mercredi 11 mars 2009

L'ouvrage considéré comme fondateur de la psychiatrie moderne : L'examen des esprits pour les sciences de Huarte (1655 i.e. 1645).



HUARTE (Jean). Traduction de Vion d’Alibray ou Dalibray.
L’EXAMEN DES ESPRITS POUR LES SCIENCES. Où se monstrent les différences d’Esprits qui se trouvent parmy les hommes, & à quel genre de science chacun est propre en particulier. Composé par Jean Huarte, médecin espagnol. Nouvellement traduit suivant l’ancien original. Et augmenté suivant la dernière impression d’Espagne.
Paris, Jean Guignard le père et le fils, 1655 [i.e. 1645].

1 volume in-8 (17,5 x 11,5 cm) de (80)-825-(25) pages.

Reliure plein veau brun, dos à nerfs orné, filets dorés (reliure de l’époque). Reliure usagée (mors, coiffes, coins usés), manque de cuir au dos, cuir friable. Intérieur frais, papier uniformément teinté. Bon état cependant, reste solidement relié.

PREMIÈRE ÉDITION DE CETTE NOUVELLE TRADUCTION.

Cet ouvrage, publié en 1575 par un médecin espagnol, Juan Huarte de San Juan (1529–1530 ?–1580) sous le titre Examen de ingenios para las sciencias... a eu un retentissement considérable dans toute l’Europe savante. Plus de trente éditions dans les principales langues européennes sont parues depuis lors. Les trois traductions françaises des premières éditions espagnoles, la princeps et celle posthume de 1594, après l’expurgation exigée par l’Inquisition de plusieurs chapitres ont suscité dans notre pays pendant trois siècles des débats autour de cet « examen des esprits nés aux sciences ».

La redécouverte récente en France et en Espagne de ce livre essentiel de la pensée humaniste nous permet de le situer comme marquant dans l’histoire des idées la naissance d’une nouvelle anthropologie. (Jean Garrabé, Histoires des psychiatries, 2002).


Philosophe et médecin navarrais, Juan Huarte publie cette analyse très fouillée des aptitudes pour les études, ouvrage d'avant-garde pour l'époque. Il explique pourquoi un étudiant est plus apte pour telle science plutôt que pour telle autre. Les divers aspects de l'intelligence et de la physiologie de l'élève sont mis à contribution pour l'orienter vers une discipline qui est en accord avec ses dispositions.

Les données scientifiques sont celles du XVIème siècle, mais beaucoup d'observations surprennent par leur sagacité, leur validité toujours actuelle et l'humour employé, surtout dans la galerie des professions envisagées.

Dans cet ouvrage fondateur de la psychologie différentielle, la logique serrée de l'argumentation va de pair avec une rare clarté. Le succès ne tarda pas, les rééditions non plus. Pourtant favorable dans un premier temps, l'Inquisition se ravisa, censura plusieurs passages où le rôle du corps lui paraissait excessif. Juan Huarte, natif de Saint-Jean-Pied-de-Port mais établi en Andalousie pour pouvoir demeurer espagnol, dut revoir sa copie. Le livre, amendé mais aussi augmenté, refit finalement surface, mais à titre posthume cette fois-ci, en 1594.

Ecrit par l'une des figures intellectuelles marquantes du Siècle d'or espagnol, il eut au XVIème et au XVIIème siècle une grande influence à travers toute l'Europe, grâce à de multiples traductions et de nombreuses éditions ou rééditions. Cervantès s'en servit pour camper le personnage de Don Quichotte.

En France, Montaigne et Montesquieu le lurent attentivement. (Présentation de la réédition moderne, nouvelle traduction, Editions Atlantica).
La première édition de la traduction de Chappuis date de 1580. On aura une autre traduction par Vion d’Alibray (1645) et une autre par Savinien Alquié (1672).

Références : www.cairn.info/revue-de-metaphysique-et-de-morale-2001-3-page-399.htm ; Analectabiblion, ou, Extraits critiques de divers livres rares, oubliés (Tome II, 1837, p.49-57) qui analyse l’ouvrage dans son ensemble. “Huarte was a distinguished Spanish physician and psychologist. His Examen, which gained for him a European reputation, was the first attempt to show the connection between psychology and physiology" (Garrison & Morton, 4964). Lire également à propos de cet important ouvrage, « Médecine et philosophie chez Huarte de San Juan » par François Azouvi, CNRS, EHESS, CAIRN. p. 399.

Un amateur du début du XVIIIè siècle a copieusement commentée cette traduction au premier contre plat du volume, voici ce qui est écrit :

« acheté le 2e novemb. 1709. – Traduction consciencieuse très exacte et complète d’après la première édition non expurgée, avec toutes les additions qui se trouvent dans la seconde édition de Baeza, 1594. Le traducteur devait avoir sous les yeux l’édition d’Alcala (1640), qui précéda de quelques années seulement sa traduction, soit qu’elle ait paru en 1655, d’après la date du titre, soit dix ans plus tôt (1645), d’après l’achevé d’imprimer qui suit le privilège. Ce qu’il dit des fautes d’impression, des transpositions et des lacunes, s’appliquerait parfaitement à l’édition de 1640, très inférieure à la seconde de Baeza, à celle de Medina de Campo (1603), et probablement celle de Barcelone (1607). Vion Dalibray était fort au courant, et possédait bien son auteur. »


Il est facile de remarquer que le titre est un carton rapporté. Notre exemplaire est donc très certainement un des exemplaires de l’édition de 1645 (achevé d’imprimer le 6 septembre 1645) avec un titre de relais réimprimé à la date de 1655 afin d’écouler les exemplaires invendus de l’édition.

OUVRAGE CONSIDÉRÉ AUJOURD’HUI A JUSTE TITRE COMME FONDATEUR DE LA PSYCHIATRIE MODERNE. BON EXEMPLAIRE DE CETTE INTÉRESSANTE TRADUCTION, PLUS COMPLÈTE QUE LES PRÉCÉDENTES.

VENDU

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