétin, La Putain errante, aussi illustré par André Collot (12 illustrations).

Les illustrations de ce volume ainsi que celles de la Putain errante (1930) sont sans aucun doute d'André Collot comme l'indique Dutel, on y reconnait sans conteste son trait et son style.

On ne sait rien de l'éditeur de cet ouvrage. On ne sait rien de l'imprimeur non plus. Personne ne semble s'être penché sur l'histoire éditoriale de ce volume (idem pour la Putain errante de même format et de même façon et illustrée par le même artiste). On pourrait supposer que cette édition a été faite chez l'artiste dans son atelier, non mise dans le commerce, non distribuée hormis à quelques amis des curiosa. Resterait à savoir où (dans quel atelier) ont été tirées les pages en typographie.



Référence : Dutel, Bibliographie des ouvrages érotiques publiés clandestinement entre 1920 et 1970, n°2416.



Bel illustré moderne clandestin à tirage très restreint, ici en exemplaire unique accompagné de la suite complète des 16 croquis originaux de l'artiste.

VENDU

samedi 16 avril 2022

Au bord du lit par Alexandre de Vérineau (Louis Perceau), 1927. Avec 11 eaux-fortes libres par Luc Lafnet. Un des 350 exemplaires. Broché. Très bon exemplaire de ce curiosa clandestin illustré rare.


Alexandre de Vérineau [Louis Perceau]. Luc LAFNET, illustrateur (sous le pseudonyme de LUCAS . O)

Au bord du lit. Stances illustrées de onze eaux-fortes originales par Lucas . O.

Erotopolis, A l'enseigne des Bacchantes, 1927 [Paris, Maurice Duflou]

1 volume in-8 (22,5 x 16,5 cm) broché de 39 pages + 11 eaux-fortes hors-texte (9,5 x 9,5 cm environ). Couvertures imprimées en rouge et noir à rabats en papier gris. Très bon état. Rousseurs sur les feuillets de texte.

Edition originale non mise dans le commerce.

Tirage à 360 exemplaires.

Celui-ci, un des 350 exemplaires sur vélin pur fil Lafuma.







Bien complet des 11 eaux-fortes libres tirées en noir sur un papier fort blanc (différent du papier du tirage du texte).

Les eaux-fortes ont aussi été publiées en portfolio à la même époque par l'artiste lui-même. Il existe des exemplaires aquarellés (Dutel).

Les eaux-fortes représentent 11 scènes amoureuses "au bord du lit". Les vers sont très bienvenus et de la meilleure veine de Louis Perceau.

Les titres des stances sont des positions amoureuses : En artilleur - En gamin - En levrette - L'artiste - La jouisseuse - La passionnée - La coupe - La flûte - Le duo - La vicieuse.









"Au bord du lit mouillé par nos ébats lubrique, après avoir subi tes fougues hystériques, je m'assieds, subjugué, mais ta main libertine et savamment experte sait rendre sa raideur à mon nerf fatigué, ta main branleuse, ô Berthe ! Tu m'enfourches bien vite en un geste gamin, et sur ce trait bandé, sans languir en chemin, au galop tu chevauches, puis arrivée au but, heureuse en un moment, en combinant déjà les prochaines débauches, tu jouis follement." (En Gamin).

Références : Dutel, Bibliographie des ouvrages érotiques publiés clandestinement en français entre 1920 et 1970, n°1055 ; Pia, Les livres de l'Enfer, 99.









Très bon exemplaire broché de ce joli curiosa illustré par Luc Lafnet.

VENDU

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