RESTIF DE LA BRETONNE [Nicolas-Edme Rétif de la Bretone]
L'ANTI-JUSTINE ou les Délices de l'Amour, par M. Linguet [Rétif de la Bretonne].
A Paris, au Clos Bruneau, à l'enseigne de la Gargouille. S. d. [Paris, Maurice Duflou, 1923]
1 volume in-12 (18,5 x 12 cm), broché de 278 pages. 6 gravures libres hors-texte tirées en noir. Couverture et titre imprimés en rouge et noir. Très bon état. Quelques ombres à la couverture. Complet.
Nouvelle édition.
Tirage limité à 140 exemplaires seulement sur pur fil des manufactures de Voiron.
Les exemplaires sont numérotés à la presse. Notre exemplaire porte le numéro 63.
Le volume s'ouvre sur un texte intitulé "Du marquis de Sade à Restif de la Bretonne" par Silvestre Bonnard (en réalité Pierre Dufay). Vient ensuite l'introduction et la préface donnée par Rétif de la Bretonne lui-même.
Cette édition reprend les figures de l'édition Poulet-Malassis et est probablement à l'initiative de Louis Perceau. Les gravures sont tirées papier vélin fort blanc.
Le livre se présente comme de la main de Jean-Pierre Linguet, avocat au Parlement, entreprenant de raconter sa vie, son initiation et ses souvenirs. Restif a cherché à être l'anti-Sade, comme il l'annonce dans la préface : « Personne n'a été plus indigné que moi des sales ouvrages de l'infâme Dsds [Sade] ; c’est-à-dire, de Justine, Aline, le Boudoir, la Théorie du Libertinage, que je lis dans ma prison. Ce scélérat ne présente les délices de l’amour, pour les hommes, qu’accompagnées de tourments, de la mort même, pour les femmes. Mon but est de faire un livre plus savoureux que les siens, et que les épouses pourront faire lire à leurs maris, pour en être mieux servies ; un livre où les sens parleront au cœur ; où le libertinage n’ait rien de cruel pour le sexe des Grâces, et lui rende plutôt la vie, que de lui causer la mort ; où l’amour ramené à la nature, exempt de scrupules et de préjugés, ne présente que des images riantes et voluptueuses. [...] Moi, Jean-Pierre Linguet, maintenant détenu à la Conciergerie, déclare que je n’ai composé cet ouvrage, tout savoureux qu’il est, que dans des vues utiles ; l’inceste, par exemple, ne s’y trouve que pour équivaloir, au goût corrompu des libertins, les affreuses cruautés, par lesquelles de Sade les stimule. »
Le roman s'articule sur de nombreuses relations incestueuses. L'auteur a voulu faire de son ouvrage un « Erotikon », propre à rallumer les passions éteintes, sans verser dans la cruauté du marquis de Sade : « Pour remplacer la Justine et faire préférer L’Anti-Justine, il faut que celle-ci surpasse l'autre en volupté autant qu'elle lui cède en cruauté… »
L’Anti-Justine, tel qu'il a été édité, est inachevé, mais le manuscrit original devait avoir une longueur double ou triple de ce que nous connaissons aujourd'hui. En effet, Restif commença l'impression du roman en mars-avril 1798, mais fut nommé sous-chef de bureau dans les services de la police vers mai de cette année, ce qui l'incita très certainement à la prudence. Il semble ainsi que seuls quatre exemplaires (conservés à la Bibliothèque nationale de France, le plus complet s'achevant en milieu de phrase, au début d'une seconde partie alors que sept ou huit sont annoncées) aient jamais été imprimés, rien n'indique qu'il y en eut d'autres. L'œuvre, tombée dans l'oubli, ne refit véritablement surface que dans les années 1860. Le livre se présente comme de la main de Jean-Pierre Linguet, avocat au Parlement, entreprenant de raconter sa vie, son initiation et ses souvenirs.
Restif a cherché à être l'anti-Sade, comme il l'annonce dans la préface : « Personne n'a été plus indigné que moi des sales ouvrages de l'infâme Dsds [Sade] ; c’est-à-dire, de Justine, Aline, le Boudoir, la Théorie du Libertinage, que je lis dans ma prison. Ce scélérat ne présente les délices de l’amour, pour les hommes, qu’accompagnées de tourments, de la mort même, pour les femmes. Mon but est de faire un livre plus savoureux que les siens, et que les épouses pourront faire lire à leurs maris, pour en être mieux servies ; un livre où les sens parleront au cœur ; où le libertinage n’ait rien de cruel pour le sexe des Grâces, et lui rende plutôt la vie, que de lui causer la mort ; où l’amour ramené à la nature, exempt de scrupules et de préjugés, ne présente que des images riantes et voluptueuses. [...] Moi, Jean-Pierre Linguet, maintenant détenu à la Conciergerie, déclare que je n’ai composé cet ouvrage, tout savoureux qu’il est, que dans des vues utiles ; l’inceste, par exemple, ne s’y trouve que pour équivaloir, au goût corrompu des libertins, les affreuses cruautés, par lesquelles de Sade les stimule. » Le roman s'articule sur de nombreuses relations incestueuses.
Si Restif abhorrait Sade, Sade détestait de même Restif ; ainsi, le marquis écrit à sa femme, en 1783, alors qu'il est incarcéré à Vincennes : « Surtout n'achetez rien de ce Restif, au nom de Dieu ! C'est un auteur de Pont-Neuf et de Bibliothèque bleue, dont il est inouï que vous ayez imaginé de m'envoyer quelque chose. »
Références : Dutel, Bibliographie des ouvrages érotiques publiés clandestinement en français entre 1920 et 1970, n°1023 ; Pia, Les Livres de l'Enfer, 70. Perceau, A67.
Jolie édition du texte le plus dérangeant de Rétif de la Bretonne.
Très bon exemplaire.
Prix : 350 euros