mardi 26 juin 2012

Les Mémoires de Madame de Saldaigne (1745). Une femme détournée du couvent pour un mariage ... Edition originale peu commune. Bel exemplaire en reliure de l'époque.


[VIGNACOURT, Adrien de La Vieuville d'Orville, comte de]

MÉMOIRES DE MADAME DE SALDAIGNE, ÉCRITS PAR ELLE-MÊME, et donnés au Public par M. D. V ***. Première et Seconde partie (complet).

A Londres, s.n., 1745

2 parties reliées en 1 volume in-12 (16,5 x 10 cm) de VIII-204 et (2)-228 pages.

Reliure plein veau brun glacé et marbré, dos à nerfs richement orné aux petits fers dorés, pièce de titre de maroquin rouge, tranches mouchetées de rouge (reliure de l'époque). Très bon état de conservation, infimes frottements à la reliure. Intérieur très frais.


ÉDITION ORIGINALE PEU COMMUNE.

"Quoique les Mémoires que je présente aujourd'hui au public, semblent n'avoir aucun besoin de préface ni d'avertissement, je me crois cependant obligée de me défendre contre mes Lecteurs, qui, sans doute, prendront l'Histoire de ma vie pour une histoire inventée à plaisir. J'avoue que les aventures qui s'y rencontrent sentent un peu le roman ; il parait difficile à croire qu'il soit arrivé à une même personne & en si peu de temps cette foule d'incidents que j'ose impunément exposer au grand jour (...) Il ne faudrait que démasquer Madame de Saldaigne. Plusieurs personnes de distinction qui me reconnaîtront sans doute malgré la précaution d'un nom supposé, attesteraient que mon histoire n'est point imaginée. Le Partisan que je nomme Descou, a été connu de tout Paris ; Madame de Ressin vit encore ; le Marquis de Kénac est actuellement Lieutenant Général des Armées du Roi ; Méricourt sert avec distinction dans les Troupes Vénitiennes, & M. de Saldaigne jouit avec assez d'éclat des faveurs que la cour à bien voulu accorder à son mérite. Pour moi dans la retraite où je me suis volontairement confinée (...) J'ai toujours été aussi vertueuse qu'étourdie." (avertissement)

Par de nombreux aspects, ce roman ressemble à ceux qu'à pu produire le Chevalier de Mouhy. C'est Barbier dans son Dictionnaire des ouvrages anonymes et pseudonyme cet ouvrage à Vignacourt.

Adrien de La Vieuville de Vignacourt était le fils d'Alexandre de La Vieuville, Marquis d'Orvilliers et d'Angélique de Vignacourt, elle même nièce propre d'Adrien de Wignacourt (1618-1697), grand maître de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem de 1690 à 1697, et petite nièce d'Alof de Wignacourt (1547-1622), grand maître de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem en 1601. D'une famille très implantée dans l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, Adrien de La Vieuville de Vignacourt a été reçu Chevalier le 18 juillet 1692 à l'âge de 11 ans. Après avoir fait quelques campagnes sur les galères de la religion, il revint en France, et employa ses loisirs à la culture des lettres. Plusieurs romans écrits d'un style naturel et agréable auraient suffi pour lui mériter à cette époque une réputation assez étendue ; mais le succès de ses ouvrages ne put le décider à s'en avouer l'auteur. Il poussa plus loin l'insouciance à cet égard, que lorsque'on eut répandu le bruit qu'il n'était que le prête-nom du comte de Vaudrey, il ne fit entendre aucune réclamation. Revêtu du titre de commandeur de Malte, et nommé en 1758 Grand Prieur de Champagne, Vignacourt dut renoncer à des amusements qui pouvait paraître trop frivoles pour un homme de son rang ; mais il continua de faire par son esprit, le charme des sociétés qu'il fréquentait. Il mourut le 29 septembre 1774 dans un âge très avancé. On lui doit notamment plusieurs romans pseudo-historiques et pseudo-biographiques : La Comtesse de Vergy, nouvelle histoire galante et tragique, Paris, 1722. Adèle de Ponthieu, nouvelle historique, Paris, 1723. Les amusements de la Campagne ou le Défi spirituel, Paris, 1724. Les aventures du Prince Jakaya, 1732. Et ces Mémoires de Madame de Saldaigne, 1745.

Provenance : amusant ex libris manuscrit d'un prêtre de l'époque sur cet ouvrage léger et profane : "Ex libris Ioannis Bapt. Couché Praebiteri" (Jean-Baptiste Couché, prêtre).

BEL EXEMPLAIRE DE CE ROMAN D'AVENTURES FÉMININES DANS LA PREMIÈRE MOITIÉ DU XVIIIe SIÈCLE.

VENDU

lundi 25 juin 2012

Bibliophilie : Histoire de Manon Lescaut et du Chevalier Des Grieux par l'abbé Prévost, préface de Guy de Maupassant (1885). Superbe exemplaire sur papier de Chine avec suites. Reliure de maroquin signée Victor Champs.


Antoine François PRÉVOST, dit Prévost d’Exiles ou l'Abbé PRÉVOST - MAUPASSANT Guy de (Préface).

HISTOIRE DE MANON LESCAUT ET DU CHEVALIER DES GRIEUX PAR L'ABBE PREVOST. Préface de Guy de Maupassant. Illustrations de Maurice Leloir.

Paris, Librairie Artistique - H. Launette, 1885 [achevé d'imprimer pour H. Launette par G. Chamerot, le 30 juin 1885).

1 volume grand in-4 (33,5 x 24 cm) de XX-(2)-203-(2) pages + (3) pages de faux-titre et titre pour le "tirage à part des vignettes sur bois" (235 feuillets imprimés au recto seulement).

Reliure à la bradel demi-maroquin bleu turquoise à larges coins de maroquin de même, non rogné, les couvertures imprimées n'ont pas été conservées (reliure de l'époque signée V. CHAMPS). Exemplaire à l'état proche du neuf. Intérieur immaculé. Infimes frottements sur les coupes.


PREMIER TIRAGE DE CETTE MAGISTRALE ILLUSTRATION DE MANON LESCAUT PAR MAURICE LELOIR.

ÉDITION ORIGINALE DE LA PRÉFACE DE GUY DE MAUPASSANT.


EXEMPLAIRE EXCEPTIONNELLEMENT ORNE DE 14 EAUX-FORTES HORS-TEXTE AU LIEU DES 12 HABITUELLES, D'APRES LES AQUARELLES DE MAURICE LELOIR ET GRAVÉES ICI PAR L. RUET ET BOULARD FILS.

ÉDITION DE GRAND LUXE, CELUI-CI UN DES RARES EXEMPLAIRES SUR PAPIER DE CHINE DE TRÈS GRAND FORMAT (50 EX. ANNONCÉS SUR CE PAPIER, CELUI-CI NE PORTE PAS DE NUMÉRO - LA SUITE DES BOIS TIRÉE A PART EST SUR PAPIER DE CHINE ÉGALEMENT MAIS N'EST PAS NUMÉROTÉE.


Exemplaire sobrement mais finement établi à l'époque, sur brochure, par Victor Champs. On peut seulement regretté que cet exemplaire proche de la perfection n'ait pas conservé ses jolies couvertures imprimées (la chose pouvant être réparée assez facilement malgré tout).

Superbe édition de bibliophiles illustrée par le maître miniaturiste spécialiste des costumes historiés Maurice Leloir. Le tirage de grand luxe de cette monumentale édition est de : un exemplaire unique composé de tous les dessins originaux de Maurice Leloir - 165 exemplaires numérotés renfermant un tirage à part de toutes les vignettes sur bois dont 40 ex. sur Japon, 75 ex. sur Japon et 50 ex. sur Chine. Chacun de ces tirages renfermant un nombre variable de suites des eaux-fortes.


Notre exemplaire contient curieusement 14 eaux-fortes hors-texte au lieu des 12 annoncées. Les 2 eaux-fortes supplémentaires ont été gravées par Boulard fils (L'auberge et Sur le vaisseau). La plupart sont en 3 états (avant la lettre avec ou sans remarque, eau-forte pure et épreuve définitive), quelques unes ne sont ici qu'en 2 états. Toutes les épreuves des eaux-fortes sont ici sur papier du Japon. 

La préface de Guy de Maupassant qui parait ici pour la première fois est un petit chef d’œuvre trop souvent négligé par les bibliographes. Elle doit tenir bon rang dans l'oeuvre du nouvelliste : 

"Il a été donné à la femme, en effet, de dominer et d'enchanter l'homme rien que par la forme de son corps, le sourire de sa lèvre et la puissance de son regard. Sa domination irrésistible s'échappe d'elle, nous enveloppe et nous asservit sans que nous puissions résister, lutter, lui échapper, quand elle appartient à la race des grandes victorieuses et des grandes séductrices. Quelques-unes de celles-là dominent l'histoire du monde, répandent sur leur siècle un charme poétique et troublant. (...) C'est par ces traits subtils et si profondément humains que l'abbé Prévost a fait de Manon Lescaut une inimitable création. Cette fille diverse, complexe, changeant, sincère, odieuse et adorable, pleine d'inexplicables mouvements de coeur, d'incompréhensibles sentiments, de calculs bizarres et de naïveté criminelle, n'est-elle pas admirablement vraie ? (...) Aucune femme n'a jamais été évoquée comme celle-là, aussi nettement, aussi complètement ; aucune femme n'a jamais été plus femme, n'a jamais contenu une telle quintessence de ce redoutable féminin, si doux et si perfide ! (...)" (Guy de Maupassant, Préface de Manon Lescaut).

A propos de cet ouvrage, Montesquieu écrit en 1734 : "J’ai lu le 6 avril 1734, Manon Lescaut (...) Je ne suis pas étonné que ce roman, dont le héros est un fripon, et l’héroïne, une catin qui est menée à la Salpêtrière, plaise ; parce que toutes les mauvaises actions du héros, le chevalier des Grieux, ont pour motif l’amour, qui est toujours un motif noble, quoique la conduite soit basse."

"Manon Lescaut a laissé une trace durable dans la littérature française. Peu de romans n’ont été aussi loués et aussi critiqués que ce chef-d’œuvre rempli de passion, de douleur et d’amour. Le drame touchant vécu par le « fripon » des Grieux et la « catin » Manon parvient à éviter la réprobation des lecteurs grâce au caractère admirable qui caractérise les passions dans ce court récit si naturel et si vraisemblable qui se déroule avec une rapidité qui tranche avec le reste de l’œuvre de Prévost. L’intrigue de cette histoire remplie de variété et de mouvement sur fond unique de délire et d’amour se développe et s’enchaîne dans un ordre logique et naturel qui donne à chaque nouvel épisode son impression d’authenticité et de vraisemblance. Les deux héros sont présentés avec une netteté lumineuse : séduisants, jeunes et amoureux à outrance, ils se précipitent tête baissée dans leur passion sans jamais paraître rien perdre de leur grâce, de leur beauté et de leur esprit. Leur jeunesse et leur innocence ne semblent jamais atteintes par la fange de l’échelle sociale au bas de laquelle se passe une bonne partie de leur histoire. Passant tour à tour, et du jour au lendemain, de la misère à la fortune, du boudoir à la prison, de Paris à la déportation, de l’exil à la mort, des Grieux et Manon n’ont qu’une excuse : l’amour, ce sentiment qui fait oublier que tous deux mentent et volent, que le premier triche et tue ou que la seconde se prostitue. C’est également la conscience de ce sentiment qui permet au lecteur de prendre en pitié la faiblesse et les inconséquences de des Grieux, ce héros tout à la fois si humain et si démuni face à la tentation amoureuse. L’amour, dans Manon Lescaut, est une passion qui se révèle brusquement et qu’il serait vain de chercher à surmonter. De même, dans cette narration où le fourmillement d’incidents romanesques révèle un souci de la réalité dans ses plus petits détails, le réalisme ne dispute pourtant jamais à l’idéalisme. En dépit de leur caractère éminemment romanesque, les événements de Manon Lescaut ne paraissent jamais enfreindre la vraisemblance comme, par exemple, lorsque des Grieux saisit avec quelle facilité les résolutions les plus fermes s’évanouissent devant le regard d’une femme. La structure psychologique des héros obéit à cette règle : des Grieux réunit en lui une incroyable naïveté et un cynisme grossier tandis que Manon est un esprit pratique doué de bon sens et d’une extraordinaire insouciance. Le commerce de sa personne qu’elle fera, dès que l’argent viendra à manquer au couple, est une fatalité que rien ne peut infléchir car son bien être matériel est une nécessité qui ne saurait souffrir d’entraves. Mais Manon revient toujours à des Grieux, comme il revient à elle, après ses intervalles de retour à ses études et à la théologie. Le chef-d’œuvre littéraire de Manon Lescaut finit par naître de la somme des imperfections de des Grieux et de Manon lorsque la vérité de la passion de leurs caractères devient la personnification littéraire de l’amour, fatal et misérable pour l’un, inconstant et frivole pour l’autre mais d’un amour qui finit par trouver, sous le coup du malheur, sa rédemption dans un sentiment sincère et profond inévitablement voué à trouver son dénouement dans la mort." (in Article Manon Lescaut, Wikipedia, section Analyse).


SUPERBE EXEMPLAIRE, DANS UNE CONDITION RARE ET TOUT A FAIT DÉSIRABLE.

VENDU

samedi 23 juin 2012

Les Métiers de Paris par Henri Boutet (1910). 35 eaux-fortes originales. Tirage à 110 exemplaires seulement. Superbe et rare ouvrage.


BOUTET Henri

MÉTIERS DE PARIS.

Paris, chez l'auteur, 1910 (achevé d'imprimer le 1er novembre 1910)

1 volume in-4 (27,5 x 20 cm), broché, couverture rempliée illustrée en couleurs, de 134-(3) pages, avec 35 eaux-fortes dont 33 hors-texte (la plupart en couleurs ou dans différents tons), 1 sur la page de titre et une en première de couverture. Exemplaire à l'état de parution, proche du neuf.


ÉDITION ORIGINALE ET PREMIER TIRAGE DE CE LIVRE D'ARTISTE TRÈS RARE IMPRIMÉ A 110 EXEMPLAIRES SEULEMENT (dont 10 ex. hors commerce).

CELUI-CI PORTE LE N°76 ET EST SIGNÉ ET NUMÉROTÉ PAR L'ARTISTE.


"Ces propos pris au hasard dans la grande mascarade parisienne, n'ont pas la prétention d'être des études châtiées sur les personnages qu'ils représentent. Ce sont des croquis faits comme les croquis de peintres doivent être faits, cherchant la vérité du geste dans l'accentuation voulue du trait, demandant à une notation rapide le côté caractéristique des sujets, négligeant la forme pour aller plus vite au-devant des lignes essentielles qui doivent mettre en saillie les silhouettes. Les croquis ne se cherchent pas, ils se trouvent (...)" (Avant propos)


On y trouve : le frotteur - trottins - garçons de café - femmes de chambre - monsieur Emile - confectionneuses - le garçon d'hôtel - chanteuse de Beuglant - le marchand d'olives - demoiselles de magasin - cocher de fiacre - bonnes à tout faire - un banquier - les nounous - colleur d'affiches - les petites bonnes - le commissionnaire - la blanchisseuse - le cocher d'omnibus - les infirmières - le chiffonnier - le balayeur - la garde malade - le crieur de journaux - la danseuse - le mitron - le marchand de tonneaux - le facteur - les filles (prostituées) - le sergent de ville - le gérant de cercle et enfin l'agent de funérailles.


Henri Boutet, toujours très à l'aise pour croquer le joli minois des petites femmes de Paris, s'en donne à coeur joie avec les filles du Palais Royal et du tout Paris mondain, les bonnes et autres blanchisseuses du Paris du petit Peuple.

SUPERBE OUVRAGE.

VENDU

jeudi 21 juin 2012

L'odyssée d'un petit pantalon ou récits pornographiques des années 1950. Bel exemplaire de cette impression clandestine.


Eugène d'YDEVILLE

L’ODYSSÉE D'UN PETIT PANTALON.

Editions "Les Indes Galantes" 1936 (vers 1950-1960).

1 volume in-8 (19 x 14,5 cm), 178 pages, broché, couverture cartonnée souple rose imprimée au dos et sur le premier plat en gris, non rogné. Beau papier blanc. Infimes traces d'usage.


ÉDITION ORIGINALE.

Dutel, Bibliographie des ouvrages érotiques publiés clandestinement en français entre 1920 et 1970, n°2083 : "Edition publiée au milieu des années 1950 par la librairie Duponchelle. Ouvrage condamné pour la première fois le 18 novembre 1961."

Texte à caractère pornographique en XVI chapitres : jour de noce - amie de couvent - on me donne à Bite - un lit pour six fesses, etc.

BEL EXEMPLAIRE, TEL QUE PARU.

Prix : 50 euros


Les Secrets d'Hotels de Monsieur Pierre (1968). Considérations et brèves d'un valet de chambre dans les palaces et les tôles à filles de la capitale.


SECRETS D'HOTELS par Monsieur Pierre.

Librairie du Petit-Pont, Paris, s.d. (1968).

1 volume in-8 (19,5 x 14 cm), broché, couverture cartonnée souple illustrée. Excellent état, proche du neuf. Beau papier blanc. Quelques vignettes hors-texte et dans le texte, au trait, imprimées en noir.


BEL EXEMPLAIRE.

Prix : 50 euros

mardi 19 juin 2012

Les 120 journées de Sodome par le marquis de Sade (1948). Edition Jean-Jacques Pauvert tirée à 750 exemplaires seulement pour ce sommet de la perversion et de la cruauté sadienne.


SADE, Donation Alphonse François, marquis de SADE

LES 120 JOURNEES DE SODOME [ou l'école du libertinage].

Bruxelles, MCMXLVIII [1948].

4 volume in-12 (16,5 x 12,5 cm) de 105-(4), 162-(4), 224-(6) et 124-(6) pages, brochés, couverture en papier crème imprimée en bleu foncé. Très bon état. Quelques ombres aux couvertures.


TIRAGE A 750 EXEMPLAIRES.

Edition publiée en 1948 par Jean-Jacques Pauvert. Il s'agit d'une réimpression avec réédition complète du tome I. A la fin du volume I et II : Achevé d'imprimer en janvier 1948, Bruxelles. A la fin des volumes III et IV : Achevé d'imprimer en avril 1948, Bruxelles. (Dutel, Bibliographie des ouvrages érotiques publiés clandestinement en français entre 1920 et 1970, n°1174).

Écrit à la Bastille à la fin de 1785, Sade croyait l'avoir irrémédiablement perdu (il ne le reverra en effet jamais) lors de l'incendie de la forteresse, le 14 juillet 1789, et le pleura « en larmes de sang ». Il fut en fait récupéré durant le sac par un certain Arnoux Saint-Maximim, puis offert au marquis de Villeneuve-Trans. Vendu par ses descendants en 1900 à un amateur allemand, il est édité pour la première fois en 1904 par le psychiatre allemand Iwan Bloch sous le pseudonyme d'Eugen Dürhen. Racheté en 1929 par Maurice Heine pour le compte du vicomte de Noailles, édité enfin avec un soin particulier, il est à présent chez un collectionneur privé genevois. Le rouleau est constitué de petites feuilles de 12 cm de large collées bout à bout qui forment ainsi une bande unique de 12,10 m sur laquelle, d'une écriture microscopique, le prisonnier a rédigé la totalité de son roman.

Georges Bataille a écrit, dans La Littérature et le Mal (1957) : Personne à moins de rester sourd n'achève les Cent Vingt Journées que malade: le plus malade est bien celui que cette lecture énerve sensuellement.

Les 120 Journées de Sodome sont en fait un catalogue de 600 perversions les plus représentatives des théories du marquis de Sade qu’il développera dans Justine ou les Malheurs de la Vertu : il hait la vertu, le vice seul, selon lui peut faire éprouver à l’homme "cette vibration morale et physique, source des plus délicates voluptés." Sade, dans son introduction, nous avertit: "C’est maintenant, ami lecteur, qu’il faut disposer ton cœur et ton esprit au récit le plus impur qui ait jamais été fait depuis que le monde existe, le pareil livre ne se rencontrant, ni chez les anciens, ni chez les modernes.[...] Sans doute beaucoup de tous les écarts que tu vas voir t’échaufferont au point de te coûter du foutre, et voilà tout ce qu’il nous faut, si nous n’avions pas tout dit, tout analysé, comment toi à le prendre et à laisser tout le reste, un autre en fera autant", mais laissons Gilbert Lely situer le cadre et les acteurs de ce texte unique: "Vers la fin du règne de Louis le Grand, quatre psychopathes âgés de quarante-cinq à soixante ans et dont la fortune immense est le produit du meurtre et de la concussion, le duc de Blangis, l’évêque son frère, le président de Curval et le financier Durcet, s’enferment pour une orgie sans nom dans un château perdu de la Forêt-Noire, avec quarante-deux objets de luxure soumis à leur pouvoir absolu: les épouses, très jeunes et merveilleusement belles: Constance, fille de Durcet et femme de Blangis (marié pour la quatrième fois et qui a tué ses autres épouses); Adélaïde, fille de Curval et femme de Durcet; Julie, fille de Blangis, née de son premier lit, et femme de Curval; Aline, fille adultérine de l' évêque et de la deuxième épouse de Blangis; un sérail de huit jeunes garçons et de huit jeunes filles ravis à leurs parents et "dont les attraits sont au-dessus de toute expressions" huit "fouteurs" sodomistes, choisis pour leur dimension monstrueuse; quatre duègnes sexagénaires, estropiées et rongées de chancres, et réservoirs de tous les crimes; six cuisinières et servantes; enfin quatre proxénètes "historiennes" blanchies sous le harnois: La Duclos, la Champville, le Martaine, et l’atroce Desgranges. D’un 1er Novembre à un 28 Février, ces dernières se succédant de mois en mois, feront, à raison de cent cinquante chacune, le récit de six cents perversions que les maîtres du château, au comble de l’éréthisme, mettront souvent en pratique à l’instant même. Au cours des multiples orgies, qui se prolongeront vingt jours au-delà du 28 Février dans un crescendo d’horreurs, trente victimes appartenant à toutes les catégories que nous venons d’énumérer, sauf à celle des historiennes, périront dans d’épouvantables tourments. Douze personnes seulement s’en retourneront à Paris avec le duc et ses trois complices"


TRÈS BON EXEMPLAIRE.

VENDU

dimanche 17 juin 2012

Curiosa américain des '70 : The erotic coloring book by Craig Berlin. Planches libres à colorier (vierges). Rare.


[C. BERLIN] illustrated by Craig BERLIN

THE EROTIC COLORING BOOK [LIVRE DE COLORIAGE EROTIQUE]

1975, by Berlin & Associates, Los Angeles, California (USA)

32 x 24 cm, agrafé, couverture imprimée ivoire, 1 page de titre, 19 feuillets imprimés au recto seulement, 1 illustration en troisième de couverture, rond rouge imprimé en quatrième de couverture. Très bon état, feuillets restés vierges de toute tentative de coloriage. Légères traces de rouilles près de l'agrafage en marge intérieure, quelques petites usures et traces en bordure de couverture par ailleurs très bien conservée. Intérieur très frais.


ÉDITION ORIGINALE AMÉRICAINE DE CE CURIEUX LIVRE DE COLORIAGE POUR ADULTE.

EXEMPLAIRE DE DEDICACE "To Suzane much love, Berlin / 75"


Curiosa américain peu commun, ici dans une condition toute à fait désirable.


RARE.

VENDU

vendredi 15 juin 2012

Ronces et Gratte-Culs par Prosper Marius et préfacé par Charles Monselet (1884). Un des 60 ex. de tête sur papier du Japon. Très bel illustré par Willette, Carrier-Belleuse, Gervex, Pille, etc. Tirage rare. Très jolie cartonnage japonisant.


MARIUS Prosper - MONSELET Charles - WILLETTE, GERVEX, PILLE, SOMM, CARRIER-BELLEUSE, RICCARDI, etc, illustrateurs

RONCES ET GRATTE-CULS. Ornés de 25 gravures en taille-douce. Préface de Charles Monselet.

Paris, J. Lemonnyer, 1884

1 volume grand in-4 (28,5 x 23 cm) de XV-177 pages et 25 eaux-fortes dans le texte et hors-texte.

Cartonnage moderne plein papier japonais orné de larges feuillages dans les tons de violine, mauve et lie de vin sur fond bleu turquoise, gardes et doublures de papier vergé mauve, dos muet, tête dorée, autres tranches non rognées, couvertures conservées en parfait état (premier plats illustré en couleurs). Etat neuf.


ÉDITION ORIGINALE.

EDITION DE LUXE TIRÉE A SEULEMENT 600 EXEMPLAIRES, CELUI-CI UN DES 60 EXEMPLAIRES DE TÊTE SUR PAPIER DU JAPON AVEC UNE DEUXIÈME SUITE DE TOUTES LES GRAVURES IMPRIMÉES EN BISTRE.


Qu'on ne s'effarouche pas du titre de ce volume, écrit Charles Monselet en tête de la Préface, l'horticulture a ses moments de facétie ; le Gratte-Cul est le frère du Pissenlit ; au fond, rien autre chose que la vieille plaisanterie grivoise ; et puis, cela nous sort un peu des éternelles roses et des camélias ou camellias fades et prétentieux sur lesquels vit la flore poétique. (...) Avec Monsieur Prosper Marius nous entrons dans le pays des herbes folles, des plantes parasites, de la haie sauvage, du buisson emmêlé, du chiendent méprisé ; nous désertons le jardin pour la petite ruelle et sa blanche poussière.

Ce recueil de poésies badines et buccoliques a deux inspirateurs : Rabelais et Ronsard. Le succès de ce beau volume se mesure au nombre des illustrateurs qui y ont concouru : Willette, Carrier-Belleuse, Frappa, Lanos, Perret, Pille, Riccardi, Rivière, Somm, etc.


TRÈS BEL OUVRAGE D'UNE DOUCE HEUREUSE BADINERIE ET ILLUSTRÉ AVEC GOÛT.

VENDU

mercredi 13 juin 2012

Les lettres de Madame de Sévigné à sa fille la comtesse de Grignan (1726). Exemplaire en maroquin du XIXe s. signé Allô. Superbe exemplaire de cette rare contrefaçon.


MARQUISE DE SÉVIGNÉ (Marie de RABUTIN-CHANTAL)

LETTRES DE MARIE RABUTIN-CHANTAL, MARQUISE DE SÉVIGNÉ, à Madame la Comtesse de Grignan sa fille.

Tome premier et deuxième (complet).

Sans nom, sans lieu [Rouen], 1726.


2 tomes reliés en 1 volume in-12 (16,5 x 10 cm environ), pages de titre imprimées en noir, vignette gravée sur bois sur les titres (différentes pour chaque titre) de 264 et 228 pages.

Reliure plein maroquin bleu nuit de la seconde moitié du XIXe siècle (ALLÔ). Exemplaire en excellent état de conservation, très frais, tant au niveau de la reliure que de l'intérieur.

Le premier tome contient 73 lettres de Mme de Sévigné, précédées de 4 lettres de M. de Coulanges. Le deuxième tome contient les lettres 74 à 134, soit 60 lettres. En tout 134 lettres de Madame de Sévigné à sa fille, précédées de 4 lettres à Coulanges. Elles commencent par une Préface de M. de Bussy, suivie d'une lettre de Mme de Simiane à M. le Comte de Bussy.

Il s'agit sans aucun doute d'une contrefaçon de la première édition de Rouen, dite édition en gros caractères.


CONTREFAÇON RARE DE L'ÉDITION DE ROUEN EN GROS CARACTÈRES PARUE LA MÊME ANNÉE (1726).

On sait que la première édition des lettres de Mme de Sévigné date de 1725 et a été donnée subrepticement en une mince plaquette de 75 pages regroupant seulement quelques lettres pour la plupart incorrectement retranscrites et fragmentaires (31 fragments). Cette première édition rarissime et quasi mythique n’était connue qu’à 2 ou 3 exemplaires à la fin du XIXè siècle, il ne semble pas qu’on en est répertorié d’autres depuis. Les bibliographes considèrent donc comme véritable seconde édition originale l’édition dite de Rouen publiée en 1726 par les soins du fils de Roger de Bussy-Rabutin (cousin indiscret de la Marquise). On a beaucoup tergiversé pour savoir s’il s’agissait du fils aîné (Amé-Nicolas de comte Bussy-Rabutin) ou bien du cadet, futur évêque de Luçon, abbé de Bussy.


TRÈS BEL EXEMPLAIRE PARFAITEMENT ÉTABLI PAR ALLÔ AU XIXe SIÈCLE.

VENDU

mardi 12 juin 2012

Curiosa : Femmes et Hombres par Paul Verlaine. Copie manuscrite enrichie de 40 dessins originaux d'une belle main d'artiste (vers 1950).


VERLAINE Paul

[MANUSCRIT ENRICHI DE 40 DESSINS ORIGINAUX ANONYMES] FEMMES ET HOMBRES. El licenciado pablo herlanes [par le licencié Pablo de Herlagnez].

s.l.n.d. (vers 1950)

In-4 (27 x 19 cm), en feuilles, sous chemise de papier bleu. 2 cahiers de 52 et 35 pages. Copie manuscrite calligraphiée anonyme enrichie de 40 dessins originaux dans le texte et hors texte, la plupart libres et en couleurs (technique mixte : mine de plomb, fusain, crayon de couleurs, gouache et aquarelle). Le papier utilisé est un papier d'Arches filigrané qui permet de dater cet ensemble des années 1950.


Contient les XVIII poèmes libres pour Femmes et les XV poèmes libres pour Hombres, y compris le célèbre Sonnet du Trou du cul écrit conjointement par Verlaine et Rimbaud. Femmes est un recueil d’amours hétérosexuels et Hombres un recueil d’amours sodomites.


Ô ne blasphème pas, poète, et souviens-toi.
Certes la femme est bien, elle vaut qu’on la baise,
Son cul lui fait honneur, encor qu’un brin obèse
Et je l’ai savouré maintes fois, quant à moi.

Ce cul (et les tétons) quel nid à nos caresses !
Je l’embrasse à genoux et lèche son pertuis
Tandis que mes doigts vont, fouillant dans l’autre puits
Et les beaux seins, combien cochonnes leurs paresses !

(O ne blasphème pas ! extrait du premier poème de Hombres)


Nous n'avons pas réussi à mettre un nom d'artiste sur cette belle main habile qui donne à cet exemplaire unique un attrait tout particulier. Cependant la plupart des dessins s'inscrivent dans une influence conjointe entre l'oeuvre de l'artiste belge Frans de Geetere (1895-1968) et May den Engelsen, sa compagne.

Les dessins, parfois sous le texte, à côté du texte ou hors texte, s'insinuent parfaitement et en pleine harmonie avec les textes les plus érotiques de l'oeuvre poétique de Verlaine réunis ici.


EXEMPLAIRE UNIQUE ENRICHI DE 40 DESSINS ORIGINAUX.

VENDU

jeudi 7 juin 2012

Curiosa : Les flagellants et les flagellés de Paris par Charles Virmaitre (1902). Conduites d'esclavage sexuel consenti et sollicité dans le Paris fin de siècle.


VIRMAITRE Charles

LES FLAGELLANTS ET LES FLAGELLÉS DE PARIS.

Paris, Charles Carrington, 1902

1 volume in-8, broché, couverture imprimée dans un encadrement Art Nouveau, (2)-XCII-302 pages. Imprimé sur beau papier de Hollande à petit nombre (non justifié), probablement entre 500 et 750 exemplaires comme c'était l'habitude pour cet éditeur. Exemplaire avec les couvertures détachées, dos fendillé, à relier. Le dernier feuillet (blanc avec encadrement) est sali, poussiéreux, à nettoyer. Texte encadré en rouge.

ÉDITION ORIGINALE.

Journaliste prolixe, Charles Virmaitre a publiè quinze volumes environ d'une série qu'il avait intitulée Paris-Documentaire, accumulant les anecdotes. Dans Les Flagellants, l'auteur compile sur près de quatre cents pages, en donnent par moments l’impression de tirer laborieusement à la ligne, anecdotes, lettres, potins sur les conduites d'esclavage sexuel consenti et sollicité. L'ouvrage, publié en toute légalité, a certainement fourni de la matière aux romanciers qui cherchaient à diversifier un peu le genre.

Références : Pia, 472 ; Eros au secret, Bibliothèque Nationale de France, 349.

BON EXEMPLAIRE, COMPLET, A RELIER.

Prix : 200 euros

lundi 4 juin 2012

La Justine de Sade illustrée par Dubout (1976). 1/965 ex. avec une suite à part des illustrations en couleurs. Bel exemplaire.

 

SADE (Donatien Alphonse François de Sade, marquis de) - DUBOUT Albert, illustrateur

JUSTINE OU LES MALHEURS DE LA VERTU. Illustrations de Dubout.

Editions Michèle Trinckvel, s.d. (1976).

1 volume in-4 (27,5 x 21,5 cm) de 323-(1) pages. Illustrations en couleurs dans le texte et hors-texte.

Reliure plein simili-maroquin noir, fer doré signé Dubout sur le premier plat, auteur, titre et petit cupidon dorés au dos, tête dorée (reliure éditeur). Achevé d'imprimer en septembre 1976 sur les presses de Fournier à Montrouge. Reliure réalisée par la SRID à Dreux.

EDITION A 6.100 EXEMPLAIRES SUR VÉLIN DE MALMENAYDE, CELUI-CI UN DES 965 EXEMPLAIRES COMPRENANT UNE SUITE EN COULEURS DES COMPOSITIONS ORIGINALES DE DUBOUT (avec 35 ex. de tête avec une aquarelle et une suite et 5.000 exemplaires du tirage ordinaire, avec 100 ex. de collaborateur). La suite des 79 compositions de Dubout (suite en couleurs) se trouve dans un portfolio de même format et relié à l'identique. Le tout se trouve dans un emboîtage éditeur. Exemplaire en excellent état, très frais. A noter seulement une décoloration des bords de l'emboîtage en papier.


PREMIER TIRAGE DE CES ILLUSTRATIONS DE DUBOUT.

Justine ou les Malheurs de la vertu est le premier ouvrage du marquis de Sade publié de son vivant, en 1791, un an après avoir été rendu à la liberté par la Révolution et l’abolition des lettres de cachet. C’est aussi la deuxième version de cette œuvre emblématique, sans cesse récrite, qui a accompagné Sade tout au long de sa vie.

L'illustration truculente d'Albert Dubout donne ici une vision à la fois humoristique et caustique de ce roman terrible.

"Vers 1775, Justine, renvoyée à douze ans du couvent parce qu’elle est soudain devenue orpheline et pauvre, mène, à Paris, une vie de misère et de combats pour sa vertu. Faussement accusée de vol par son maître, l’usurier Du Harpin, elle s’évade à seize ans de la Conciergerie, mais c’est pour courir au-devant d’un viol dans la forêt de Bondy. Elle trouve une bonne place dans un château voisin et la quitte au bout de quatre années, sous la dent des molosses déchaînés contre elle par le jeune comte de Bressac dont elle a refusé d’empoisonner la tante. Recueillie et soignée par Rodin, aussi habile chirurgien que libertin instituteur, elle en est marquée au fer rouge et chassée, quand elle cherche à l’empêcher de disséquer vive une enfant dont il est le père. À vingt-deux ans, elle reprend courageusement la route, atteint Sens, puis Auxerre, d’où elle repart le 7 août 1783. Un pèlerinage auprès de la Vierge miraculeuse de Sainte-Marie-des-Bois la fait devenir victime et rester six mois captive des quatre moines lubriques et meurtriers de cette abbaye. Évadée au printemps de 1784, elle tombe, dès le surlendemain, au pouvoir du comte de Gernande qui la saigne pendant près d’un an, beaucoup moins pourtant que son épouse qui en meurt. Il ne lui arrive rien de bon à Lyon où elle retrouve son violateur, ni sur la route du Dauphiné où, près de Vienne, elle a la malchance de croire aux promesses d’un nommé Roland, qu’elle vient de secourir, sans se douter qu’elle va suivre dans son repère des Alpes le chef d’une bande de faux-monnayeurs. Plus maltraitée qu’une bête de somme pendant des mois, ensuite arrêtée et conduite à Grenoble avec le reste de la bande, elle n’est sauvée de l’échafaud que par l’éloquence de l’illustre et généreux Servan. Mais bientôt compromise dans une nouvelle affaire et se disposant à quitter Grenoble, elle manque y être la victime d’un évêque coupeur de têtes, puis se voit par vengeance accusée d’incendie, de vol et de meurtre. Incarcérée de ce chef à Lyon, elle y est tourmentée et condamnée par un juge prévaricateur et débauché. Conduite à Paris pour la confirmation d’une sentence capitale, elle est reconnue à une étape par sa sœur Juliette qui a fait fortune et dont l’amant en crédit intervient. Sauvée enfin et réhabilitée, Justine semble devoir vivre heureuse dans le château de ses hôtes. Mais le dernier mot reste au Ciel qui ne saurait laisser la vertu en paix, et celle qui l’incarne meurt, à l’âge de vingt-sept ans, foudroyée au cours de l’affreux orage du 13 juillet 1788." Maurice Heine


" Le dessein de ce roman est nouveau sans doute ; l’ascendant de la Vertu sur le Vice, la récompense du bien, la punition du mal, voilà la marche ordinaire de tous les ouvrages de cette espèce ; ne devrait-on pas en être rebattu ! Mais offrir partout le Vice triomphant et la Vertu victime de ses sacrifices, montrer une infortunée errante de malheurs en malheurs, jouet de la scélératesse ; plastron de toutes les débauches ; en butte aux goûts les plus barbares et les plus monstrueux ; (…) n’ayant pour opposer à tant de revers, à tant de fléaux, pour repousser tant de corruption, qu’une âme sensible, un esprit naturel et beaucoup de courage ; hasarder en un mot les peintures les plus hardies, les situations les plus extraordinaires, les maximes les plus effrayantes, les coups de pinceau les plus énergiques, dans la seule vue d’obtenir de tout cela l’une des plus sublimes leçons de morale que l’homme ait encore reçue ; c’était, on en conviendra, parvenir au but par une route peu frayée jusqu’à présent." (dédicace en tête du roman par le Marquis de Sade).

"Tout ce qui est possible à l’imagination la plus déréglée d’inventer d’indécent, de sophistique, de dégoûtant même, se trouve amoncelé dans ce roman bizarre, dont le titre pourrait intéresser et tromper les âmes sensibles et honnêtes. (…) Si elle est bien déréglée, l’imagination qui a produit un ouvrage aussi monstrueux, il faut convenir en même temps que, dans son genre, elle est riche et brillante. Les incidents les plus étonnants, les descriptions les plus singulières, tout est prodigué ; et si l’auteur de ce roman voulait employer son esprit à propager les seuls, les vrais principes de l’ordre social et de la nature, nous ne doutons point qu’il y réussît complètement. Mais sa Justine est bien éloignée de remplir ce but louable et que doit se prescrire tout homme qui écrit. La lecture en est à la fois fatigante et dégoûtante. Il est difficile de ne pas fermer souvent le livre de dégoût et d’indignation. Jeunes gens, vous en qui le libertinage n’a point encore émoussé la délicatesse, fuyez ce livre dangereux et pour le cœur et pour les sens. Vous, hommes mûrs, que l’expérience et le calme de toutes les passions ont mis au-dessus de tout danger, lisez-le pour voir jusqu’où peut aller le délire de l’imagination humaine ; mais soudain après, jetez-le au feu : c’est un conseil que vous vous donnerez à vous-même si vous avez la force de le lire entièrement." (critique publiée dans les Petites Affiches).


BEL EXEMPLAIRE.

VENDU

vendredi 1 juin 2012

Bossuet s'élève contre le libertinage et les mauvaises moeurs véhiculés par le théâtre de son temps (1694). Edition originale. Reliure en maroquin du XIXe s. (Allô). Bel exemplaire de ce livre curieux.


BOSSUET Jacques-Bénigne

MAXIMES ET RÉFLEXIONS SUR LA COMÉDIE. Par Mre Jacques Bénigne Bossuet évêque de Meaux, conseiller du Roi en ses conseils, ci-devant précepteur de Monseigneur le Dauphin.

A Paris, chez Jean Anisson, Directeur de l'Imprimerie Royale, 1694

1 volume in-12 (16,5 x 10 cm- Hauteur des marges : 162 mm) de (7)-152 pages.

Reliure plein maroquin rouge janséniste (reliure du Second Empire signée ALLÔ, vers 1860-1870). Large jeu de filets et roulettes dorés en encadrement intérieur des plats, double-filet doré sur les coupes, tranches dorées sur marbrure. Bel exemplaire, très frais, tant au niveau de la reliure que de l'intérieur. Feuillets légèrement teintés. A noter deux petites rongeures de vers dans l'encadrement intérieur au bas des plats (dans le dentelle dorée).


ÉDITION ORIGINALE.

Comme l'indique Jules Le Petit dans sa Bibliographie des principales éditions originales d'écrivains français du XVe au XVIIIe s. (Paris, Quantin, 1888, p. 421 et suiv.) : "On n'y trouve ni Privilège ni texte de la Permission dont il est question au bas du titre. La table contient les sommaires de trente-cinq chapitres ; mais, dans le cours du volume, aucun chapitre n'a de titre en interligne. Chacun n'étant indiqué que par une note marginale ou manchette, qui ne se distingue des autres notes que par le numéro du chapitre, lequel est partout en chiffres romains."

Jules Le Petit poursuit : "Dans ce curieux ouvrage, Bossuet s'élève avec vigueur non seulement contre le théâtre en général, mais encore contre une sorte de tentative qu'avaient voulu faire quelques écrivains religieux de l'excuser. Il prend à partie même "ceux qui voudraient de bonne foi qu'on réformât à fond la comédie, pour à l'exemple des sages payens y ménager à la faveur du plaisir des exemples et des insinuations sérieuses pour les Rois & pour les peuples ..." et il soutient que "le charme des sens est un mauvais introducteur des sentiments vertueux."

On note d'intéressants passages relatifs à Quinault, à Lully, à Corneille et surtout à Molière : "(...) il faudra bannir du milieu des chrétiens les prostitutions dont les comédies italiennes ont été remplies, même de nos jours, & qu'on voit encore toutes crues dans les pièces de Molière : on réprouvera les discours, où ce rigoureux censeur des grands canons, ce grave réformateur des mînes et des expressions de nos précieuses, étale cependant au plus grand jour l'avantage d'une infâme tolérance dans les maris, & sollicite les femmes à de honteuses vengeances contre leurs jaloux." (pp. 18 et 19).

Jules Le Petit achève : "En résumé, cet ouvrage n'est pas tout à fait digne de Bossuet, tant du point de vue du style qu'à celui de la largeur des idées et de l'élévation des pensées. Mais il est cependant rempli d'intérêt, et l'auteur n'a pas craint d'entrer dans certains détails assez scabreux pour un homme d'église !"

Cette édition originale, en belle condition, a toujours été bien cotée par les bibliophiles. La plupart des exemplaires catalogués dans les grandes bibliothèques ont été reliés par des maîtres au XIXe siècle (exemplaire Solar en maroquin de Trautz-Bauzonnet, 50 francs - exemplaire Potier relié en maroquin de Hardy, 134 francs - exemplaire Lebeuf de Montgermont en maroquin de Thibaron, 100 francs - exemplaire Guy-Pellion (1882) en maroquin de Belz-Niédrée, 50 francs).

Provenance : Exemplaire de la bibliothèque Ysabel Sanchez de Movellan (ex libris gravé de la fin du XIXe s.). 

BEL EXEMPLAIRE DE CE LIVRE CURIEUX.

VENDU

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