lundi 4 juin 2012

La Justine de Sade illustrée par Dubout (1976). 1/965 ex. avec une suite à part des illustrations en couleurs. Bel exemplaire.

 

SADE (Donatien Alphonse François de Sade, marquis de) - DUBOUT Albert, illustrateur

JUSTINE OU LES MALHEURS DE LA VERTU. Illustrations de Dubout.

Editions Michèle Trinckvel, s.d. (1976).

1 volume in-4 (27,5 x 21,5 cm) de 323-(1) pages. Illustrations en couleurs dans le texte et hors-texte.

Reliure plein simili-maroquin noir, fer doré signé Dubout sur le premier plat, auteur, titre et petit cupidon dorés au dos, tête dorée (reliure éditeur). Achevé d'imprimer en septembre 1976 sur les presses de Fournier à Montrouge. Reliure réalisée par la SRID à Dreux.

EDITION A 6.100 EXEMPLAIRES SUR VÉLIN DE MALMENAYDE, CELUI-CI UN DES 965 EXEMPLAIRES COMPRENANT UNE SUITE EN COULEURS DES COMPOSITIONS ORIGINALES DE DUBOUT (avec 35 ex. de tête avec une aquarelle et une suite et 5.000 exemplaires du tirage ordinaire, avec 100 ex. de collaborateur). La suite des 79 compositions de Dubout (suite en couleurs) se trouve dans un portfolio de même format et relié à l'identique. Le tout se trouve dans un emboîtage éditeur. Exemplaire en excellent état, très frais. A noter seulement une décoloration des bords de l'emboîtage en papier.


PREMIER TIRAGE DE CES ILLUSTRATIONS DE DUBOUT.

Justine ou les Malheurs de la vertu est le premier ouvrage du marquis de Sade publié de son vivant, en 1791, un an après avoir été rendu à la liberté par la Révolution et l’abolition des lettres de cachet. C’est aussi la deuxième version de cette œuvre emblématique, sans cesse récrite, qui a accompagné Sade tout au long de sa vie.

L'illustration truculente d'Albert Dubout donne ici une vision à la fois humoristique et caustique de ce roman terrible.

"Vers 1775, Justine, renvoyée à douze ans du couvent parce qu’elle est soudain devenue orpheline et pauvre, mène, à Paris, une vie de misère et de combats pour sa vertu. Faussement accusée de vol par son maître, l’usurier Du Harpin, elle s’évade à seize ans de la Conciergerie, mais c’est pour courir au-devant d’un viol dans la forêt de Bondy. Elle trouve une bonne place dans un château voisin et la quitte au bout de quatre années, sous la dent des molosses déchaînés contre elle par le jeune comte de Bressac dont elle a refusé d’empoisonner la tante. Recueillie et soignée par Rodin, aussi habile chirurgien que libertin instituteur, elle en est marquée au fer rouge et chassée, quand elle cherche à l’empêcher de disséquer vive une enfant dont il est le père. À vingt-deux ans, elle reprend courageusement la route, atteint Sens, puis Auxerre, d’où elle repart le 7 août 1783. Un pèlerinage auprès de la Vierge miraculeuse de Sainte-Marie-des-Bois la fait devenir victime et rester six mois captive des quatre moines lubriques et meurtriers de cette abbaye. Évadée au printemps de 1784, elle tombe, dès le surlendemain, au pouvoir du comte de Gernande qui la saigne pendant près d’un an, beaucoup moins pourtant que son épouse qui en meurt. Il ne lui arrive rien de bon à Lyon où elle retrouve son violateur, ni sur la route du Dauphiné où, près de Vienne, elle a la malchance de croire aux promesses d’un nommé Roland, qu’elle vient de secourir, sans se douter qu’elle va suivre dans son repère des Alpes le chef d’une bande de faux-monnayeurs. Plus maltraitée qu’une bête de somme pendant des mois, ensuite arrêtée et conduite à Grenoble avec le reste de la bande, elle n’est sauvée de l’échafaud que par l’éloquence de l’illustre et généreux Servan. Mais bientôt compromise dans une nouvelle affaire et se disposant à quitter Grenoble, elle manque y être la victime d’un évêque coupeur de têtes, puis se voit par vengeance accusée d’incendie, de vol et de meurtre. Incarcérée de ce chef à Lyon, elle y est tourmentée et condamnée par un juge prévaricateur et débauché. Conduite à Paris pour la confirmation d’une sentence capitale, elle est reconnue à une étape par sa sœur Juliette qui a fait fortune et dont l’amant en crédit intervient. Sauvée enfin et réhabilitée, Justine semble devoir vivre heureuse dans le château de ses hôtes. Mais le dernier mot reste au Ciel qui ne saurait laisser la vertu en paix, et celle qui l’incarne meurt, à l’âge de vingt-sept ans, foudroyée au cours de l’affreux orage du 13 juillet 1788." Maurice Heine


" Le dessein de ce roman est nouveau sans doute ; l’ascendant de la Vertu sur le Vice, la récompense du bien, la punition du mal, voilà la marche ordinaire de tous les ouvrages de cette espèce ; ne devrait-on pas en être rebattu ! Mais offrir partout le Vice triomphant et la Vertu victime de ses sacrifices, montrer une infortunée errante de malheurs en malheurs, jouet de la scélératesse ; plastron de toutes les débauches ; en butte aux goûts les plus barbares et les plus monstrueux ; (…) n’ayant pour opposer à tant de revers, à tant de fléaux, pour repousser tant de corruption, qu’une âme sensible, un esprit naturel et beaucoup de courage ; hasarder en un mot les peintures les plus hardies, les situations les plus extraordinaires, les maximes les plus effrayantes, les coups de pinceau les plus énergiques, dans la seule vue d’obtenir de tout cela l’une des plus sublimes leçons de morale que l’homme ait encore reçue ; c’était, on en conviendra, parvenir au but par une route peu frayée jusqu’à présent." (dédicace en tête du roman par le Marquis de Sade).

"Tout ce qui est possible à l’imagination la plus déréglée d’inventer d’indécent, de sophistique, de dégoûtant même, se trouve amoncelé dans ce roman bizarre, dont le titre pourrait intéresser et tromper les âmes sensibles et honnêtes. (…) Si elle est bien déréglée, l’imagination qui a produit un ouvrage aussi monstrueux, il faut convenir en même temps que, dans son genre, elle est riche et brillante. Les incidents les plus étonnants, les descriptions les plus singulières, tout est prodigué ; et si l’auteur de ce roman voulait employer son esprit à propager les seuls, les vrais principes de l’ordre social et de la nature, nous ne doutons point qu’il y réussît complètement. Mais sa Justine est bien éloignée de remplir ce but louable et que doit se prescrire tout homme qui écrit. La lecture en est à la fois fatigante et dégoûtante. Il est difficile de ne pas fermer souvent le livre de dégoût et d’indignation. Jeunes gens, vous en qui le libertinage n’a point encore émoussé la délicatesse, fuyez ce livre dangereux et pour le cœur et pour les sens. Vous, hommes mûrs, que l’expérience et le calme de toutes les passions ont mis au-dessus de tout danger, lisez-le pour voir jusqu’où peut aller le délire de l’imagination humaine ; mais soudain après, jetez-le au feu : c’est un conseil que vous vous donnerez à vous-même si vous avez la force de le lire entièrement." (critique publiée dans les Petites Affiches).


BEL EXEMPLAIRE.

VENDU

Liens vers d'autres livres

Related Posts with Thumbnails