lundi 25 juin 2012

Bibliophilie : Histoire de Manon Lescaut et du Chevalier Des Grieux par l'abbé Prévost, préface de Guy de Maupassant (1885). Superbe exemplaire sur papier de Chine avec suites. Reliure de maroquin signée Victor Champs.


Antoine François PRÉVOST, dit Prévost d’Exiles ou l'Abbé PRÉVOST - MAUPASSANT Guy de (Préface).

HISTOIRE DE MANON LESCAUT ET DU CHEVALIER DES GRIEUX PAR L'ABBE PREVOST. Préface de Guy de Maupassant. Illustrations de Maurice Leloir.

Paris, Librairie Artistique - H. Launette, 1885 [achevé d'imprimer pour H. Launette par G. Chamerot, le 30 juin 1885).

1 volume grand in-4 (33,5 x 24 cm) de XX-(2)-203-(2) pages + (3) pages de faux-titre et titre pour le "tirage à part des vignettes sur bois" (235 feuillets imprimés au recto seulement).

Reliure à la bradel demi-maroquin bleu turquoise à larges coins de maroquin de même, non rogné, les couvertures imprimées n'ont pas été conservées (reliure de l'époque signée V. CHAMPS). Exemplaire à l'état proche du neuf. Intérieur immaculé. Infimes frottements sur les coupes.


PREMIER TIRAGE DE CETTE MAGISTRALE ILLUSTRATION DE MANON LESCAUT PAR MAURICE LELOIR.

ÉDITION ORIGINALE DE LA PRÉFACE DE GUY DE MAUPASSANT.


EXEMPLAIRE EXCEPTIONNELLEMENT ORNE DE 14 EAUX-FORTES HORS-TEXTE AU LIEU DES 12 HABITUELLES, D'APRES LES AQUARELLES DE MAURICE LELOIR ET GRAVÉES ICI PAR L. RUET ET BOULARD FILS.

ÉDITION DE GRAND LUXE, CELUI-CI UN DES RARES EXEMPLAIRES SUR PAPIER DE CHINE DE TRÈS GRAND FORMAT (50 EX. ANNONCÉS SUR CE PAPIER, CELUI-CI NE PORTE PAS DE NUMÉRO - LA SUITE DES BOIS TIRÉE A PART EST SUR PAPIER DE CHINE ÉGALEMENT MAIS N'EST PAS NUMÉROTÉE.


Exemplaire sobrement mais finement établi à l'époque, sur brochure, par Victor Champs. On peut seulement regretté que cet exemplaire proche de la perfection n'ait pas conservé ses jolies couvertures imprimées (la chose pouvant être réparée assez facilement malgré tout).

Superbe édition de bibliophiles illustrée par le maître miniaturiste spécialiste des costumes historiés Maurice Leloir. Le tirage de grand luxe de cette monumentale édition est de : un exemplaire unique composé de tous les dessins originaux de Maurice Leloir - 165 exemplaires numérotés renfermant un tirage à part de toutes les vignettes sur bois dont 40 ex. sur Japon, 75 ex. sur Japon et 50 ex. sur Chine. Chacun de ces tirages renfermant un nombre variable de suites des eaux-fortes.


Notre exemplaire contient curieusement 14 eaux-fortes hors-texte au lieu des 12 annoncées. Les 2 eaux-fortes supplémentaires ont été gravées par Boulard fils (L'auberge et Sur le vaisseau). La plupart sont en 3 états (avant la lettre avec ou sans remarque, eau-forte pure et épreuve définitive), quelques unes ne sont ici qu'en 2 états. Toutes les épreuves des eaux-fortes sont ici sur papier du Japon. 

La préface de Guy de Maupassant qui parait ici pour la première fois est un petit chef d’œuvre trop souvent négligé par les bibliographes. Elle doit tenir bon rang dans l'oeuvre du nouvelliste : 

"Il a été donné à la femme, en effet, de dominer et d'enchanter l'homme rien que par la forme de son corps, le sourire de sa lèvre et la puissance de son regard. Sa domination irrésistible s'échappe d'elle, nous enveloppe et nous asservit sans que nous puissions résister, lutter, lui échapper, quand elle appartient à la race des grandes victorieuses et des grandes séductrices. Quelques-unes de celles-là dominent l'histoire du monde, répandent sur leur siècle un charme poétique et troublant. (...) C'est par ces traits subtils et si profondément humains que l'abbé Prévost a fait de Manon Lescaut une inimitable création. Cette fille diverse, complexe, changeant, sincère, odieuse et adorable, pleine d'inexplicables mouvements de coeur, d'incompréhensibles sentiments, de calculs bizarres et de naïveté criminelle, n'est-elle pas admirablement vraie ? (...) Aucune femme n'a jamais été évoquée comme celle-là, aussi nettement, aussi complètement ; aucune femme n'a jamais été plus femme, n'a jamais contenu une telle quintessence de ce redoutable féminin, si doux et si perfide ! (...)" (Guy de Maupassant, Préface de Manon Lescaut).

A propos de cet ouvrage, Montesquieu écrit en 1734 : "J’ai lu le 6 avril 1734, Manon Lescaut (...) Je ne suis pas étonné que ce roman, dont le héros est un fripon, et l’héroïne, une catin qui est menée à la Salpêtrière, plaise ; parce que toutes les mauvaises actions du héros, le chevalier des Grieux, ont pour motif l’amour, qui est toujours un motif noble, quoique la conduite soit basse."

"Manon Lescaut a laissé une trace durable dans la littérature française. Peu de romans n’ont été aussi loués et aussi critiqués que ce chef-d’œuvre rempli de passion, de douleur et d’amour. Le drame touchant vécu par le « fripon » des Grieux et la « catin » Manon parvient à éviter la réprobation des lecteurs grâce au caractère admirable qui caractérise les passions dans ce court récit si naturel et si vraisemblable qui se déroule avec une rapidité qui tranche avec le reste de l’œuvre de Prévost. L’intrigue de cette histoire remplie de variété et de mouvement sur fond unique de délire et d’amour se développe et s’enchaîne dans un ordre logique et naturel qui donne à chaque nouvel épisode son impression d’authenticité et de vraisemblance. Les deux héros sont présentés avec une netteté lumineuse : séduisants, jeunes et amoureux à outrance, ils se précipitent tête baissée dans leur passion sans jamais paraître rien perdre de leur grâce, de leur beauté et de leur esprit. Leur jeunesse et leur innocence ne semblent jamais atteintes par la fange de l’échelle sociale au bas de laquelle se passe une bonne partie de leur histoire. Passant tour à tour, et du jour au lendemain, de la misère à la fortune, du boudoir à la prison, de Paris à la déportation, de l’exil à la mort, des Grieux et Manon n’ont qu’une excuse : l’amour, ce sentiment qui fait oublier que tous deux mentent et volent, que le premier triche et tue ou que la seconde se prostitue. C’est également la conscience de ce sentiment qui permet au lecteur de prendre en pitié la faiblesse et les inconséquences de des Grieux, ce héros tout à la fois si humain et si démuni face à la tentation amoureuse. L’amour, dans Manon Lescaut, est une passion qui se révèle brusquement et qu’il serait vain de chercher à surmonter. De même, dans cette narration où le fourmillement d’incidents romanesques révèle un souci de la réalité dans ses plus petits détails, le réalisme ne dispute pourtant jamais à l’idéalisme. En dépit de leur caractère éminemment romanesque, les événements de Manon Lescaut ne paraissent jamais enfreindre la vraisemblance comme, par exemple, lorsque des Grieux saisit avec quelle facilité les résolutions les plus fermes s’évanouissent devant le regard d’une femme. La structure psychologique des héros obéit à cette règle : des Grieux réunit en lui une incroyable naïveté et un cynisme grossier tandis que Manon est un esprit pratique doué de bon sens et d’une extraordinaire insouciance. Le commerce de sa personne qu’elle fera, dès que l’argent viendra à manquer au couple, est une fatalité que rien ne peut infléchir car son bien être matériel est une nécessité qui ne saurait souffrir d’entraves. Mais Manon revient toujours à des Grieux, comme il revient à elle, après ses intervalles de retour à ses études et à la théologie. Le chef-d’œuvre littéraire de Manon Lescaut finit par naître de la somme des imperfections de des Grieux et de Manon lorsque la vérité de la passion de leurs caractères devient la personnification littéraire de l’amour, fatal et misérable pour l’un, inconstant et frivole pour l’autre mais d’un amour qui finit par trouver, sous le coup du malheur, sa rédemption dans un sentiment sincère et profond inévitablement voué à trouver son dénouement dans la mort." (in Article Manon Lescaut, Wikipedia, section Analyse).


SUPERBE EXEMPLAIRE, DANS UNE CONDITION RARE ET TOUT A FAIT DÉSIRABLE.

VENDU

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