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lundi 25 octobre 2021
Suzon en vacances (1935). Premier tirage des 46 pointes sèches de l'artiste graveur Léon Courbouleix. Un des plus beaux curiosa des années 1930. Rare. Superbe exemplaire tel que paru.
vendredi 22 octobre 2021
Crébillon fils. Le Riche de La Popelinière. Tableaux des mœurs du temps dans les différents âges de la vie, suivis de l'Histoire de Zaïrette (1920). Un des 5 rarissimes exemplaires sur Hollande avec suite sur Japon. Bel exemplaire finement relié à l'époque.
CRÉBILLON fils - LA POPELINIÈRE (LE RICHE de). Sylvain SAUVAGE (illustrateur).
Tableaux des mœurs du temps dans les différents âges de la vie, suivis de l'Histoire de Zaïrette, par Le Riche de la Popelinière.
Imprimé aux dépens d'un amateur, 1920
1 volume in-4 (25,5 x 19,5 cm) de 229 pages. 20 eaux-fortes hors-texte (ici sur 2 papiers différents soit 20 eaux-fortes au total). Bandeaux érotiques gravés sur bois en tête des chapitres.
Reliure de l'époque demi-maroquin bleu nuit à larges coins, dos lisse orné aux petits fers dorés rocailles façon XVIIIe siècle tête dorée, non rogné, filets dorés sur les plats. Reliure en excellent état. A noter une petite fente en haut du mors supérieur (sans gravité). Intérieur très frais. Décharges maîtrisées néanmoins bien naturelles en regard des planches. Reliure de qualité curieusement non signée.
Tirage à 155 exemplaires seulement.
Celui-ci, un des rarissimes 5 exemplaires de tête sur Hollande avec une suite sur Japon. L'exemplaire est numéroté au composteur et porte le numéro 5.
40 eaux-fortes libres avec remarques (2 x 20) de Sylvain Sauvage.
Les 150 autres exemplaires sont imprimés sur vélin teinté et sans suite.
La plupart des eaux-fortes sont très libres et celles qui ne le sont pas ont des remarques libres.
Les Tableaux des mœurs du temps dans les différents âges de la vie sont indistinctement attribués à Crébillon fils ou à Le Riche de La Popelinière. "Probablement imprimé vers 1750 ou 1760, " ce chef-d'œuvre charmant dont la grâce lubrique est sans doute unique au monde " (confessait Apollinaire) a une paternité contestée, bien qu'il soit le plus généralement attribué au fermier général La Popelinière plutôt qu'à Crébillon fils. Beaucoup de tribadisme, des maris naïfs, des entremetteuses à domicile, de jeunes et beaux amants, les femmes de ce temps ne s'ennuient pas. On les met bien au couvent quand elles sont jeunes mais c'est une école de sensualité. Elles se "vergettent ", badinent, s'embrassent et font un beau "dévergondage ". On les sort du couvent pour les marier, mais, pendant la nuit de noces, elles luttent et se débattent comme des diablesses contre leur mari. L'ouvrage amuse par le langage à la fois précieux et fort gaillard de ces demoiselles de couvent devenues comtesses. On sent que l'auteur s'est diverti en l'écrivant. Il a surtout le mérite de ne pas s'être pris au sérieux." X. G., Dictionnaire des œuvres érotiques. Apollinaire en avait donné une édition dans la Bibliothèques des Curieux en 1911, avec une introduction et une notice bibliographique. L'Histoire de Zaïrette qui fait suite au tableau des mœurs du temps est donnée à La Popelinière également. Apollinaire penche pour deux œuvres de Crébillons fils, où il dit y retrouver le style du Pétrone français.
"Les Tableaux des mœurs du temps sont une fidèle image de la société et de la vie privée des Français au moment où ils furent conçus et écrits, c'est-à-dire entre la Régence et l'influence de Mme de Pompadour." (Guillaume Apollinaire)
Référence : Dutel, Bibliographie des ouvrages érotiques publiés clandestinement en français entre 1920 et 1970, n°2481 ; Pia, Les livres de l'Enfer, 1391.
Bel exemplaire finement relié du plus rare tirage pour ce très beau curiosa bibliophilique magistralement imagé par Sylvain Sauvage.
VENDU
mardi 19 octobre 2021
Rétif de la Bretonne [Restif de la Bretone] L'Anti-Justine ou les Délices de l'amour (1923). Edition imprimée à 140 exemplaires (Paris, Maurice Duflou) donnée par Louis Perceau (Pierre Dufay). Très bon exemplaire.
RESTIF DE LA BRETONNE [Nicolas-Edme Rétif de la Bretone]
L'ANTI-JUSTINE ou les Délices de l'Amour, par M. Linguet [Rétif de la Bretonne].
A Paris, au Clos Bruneau, à l'enseigne de la Gargouille. S. d. [Paris, Maurice Duflou, 1923]
1 volume in-12 (18,5 x 12 cm), broché de 278 pages. 6 gravures libres hors-texte tirées en noir. Couverture et titre imprimés en rouge et noir. Très bon état. Quelques ombres à la couverture. Complet.
Nouvelle édition.
Tirage limité à 140 exemplaires seulement sur pur fil des manufactures de Voiron.
Les exemplaires sont numérotés à la presse. Notre exemplaire porte le numéro 63.
Le volume s'ouvre sur un texte intitulé "Du marquis de Sade à Restif de la Bretonne" par Silvestre Bonnard (en réalité Pierre Dufay). Vient ensuite l'introduction et la préface donnée par Rétif de la Bretonne lui-même.
Cette édition reprend les figures de l'édition Poulet-Malassis et est probablement à l'initiative de Louis Perceau. Les gravures sont tirées papier vélin fort blanc.
Le livre se présente comme de la main de Jean-Pierre Linguet, avocat au Parlement, entreprenant de raconter sa vie, son initiation et ses souvenirs. Restif a cherché à être l'anti-Sade, comme il l'annonce dans la préface : « Personne n'a été plus indigné que moi des sales ouvrages de l'infâme Dsds [Sade] ; c’est-à-dire, de Justine, Aline, le Boudoir, la Théorie du Libertinage, que je lis dans ma prison. Ce scélérat ne présente les délices de l’amour, pour les hommes, qu’accompagnées de tourments, de la mort même, pour les femmes. Mon but est de faire un livre plus savoureux que les siens, et que les épouses pourront faire lire à leurs maris, pour en être mieux servies ; un livre où les sens parleront au cœur ; où le libertinage n’ait rien de cruel pour le sexe des Grâces, et lui rende plutôt la vie, que de lui causer la mort ; où l’amour ramené à la nature, exempt de scrupules et de préjugés, ne présente que des images riantes et voluptueuses. [...] Moi, Jean-Pierre Linguet, maintenant détenu à la Conciergerie, déclare que je n’ai composé cet ouvrage, tout savoureux qu’il est, que dans des vues utiles ; l’inceste, par exemple, ne s’y trouve que pour équivaloir, au goût corrompu des libertins, les affreuses cruautés, par lesquelles de Sade les stimule. »
Le roman s'articule sur de nombreuses relations incestueuses. L'auteur a voulu faire de son ouvrage un « Erotikon », propre à rallumer les passions éteintes, sans verser dans la cruauté du marquis de Sade : « Pour remplacer la Justine et faire préférer L’Anti-Justine, il faut que celle-ci surpasse l'autre en volupté autant qu'elle lui cède en cruauté… »
L’Anti-Justine, tel qu'il a été édité, est inachevé, mais le manuscrit original devait avoir une longueur double ou triple de ce que nous connaissons aujourd'hui. En effet, Restif commença l'impression du roman en mars-avril 1798, mais fut nommé sous-chef de bureau dans les services de la police vers mai de cette année, ce qui l'incita très certainement à la prudence. Il semble ainsi que seuls quatre exemplaires (conservés à la Bibliothèque nationale de France, le plus complet s'achevant en milieu de phrase, au début d'une seconde partie alors que sept ou huit sont annoncées) aient jamais été imprimés, rien n'indique qu'il y en eut d'autres. L'œuvre, tombée dans l'oubli, ne refit véritablement surface que dans les années 1860. Le livre se présente comme de la main de Jean-Pierre Linguet, avocat au Parlement, entreprenant de raconter sa vie, son initiation et ses souvenirs.
Restif a cherché à être l'anti-Sade, comme il l'annonce dans la préface : « Personne n'a été plus indigné que moi des sales ouvrages de l'infâme Dsds [Sade] ; c’est-à-dire, de Justine, Aline, le Boudoir, la Théorie du Libertinage, que je lis dans ma prison. Ce scélérat ne présente les délices de l’amour, pour les hommes, qu’accompagnées de tourments, de la mort même, pour les femmes. Mon but est de faire un livre plus savoureux que les siens, et que les épouses pourront faire lire à leurs maris, pour en être mieux servies ; un livre où les sens parleront au cœur ; où le libertinage n’ait rien de cruel pour le sexe des Grâces, et lui rende plutôt la vie, que de lui causer la mort ; où l’amour ramené à la nature, exempt de scrupules et de préjugés, ne présente que des images riantes et voluptueuses. [...] Moi, Jean-Pierre Linguet, maintenant détenu à la Conciergerie, déclare que je n’ai composé cet ouvrage, tout savoureux qu’il est, que dans des vues utiles ; l’inceste, par exemple, ne s’y trouve que pour équivaloir, au goût corrompu des libertins, les affreuses cruautés, par lesquelles de Sade les stimule. » Le roman s'articule sur de nombreuses relations incestueuses.
Si Restif abhorrait Sade, Sade détestait de même Restif ; ainsi, le marquis écrit à sa femme, en 1783, alors qu'il est incarcéré à Vincennes : « Surtout n'achetez rien de ce Restif, au nom de Dieu ! C'est un auteur de Pont-Neuf et de Bibliothèque bleue, dont il est inouï que vous ayez imaginé de m'envoyer quelque chose. »
Références : Dutel, Bibliographie des ouvrages érotiques publiés clandestinement en français entre 1920 et 1970, n°1023 ; Pia, Les Livres de l'Enfer, 70. Perceau, A67.
Jolie édition du texte le plus dérangeant de Rétif de la Bretonne.
Très bon exemplaire.
Prix : 350 euros