lundi 31 janvier 2011

Les Oeuvres complètes de Crébillon père (1674-1762). Belle édition illustrée par Marillier (1785). Reliure de l'époque.



Prosper Jolyot de CRÉBILLON

ŒUVRES COMPLETTES DE CRÉBILLON, Nouvelle édition, Augmentée & ornée de belles gravures.

A Paris, chez les libraires associés, 1785. [de l'imprimerie de Clousier].

3 volumes in-8 (20,5 x 13 cm) de (6)-LXXVI-285 ; (4)-375 et (8)-333 pages. 1 portrait de l'auteur en frontispice d'après De La Tour et Marillier gravé par Ingouf et 9 très-belles eaux-fortes avec la lettre d'après les dessins de Marillier gravées par Ingouf, Dambrun, Duponchel, etc.

Reliure plein veau fauve marbré à l'acide, dos lisses ornés aux petits fers dorés, pièce de titre de maroquin rouge, pièce de tomaison de maroquin vert, triple-filet doré en encadrement des plats, doublures, gardes et tranches marbrées (reliure de l'époque). Exemplaire en excellent état de conservation, très frais, quelques légers frottements sans gravité, intérieur bien blanc, très beau tirage des gravures.


NOUVELLE ÉDITION.

Crébillon père (1674-1762), digne enfant de la Bourgogne des Belles-Lettres, fut l'auteur tragique à la mode du moment, entre la mort de Racine en 1699 et les pièces de Voltaire. Après Idoménée, Crébillon donna Atrée et Thyeste en 1707, pièce remarquable, l’une des plus connues de l’auteur, Électre en 1708, Rhadamiste et Zénobie en 1711, qui remporta un très grand succès et passa pour son chef d’œuvre, Xerxès en 1714, Sémiramis en 1717. Les deux dernières pièces furent accueillies froidement : Xerxès eut une seule représentation et Sémiramis, seulement sept. Crébillon en conçut un profond découragement et renonça au théâtre. Ayant perdu son père, mort insolvable, il se débattit alors dans des difficultés d’argent, résultat de sa prodigalité, de son incurie, de son goût de l’indépendance et des plaisirs et de sa tendance à la rêverie. Il perdit sa femme (1711), ne trouva pas le secours qu’il attendait chez ses amis, et se jeta dans la misanthropie. Il vivait dans un grenier, entouré de chiens, de chats et de corbeaux, fumant sans cesse et ne voyant personne que son fils. Dans cette solitude, il s’occupait à composer dans sa tête, car il avait une excellente mémoire, des romans qu’il négligeait ensuite de coucher sur le papier. Il faisait d’ailleurs de même pour ses tragédies, qu’il composait dans sa tête et n’écrivait qu’au dernier moment. En 1726, Crébillon donna avec succès une nouvelle tragédie, Pyrrhus (1726), qui appela de nouveau l’attention sur lui. On l’élit à l’Académie française en 1731 et à l’Académie de Rouen en 1754. Il innova dans la forme en composant son discours de réception en alexandrins. On en retint ce vers, qui fut vivement applaudi car il parut sincère : « Aucun fiel n’a jamais empoisonné ma plume. » En 1733, il fut nommé censeur royal de librairie pour les belles-lettres et l’histoire, puis en 1735 censeur royal des spectacles. En 1745, Madame de Pompadour lui fit attribuer une pension de 1.000 livres et une place de bibliothécaire du roi. Ces faveurs visaient principalement à susciter un rival à Voltaire, qui avait déplu en lançant des poèmes galants célébrant les amours de Louis XV et de la favorite, et dont la réputation reposait alors avant tout sur ses tragédies. Les adversaires de Voltaire pressèrent Crébillon de donner de nouvelles tragédies. En définitive, il acheva et fit représenter son Catilina (1748), avec une grande magnificence. La cabbale en assura le succès pendant 20 représentations, mais celui-ci ne se soutint pas quand la pièce fut imprimée, ni surtout quand Voltaire eut fait représenter sa Rome sauvée sur le même sujet. En 1754, la dernière tragédie de Crébillon, Le Triumvirat, fut accueillie froidement. À sa mort en 1762, il laissa l’ébauche d’un Cromwell. Les comédiens de Paris organisèrent en son honneur un service funèbre auquel assistaient, avec les membres de l’Académie et beaucoup de littérateurs, un grand nombre de comédiens et comédiennes, au scandale de l’Église.

Le théâtre de Crébillon tient une place importante dans l’histoire littéraire, à la fois par sa valeur propre et par les discussions dont il a fait l’objet. À une époque où les auteurs de tragédies cherchaient à imiter servilement Jean Racine, à l’image du baron Hilaire de Longepierre, dont il est intéressant de comparer la tragédie Électre, créée en 1702, à la pièce de Crébillon donnée quelques années plus tard sur le même sujet, Crébillon innova avec des pièces fondées moins sur la psychologie que sur une sorte de « tragique de situation », à coup de scènes d’horreur, de reconnaissances et autres coups de théâtre qui annoncent le mélodrame du XIXe siècle. « J’aime mieux encore, écrit-il dans la préface de Rhadamiste et Zénobie, avoir chargé mon sujet d’épisodes que de déclamations. » Les pièces de Crébillon renferment des scènes saisissantes, et des vers bien frappés, énergiques, dont plusieurs sont passés en maximes. Mais elles ont également de graves défauts : des intrigues souvent très compliquées, difficiles à suivre, et une versification parfois incorrecte, souvent relâchée, un style dur, heurté, parfois obscur. Crébillon écrivait vite et avec peu de soin. Il avait une facilité incroyable : on raconte qu’il refit en vingt-quatre heures tout le dernier acte d’Idoménée qui, le soir de la première, n’avait pas plu au public. L’élégance n’était pas son souci, et sa culture mythologique et historique est souvent prise en défaut.

Crébillon, écrit d'Alembert, a montré la perversité humaine dans toute son atrocité [...] Il a cru remplir par ce moyen un des deux grands objets que les Grecs regardaient comme le but de la tragédie, la terreur [...] Ce but général et unique des pièces de Crébillon leur donne un ton de couleur sombre par lequel elles se ressemblent toutes [...] Elles sont encore semblables par les moyens que l’auteur emploie pour produire des situations théâtrales ; les reconnaissances surtout sont un de ceux dont il fait le plus fréquent usage : mais rendons-lui du moins la justice d’avouer qu’il en a fait l’usage le plus heureux [...] Crébillon n’a guère que des vers heureux, mais des vers que l’on retient malgré soi, des vers d’un caractère aussi fier qu’original, des vers enfin qui n’appartiennent qu’à lui, et dont l’âpreté mâle exprime, pour ainsi dire, la physionomie de l’auteur. Si les détails de la versification ne souffrent pas chez lui l’examen rigoureux, si la lecture de ses pièces est raboteuse et pénible, l’énergie de ses caractères et le coloris vigoureux de ses tableaux produiront toujours un grand effet au théâtre. » Mais ses personnages manquent d’épaisseur et de vie, faisant de ses tragédies un assemblage étrange d’énergie et de fadeur, d’atrocités et d’inconsistance. (source Wikipedia - compilation d'auteurs cités)

La présente édition, contient au tome 1 : éloge de Crébilllon (par d'Alembert), ode sur la mort de Crébillon, épître au roi, preface de l'auteur, Idoménée, Atrée & Thyeste, Electre. Tome 2 : Rhadamisthe & Zénobie, Xerxès, Sémiramis, Pyrrhus. Tome 3 : Catilina et scène de Catilina trouvée dans les papiers de M. de Crébillon, Triumvirat, discours académiques, éloge du Maréchal de Villars, vers à M. de Fontenelle, compliment au roi, vers au roi, écrits de divers auteurs et épitaphe de M. de Crébillon.

Les estampes d'après les dessins de Marillier sont "de vraies caricatures" de la tragédie à antique. Les traits des visages des personnages montrent l'horreur et la stupeur. Elles sont très expressives.

Référence : Cohen, col. 264 (éd. 1912).

BEL EXEMPLAIRE EN CONDITION DE L'ÉPOQUE.

VENDU

mercredi 26 janvier 2011

Le Voyage en orient de Gérard de Nerval (1851). Superbe exemplaire en reliure de l'époque. Rare dans cette condition.



NERVAL (Gérard LABRUNIE, dit Gérard de)

VOYAGE EN ORIENT par M. Gérard de Nerval. Troisième édition, revue, corrigée et augmentée. Tome premier et deuxième (complet).

Paris, Charpentier , libraire-éditeur, 1851. [de l’imprimerie de Gustave Gratiot].

2 tomes reliés en 1 fort volume in-18 (183 x 125 mm) de (4)-396 et (4)-396 pages. Les pages d’introduction « à un ami » du premier tome sont chiffrées en romain (I-LXXXVI) et comprise dans la pagination totale.

Reliure demi-chagrin vert sombre, dos à faux-nerfs orné de filets à froid en encadrement des caissons, filets perlés dorés, auteur titré en caractères gothiques, titre doré, plats de papier estampé à froid de motifs géométriques et de feuillages, gardes marbrées (reliure de l’époque). Quelques rousseurs aux premiers et derniers feuillets (faible) et trois cahiers plus roussis au tome II (pages 253-288). Parfait état de conservation de la reliure. Très frais.

PREMIÈRE ÉDITION SOUS CE TITRE, EN PARTIE ORIGINALE ET LA PLUS COMPLÈTE PARUE DU VIVANT DE GÉRARD DE NERVAL.

« La genèse du Voyage en Orient de Gérard de Nerval est longue et complexe. L'auteur met plus de dix années à rédiger l'ouvrage, depuis l'itinéraire de Paris à Genève, publié dans La Presse du 18 janvier 1840, jusqu'à la version définitive de 1851. Le récit de Vienne se rapporte au voyage de 1839-1840, tandis que la partie grecque paraît dans L'Artiste en 1844, à la suite des pérégrinations de Nerval dans les Echelles du Levant en 1843. La Revue des Deux Mondes publie les quatre récits de voyage en Égypte en 1846 et les quatre autres au Liban en 1847. Juste après, Nerval entame l'essai de regroupement et le premier résultat ne tarde pas à paraître à la fin de 1847 ou au début de 1848 : Scènes de la Vie orientale - Les Femmes du Caire. Ce livre se compose de l'introduction consacrée aux îles grecques et du récit de voyage au Caire jusqu'à l'arrivée à Beyrouth. La Révolution de 1848 a dû retarder la publication du tome II, qui relate le séjour au Liban. Le deuxième essai de récapitulation occupe toute l'année 1849. La Silhouette publie une série de voyages nervaliens sous le titre général de « Al-Kahira. Souvenirs d'Orient » entre le 7 janvier 1849 et le 27 janvier 1850 ; c'est ici que Nerval relie l'itinéraire de Paris à Vienne au voyage en Orient. Le récit du séjour à Constantinople paraît seulement en 1850 dans Le National à partir du 7 mars. Le titre définitif du Voyage en Orient n'est adopté qu'en 1851, les deux volumes parus chez Charpentier contenant l'itinéraire ; de Paris à Alexandrie dans l'introduction, puis les séjours en Égypte, au Liban et en Turquie. (…) En ce qui concerne les Scènes de la Vie orientale, il faut aussi compter avec les mystères qui entourent la publication du livre, dont Michel Brix et Claude Pichois ont retracé l'histoire compliquée. On connaît trois éditeurs de ce livre : Ferdinand Sartorius, puis Hippolyte Souverain, enfin Victor Lecou. Il est certain que le tome I des Scènes de la Vie orientale - Les Femmes du Caire a paru chez Sartorius avant la Révolution de 1848, alors que le tome second fut peut-être imprimé après mars 1848, mais il semble avoir tardé à paraître jusqu'aux dernières semaines de 1849 ; pour publier le tome II, Sartorius a utilisé la couverture et la page de titre du tome I, ajoutant le chiffre " 2 " entre Scènes de la vie orientale et Les Femmes du Caire, et transformant, sur la couverture, la date de publication de « MDCCCXLVIII » en « MDCCC L » par grattage du « X » et du « VIII ». En 1850, Souverain a acquis des exemplaires invendus de Sartorius et y a ajouté une couverture et une page de titre nouvelles; le tome second est cette fois intitulé Scènes de la Vie orientale - Les Femmes du Liban. Il semble que ces deux éditions se soient mal vendues, à l'encontre de la " troisième édition " du Voyage en Orient chez Charpentier en 1851. (…) », extrait de Histoires littéraires, Du neuf sur le Voyage en Orient de Gérard de Nerval, n°1-2000.

« Déçu par son sujet, l'Orient, autant que par l'outil photographique, Nerval transgresse une des premières règles du récit orientaliste : le réalisme. Ce recul devant la réalité, par lequel il délaisse son daguerréotype au profit d'autres activités, se retrouve au cœur du récit final, publié en 1851, qui fait le portrait d'un Orient en partie rêvé dans lequel Nerval n'est plus l'opérateur photographe, mais uniquement le spectateur désabusé d'un phénomène qui accompagne la disparition de l'Orient dans lequel il aurait aimé voyager. », extrait de La pratique du daguerréotype, exposition BNF.

Le 26 janvier 1855, on le retrouva pendu aux barreaux d'une grille qui fermait un égout de la rue de la Vieille-Lanterne, dans le « coin le plus sordide qu’il ait pu trouver », selon la formule de Baudelaire. Ses amis émirent l'hypothèse d'un assassinat perpétré par des rôdeurs, au cours d'une de ses promenades habituelles dans des lieux mal famés, mais il s'est certainement suicidé.

Références : Clouzot, Guide du bibliophile français, p. 223 : « A rechercher à cette date (1851) et en fraîches reliures d’époque, qui n’est pas tellement facile » ; Histoires littéraires, Du neuf sur le Voyage en Orient de Gérard de Nerval, n°1-2000 ; L’ailleurs de l’Orient : Métadiégèse et signification dans le Voyage en Orient de Nerval, par Guy Barthelemy (1996).

SUPERBE EXEMPLAIRE, DANS UNE ÉLÉGANTE RELIURE DE L'ÉPOQUE, PARFAITEMENT CONSERVÉE, DE CET OUVRAGE IMPORTANT PAR UN DES PLUS ATTACHANTS AUTEURS DU CÉNACLE ROMANTIQUE(*).

VENDU

(*) ce livre est mis en vente sur ce site à l'occasion de l'anniversaire de la mort de Gérard de Nerval, à Paris, le 26 janvier 1855. Il fut retrouvé pendu aux barreaux d'une grille qui fermait un égout de la rue de la Vieille-Lanterne, pour « délier son âme dans la rue la plus noire qu’il pût trouver », selon la formule de Baudelaire.

mardi 25 janvier 2011

L'Histoire de Théodose le Grand (1681), reliée par Vogel (vers 1825), pour le grand bibliophile de Pixérécourt.



Esprit FLÉCHIER

HISTOIRE DE THÉODOSE LE GRAND, pour Monseigneur le Dauphin, par Monsieur Esprit Fléchier, abbé de S. Severin, de l'Académie Française. Dernière édition.

Suivant la copie imprimée, A Paris, chez Sébastien Mabre-Cramoisy, imprimeur du Roi, 1681.

1 volume in-12 (158 x 95mm - Hauteur des marges : 152 mm) de (6)-560-(30) pages. Frontispice gravé à l'eau-forte (non signé).

Reliure plein maroquin à grain long caramel, dos plat à faux nerfs orné à froid et doré de filets et fleurons, plats décorés d'un encadrement fait d'un jeu de filets à froid et dorés avec fers rocaille dans les angles, roulette sur l'extrémité des coupes, roulette dorée en encadrement intérieur des plats, doublures et gardes de papier marbré, tranches dorées (reliure de la première moitié du XIXe siècle, exécutée vers 1825 et signée VOGEL). Exemplaire en excellent état de conservation, infimes frottements sans gravité, intérieur frais avec quelques rares rousseurs.


NOUVELLE ÉDITION.


Cette édition, de petite format, sort probablement des presses hollandaises. L'édition originale de ce célèbre texte d'Esprit Fléchier, date de 1679, au format in-4. Cette histoire est très estimée : "Elle est remarquable par la beauté du style et par l'exactitude des faits. L'auteur y relève les grandes qualités de Théodose, et n'y dissimule ni ses défauts ni ses fautes." (Michaud, Biographie Universelle).

Théodose le Grand (347-395) fut le dernier souverain de l'Empire romain unifié. C'est à sa mort que l'empire fut scindé en deux et partagé par ses fils.


Provenance : Exemplaire de la bibliothèque du célèbre bibliophile Réné-Charles-Guilbert de Pixérécourt (1773-1844), auteur dramatique et directeur de Théâtre, célèbre pour le catalogue de sa bibliothèque presque entièrement consacrée à l'art dramatique et au théâtre. Ses succès au théâtre lui ont permis d’enrichir, peu à peu, de livres les plus rares sa chère bibliothèque, la grande passion de sa vie. Le distique inscrit au-dessus de la porte était : « Tel est le triste sort de tout livre prêté : Souvent il est perdu, toujours il est gâté. » et sa devise (souvent copiée) inscrite en ex-libris était : « Un livre est un ami qui ne change jamais. ». C'est l'ex libris gravé et reproduit ci-dessus que porte ce petit volume qui fut catalogué dans la section des "Vies particulières des hommes illustres" sous le numéro 2082 (vente des livres de la Bibliothèque de M. de Pixérécourt, Paris, J. Crozet, Décembre 1838). Ce volume a été, sans conteste, relié pour lui par Vogel, l'un des meilleurs relieurs de son temps.



BEL EXEMPLAIRE DANS UNE FINE RELIURE DE VOGEL FAITE POUR LE GRAND BIBLIOPHILE DE PIXÉRÉCOURT.

VENDU

samedi 22 janvier 2011

Les Chants du crépuscule de Victor Hugo (1835). Edition originale. Reliure signée Victor Champs. L'un des plus beaux recueil de poèmes de l'auteur.



Victor HUGO

LES CHANTS DU CRÉPUSCULE. ŒUVRES COMPLÈTES DE VICTOR HUGO. POÉSIE. V.

Paris, Eugène Renduel, 1835. [Imprimerie et fonderie d'Everat].

1 volume in-8 (23,5 x 15 cm) de XVIII-(1)-334-(1) pages. La dernière page chiffrée est mal chiffrée 354 au lieu de 334.

Reliure demi-maroquin à long grain bleu nuit à larges coins, dos lisse orné en long de filets dorés, auteur, titre et millésime doré en queue, filets dorés sur les plats, exemplaire relié sur brochure, non rogné (reliure de la fin du XIXe siècle signée V. CHAMPS). Exemplaire en excellent état, très frais. Belle impression sur papier de Hollande, sans rousseurs. Les couvertures jaunes ont été conservées (doublées avec quelques petite défauts et restaurations dans les coins). Infimes frottements.


ÉDITION ORIGINALE.

Édition tirée à 2.500 exemplaires. Celui-ci sur beau papier de Hollande, bien complet du dernier feuillet de nomenclature des Oeuvres de V. Hugo, qui manque souvent, et sans mention d'édition sur la couverture et le titre.

L'un des plus beaux recueil de poésies de l'auteur, avec notamment un poème intitulé à Mademoiselle J. (Juliette Drouet), sa maîtresse, qu'il rencontra pour la première fois en en 1833, alors qu'elle interprétait le rôle de la princesse Négroni dans Lucrèce Borgia. Elle fut sa maîtresse pendant près de 50 ans. Plusieurs pièces de ce recueil sont inspirées par cette passion amoureuse qui tenaille un Victor Hugo de 33 ans déjà au sommet de sa gloire de poète. L'essentiel du recueil est ainsi composé de pièces en vers relatives à la crise sentimentale que traverse le poète déchiré entre ses devoirs d'époux (marié depuis 1822 avec Adèle Foucher) et sa passion pour Juliette Drouet (13 poèmes : XIV, XXI à XXIV, XXVI à XXXIII), et d'autre part l'inquiétude qu'il éprouve relativement à la situation politique de la France.

Un monument de la poésie française ici en édition originale et dans une fine reliure signée.

Référence : Clouzot, Guide du Bibliophile français, p. 147.


Provenance : Exemplaire de la bibliothèque d'Albert Semiane, connu sous le nom de plume de Sciama. poète et bibliophile de la fin du XIXe siècle, auteur de plusieurs recueils de poésies dont "Bagatelles" (1884), "Paris en sonnets" (1897) et "Sonnets et Sornettes" (1894). Albert Semiane était visiblement un bibliophile de bon goût amateur de la poésie hugolienne. C'est pour lui sans aucun doute que Victor Champs réalisa cette sobre et délicate reliure pastiche romantique.

SUPERBE EXEMPLAIRE PARFAITEMENT ÉTABLI PAR VICTOR CHAMPS.

VENDU

mercredi 19 janvier 2011

Les Jeux de Jean-Antoine de Baïf (1572) en maroquin du XIXe siècle de Capé (vers 1850). Superbe exemplaire réglé.



JEAN-ANTOINE DE BAÏF (1532-1589)

LES JEUX DE JEAN ANTOINE DE BAÏF. A Monseigneur le duc d'Alençon.

A Paris, pour Lucas Breyer, 1573 [i.e. 1572].

1 volume in-8 (166 x 110 mm - Hauteur des marges : 163 mm) de 4 feuillets non chiffrés comprenant le titre avec la liste des chapitres au verso et l'épître à Monseigneur le duc d'Alençon ; 232 feuillets chiffrés (le dernier feuillet coté 230, par suite d'une erreur de chiffres qu'on remarque aux derniers feuillets).

Reliure plein maroquin chocolat, dos à nerfs richement orné aux petits fers dorés, plats décorés d'un large motif composé aux petits fers dorés avec ombilic central, triple-filet doré en encadrement des plats, double-filet doré sur les coupes, roulette dorée en encadrement intérieur des plats, gardes petit peigne, tranches dorées (reliure du milieu du XIXe siècle signée CAPÉ). Exemplaire soigneusement réglé à l'encre rouge. Exemplaire très bien conservé, très frais, grandes marges conservées. Sans piqures ni rousseurs. La reliure est très fraîche avec d'infimes traces de frottements très peu visibles.


ÉDITION ORIGINALE RARE ET RECHERCHÉE.

"Il [me] parait évident que le poète commença par donner une nouvelle édition de ses Amours, puis un volume de Ieux, avec de concevoir le projet d'une édition collective. On se rappelle que Ronsard avait déjà réalisé une telle ambition en 1560 (en 1573, il en était à sa quatrième édition collective!), et l'on peut comprendre que son ancien disciple et intime ait eu envie, lui aussi, d'aligner plusieurs tomes sur les étagères de la postérité. Les Amours et les Ieux, vendus séparément par Breyer, avant l'impression des Eouvres en rime, se trouvent parfois avec de jolies reliures en vélin doré ou en maroquin." (Jean-Paul Barbier, Ma bibliothèque poétique, partie III, Ceux de la Pleiade, 60).

Ce joli volume imprimé en caractères italiques pour les vers et en caractères romains pour la prose, comprend : XIX Églogues [œuvres pastorales où les personnages possèdent et utilisent plusieurs instruments de musique] - Antigone [Première adaptation de la célèbre tragédie de Sophocle] - Le Brave [unique comédie représentée par l'auteur] - L'Eunuque [comédie jamais représentée] - IX devis des dieux pris de Lucian et dédiés au roi et à la reine de Navarre].


On a maladroitement ajouté à l'époque un I au composteur à côté et à la fin de la date du titre, mais c'est bien 1572 qu'il faut lire. Il se trouve des exemplaires des deux sortes. Exemplaire de première émission avec les fautes de pagination à la fin. (Catalogue n°51 de la librairie Lardanchet (1958), n°4.334.

La parution en 1572 des Ieux de Ian-Antoine de Baïf est essentielle dans le processus éditorial de l'ensemble des Œuvres de l'auteur. Ce sont plusieurs recueils qui parurent alors séparément chez le libraire Lucas Breyer.


"C'est l'audace de Baïf qu'on retiendra, comme son esprit toujours novateur : il s'est essayé à tous les genres avec une hardiesse qui n'a d'égale que son goût de l'invention formelle, et son souci de variété. Il laisse une oeuvre immense, assurément imparfaite et insuffisamment relue, mais foisonnante de trouvailles poétiques, l'une des plus riches de son siècle." (Jean Vignes, Nouveau dictionnaire des auteurs, I, 216).

"Baïf fonde en 1570, dans sa maison du faubourg Saint-Marceau, l'Académie de poésie et de musique dont le rayonnement fut très important. C'est dans ce cadre qu'il publie les Étrennes de poésie française en vers mesurés (1574) ; ses autres œuvres en vers mesurés, soit un psautier complet, un psautier incomplet et plusieurs livres de chansonnettes, sont restées inédites.Fascinée par l'Antiquité gréco-latine, la Renaissance européenne a connu de multiples tentatives d'introduire la métrique quantitative (reposant sur la longueur, ou poids des syllabes) dans des langues qui n'étaient pas toujours bien équipées pour la recevoir. C'est à ce projet que Baïf a consacré une partie très importante de son énergie créatrice, allant jusqu'à créer un système graphique qui permette de rendre compte aussi bien de la phonétique que de la métrique de ses vers. Il ne doit pas pour autant être considéré comme un « réformateur » de l'orthographe au même titre que Louis Meigret, Jacques Peletier du Mans ou Pierre de La Ramée : il n'a jamais, en effet, cherché à modifier les usages graphiques traditionnels, réservant sa graphie propre à ses vers mesurés.Considérés comme « maladroits » par des critiques qui, le plus souvent, n'ont pas pris le temps de s'y plonger, les vers mesurés « à l'antique » de Baïf, notamment les Psaumes et les Chansonnettes, même si leur diffusion est restée confidentielle, n'en constituent pas moins un fait littéraire aussi important que méconnu. Exploitant de manière ingénieuse les oppositions de quantité qui subsistaient dans la langue française de la Renaissance, Baïf propose, avec ses vers mesurés, un système de versification extrêmement élaboré qui, s'il n'est, comme toute forme d'art, pas totalement exempt d'artifice, est loin d'être aussi arbitraire qu'on a pu le penser. En outre, mis en musique par des compositeurs comme Claude Le Jeune ou Jacques Mauduit, les vers mesurés de Baïf ont eu une influence majeure sur la manière dont, jusqu'à la fin du XVIIe siècle, se sont organisés les rapports de la musique avec le texte." (Extrait du Dictionnaire d'histoire de Bouillet - Source Wikipedia).

Provenance : Aucune mention d'appartenance.

Références : Le Petit, Bibliographie des principales éditions originales françaises, 1888, p. 87. Tchémerzine, Editions originales et rares, I, 265. Jean-Paul Barbier, Ma bibliothèque poétique, partie III, Ceux de la Pleiade, 60. Rahir, La bibliothèque de l'amateur, 303.


MAGNIFIQUE EXEMPLAIRE, PARFAITEMENT ÉTABLI PAR CAPÉ AU MILIEU DU XIXe SIÈCLE.

VENDU

mardi 18 janvier 2011

L'Histoire amoureuse des Gaules de Bussy-Rabutin et autres romans satiriques et libertins du siècle de Louis XIV (1754). Superbe exemplaire.



Roger de RABUTIN, comte de BUSSY, dit BUSSY-RABUTIN

HISTOIRE AMOUREUSE DES GAULES, par le Comte de BUSSI RABUTIN (sic).

Sans lieu, sans nom, 1754 [Amsterdam ? Paris ? Grangé ?].


5 volumes petits in-12 (14,5 x 8,5 cm) de 390, 407, 317, 272 et 354 pages chiffrées, sans compter les feuillets liminaires et les feuillets de table. Chaque volume possède un titre-frontispice gravé à l'eau-forte d'après Choffard. Le détail complet de la collation se trouve ICI.

Reliure pleine basane fauve racinée, dos lisse richement ornés aux petits fers dorés, pièces de titre de maroquin rouge, pièces de tomaison de maroquin olive, roulette dorée sur les coupes, doublures et gardes de papier marbré, tranches mouchetées (reliure légèrement postérieure de la fin du XVIIIe siècle ou des premières années du XIXe siècle). Exemplaire parfaitement conservé, très frais tant au niveau de la reliure que du papier.


NOUVELLE ÉDITION.

Voici la description de ce que contient ces cinq volumes :

Premier volume : contient la Lettre au Duc de Saint-Aignan (du 12 novembre 1665), Histoire amoureuse des Gaules (contient tous les textes habituels, Histoire de Madame de Sevigny (i.e. Sévigné), Histoire des amours de Madame de Monglas, les Maximes d’amour). On trouve en outre à la fin la traduction des épigrammes de Martial par Bussy-Rabutin. Curieusement sont annoncés dans le feuillet de table une « vie de Bussy » au début et les « Heures de Bussy » à la fin, qui ne s’y trouvent pas (!!), sans manque apparent. Notre exemplaire est en tous points conforme a celui numérisé sur Google Books et à l’exemplaire Rothschild (voir photo de la notice Rothschild).

Deuxième volume : contient « Le Palais Royal ou les amours de Madame de La Valière et autres. », « La déroute et l’adieu des filles de joie de la ville & faubourgs de Paris, etc, et la requête de Me de La Valière. », « La Princesse ou les amours de Madame. », « Junonie ou les amours de Madame de Bagneux. », « Les fausses prudes ou les amour de Madame de Brancas, et autres dames de la cour. », « Les vieilles amoureuses ».

Troisième volume : contient « Les amours de la Maréchale de La Ferté. », « La France galante ou les amours de Madame de Montespan, etc. », « Le perroquet ou les amours de Mademoiselle. ».

Quatrième volume : contient « Le Passe-temps royal ou les amours de Mademoiselle de Fontange. », « Suite de la France galante ou les amours de Madame de Maintenon, sur de nouveaux mémoires très-curieux. », « Le divorce royal ou guerre civile dans la famille du Grand Alcandre. ».

Cinquième et dernier volume : contient « La France devenue italienne avec les derniers dérèglements de la cour. », « Amours de Monseigneur le Dauphin, avec la Comtesse du Rourre. »

Gay dans sa Bibliographie des livres relatifs aux femmes et à l'amour indique que cette impression serait de Paris, chez Grangé (??), nous n'avons trouvé aucune autre source à ce sujet. L'impression nous parait pourtant bien sortir de presses hollandaises.

Provenance : « Bibliothèque de Luc Le Roy, Avocat. » Cette étiquette date sans aucun doute du tout début du XIXe siècle voire de l’extrême fin du XVIIIe, ce qui confirme notre datation de la reliure et indique sans doute un premier propriétaire, peut-être le commanditaire de la reliure. Tous les volumes portent cette étiquette au contreplat. On voit ensuite sur la première garde blanche (verso), le cachet rectangulaire à l’encre bleue : ANGERVILLE. Ce cachet doit dater des années 1820 à 1850, sans doute pas plus près de nous.


SUPERBE EXEMPLAIRE, FINEMENT RELIE, DE CETTE ÉDITION PEU COMMUNE DES ROMANS SATIRIQUES ET GALANTS DU SIÈCLE DE LOUIS XIV.

VENDU

lundi 17 janvier 2011

Poésies érotiques latines en l'honneur de Priape par Martial, Ausone, Horace, etc. Jolie édition de 1798 ornée de deux frontispices érotiques.



MARTIAL, AUSONE, HORACE, BEMBO, etc., édité par François NOEL

EROTOPAEGNION, SIVE PRIAPEIA VETERUM ET RECENTIORUM. VENERI JOCASAE SACRUM.
Lutetiae Parisiorum [Paris], Apud C.-F. Patris [chez Patris], ANNO REIP. VI. 1798.

2 parties en 1 volume in-8 (18,5 x 12 cm) de (12)-VI-(2)-188 pages. Chaque partie commence par un joli frontispice gravé à l'eau-forte à caractère érotique (attributs phalliques en l'honneur de Priape).


Reliure plein maroquin aubergine à grain long, dos long à faux nerfs filetés, caissons décorés aux petites fers dorés, double-filet doré et filet à froid en encadrement des plats, roulette dorée en encadrement intérieur des plats, doublures et gardes de papier marbré, tranches brutes seulement ébarbées (reliure du début du XIXe siècle). Quelques légers frottements sans gravité à la reliure, léger pli du carton et du cuir sur le plat supérieur, sans fragilité. Intérieur frais, imprimé sur papier légèrement bleuté.


ÉDITION ORIGINALE.

Édition originale collective de ce recueil de poèmes latins et néo-latins sur le Priape par Martial, Ausone, Horace, Bembo, Sannazzaro, La Monnoye, etc., réunis et présentés par François Noël. L'ouvrage est illustré de deux frontispices de Priapes gravés sur cuivre, ici en premier tirage.

Dans la mythologie grecque, Priape (en grec ancien Πρίαπος / Príapos) est un dieu de la fertilité, c'est un dieu ithyphallique, protecteur des jardins et des troupeaux. Son équivalent dans la mythologie romaine se nomme en réalité Mutinus Mutunus, bien qu'il soit souvent cité sous le nom Priape. On reconnait Priape par son gigantesque pénis constamment en érection. Il naît à Lampsaque, sur l'Hellespont, en Asie Mineure. Il est le fils de Dionysos et d'Aphrodite (certaines traditions lui donnent plutôt Hermès ou Adonis, voire Zeus pour père). D'autres auteurs, le vieillissant de plusieurs générations, voient en lui un Titan auquel Héra aurait confié le soin d'enseigner le maniement des armes à Arès. Il est généralement représenté de façon grotesque, pourvu d'un énorme phallus en érection perpétuelle. Les Romains placent souvent dans leur jardin des statues grossières en bois (des hermai) de figuier, peintes de vermillon, représentant Priape, pour servir d'épouvantail. Priape est l'obscénité incarnée. Cette difformité serait due à la malveillance d'Héra, jalouse de la beauté d'Aphrodite. Honteuse, elle abandonne l'enfant. Il est recueilli par des bergers qui apprécient sa rusticité. Priape est l'équivalent de Mutinus. Priape écarte le mauvais œil et sa statue protège les vergers, mais il ne connaît ni le plaisir ni la fécondité. Il aime qu'on lui sacrifie un âne : une nuit où il allait violer Hestia, la déesse est avertie par un braiment. Pour la fête d'Hestia, en revanche, les ânes sont couronnés de fleurs. Une explication différente est donnée de sa haine pour les ânes : elle a pour origine une querelle avec un âne que Dionysos a doté de la parole, en récompense d'un service. La cause en est la taille respective de leur membre viril. Priape a le dessus et bat l'âne à mort. (Source Wikipedia).

Belle impression sur papier vergé bleuté épais. Recherché pour les deux très jolis frontispices érotiques qu'elle contient.

Références : Pia, Les livres de l'enfer, p. 413 ; B.N.F., Enfer, n°639 ; Viollet-Le-Duc, Bibliothèque poétique, II, p. 71.

BEL EXEMPLAIRE EN MAROQUIN ANCIEN DE CETTE ANTHOLOGIE ÉROTIQUE DÉDIÉE A PRIAPE.

VENDU

Félicia ou mes fredaines par Andréa de Nerciat. Très rare édition datée de 1775 avec figures libres. Un des rares curiosa de la fin du XVIIIe siècle.



André-Robert ANDRÉA DE NERCIAT

FÉLICIA OU MES FREDAINES. La faute est aux Dieux qui me firent si folle.

A Londres, s.n., 1775 [i.e. 1785 ? 1795 ?].

4 parties en 2 volumes in-16 (13,5 x 9 cm) de (4)-230 et (4)-225 pages.

Reliure demi-veau caramel, dos à nerfs, filets à froid, pièce de titre de maroquin rouge, plats de papier marbré, doublures et gardes de papier peigne (reliure de la fin du XIXe siècle). Plats et coins légèrement frottés, très petit manque à l'extrémité de la coiffe supérieure du premier volume. Infimes frottements. Intérieur en bon état, collationné complet. Quelques rousseurs dans la quatrième partie. Quelques taches et mouillures sans gravité. 10 eaux-fortes au total pour les deux volumes dont 7 libres.


TRÈS RARE ÉDITION A LA DATE DE 1775.


Ce roman libertin d'Andréa de Nerciat a été réimprimé de nombreuses fois au cours des dernières années du XVIIIe et des premières années du XIXe siècle, et ce, malgré une condamnation à la destruction. Dutel, dans sa bibliographie des ouvrages érotiques publiés clandestinement en français entre 1650 et 1880, n'en compte pas moins de 17 impressions entre 1775 et 1869. Dutel indique que ce roman aurait été publié vers 1775, et donne pour première édition, l'édition sans figures d'Amsterdam, sans date, en 221 et 256 pages, sans doute à cause des erreurs de pagination relevées. Notre édition est décrite par Dutel sous le n°A-391. Elle aurait été publiée vers 1785 en réalité, est imprimée sur Vergé. L'exemplaire Dutel contenait 24 gravures retournées de Borel-Elluin. Chaque partie possède sa propre page de faux-titre et page de titre. Pascal Pia dans les livres de l'Enfer n'est pas aussi catégorique sur la première édition de ce roman. Il indique que la destruction de cet ouvrage a été ordonnée plusieurs fois, notamment par un arrêt de la cour royale de Paris en date du 21 décembre 1822, toujours sans doute à cause des illustrations libres qu'il contient assez souvent. (Pia, Les livres de l'Enfer, col.486 et suiv., éd. 1998). Notre exemplaire, contrairement à ce qu'avance Dutel, ne nous semble pas imprimé vers 1785 mais plutôt à l'extrême fin du XVIIIe siècle ou au début du XIXe siècle, probablement entre 1795 et 1800. Typographie, mise en page et caractéristiques du papier nous le laissent croire en tous cas. Quoi qu'il en soit, cette édition datée 1775 ne se trouve pratiquement nulle part, nous n'avons pu en répertorier aucun exemplaire dans les dépôts publics référencés au catalogue collectif des bibliothèques de France. Ce roman libertin concentre l'essence du romanesque libertin en un dosage subtil d'humour, d'évasion et d'élan passionnel. Le tour de force de l'auteur est de se livrer à une parodie jubilatoire tout en écrivant un vrai roman d'aventure, avec ses mystères, ses épisodes palpitants, ses improbables coïncidences et hasards merveilleux... Avec Margot, Thérèse ou Juliette, Félicia est à coup sûr l'une des plus grandes courtisanes de la littérature du XVIIIe siècle.


"Déjà les mains avaient beaucoup trotté, déjà les bouches et les tétons avaient essuyé mains hoquets amoureux, quand on se leva de table. On y laissa les deux Italiens, qui ne voulurent point la quitter. Le peu de signes de vie qu’ils donnaient encore n’était que pour demander à boire et pour jurer qu’ils ne bougeraient point de là tant qu’il y aurait une goutte de vin dans la maison. La signora Camilla garda son ivrogne de père et fit demeurer un valet pour le secourir en cas d’accident. Tout le reste de la compagnie, à l’exception du chevalier qui venait de disparaître, passa de la salle à manger au salon, dont les deux battants demeurèrent ouverts… O pudeur ! que tu es faible quand Vénus et Bacchus se livrent à la fois la guerre ! Mais est-il absolument impossible que tu leur résistes ? Ou n’es-tu pas plutôt charmée de ce que la puissance connue de leurs forces justifie ton heureuse défaite ? J’y pense encore avec étonnement. À peine eûmes-nous mis le pied dans le salon que l’un de nos officiers, défié par les regards lascifs de Sylvina et perdant toute retenue, l’entraîna vers l’ottomane et se mit à fourrager ses appas les plus secrets. Elle ne fit qu’en rire. Bientôt, l’agresseur enhardi par l’heureux succès de son début, s’oublia jusqu’à manquer tout à fait de respect à l’assemblée. Sa partenaire, égarée, transportée, partageait ses plaisirs avec beaucoup de recueillement. Déjà l’Italienne mariée suivait son exemple à deux pas de là, dans les bras de l’autre officier, non moins effronté que son camarade. Argentine courait se cacher dans les rideaux des fenêtres pour ne pas voir ces groupes obscènes ; monseigneur l’y suivait pas décence et par tempérament. Tout le monde, occupé de la sorte, oubliait mon nouvel amant et moi, qui demeurions médusés au milieu du salon… Un regard expressif fut le signal de notre fuite. Ma main tomba tremblante dans celle du beau Fiorelli. Nous volâmes à mon appartement, où je m’enfermai, bien résolue à ne rejoindre la compagnie, quoi qu’il arrivât, qu’après avoir bien fait à mon aise, avec méditation, ce que je venais de voir faire aux autres dans le désir de la brutalité." (Extrait de Félicia ou mes fredaines).


La reliure porte l'étiquette de Moulière, relieur à Nîmes.


TRÈS BON EXEMPLAIRE DE CETTE TRÈS RARE EDITION ANCIENNE ILLUSTRÉE DU FÉLICIA DE NERCIAT.

VENDU

dimanche 16 janvier 2011

Hipparchia ou les amours dévoyés de la cour de Louis XV (1748). Exemplaire Albert Natural réemboité dans un maroquin janséniste de l'époque. Rareté.



Attribué à Jérôme RICHARD ou à Pierre-François Godard DE BEAUCHAMPS

HIPPARCHIA, HISTOIRE GALANTE, traduite du grec. Divisée en trois parties. Avec une préface très-intéressante, & ornée de figures en taille-douce. Nouvelle édition.

A Lampsaque. L'an de ce monde. [1748].

3 parties en 1 volume petit in-8 (16 x 9,5 cm) de XII-160 pages.

Reliure plein maroquin janséniste vieux rouge, dos à nerfs, filet à froid en encadrement des plats et au dos, roulette dorée sur les coupes et en encadrement intérieur des plats, doublures et gardes de papier de couleurs à la colle (reliure de la première moitié du XVIIIe siècle - habile remboitage sans doute commandité par Albert Natural lui-même, voir ci-dessous). Pièce de titre et tomaison de maroquin noir.


PREMIÈRE ÉDITION RARE.

Malgré la mention de "nouvelle édition" sur le titre, et selon divers bibliographes, il s'agirait bien de la première émission de ce texte libertin. Diversement attribué à l'abbé Jérôme Richard ou à Godard de Beauchamps, il nous conte assez plaisamment les aventures galantes du carinal de Bissy et des ducs de Richelieu et de Brancas avec la marquise d'Alincourt et la duchesse de Villeroi. Cette édition contient 4 eaux-fortes dont 3 libres. Elles ne sont pas signées et assez frustes. Le titre est imprimé en rouge et noir ainsi que les faux-titres particuliers pour chacune des deux autres parties. Ce même ouvrage a été également publié, semble-t-il la même année, sous le titre Aichrappih (anagramme d'Hipparchia), sans figures.

Provenance : De la bibliothèque Albert Natural avec son ex libris gravé en couleurs. C'est sans aucun doute Albert Natural qui a fait réemboiter cet ouvrage rare dans une reliure en maroquin du temps, très bien conservée. Le titrage au dos doit cacher un titre et une ancienne tomaison. L'ensemble est très agréable et cohérent. Ce volume n'a pas figuré aux deux ventes de la Bibliothèque Littéraire d'Albert Natural qui ont eu lieu à Paris les 7 et 8 décembre 2009.

Références : Cohen col. 487 (édition 1912) ; Barbier II, n°7258 (édition 1823) ; L'enfer de la Bibliothèque Nationale, 231-232 ; Gay, Bibliographie des ouvrages relatifs à l'amour et aux femmes, etc., col. 631 (seconde édition, 1864) "Rare".

Localisation : Nous n'avons trouvé qu'un seul exemplaire au CCfr mais avec une collation malgré tout différente. Cet ouvrage semble manquer à presque toutes les grandes collections de curiosa.


BEL EXEMPLAIRE, TRÈS FRAIS, DE CE TEXTE RARE, RÉEMBOITÉ AVEC SOINS DANS UNE JOLIE RELIURE EN MAROQUIN DE L'ÉPOQUE.

VENDU

samedi 15 janvier 2011

Les Oeuvres de Moncrif (1768). Superbe exemplaire relié en maroquin rouge de l'époque.



François-Augustin Paradis de MONCRIF

ŒUVRES DE MONSIEUR DE MONCRIF, lecteur de la Reine. L'un des quarante de l'Académie Française et de celles des sciences et belles lettres de Nancy et de Berlin. Nouvelle édition.

A Paris, chez la veuve Regnard, 1768.

4 volumes in-12 (17 x 10,5 cm) de XIV-233 ; 200-(2) ; 233-21-23 et 212-16 pages. Les dernières pages des tomes III et IV sont des planches de musique notée (40 planches). Chaque volume débute par un titre-frontispice gravé à l'eau-forte d'après De Sève et gravé par Baquoy. On trouve au premier volume un portrait de l'auteur par Duflos, et un portrait de Stanislas roi de Pologne d'après Massé et gravé par Cathelin en 1764. 4 eaux-fortes hors-texte d'après De Sève d'après Tardieu, Sornique, Baquoy et Chenu.

Reliure plein maroquin rouge, dos à nerfs richement orné, pièces de titres et tomaison de maroquin vert, triple-filet doré en encadrement des plats, filet doré sur les coupes, roulette dorée en encadrement intérieur des plats, tranches dorées, gardes de papier peigne (reliure de l'époque). Superbe et curieux exemplaire en maroquin de l'époque. En effet le premier volume a quelques différences de décor (lire nos explications ci-dessous). Cependant l'ensemble reste parfaitement homogène et d'une grande qualité. Les volumes sont à l'état proche du neuf, parfaitement conservés, quelques rousseurs ou feuillets légèrement teintés, sans gravité. Les gravures sont légèrement plus courtes. Le titre du tome I a été réenmargé en marge basse.

NOUVELLE EDITION.

"Issu d'une famille d'origine anglaise, François-Augustin de Paradis de Moncrif (1687-1770) offrait le type achevé de l'homme du monde du XVIIIe siècle : de figure avenante, de manières agréables et de beaucoup d'esprit, il fut d'emblée recherché dans les cercles les plus aristocratiques, où l'introduisirent ses qualités d'escrimeur, et où il se fit une place par ses multiples talents. A la fois poète, musicien et bon acteur, on le prisait notamment pour ces divertissements de société qui étaient alors à la mode. Courtisan accompli, il savait se montrer dévôt avec la Reine à Versailles et enjoué et plein d'entrain à la ville. Mais il avait aussi du cœur et le montra à son ancien protecteur, le comte d'Argenson, lorsque celui-ci fut disgrâcié en février 1757, ainsi qu'aux membres pauvres de sa famille, qu'il soutint généreusement. Protégé du Grand Prieur d'Orléans, du duc de La Vallière et du comte de Maurepas, il fut d'abord secrétaire du comte d'Argenson, puis secrétaire des commandements du comte-abbé de Clermont, lecteur de la reine Marie Leszczyńska (1734) et enfin secrétaire général de l'administration des Postes, fonctions qu'il occupa jusqu'à sa mort en 1770. L'ouvrage le plus célèbre de Moncrif est son Histoire des Chats (1727). Il y prend la défense du chat à travers des références historiques, notamment à l'ancienne Égypte, qui se veulent érudites et constituent en réalité un pastiche de la pédanterie. Un certain nombre de lecteurs et de critiques ne discernèrent pas l'intention satirique et l'ouvrage, obscur et maniéré, fut très violemment attaqué. Un plaisant lâcha un chat dans la salle des séances de l'Académie française le jour de la réception de Moncrif, et Voltaire appela ce dernier l'« historiogriffe ». En définitive, l'auteur renia son ouvrage en disant que : « Dans cet écrit, mauvais en soi, l'esprit n'était qu'un tort de plus. » Moncrif a, par ailleurs, collaboré au Journal des Savants (1739-1743). Il a composé des poésies fugitives, qui sont parmi ses meilleures œuvres, ainsi que des chansons et des romances genre dans lequel, selon Grimm, il eût été le premier s'il s'y était consacré exclusivement. Moncrif fut imposé à l'Académie française par le duc d'Orléans et le comte de Clermont en 1733. L'Académie fut très critiquée pour l'avoir élu. Moncrif soutint notamment l'élection de Voltaire. Il fut également membre de l'Académie de Berlin." (Source Wikipedia)

Cette édition reprend les mêmes figures que pour l'édition de 1751. Elle contient les Essais sur la nécessité de plaire, la Lettre au roi de Pologne, Discours à l'Académie, Les âmes rivales, divers Discours et Lettres, des Poésies chrétiennes, diverses Comédies, Poésies, Airs chantés, Ballets, Chansons, etc.

Provenance : curieusement ces volumes ne possèdent aucune marque de provenance (ex libris imprimé ou manuscrit), son histoire à travers les deux derniers siècles reste à faire. Les exemplaires en maroquin des Œuvres de Moncrif sont très rares sur le marché de la bibliophilie. On connait un exemplaire de cette édition en maroquin rouge aux armes de Louis XV, provenant de son cabinet (Bulletin du Bibliophile, n°784, année 1842). "Moncrif remit en vogue parmi nous un genre dans lequel il n'a pas de rivaux : quelques-unes de ses romances sont vraiment dignes du bon vieux temps, dont il a imité le langage avec beaucoup d'art et de talent ; on y trouve autant de finesse que de sentiment, de délicatesse et de naïveté." Michaud, Biographie universelle.

Particularités de la reliure : Pour être le plus précis concernant cette superbe reliure en maroquin de l'époque, il convient d'indiquer les points suivants : On note que les pièces de titre et de tomaison sont strictement identiques pour les 4 volumes. Le premier volume est orné au centre des caissons au dos d'un fleuron doré en forme d'étoile très caractéristique et l'on retrouve ce fleuron au dos des 3 volumes suivants mais on distingue nettement (bien que ce soit très discret et peu visible au premier regard) que ce même fleuron a été mosaïqué au dos des trois derniers volumes et ce de manière à ce que le décor de ces volumes soit presque identique au premier. les filets dorés sur les nerfs sont différents au tome I et aux trois suivants, ainsi que la roulette dorée intérieure et le papier peigne de la doublure et des gardes. La taille des 4 volumes est strictement identique. Les tranches des 4 volumes sont dorées mais seul le premier volume n'est pas doré sur marbrure. En conclusion et de toute évidence, cet exemplaire, curieusement "assorti" dès le XVIIIe siècle, sans doute pour un amateur, laisse planer le mystère sur les causes qui ont précédé à cette "manipulation" ?! Nous ne comprenons pas pourquoi avoir modifié trois volumes plutôt qu'un seul ?? Quoi qu'il en soit l'ensemble est très décoratif, tout à fait cohérent et parfaitement conservé, ce qui en fait une pièce bibliophilique rare.

Référence : Cohen col. 722 (édition 1912).


SUPERBE EXEMPLAIRE DES ŒUVRES DE MONCRIF EN MAROQUIN DE L'ÉPOQUE. TRÈS RARE DANS CETTE CONDITION.

VENDU

jeudi 13 janvier 2011

La vie des termites de Maurice Maeterlinck illustrée par G. Gorvel (1927). Magnifique reliure en maroquin de Septier. Un des rares ex. sur Japon.



Maurice MAETERLINCK

LA VIE DES TERMITES ornée de gravures sur cuivre de Georges Gorvel.

Jean Variot bibliophile, Edition princeps illustrée, Versailles, s.d. (1927).

1 volume grand in-8 (25,5 x 20 cm) de (4)-141 pages.

Reliure plein maroquin chocolat, dos à quatre nerfs sautés, auteur, titre et millésime dorés, doublures et gardes de papier marbré, large encadrement intérieur de maroquin décoré de points dorés ovales répétés de manière linéaire imitant le trajet des termites de manière allusive, roulette dorée aux extrémités des coupes, tranches dorées sur témoins, couvertures du brochage conservées à l'état de neuf, étui bordé en parfait état (reliure de l'époque signée SEPTIER). Exemplaire parfaitement conservé.


PREMIÈRE ÉDITION ILLUSTRÉE.

ÉDITION DE BIBLIOPHILE IMPRIMÉE A TRÈS PETIT NOMBRE (159 ex. au total).


CELUI-CI UN 15 DES RARISSIMES EXEMPLAIRES DE TÊTE SUR PAPIER TEINTE A LA FORME DU JAPON (n°7), AVEC UNE SUITE DES 12 GRAVURES SUR CUIVRE SUR VÉLIN BLANC D'ARCHES. Le portrait de l'auteur est en 3 états (Japon, Chine et vélin blanc d'Arches).


L'édition originale de la Vie des termites a paru chez Fasquelle en 1926 au format in-12, sans illustrations. Cet essai de Maeterlinck poursuit son étude philosophique des insectes commencées avec la Vie des abeilles parue en 1901 et continuée avec la Vie des fourmis parue en 1930. L'illustration originale que donne ici Georges Gorvel "graveur modeste et d'un si beau talent" (Le Bibliophile, vol. 1, p. 187) montre ici des visions hallucinées et totalement imprégnées de l'Art Déco ambiant.

Provenance : Ex libris H. Grandjean.

ON JOINT : une carte lettre autographe signée de M. Maeterlinck à A. P. Garnier, éditeur, à propos du retour d'un manuscrit de l'auteur (26 mars 1919).


SUPERBE EXEMPLAIRE PARFAITEMENT ÉTABLI PAR SEPTIER DE CE LIVRE RARE ILLUSTRÉ.

VENDU

Colomba par Prosper Mérimée. Superbe exemplaire d'une très jolie édition illustrée par Daniel Vierge (1904). Magnifique reliure signée Conil-Septier.



Prosper MÉRIMÉE

COLOMBA. Soixante-trois compositions originales de Daniel Vierge, gravées sur bois par Noël et Paillard, préface de Maurice Tourneux.

Paris, Librairie L. Conquet, L. Carteret et Cie, successeurs, 1904.

1 volume grand in-8 (27,5 x 19,5 cm) de (4)-VIII-298-(1) pages et 4 pages pour le prospectus relié à la fin. Illustrations hors texte et dans le texte.

Reliure plein maroquin chocolat, dos à quatre nerfs sautés prolongés à froid sur les plats, auteur, titre et millésime dorés au dos, filet à froid sur les coupes, doublure de soir moirée jaune dans un encadrement de maroquin mosaïqué de bandes de maroquin rouge cerclées d'or avec petites fleurettes dans les angles, première garde de soie moirée jaune, deuxièmes gardes de papier marbré, couverture illustrée imprimée en couleurs conservée en parfait état (deux plats et le dos), tranches dorées sur témoins (reliure signée CONIL-SEPTIER). Parfait état de l'ensemble.


UN DES 100 EXEMPLAIRES DE TÊTE SUR PAPIER DU JAPON AVEC LA SUITE DES GRAVURES SUR BOIS A PART HORS TEXTE INTERCALÉE (présente uniquement dans les 50 premiers exemplaires). Le tirage total est restreint à 300 exemplaires (200 ex. sur vélin du Marais, sans la suite).


Les exemplaires sur Japon avec suite (50 ex.) étaient vendus 300 francs or en 1904. Les 50 ex. sur Japon sans suite étaient vendus 225 francs or tandis que les 200 ex. sur vélin du Marais étaient vendus 150 francs or. Notre exemplaire bien que portant le n°93, contient la suite des bois en tirage à part. L'impression est magnifique sur Japon ancien à la forme.

Colomba a paru pour la première fois en 1840. Considérée, avec Carmen comme le chef-d’œuvre de l’auteur, cette nouvelle écrite à l’âge de trente-six ans par Mérimée à l’issue d’un voyage de deux mois en Corse effectué dans le cours de l’année 1840 le mit, d’une façon définitive, au premier rang parmi les favoris du public et lui ouvrit les portes de l’Académie française. Colomba a pour thème la vendetta, guerre privée de vengeance entre familles qui se « faisaient elles-mêmes justice », et dans le cadre de laquelle la famille dont un membre avait été offensé se devait d’exercer sa vengeance contre la famille de l’offenseur. Colomba della Rebbia a vu périr son père assassiné par son ennemi, l’avocat Barricini. L’assassin a su dérober son crime aux yeux de la justice, mais Colomba n’a pas mis l’espoir de sa vengeance dans la loi.

"Colomba, depuis son apparition en 1840, a été maintes et maintes fois réimprimée, mais en éditions vulgaires ; et c'est la première fois qu'elle apparaît à la vitrine des libraires, solidement illustrée et sous forme de livre de grand luxe. Aussi bien devons-nous savoir gré à M. Carteret d'avoir fait entrer ce chef-d'œuvre de Mérimée dans sa collection, déjà considérable, et qui en compte tant d'autres de Nodier, de Balzac, de Gautier et de Musset. Le sympathique éditeur de la rue Drouot n'a pas eu recours, pour établir son livre, à toutes les recherches de modernité que Ion s'efforce de mettre à la mode aujourd'hui; il l'a fait simple et, par cela même, il l'a fait beau. Un excellent texte, excellemment illustré, imprimé sur papier de choix avec des caractères élégants, très correctement mis en pages, que peut-on donc exiger de plus ? Et quand, par dessus le marché, le livre est présenté par un préfacier tel que Maurice Tourneux, on peut dire qu'il réunit absolument toutes les qualité désirables." (Georges Vicaire, extrait du Bulletin du Bibliophile pour l'année 1904, pp. 560-561)


Référence : Carteret, Trésor du Bibliophile : "Belle publication cotée. Une des meilleurs illustrations de l'artiste. Vierge a parfaitement rendu les paysages et les costumes corses ainsi que le côté dramatique de l'œuvre de Mérimée."

Provenance : Exemplaire de la bibliothèque de Tarek Wahby avec son ex libris gravé (héliogravure en bistre). Ce volume a été vendu par la librairie James Cattan, fournisseurs de la cour, au Caire (Égypte), avec étiquette.


MAGNIFIQUE EXEMPLAIRE PARFAITEMENT ÉTABLI PAR CONIL-SEPTIER DANS LES PREMIÈRES ANNÉES DU XXe SIÈCLE, DE CE JOLI LIVRE ILLUSTRÉ.

VENDU

mercredi 12 janvier 2011

Le Carmen de P. Mérimée illustré de plus de 160 compositions originales et inédites d'Henriot (1884). Exemplaire unique. Rareté bibliophilique.



Prosper MÉRIMÉE - HENRIOT, illustrateur (aquarelles originales inédites).

CARMEN.

Paris, Calmann-Lévy éditeur, 1884. (Paris, imprimerie de la société anonyme de publication périodique P. Mouillot).

1 volume in-8 carré (18 x 16,5 cm environ) de (4)-147 pages.

Reliure plein maroquin janséniste bleu nuit, doublures de maroquin lavallière mosaïqué de maroquin bleu et rouge, richement dorées aux petits fers rocaille, roulettes diverses, gardes de moire bleue, tête dorée, non rogné pour les autres tranches. Filets à froid dans les caissons au dos, chiffre et millésime dorés en queue du dos, et chiffre repris en dorure dans la doublure des plats. Filet à froid en encadrement des plats, double-filet doré sur les coupes (reliure de l'époque signée R. PETIT et J. LECOMTE). Les couvertures imprimées du brochage n'ont pas été conservées. Très bel exemplaire, très frais, dos légèrement passé.


UN DES 50 EXEMPLAIRES SUR PAPIER DU JAPON (n°2), BIEN COMPLET DE LA SUITE DES 8 EAUX-FORTES D'APRÈS ARCOS ET GRAVÉES PAR NARGEOT SUR PAPIER DU JAPON ÉGALEMENT (EAUX-FORTES PURES AVANT LA LETTRE). Les épreuves de cette suite étaient normalement réservées au tirage à 225 exemplaires sur vélin à la cuve des papeteries du Marais.


EXEMPLAIRE UNIQUE ENRICHI DE PLUS DE 160 COMPOSITIONS ORIGINALES ET INÉDITES PAR HENRIOT (PIF), DONT 142 COMPOSITIONS EN COULEURS, LES AUTRES A LA PLUME EN NOIR. DE NOMBREUSES COMPOSITIONS OCCUPENT TOUTE LA PLACE DES MARGES ET SONT AINSI DE VÉRITABLES PETITS TABLEAUX VIVANTS.


Henriot* a entièrement couvert les marges de cet exemplaire de plus de 160 compositions originales en couleurs et au trait en noir, illustrant le thème du Carmen de Prosper Mérimée, suivant fidèlement les scènes du texte pour la plupart. Ensemble unique à rapprocher de l'exemplaire de la bibliothèque municipale de Rouen d'un manuscrit autographe illustré de 296 aquarelles originales d'Henriot (sur Guy de Maupassant, Boule de suif, 1926 - acquisition 2004). Ici, le travail de l'artiste est daté de 1886, il était âgé de 29 ans seulement. Il semble qu'Henriot ait illustré de la sorte bon nombre de livres de bibliophilie à la fin du XIXe siècle en faisant ainsi de véritables livres d'artiste.


Le bibliophile dont on retrouve le chiffre sur la reliure de ce volume n'a pu être identifié à ce jour.

La reliure doublée et richement ornée, les nombreuses compositions originales en couleurs, font de ce volume un véritable bijou bibliophilique.


MAGNIFIQUE EXEMPLAIRE DE CE LIVRE MAGISTRALEMENT ILLUSTRÉ PAR HENRIOT.

PIÈCE UNIQUE. RARETÉ BIBLIOPHILIQUE.

VENDU

(*) Henri Maigrot, dit Henriot, est né à Toulouse en 1857. Il fait des études de droit qu'il abandonne enfin pour se vouer entièrement à son talent d'artiste caricaturiste. Il livre de nombreux dessins humoristiques pour la presse de l'époque. Il entre au Charivari sur les instances de Pierre Véron. Il devient en 1890 directeur du Charivari et collabora ensuite à l'illustration. Il meurt en 1933 à Nesles-la-vallée (val d'Oise). Son œuvre est riche et variée. " (...) Sa production en matière politique, très modérée, s'efforce à n'être jamais méchante ; il tâche do trouver chaque semaine un mot aussi juste que possible sur les événements qui passent, et tout ce mélange habile de croquis divers découle sans efforts d'une imagination experte, facile, étonnamment souple. C'est surtout un « actualiste » très simple, fuyant la réclame, vivant chez lui fort tranquillement, entouré de livres et de gravures qu'il adore. Cet homme qui voit tout, qui lève tous les voiles, dont la course vers les choses du jour, du moment, est époumonnante, rentre bourgeoisement dans les joies paisibles du foyer, son labeur quotidien accompli, une fois que son cerveau s'est vidé en une série de légendes illustrées de la chose d'attrait momentané, lue dans le journal ; il se repose alors au soin des livres chers, des gravures précieuses, au milieu de tout ce qui reste enfin..." (Emile Bayard, La caricature et les caricaturistes, Paris, Delagrave, s.d.). La bibliothèque municipale de Rouen possède un manuscrit autographe illustré de 296 aquarelles originales d'Henriot (sur Guy de Maupassant, Boule de suif, 1926 - acquisition 2004).

Liens vers d'autres livres

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