lundi 11 novembre 2013

Le Palais-Royal de Rétif de la Bretonne (1790). Réimpression à petit nombre vers 1876. Reliure décorative de l'époque. De la prostitution dans les allées du Palais Royal à la fin du XVIIIe siècle.



Nicolas-Edme RÉTIF DE LA BRETONNE [RESTIF DE LA BRETONNE]

LE PALAIS ROYAL. Première partie [Les Filles de l'allée des soupirs]. Deuxième partie [Les Sunamites]. Troisième partie [Les Converseuses].

A Paris, Au Palais-Royal d'abord et puis partout, même chez Guillot, Libraire [A. Christiaens, Libraire, Bruxelles, Galerie Bortier. 4 et 6], 1790 [vers 1876]

3 parties reliées en 3 volumes petits in-8 (19 x 13 cm), 229, 230 et 229 pages. 3 frontispices sur double-page.

Reliure demi-veau rose belle au bois-dormant, dos richement décorés aux petits fers dorés, tête dorée, non rogné pour les autres tranches (reliure de l'époque). Pages de titre imprimées en rouge et noir. Tirage sur papier vélin fort. Les frontispices à l'eau-forte ont été tirés sur papier vergé teinté.


RÉIMPRESSION A PETIT NOMBRE [VERS 1876].

C'est en 1782 que Rétif de la Bretonne entre en relation avec Grimod de La Reynière (dont il fait le héros-narrateur du Palais-Royal sous le nom d'Aquilin des Escopettes). Ce Palais-Royal paraît pour la première fois en avril 1790. Ce livre sur les filles (prostituées) du Palais-Royal se présente sous la forme d'une série de portraits dont chaque titre est le prénom ou le surnom d'une d'entre elles : Boutonderose, Mélanie, Chouchou, Cécilia, Coquine, Eléonora, Sosie, Elise, Dorine la Philosophe, Bienfaite, Fanchette, etc.

Rétif nous présente ainsi successivement les « Filles de l'Allée des soupirs », les « Sunamites », les « Berceuses », les « Chanteuses » et les « Converseuses ». Si les premières rappellent, par l'enchaînement des misères qui les a conduites à se prostituer, la dureté et la brutalité des temps anciens, les autres annoncent la société à venir, où sexualité, santé et morale seront redevenues compatibles, conformément au rêve de Diderot et au voeu énoncé dès 1769 par Rétif dans Le Pornographe. Madame Janus est en effet une matrone bien particulière puisqu'elle « restaure » les vieillards grâce à ses « Sunamites », supposées aspirer, à la faveur d'un contact aussi étroit que chaste « les humeurs peccantes » du client ! Cette invention, précise Aquilin des Escopettes, « nous vient des Anglais, qui plus que nous ont des idées extraordinaires et bizarres... » Au bout d'un an, ces très jeunes filles deviennent, en fonction de leurs talents, berceuses, chanteuses ou converseuses. Celles-ci offrent à leur client le plaisir de fictions qu'elles puisent parfois dans les recueils d'un certain Rétif de La Bretonne... Vaste recueil inscrit à la croisée des Contemporaines et des Nuits de Paris, Le Palais Royal est complété par d'autres nouvelles qui envisagent sous d'autres angles la place de la sexualité dans la France régénérée : les « Gentilshommes populaires » épousent de simples roturières, le « Curé patriote » laisse libre cours à un érotisme fécond tandis que les anecdotes rassemblées à la fin du volume établissent la nécessité du divorce. [...] Depuis 1786, le Palais-royal est devenu, avec ses boutiques, sescafés et ses théâtres le centre de la vie parisienne, politique,mondaine et libertine. Là se retrouvent écrivains, journalistes,avocats, badauds et curieux. On y discute, on s'y promène, on se plaîtà détailler dans la foule les demi-mondaines, les grisettes et lesfilles publiques. Par son titre, l'ouvrage de Rétif est donc bienpropre à attirer l'attention du lecteur. Le faux-titre, « Les Filles duPalais-royal », puis le titre de la première Partie, « Les Filles del'Allée des Soupirs », précisent le sujet en annonçant un livrelibertin. À vrai dire, il s'agit de tout autre chose que de cesalmanachs ou catalogues de filles publiques, sortes de guides desplaisirs à l'usage des provinciaux débarquant à Paris. Le Palais-royalest avant tout le lieu d'un plaisir romanesque : le narrateur paye lesfilles non pour en obtenir des faveurs, mais pour entendre leurhistoire. L'objet du livre est l'en deçà de la prostitution, non sapratique. À la relation sexuelle est substituée une relation de paroleet d'écoute. Avec « Les Sunamites », un autre mode deprostitution est présenté : ici de jeunes vierges couchent chastementavec des vieillards pour leur redonner vitalité, par le contact de leurcorps et la fraîcheur de leur haleine. L'état de sunamite est du resteprovisoire : elles deviennent, selon leurs aptitudes, soit des« berceuses », soit des « chanteuses », soit des « converseuses ». Leurcorps n'est plus en jeu, seul compte leur esprit. Les « berceuses »sont chargées d'endormir les vieillards par l'agrément de leurconversation, les « chanteuses » de soulager par la qualité de leurvoix les maux de la vie, les « converseuses » de faire de même par leurtalent à raconter des histoires. Ces « ex-Sunamites », dit Rétif,cessent d'être des filles publiques et deviennent des citoyennes.Ainsi, à mesure que l'ouvrage progresse, le monde du Palais-royals'élève au-dessus du vulgaire et du sordide pour atteindre un niveau oùla parole seule est le souverain remède à toutes les infortunes et lesfrustrations de la vie, où converser c'est conserver, où narrer deshistoires est la fonction salvatrice par excellence. C'est en somme lacélébration de l'écrivain.(Présentation et Quatrième de couverture, Rétif de La Bretonne, Le Palais-Royal, texte établi, présenté et annoté par Pierre Testud, Houilles, Editions Manucius, 2009, 318p.)

BEL EXEMPLAIRE DE CETTE RÉIMPRESSION A PETIT NOMBRE PEU COMMUNE.

VENDU


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