SPADDY (Johannès GROS). [BECAT (Paul-Emile), illustrateur].
COLETTE ou les Amusements de bon ton. Roman inédit.
A Saint-Cloud, Au Temple de Cythère. S.d. (Maurice Duflou, Paris)
1 volume in-8 (22,5 x 15,5 cm) broché de 152 pages. 12 illustrations en noir de Paul-Emile Bécat (Dutel). Typographie en noir et rouge/bistre (ornements libres et bandeaux). Couverture rempliée en papier crème imprimée en noir et rouge. Quelques salissures légères à la couverture. Petite fente en pied du dos au mors supérieur (recollé), brochage un peu lâche. Intérieur frais malgré quelques feuillets avec de fines rousseurs éparses.
Tirage à 350 exemplaires numérotés sur pur fil Lafuma (en réalité sur vergé anglais). Les exemplaires sont numérotés au composteur.
Edition originale publiée par Maurice Duflou vers 1936. L'auteur de ce joli texte est Johannès Gros (Dutel).
Dutel ne signale pas les exemplaires avec les figures en noir (notre exemplaire).
Ouvrage condamné pour la première fois pour ses illustrations le 5 janvier 1957.
Ce texte a été publié à nouveau par le même Maurice Duflou vers 1938 (avec les mêmes illustrations en couleurs - tirage à 300 ex.), puis vers 1939 (avec des reproductions des 12 illustrations de Bécat - tirage à 250 ex.). Un nouvelle édition de ce même texte a paru au milieu des années 1960 par les soins d'Eric Losfeld (avec 12 mauvaises reproductions des illustrations de Paul-Emile Bécat - tirage à 500 ex.).
"Décidément, il n'y a pas femme du monde plus putain que Colette. Exhibitionniste, nymphomane, gousse, fellatrice, sodomiste, buveuse de sperme, raccrocheuse, garçonne et don juane, elle a tous les vices et pratique toutes les débauches jusqu'à forniquer avec les bêtes, les enfants et les soutanes. A vingt ans, elle a toutes les expériences d'une longue vie de lupanar. Et pourtant, il n'y a pas visage plus séduisant et plus frais que le sien, corps plus exquis, plus jeune et plus virginal, ni distinction plus parfaite que celle de sa parure et ses dehors. Il n'est personne qui doutât, à la voir, qu'elle appartient à une des meilleures familles du faubourg Saint-Honoré et qu'elle a été élevée aux Dames du Sacré-Cœur." (extrait)
"Je la fis jouir trois, quatre, cinq, six fois, je ne sais plus. Je me saoulais de ses cris. - Hein ? que je branle bien ?... [...] Pour une fois, tu pourras te vanter d'avoir été branlée !... Et je frottais, et je frottais, mouvant mes doigts en rond, pilonnant, écrasant, triturant et pinçant le cher petit pois, dur comme une perle de verre. Elle hennissait, tordait ses bras, roulait sa tête, bondissant du ventre, soulevée sur ses épaules. - Jouis ! Jouis ! petite pute ! ricanais-je impitoyable. Encore ! ... jusqu'à demain ! ... jusqu'à en claquer... Il n'y a que ça de bon, jouir, jouir !... Le hululement ininterrompu de son extase accablée emplissait la chambre. Son clitoris, d'un rouge quasi violacé, écumait. Fou de rage ou d'exaltation érotique au spectacle de ce corps qui se convulsait dans les affres d'un spasme sans fin, parmi les exclamations d'un bonheur à mourir, j'eusse voulu branler Colette jusqu'à ce qu'elle écumât du sang. [...]" (extrait).
"Colette, la jeune héroïne de ce roman, veut assouvir ses désirs les plus fous dans une complète liberté. Elle passe du libertinage à la plus libre expression de sa sexualité débridée. Initiatrice, exhibitionniste, elle accumule les aventures tel un Don Juan féminin. Dans ses débordements avec ses nombreuses et nombreux partenaires d’une extrême acuité, on ne sait pas très bien quelle est sa quête. Est-ce le simple plaisir de l’amour ? Ne recherche-t-elle que ce délicieux trouble à la fois intellectuel et viscéral que provoque chaque nouvelle rencontre ?"(Dominique Leroy, Préface à l'édition numérique de 2013).
A propos de l'éditeur Maurice Duflou : « J'ai connu Maurice Duflou à Paris en 1947, quand j'étais un surréaliste de vingt ans, et je l'ai fréquenté jusqu'à sa mort. C'était alors un vieil anarchiste fort distingué, se rendant à son imprimerie habillé en grand bourgeois, avec un chapeau à bord roulés, un foulard de soie bleu marine à pois blancs, un pardessus bien coupé, tenant d'une main sa canne, de l'autre sa serviette bourrée de livres érotiques qu'il proposait aux libraires spécialisés. Il avait une femme et une fille qui se désintéressaient complètement de son activité ; lui-même il l'accomplissait plutôt par conviction libertaire que par salacité. Il avait horreur des ouvrages mal écrits, des obscénités insupportables. Maurice Duflou possédait, dans une traversière de la rue de la Goutte-d'Or, une petite imprimerie où il travaillait tout seul à sa presse, tel un artisan d'autrefois ; en blouse grise, il bavardait avec moi devant sa fenêtre aux parisiennes à demi fermées, tout en surveillant sa cour comme s'il s'attendait à subir un assaut. En effet, la police avait fait plusieurs fois des descentes chez lui, abîmant son outil de travail, raflant ses livres. » Alexandrian, Histoire de la littérature érotique, Paris, Seghers, 1989, pp. 314-15.
Références : Dutel, Bibliographie des ouvrages érotiques publiés clandestinement en français entre 1920 et 1970, n°1252 ; Pia, Les livres de l'Enfer, 233.
Provenance : exemplaire de la bibliothèque du photograveur de Maurice Duflou. Provenance non mentionnée et non documentée (nous pourrons fournir des informations complémentaires à l'acquéreur de l'ouvrage).
Très bon exemplaire de ce très beau et très rare curiosa clandestin publié par Duflou et illustré par Bécat.
Prix : 1.150 euros