[VIGNACOURT, Adrien de La Vieuville d'Orville, comte de]
MÉMOIRES DE MADAME DE SALDAIGNE, ÉCRITS PAR ELLE-MÊME, et donnés au Public par M. D. V ***. Première et Seconde partie (complet).
A Londres, s.n., 1745
2 parties reliées en 1 volume in-12 (16,5 x 10 cm) de VIII-204 et (2)-228 pages.
Reliure plein veau brun glacé et marbré, dos à nerfs richement orné aux petits fers dorés, pièce de titre de maroquin rouge, tranches mouchetées de rouge (reliure de l'époque). Très bon état de conservation, infimes frottements à la reliure. Intérieur très frais.
ÉDITION ORIGINALE PEU COMMUNE.
"Quoique les Mémoires que je présente aujourd'hui au public, semblent n'avoir aucun besoin de préface ni d'avertissement, je me crois cependant obligée de me défendre contre mes Lecteurs, qui, sans doute, prendront l'Histoire de ma vie pour une histoire inventée à plaisir. J'avoue que les aventures qui s'y rencontrent sentent un peu le roman ; il parait difficile à croire qu'il soit arrivé à une même personne & en si peu de temps cette foule d'incidents que j'ose impunément exposer au grand jour (...) Il ne faudrait que démasquer Madame de Saldaigne. Plusieurs personnes de distinction qui me reconnaîtront sans doute malgré la précaution d'un nom supposé, attesteraient que mon histoire n'est point imaginée. Le Partisan que je nomme Descou, a été connu de tout Paris ; Madame de Ressin vit encore ; le Marquis de Kénac est actuellement Lieutenant Général des Armées du Roi ; Méricourt sert avec distinction dans les Troupes Vénitiennes, & M. de Saldaigne jouit avec assez d'éclat des faveurs que la cour à bien voulu accorder à son mérite. Pour moi dans la retraite où je me suis volontairement confinée (...) J'ai toujours été aussi vertueuse qu'étourdie." (avertissement)
Par de nombreux aspects, ce roman ressemble à ceux qu'à pu produire le Chevalier de Mouhy. C'est Barbier dans son Dictionnaire des ouvrages anonymes et pseudonyme cet ouvrage à Vignacourt.
Adrien de La Vieuville de Vignacourt était le fils d'Alexandre de La Vieuville, Marquis d'Orvilliers et d'Angélique de Vignacourt, elle même nièce propre d'Adrien de Wignacourt (1618-1697), grand maître de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem de 1690 à 1697, et petite nièce d'Alof de Wignacourt (1547-1622), grand maître de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem en 1601. D'une famille très implantée dans l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, Adrien de La Vieuville de Vignacourt a été reçu Chevalier le 18 juillet 1692 à l'âge de 11 ans.
Après avoir fait quelques campagnes sur les galères de la religion, il revint en France, et employa ses loisirs à la culture des lettres. Plusieurs romans écrits d'un style naturel et agréable auraient suffi pour lui mériter à cette époque une réputation assez étendue ; mais le succès de ses ouvrages ne put le décider à s'en avouer l'auteur. Il poussa plus loin l'insouciance à cet égard, que lorsque'on eut répandu le bruit qu'il n'était que le prête-nom du comte de Vaudrey, il ne fit entendre aucune réclamation.
Revêtu du titre de commandeur de Malte, et nommé en 1758 Grand Prieur de Champagne, Vignacourt dut renoncer à des amusements qui pouvait paraître trop frivoles pour un homme de son rang ; mais il continua de faire par son esprit, le charme des sociétés qu'il fréquentait. Il mourut le 29 septembre 1774 dans un âge très avancé. On lui doit notamment plusieurs romans pseudo-historiques et pseudo-biographiques : La Comtesse de Vergy, nouvelle histoire galante et tragique, Paris, 1722. Adèle de Ponthieu, nouvelle historique, Paris, 1723. Les amusements de la Campagne ou le Défi spirituel, Paris, 1724. Les aventures du Prince Jakaya, 1732. Et ces Mémoires de Madame de Saldaigne, 1745.
Provenance : amusant ex libris manuscrit d'un prêtre de l'époque sur cet ouvrage léger et profane : "Ex libris Ioannis Bapt. Couché Praebiteri" (Jean-Baptiste Couché, prêtre).
BEL EXEMPLAIRE DE CE ROMAN D'AVENTURES FÉMININES DANS LA PREMIÈRE MOITIÉ DU XVIIIe SIÈCLE.
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