HENRIOT ou PIF (Henri Maigrot dit)
LA BOURSE ET LA VIE. QUARANTE CROQUIS PAR HENRIOT (Pif.).
Paris. 1882.
1 volume in-4 (25,5 x 21 cm) de 41 feuillets dont 1 feuillet de titre et 40 feuillets de dessins. Dessins originaux rehaussés à l'aquarelle, légendés et signés par l'artiste. Dimensions des dessins : 157 x 100 mm. Montés sur vélin fort. L'ensemble est monté sur onglets.
Reliure bradel pleine soie brochée argent et or à motifs fleuris, doublures et gardes de papier moiré rose et fleuri (reliure de l'époque signée E. CARAYON). Très bon état, infimes frottements de la soie aux mors.
EXCEPTIONNEL ENSEMBLE DE 40 DESSINS ORIGINAUX ET UN TITRE A LA PLUME PAR HENRIOT, CÉLÈBRE CARICATURISTE DE LA FIN DU XIXe ET DU DÉBUT DU XXe SIÈCLE.
Provenance : De la bibliothèque de Charles Freund-Deschamps, 1906. Ex libris gravé 110 x 70 mm.
Henri Maigrot dit Henriot, est né à Toulouse en 1857. Il fait des études de droit qu'il abandonne enfin pour se vouer entièrement à son talent d'artiste caricaturiste. Il livre de nombreux dessins humoristiques pour la presse de l'époque. Il entre au Charivari sur les instances de Pierre Véron. Il devient en 1890 directeur du Charivari et collabora ensuite à l'illustration. Il meurt en 1933 à Nesles-la-vallée (val d'Oise). Son œuvre est riche et variée.
" (...) Sa production en matière politique, très modérée, s'efforce à n'être jamais méchante ; il tâche do trouver chaque semaine un mot aussi juste que possible sur les événements qui passent, et tout ce mélange habile de croquis divers découle sans efforts d'une imagination experte, facile, étonnamment souple. C'est surtout un « actualiste » très simple, fuyant la réclame, vivant chez lui fort tranquillement, entouré de livres et de gravures qu'il adore. Cet homme qui voit tout, qui lève tous les voiles, dont la course vers les choses du jour, du moment, est époumonnante, rentre bourgeoisement dans les joies paisibles du foyer, son labeur quotidien accompli, une fois que son cerveau s'est vidé en une série de légendes illustrées de la chose d'attrait momentané, lue dans le journal ; il se repose alors au soin des livres chers, des gravures précieuses, au milieu de tout ce qui reste enfin..." (Emile Bayard, La caricature et les caricaturistes, Paris, Delagrave, s.d.)
La bibliothèque municipale de Rouen possède un manuscrit autographe illustré de 296 aquarelles originales d'Henriot (sur Guy de Maupassant, Boule de suif, 1926 - acquisition 2004).
Le recueil que nous proposons est encore une œuvre de jeunesse de l'artiste. Henriot est âgé de 25 ans en 1882. Le dessin est sûr, leste et spirituel. Le sujet est propice à un humour débordant qui se traduit aussi bien dans le dessin finement aquarellé que dans les légendes toujours mordantes.
La seule référence bibliographique que nous ayons trouvé à propos de ce recueil de dessins d'Henriot se trouve dans le Manuel du bibliophile français de Lonchamp, Tome II, partie I (pratique), p. 199. Aucune référence dans la catalogue collectif des bibliothèques de France (ccfr). Nous cherchons toujours à savoir si ce recueil de dessins a été finalement publié en librairie, nous n'en trouvons aucune trace nulle part.
Un sujet d'actualité brûlante... près de 125 ans plus tard...
La crise de boursière de 1882 survient à la suite du Krach de l'Union Générale. En 1878, Eugène Bontoux, un banquier catholique et légitimiste qui vient d'être licencié de la Banque Rothschild, proclame son intention d'élever, face aux établissements financiers d'origine juive, une société rivale qui serait constituée de capitaux catholiques et fonde l'Union Générale. Il devient président du conseil d'administration avec M. Feder comme directeur. La banque rencontre un grand succès dans les milieux catholiques. Le secrétaire du pape, le cardinal Jacobini, s'engage ainsi au capital de la banque. Elle croit extrêmement rapidement, en multipliant les rachats et les investissements risqués : Elle acquiert des compagnies d'assurances, crée la Société lyonnaise des eaux et de l'éclairage ou finance des opérations en Afrique du Nord et en Égypte avec d'autres banques tout en spéculant à la bourse. La croissance se poursuit jusqu'en janvier 1882 où la société s'effondre. C'est le krach de l'Union Générale. Il s'agit du premier « grand puff » de l'histoire financière. En 1882, résultant à la fois d'une surcapitalisation des valeurs (la Bourse comptaient plus de valeurs qu'elle ne pouvait en recevoir), d'une mauvaise gestion financière (rachat par la société de ses propres actions...) et d'une lutte acharnée entre « baissiers » (notamment, Rothschild) et « haussiers », mêlant politique, religion et finances, l'Union générale s'effondre. Elle entraîne avec elle la faillite de nombreux agents de change près de la Bourse de Lyon puis se répercute avec fracas sur la Bourse de Paris. En janvier 1882, Bontoux est arrêté et passe plusieurs mois en prison[1]. La crise de plusieurs années qui s'en suit affectera surtout les mines, la métallurgie et le bâtiment entraînant son cortège de misère, de chômage et de conflits sociaux violents comme à Anzin et à Decazeville. Le krach de l'Union Générale a entraîné des critiques vis-à-vis de l'agiotage (manœuvres visant à manipuler les cours de Bourse). Il a été regardé par ses contemporains comme le résultat d'une lutte politique entre la droite conservatrice et légitimiste (Bontoux avait fait de cette banque la banque des conservateurs : elle comptait notamment de nombreux ecclésiastiques parmi ses actionnaires) et la gauche libérale. Ce krach a aussi révélé les dangers de la spéculation et du capitalisme. Zola s'est inspiré de cet événement, dont il avait fait une étude fouillée à partir des archives, pour son roman L'Argent : s'il situe l'action sous le Second Empire, ce roman retrace toute l'aventure de Bontoux (Saccard) et de l'Union Générale (L'Universelle). L'assassinat financier de l'Union Générale par la banque juive nourrira pendant de longues années l'antisémitisme de l'extrême droite française selon Jean Bouvier, historien économique et auteur d'un livre sur l'Union Générale. (in Dictionnaire des députés (1789-1889), pages 394-395, notice d'Eugène Bontoux).
Toute ressemblance avec des faits ou des personnages existants serait fortuite... ou presque.
SUPERBE EXEMPLAIRE.
EXEMPLAIRE UNIQUE REGROUPANT L'ENSEMBLE DES DESSINS ORIGINAUX AQUARELLES POUR CETTE HISTOIRE COMIQUE DES DÉBOIRES BOURSIERS EN 1882.
CE RECUEIL DE DESSINS A APPARTENU A LA CÉLÈBRE COLLECTION FREUND-DESCHAMPS DONT LA VENTE EUT LIEU EN FÉVRIER-MARS 1923.
VENDU
LA BOURSE ET LA VIE. QUARANTE CROQUIS PAR HENRIOT (Pif.).
Paris. 1882.
1 volume in-4 (25,5 x 21 cm) de 41 feuillets dont 1 feuillet de titre et 40 feuillets de dessins. Dessins originaux rehaussés à l'aquarelle, légendés et signés par l'artiste. Dimensions des dessins : 157 x 100 mm. Montés sur vélin fort. L'ensemble est monté sur onglets.
Reliure bradel pleine soie brochée argent et or à motifs fleuris, doublures et gardes de papier moiré rose et fleuri (reliure de l'époque signée E. CARAYON). Très bon état, infimes frottements de la soie aux mors.
EXCEPTIONNEL ENSEMBLE DE 40 DESSINS ORIGINAUX ET UN TITRE A LA PLUME PAR HENRIOT, CÉLÈBRE CARICATURISTE DE LA FIN DU XIXe ET DU DÉBUT DU XXe SIÈCLE.
Provenance : De la bibliothèque de Charles Freund-Deschamps, 1906. Ex libris gravé 110 x 70 mm.
Henri Maigrot dit Henriot, est né à Toulouse en 1857. Il fait des études de droit qu'il abandonne enfin pour se vouer entièrement à son talent d'artiste caricaturiste. Il livre de nombreux dessins humoristiques pour la presse de l'époque. Il entre au Charivari sur les instances de Pierre Véron. Il devient en 1890 directeur du Charivari et collabora ensuite à l'illustration. Il meurt en 1933 à Nesles-la-vallée (val d'Oise). Son œuvre est riche et variée.
" (...) Sa production en matière politique, très modérée, s'efforce à n'être jamais méchante ; il tâche do trouver chaque semaine un mot aussi juste que possible sur les événements qui passent, et tout ce mélange habile de croquis divers découle sans efforts d'une imagination experte, facile, étonnamment souple. C'est surtout un « actualiste » très simple, fuyant la réclame, vivant chez lui fort tranquillement, entouré de livres et de gravures qu'il adore. Cet homme qui voit tout, qui lève tous les voiles, dont la course vers les choses du jour, du moment, est époumonnante, rentre bourgeoisement dans les joies paisibles du foyer, son labeur quotidien accompli, une fois que son cerveau s'est vidé en une série de légendes illustrées de la chose d'attrait momentané, lue dans le journal ; il se repose alors au soin des livres chers, des gravures précieuses, au milieu de tout ce qui reste enfin..." (Emile Bayard, La caricature et les caricaturistes, Paris, Delagrave, s.d.)
La bibliothèque municipale de Rouen possède un manuscrit autographe illustré de 296 aquarelles originales d'Henriot (sur Guy de Maupassant, Boule de suif, 1926 - acquisition 2004).
Le recueil que nous proposons est encore une œuvre de jeunesse de l'artiste. Henriot est âgé de 25 ans en 1882. Le dessin est sûr, leste et spirituel. Le sujet est propice à un humour débordant qui se traduit aussi bien dans le dessin finement aquarellé que dans les légendes toujours mordantes.
La seule référence bibliographique que nous ayons trouvé à propos de ce recueil de dessins d'Henriot se trouve dans le Manuel du bibliophile français de Lonchamp, Tome II, partie I (pratique), p. 199. Aucune référence dans la catalogue collectif des bibliothèques de France (ccfr). Nous cherchons toujours à savoir si ce recueil de dessins a été finalement publié en librairie, nous n'en trouvons aucune trace nulle part.
Un sujet d'actualité brûlante... près de 125 ans plus tard...
La crise de boursière de 1882 survient à la suite du Krach de l'Union Générale. En 1878, Eugène Bontoux, un banquier catholique et légitimiste qui vient d'être licencié de la Banque Rothschild, proclame son intention d'élever, face aux établissements financiers d'origine juive, une société rivale qui serait constituée de capitaux catholiques et fonde l'Union Générale. Il devient président du conseil d'administration avec M. Feder comme directeur. La banque rencontre un grand succès dans les milieux catholiques. Le secrétaire du pape, le cardinal Jacobini, s'engage ainsi au capital de la banque. Elle croit extrêmement rapidement, en multipliant les rachats et les investissements risqués : Elle acquiert des compagnies d'assurances, crée la Société lyonnaise des eaux et de l'éclairage ou finance des opérations en Afrique du Nord et en Égypte avec d'autres banques tout en spéculant à la bourse. La croissance se poursuit jusqu'en janvier 1882 où la société s'effondre. C'est le krach de l'Union Générale. Il s'agit du premier « grand puff » de l'histoire financière. En 1882, résultant à la fois d'une surcapitalisation des valeurs (la Bourse comptaient plus de valeurs qu'elle ne pouvait en recevoir), d'une mauvaise gestion financière (rachat par la société de ses propres actions...) et d'une lutte acharnée entre « baissiers » (notamment, Rothschild) et « haussiers », mêlant politique, religion et finances, l'Union générale s'effondre. Elle entraîne avec elle la faillite de nombreux agents de change près de la Bourse de Lyon puis se répercute avec fracas sur la Bourse de Paris. En janvier 1882, Bontoux est arrêté et passe plusieurs mois en prison[1]. La crise de plusieurs années qui s'en suit affectera surtout les mines, la métallurgie et le bâtiment entraînant son cortège de misère, de chômage et de conflits sociaux violents comme à Anzin et à Decazeville. Le krach de l'Union Générale a entraîné des critiques vis-à-vis de l'agiotage (manœuvres visant à manipuler les cours de Bourse). Il a été regardé par ses contemporains comme le résultat d'une lutte politique entre la droite conservatrice et légitimiste (Bontoux avait fait de cette banque la banque des conservateurs : elle comptait notamment de nombreux ecclésiastiques parmi ses actionnaires) et la gauche libérale. Ce krach a aussi révélé les dangers de la spéculation et du capitalisme. Zola s'est inspiré de cet événement, dont il avait fait une étude fouillée à partir des archives, pour son roman L'Argent : s'il situe l'action sous le Second Empire, ce roman retrace toute l'aventure de Bontoux (Saccard) et de l'Union Générale (L'Universelle). L'assassinat financier de l'Union Générale par la banque juive nourrira pendant de longues années l'antisémitisme de l'extrême droite française selon Jean Bouvier, historien économique et auteur d'un livre sur l'Union Générale. (in Dictionnaire des députés (1789-1889), pages 394-395, notice d'Eugène Bontoux).
Toute ressemblance avec des faits ou des personnages existants serait fortuite... ou presque.
SUPERBE EXEMPLAIRE.
EXEMPLAIRE UNIQUE REGROUPANT L'ENSEMBLE DES DESSINS ORIGINAUX AQUARELLES POUR CETTE HISTOIRE COMIQUE DES DÉBOIRES BOURSIERS EN 1882.
CE RECUEIL DE DESSINS A APPARTENU A LA CÉLÈBRE COLLECTION FREUND-DESCHAMPS DONT LA VENTE EUT LIEU EN FÉVRIER-MARS 1923.
VENDU