Pietro ARETINO [L'ARETIN] JULES ROMAIN [DI ROMANO] - Paul AVRIL
LES SONNETS LUXURIEUX DE L'ARETIN. (I SONETTI LUSSURIOSI DI PIETRO ARETINO). Texte italien avec traduction française en regard. Précédés de la Notice et des Commentaires de Isidore Liseux, et publiés pour la première fois avec la suite complète des dessins de Jules Romain, d'après des documents originaux.
Paris, MCMVII [1907]
1 volume in-4 à l'italienne (28,5 x 21,5 cm), VIII-91 pages, sont intercalées deux suites de 16 gravures coloriées à la main. La première suite de 16 photogravures tirées en bistre sur fond teinté, d'après les calques de Giulio di Romano (Jules le Romain) a été redessinée par Amédée Vignola (ancien décorateur du théâtre des ombres du Chat noir de Rodolphe Salis à Montmartre). La deuxième suite de 17 héliogravures tirées en noir et retouchées en couleurs à l'époque est reproduite d'après les aquarelles de Paul Avril (dont 1 frontispice). Les postures amoureuses reproduites sont identiques dans les deux suites. Le texte est imprimé dans un encadrement de portiques imprimé en orange, de même que les héliogravures d'après Paul Avril.
Reliure demi-chagrin vieux rouge à coins, dos à nerfs, tête dorée (reliure moderne). Excellent état.
TIRAGE A 310 EXEMPLAIRES SEULEMENT.
CELUI-CI, UN DES 300 EXEMPLAIRES SUR PAPIER VÉLIN DE CUVES DES PAPETERIES DE RIVES.
La présente édition n'était pas destinée au commerce et messieurs les libraires étaient prévenus par une note imprimée sous la justification du tirage que ce livre ne devait être ni annoncé, ni exposé, ni vendu dans un lieu public.
Chacune des 16 illustrations montre une posture de l'amour différente. Isidore Liseux avait publié ses Sonnets une première fois en 1882 pour lui et ses amis (imprimés à 100 exemplaires seulement, non illustrés). Un couple debout ; la femme, l'une de ses jambes repliée sur la hanche de l'homme ; l'homme, les mains sur les fesses de la femme - Un couple au lit ; la femme couchée sur le dos, l'une de ses jambes placée sur l'épaule de l'homme. Elle dirige elle-même l'arme virile, de crainte d'erreur - Une femme nue couchée à la renverse par terre sur des coussins, les cuisses écartées ; l'homme s'allonge sur elle, les pieds sur le plancher. - etc.
Le premier tirage des reproductions par Paul Avril date de 1892 et est rarissime. Il s'agit ici d'un retirage pour cette nouvelle édition.
Écarte les genoux, et permets-moi de voir
Ton ventre de très près, et ton con bien en face.
Oh ! ventre, qui ne peut laisser mon vit de glace !
Oh ! con, qui sur les cœurs possède un tel pouvoir !
Tout en te caressant, je me sens émouvoir
Du désir de te prendre, et sur l'heure, et sur place.
Narcisse même semble un vaniteux sans grâce
Quand mon vit, dans ton con, trouve un plaisant miroir
Sonnet XI (extrait)
Pierre l’Arétin est né en 1492 à Arezzo (l’Arétin signifiant « venant d’Arezzo »). Banni de sa ville natale, il passe une décennie à Pérouse avant d’être envoyé à Rome, où le riche banquier Agostino Chigi, mécène de Raphaël le prend sous son aile. L’Arétin fait parler de lui à Rome à travers ses satires mordantes et les Sonetti lussuriosi (Sonnets luxurieux), pièces assez crues qui servirent d’accompagnement textuel à 16 illustrations pornographiques de Giulio Romano (Jules Romain). Cet écart lui vaut de perdre la protection du pape Léon X. Ses Ragionamenti, propos d’une prostituée à divers interlocuteurs composés comme des raisonnements en forme de dialogue platonicien, tournent en dérision la société de son temps et particulièrement les sacrements religieux (vœux monastiques, mariage). Un des personnages est la Nanna, une ancienne courtisane qui évoque son expérience. Après une tentative d’assassinat sur sa personne, l’Arétin part vivre à Mantoue, puis enfin à Venise (la ville italienne la plus opposée au pape) en 1527, où il demeure jusqu’à sa mort. L’Arétin est l’auteur de cinq comédies (dont La Cortigiana et La Talenta) et de la tragédie Les Horaces (1546). Lors de son séjour à Venise, il publie également sa correspondance, mettant ainsi sous pression tout ce que l’Italie comptait de notables. Il n’épargne pas dans ses écrits satiriques les princes et les grands, ce qui le fait surnommer « le fléau des Princes » : la plupart, pour éviter les traits de sa satire, lui font des présents considérables, quelques-uns, cependant, ne le payent qu’avec le bâton. C’est ainsi que François Ier et l’empereur Charles Quint le subventionnent en même temps, chacun espérant quelque dommage pour son rival. Par orgueil, il s’appelle lui-même le « divin Arétin ». Sur la fin de sa vie, l’Arétin publie par ailleurs diverses œuvres pieuses (une traduction italienne des Psaumes de David, trois livres « sur l’humanité de Jésus Christ » ainsi qu’un livre sur la passion du Christ). D’après la tradition, la mort de l’Arétin aurait été à son image : on raconte que, au cours d’un copieux repas, une plaisanterie particulièrement obscène provoqua chez l’Arétin une incroyable crise de rire, au point qu’il tomba à la renverse et se fendit le crâne. L’Arétin était un ami personnel du Titien, qui fit au moins trois portraits de lui. Après sa mort, le pape Paul IV mit ses livres à l’Index. Il fut un proche de Giuseppe Betussi.
Références : édition inconnue à Dutel, Bibliographie des ouvrages érotiques publiés clandestinement en français entre 1880 et 1920, qui ne cite qu'une édition de 1904 (pagination, contenu et tirage différents). Dutel indique Hirsch comme éditeur à Paris en 1906. Le volume aurait été imprimé par Emile Kapp. Dutel (comme Pia) donnent Amédée Vignola comme étant l'auteur des reproductions en héliogravure ?? alors qu'il s'agit de Paul Avril, sans l'ombre d'un doute. Dutel, 809 pour cette édition de MCMIV ; ce tirage à la date de 1907 est également inconnu à Pia.
BEL EXEMPLAIRE DE CET ALBUM DE POSTURES ÉROTIQUES RARE.
VENDU