Prosper Jolyot de CRÉBILLON
ŒUVRES COMPLETTES DE CRÉBILLON, Nouvelle édition, Augmentée & ornée de belles gravures.
A Paris, chez les libraires associés, 1785. [de l'imprimerie de Clousier].
3 volumes in-8 (20,5 x 13 cm) de (6)-LXXVI-285 ; (4)-375 et (8)-333 pages. 1 portrait de l'auteur en frontispice d'après De La Tour et Marillier gravé par Ingouf et 9 très-belles eaux-fortes avec la lettre d'après les dessins de Marillier gravées par Ingouf, Dambrun, Duponchel, etc.
Reliure plein veau fauve marbré à l'acide, dos lisses ornés aux petits fers dorés, pièce de titre de maroquin rouge, pièce de tomaison de maroquin vert, triple-filet doré en encadrement des plats, doublures, gardes et tranches marbrées (reliure de l'époque). Exemplaire en excellent état de conservation, très frais, quelques légers frottements sans gravité, intérieur bien blanc, très beau tirage des gravures.
NOUVELLE ÉDITION.
Crébillon père (1674-1762), digne enfant de la Bourgogne des Belles-Lettres, fut l'auteur tragique à la mode du moment, entre la mort de Racine en 1699 et les pièces de Voltaire. Après Idoménée, Crébillon donna Atrée et Thyeste en 1707, pièce remarquable, l’une des plus connues de l’auteur, Électre en 1708, Rhadamiste et Zénobie en 1711, qui remporta un très grand succès et passa pour son chef d’œuvre, Xerxès en 1714, Sémiramis en 1717. Les deux dernières pièces furent accueillies froidement : Xerxès eut une seule représentation et Sémiramis, seulement sept. Crébillon en conçut un profond découragement et renonça au théâtre. Ayant perdu son père, mort insolvable, il se débattit alors dans des difficultés d’argent, résultat de sa prodigalité, de son incurie, de son goût de l’indépendance et des plaisirs et de sa tendance à la rêverie. Il perdit sa femme (1711), ne trouva pas le secours qu’il attendait chez ses amis, et se jeta dans la misanthropie. Il vivait dans un grenier, entouré de chiens, de chats et de corbeaux, fumant sans cesse et ne voyant personne que son fils. Dans cette solitude, il s’occupait à composer dans sa tête, car il avait une excellente mémoire, des romans qu’il négligeait ensuite de coucher sur le papier. Il faisait d’ailleurs de même pour ses tragédies, qu’il composait dans sa tête et n’écrivait qu’au dernier moment. En 1726, Crébillon donna avec succès une nouvelle tragédie, Pyrrhus (1726), qui appela de nouveau l’attention sur lui. On l’élit à l’Académie française en 1731 et à l’Académie de Rouen en 1754. Il innova dans la forme en composant son discours de réception en alexandrins. On en retint ce vers, qui fut vivement applaudi car il parut sincère : « Aucun fiel n’a jamais empoisonné ma plume. » En 1733, il fut nommé censeur royal de librairie pour les belles-lettres et l’histoire, puis en 1735 censeur royal des spectacles. En 1745, Madame de Pompadour lui fit attribuer une pension de 1.000 livres et une place de bibliothécaire du roi. Ces faveurs visaient principalement à susciter un rival à Voltaire, qui avait déplu en lançant des poèmes galants célébrant les amours de Louis XV et de la favorite, et dont la réputation reposait alors avant tout sur ses tragédies. Les adversaires de Voltaire pressèrent Crébillon de donner de nouvelles tragédies. En définitive, il acheva et fit représenter son Catilina (1748), avec une grande magnificence. La cabbale en assura le succès pendant 20 représentations, mais celui-ci ne se soutint pas quand la pièce fut imprimée, ni surtout quand Voltaire eut fait représenter sa Rome sauvée sur le même sujet. En 1754, la dernière tragédie de Crébillon, Le Triumvirat, fut accueillie froidement. À sa mort en 1762, il laissa l’ébauche d’un Cromwell. Les comédiens de Paris organisèrent en son honneur un service funèbre auquel assistaient, avec les membres de l’Académie et beaucoup de littérateurs, un grand nombre de comédiens et comédiennes, au scandale de l’Église.
Le théâtre de Crébillon tient une place importante dans l’histoire littéraire, à la fois par sa valeur propre et par les discussions dont il a fait l’objet. À une époque où les auteurs de tragédies cherchaient à imiter servilement Jean Racine, à l’image du baron Hilaire de Longepierre, dont il est intéressant de comparer la tragédie Électre, créée en 1702, à la pièce de Crébillon donnée quelques années plus tard sur le même sujet, Crébillon innova avec des pièces fondées moins sur la psychologie que sur une sorte de « tragique de situation », à coup de scènes d’horreur, de reconnaissances et autres coups de théâtre qui annoncent le mélodrame du XIXe siècle. « J’aime mieux encore, écrit-il dans la préface de Rhadamiste et Zénobie, avoir chargé mon sujet d’épisodes que de déclamations. » Les pièces de Crébillon renferment des scènes saisissantes, et des vers bien frappés, énergiques, dont plusieurs sont passés en maximes. Mais elles ont également de graves défauts : des intrigues souvent très compliquées, difficiles à suivre, et une versification parfois incorrecte, souvent relâchée, un style dur, heurté, parfois obscur. Crébillon écrivait vite et avec peu de soin. Il avait une facilité incroyable : on raconte qu’il refit en vingt-quatre heures tout le dernier acte d’Idoménée qui, le soir de la première, n’avait pas plu au public. L’élégance n’était pas son souci, et sa culture mythologique et historique est souvent prise en défaut.
Crébillon, écrit d'Alembert, a montré la perversité humaine dans toute son atrocité [...] Il a cru remplir par ce moyen un des deux grands objets que les Grecs regardaient comme le but de la tragédie, la terreur [...] Ce but général et unique des pièces de Crébillon leur donne un ton de couleur sombre par lequel elles se ressemblent toutes [...] Elles sont encore semblables par les moyens que l’auteur emploie pour produire des situations théâtrales ; les reconnaissances surtout sont un de ceux dont il fait le plus fréquent usage : mais rendons-lui du moins la justice d’avouer qu’il en a fait l’usage le plus heureux [...] Crébillon n’a guère que des vers heureux, mais des vers que l’on retient malgré soi, des vers d’un caractère aussi fier qu’original, des vers enfin qui n’appartiennent qu’à lui, et dont l’âpreté mâle exprime, pour ainsi dire, la physionomie de l’auteur. Si les détails de la versification ne souffrent pas chez lui l’examen rigoureux, si la lecture de ses pièces est raboteuse et pénible, l’énergie de ses caractères et le coloris vigoureux de ses tableaux produiront toujours un grand effet au théâtre. » Mais ses personnages manquent d’épaisseur et de vie, faisant de ses tragédies un assemblage étrange d’énergie et de fadeur, d’atrocités et d’inconsistance. (source Wikipedia - compilation d'auteurs cités)
La présente édition, contient au tome 1 : éloge de Crébilllon (par d'Alembert), ode sur la mort de Crébillon, épître au roi, preface de l'auteur, Idoménée, Atrée & Thyeste, Electre. Tome 2 : Rhadamisthe & Zénobie, Xerxès, Sémiramis, Pyrrhus. Tome 3 : Catilina et scène de Catilina trouvée dans les papiers de M. de Crébillon, Triumvirat, discours académiques, éloge du Maréchal de Villars, vers à M. de Fontenelle, compliment au roi, vers au roi, écrits de divers auteurs et épitaphe de M. de Crébillon.
Les estampes d'après les dessins de Marillier sont "de vraies caricatures" de la tragédie à antique. Les traits des visages des personnages montrent l'horreur et la stupeur. Elles sont très expressives.
Référence : Cohen, col. 264 (éd. 1912).
BEL EXEMPLAIRE EN CONDITION DE L'ÉPOQUE.
VENDU
ŒUVRES COMPLETTES DE CRÉBILLON, Nouvelle édition, Augmentée & ornée de belles gravures.
A Paris, chez les libraires associés, 1785. [de l'imprimerie de Clousier].
3 volumes in-8 (20,5 x 13 cm) de (6)-LXXVI-285 ; (4)-375 et (8)-333 pages. 1 portrait de l'auteur en frontispice d'après De La Tour et Marillier gravé par Ingouf et 9 très-belles eaux-fortes avec la lettre d'après les dessins de Marillier gravées par Ingouf, Dambrun, Duponchel, etc.
Reliure plein veau fauve marbré à l'acide, dos lisses ornés aux petits fers dorés, pièce de titre de maroquin rouge, pièce de tomaison de maroquin vert, triple-filet doré en encadrement des plats, doublures, gardes et tranches marbrées (reliure de l'époque). Exemplaire en excellent état de conservation, très frais, quelques légers frottements sans gravité, intérieur bien blanc, très beau tirage des gravures.
NOUVELLE ÉDITION.
Crébillon père (1674-1762), digne enfant de la Bourgogne des Belles-Lettres, fut l'auteur tragique à la mode du moment, entre la mort de Racine en 1699 et les pièces de Voltaire. Après Idoménée, Crébillon donna Atrée et Thyeste en 1707, pièce remarquable, l’une des plus connues de l’auteur, Électre en 1708, Rhadamiste et Zénobie en 1711, qui remporta un très grand succès et passa pour son chef d’œuvre, Xerxès en 1714, Sémiramis en 1717. Les deux dernières pièces furent accueillies froidement : Xerxès eut une seule représentation et Sémiramis, seulement sept. Crébillon en conçut un profond découragement et renonça au théâtre. Ayant perdu son père, mort insolvable, il se débattit alors dans des difficultés d’argent, résultat de sa prodigalité, de son incurie, de son goût de l’indépendance et des plaisirs et de sa tendance à la rêverie. Il perdit sa femme (1711), ne trouva pas le secours qu’il attendait chez ses amis, et se jeta dans la misanthropie. Il vivait dans un grenier, entouré de chiens, de chats et de corbeaux, fumant sans cesse et ne voyant personne que son fils. Dans cette solitude, il s’occupait à composer dans sa tête, car il avait une excellente mémoire, des romans qu’il négligeait ensuite de coucher sur le papier. Il faisait d’ailleurs de même pour ses tragédies, qu’il composait dans sa tête et n’écrivait qu’au dernier moment. En 1726, Crébillon donna avec succès une nouvelle tragédie, Pyrrhus (1726), qui appela de nouveau l’attention sur lui. On l’élit à l’Académie française en 1731 et à l’Académie de Rouen en 1754. Il innova dans la forme en composant son discours de réception en alexandrins. On en retint ce vers, qui fut vivement applaudi car il parut sincère : « Aucun fiel n’a jamais empoisonné ma plume. » En 1733, il fut nommé censeur royal de librairie pour les belles-lettres et l’histoire, puis en 1735 censeur royal des spectacles. En 1745, Madame de Pompadour lui fit attribuer une pension de 1.000 livres et une place de bibliothécaire du roi. Ces faveurs visaient principalement à susciter un rival à Voltaire, qui avait déplu en lançant des poèmes galants célébrant les amours de Louis XV et de la favorite, et dont la réputation reposait alors avant tout sur ses tragédies. Les adversaires de Voltaire pressèrent Crébillon de donner de nouvelles tragédies. En définitive, il acheva et fit représenter son Catilina (1748), avec une grande magnificence. La cabbale en assura le succès pendant 20 représentations, mais celui-ci ne se soutint pas quand la pièce fut imprimée, ni surtout quand Voltaire eut fait représenter sa Rome sauvée sur le même sujet. En 1754, la dernière tragédie de Crébillon, Le Triumvirat, fut accueillie froidement. À sa mort en 1762, il laissa l’ébauche d’un Cromwell. Les comédiens de Paris organisèrent en son honneur un service funèbre auquel assistaient, avec les membres de l’Académie et beaucoup de littérateurs, un grand nombre de comédiens et comédiennes, au scandale de l’Église.
Le théâtre de Crébillon tient une place importante dans l’histoire littéraire, à la fois par sa valeur propre et par les discussions dont il a fait l’objet. À une époque où les auteurs de tragédies cherchaient à imiter servilement Jean Racine, à l’image du baron Hilaire de Longepierre, dont il est intéressant de comparer la tragédie Électre, créée en 1702, à la pièce de Crébillon donnée quelques années plus tard sur le même sujet, Crébillon innova avec des pièces fondées moins sur la psychologie que sur une sorte de « tragique de situation », à coup de scènes d’horreur, de reconnaissances et autres coups de théâtre qui annoncent le mélodrame du XIXe siècle. « J’aime mieux encore, écrit-il dans la préface de Rhadamiste et Zénobie, avoir chargé mon sujet d’épisodes que de déclamations. » Les pièces de Crébillon renferment des scènes saisissantes, et des vers bien frappés, énergiques, dont plusieurs sont passés en maximes. Mais elles ont également de graves défauts : des intrigues souvent très compliquées, difficiles à suivre, et une versification parfois incorrecte, souvent relâchée, un style dur, heurté, parfois obscur. Crébillon écrivait vite et avec peu de soin. Il avait une facilité incroyable : on raconte qu’il refit en vingt-quatre heures tout le dernier acte d’Idoménée qui, le soir de la première, n’avait pas plu au public. L’élégance n’était pas son souci, et sa culture mythologique et historique est souvent prise en défaut.
Crébillon, écrit d'Alembert, a montré la perversité humaine dans toute son atrocité [...] Il a cru remplir par ce moyen un des deux grands objets que les Grecs regardaient comme le but de la tragédie, la terreur [...] Ce but général et unique des pièces de Crébillon leur donne un ton de couleur sombre par lequel elles se ressemblent toutes [...] Elles sont encore semblables par les moyens que l’auteur emploie pour produire des situations théâtrales ; les reconnaissances surtout sont un de ceux dont il fait le plus fréquent usage : mais rendons-lui du moins la justice d’avouer qu’il en a fait l’usage le plus heureux [...] Crébillon n’a guère que des vers heureux, mais des vers que l’on retient malgré soi, des vers d’un caractère aussi fier qu’original, des vers enfin qui n’appartiennent qu’à lui, et dont l’âpreté mâle exprime, pour ainsi dire, la physionomie de l’auteur. Si les détails de la versification ne souffrent pas chez lui l’examen rigoureux, si la lecture de ses pièces est raboteuse et pénible, l’énergie de ses caractères et le coloris vigoureux de ses tableaux produiront toujours un grand effet au théâtre. » Mais ses personnages manquent d’épaisseur et de vie, faisant de ses tragédies un assemblage étrange d’énergie et de fadeur, d’atrocités et d’inconsistance. (source Wikipedia - compilation d'auteurs cités)
La présente édition, contient au tome 1 : éloge de Crébilllon (par d'Alembert), ode sur la mort de Crébillon, épître au roi, preface de l'auteur, Idoménée, Atrée & Thyeste, Electre. Tome 2 : Rhadamisthe & Zénobie, Xerxès, Sémiramis, Pyrrhus. Tome 3 : Catilina et scène de Catilina trouvée dans les papiers de M. de Crébillon, Triumvirat, discours académiques, éloge du Maréchal de Villars, vers à M. de Fontenelle, compliment au roi, vers au roi, écrits de divers auteurs et épitaphe de M. de Crébillon.
Les estampes d'après les dessins de Marillier sont "de vraies caricatures" de la tragédie à antique. Les traits des visages des personnages montrent l'horreur et la stupeur. Elles sont très expressives.
Référence : Cohen, col. 264 (éd. 1912).
BEL EXEMPLAIRE EN CONDITION DE L'ÉPOQUE.
VENDU