mercredi 18 mars 2009

Des miracles et du diable (1729).




SERCES (Jacques)

TRAITÉ SUR LES MIRACLES. Dans lequel on prouve que le Diable n’en saurait faire pour confirmer l’Erreur ; Où l’on fait voir, par plusieurs exemples tirés de l’Histoire Sainte & profane, que ceux qu’on lui attribue ne sont qu’un effet de l’imposture ou de l’adresse des hommes ; et où l’on examine le système opposé, tel que l’a établi le Dr. Samuel Clarke, dans le chap. XIX du II. Vol. de son Traité sur la religion naturelle et chrétienne. Par Jacques Serces, vicaire d’Appleby, dans le comté de Lincoln.

A Amsterdam, chez Pierre Humbert, 1729.

1 volume petit in-8 (163 x 108 mm) de (42)-371 pages.

Broché sous couverture grise de l’époque, non rogné, titre à la plume au dos. Volume très bien conservé.

ÉDITION ORIGINALE.

Caillet cite une première édition chez le même éditeur Humbert à Amsterdam mais à la date de 1709. Il semble bien que ce soit une erreur car nous n’avons nulle part trouvé trace de cette édition de 1709 (aucun exemplaire référencé dans les dépôts publics).

« M. Clarke, dans le traité dont nous avons déja parlé, décide que Dieu peut communiquer aux mauvais anges & à des imposteurs le pouvoir de faire des miracles. M. Serces, dans un traité sur les miracles, imprimé à Amsterdam en 1729, soutient l’opinion contraire.

Les prodiges opérés par les magiciens de Pharaon, & rapportés dans l’Exode, ont également divisé les Peres & les Théologiens : les uns comme Origene, saint Augnstin, & saint Thomas, ont reconnu que ces prodiges étoient réels, & non pas seulement apparens & phantastiques. Saint Augustin sur-tout s’etant proposé cette question, savoir si les verges des magiciens étoient appellées dragons dans le texte sacre, à cause simplement qu’elles avoient la figure de cet animal, sans en avoir la réalité, le changement qui y étoit arrivé n’ayant été que phantastique ; il repond qu’il semble que les manieres de parler de l’Ecriture étant les mêmes, on doit reconnoître dans les verges des magiciens un changement pareil à celui qu’on remarque dans celles de Moïse. Mais s’étant ensuite objecté qu’il faudroit donc que les démons eussent créé ces serpens, un changement si prompt & si subit d’une verge en un serpent ne paroissant ni possible ni naturel : il dit qu’il y a dans la nature un principe universel répandu dans tous les élémens, qui contient la semence de toutes les choses corporelles, lesquelles paroissent au-dehors lorsque leurs principes sont mis en action à tems, & par des agens convenables ; mais ces agens ne peuvent ni ne doivent être nommés créateurs, puisqu’ils ne tirent rien du néant, & qu’ils déterminent seulement les causes naturelles à produire leurs effets au-dehors. Ainsi, selon ce pere, les démons ont pu produire dans un instant des serpens avec la matiere des verges des magiciens, en appliquant par une vertu subtile & surprenante des causes qui paroissoient fort éloignées à produire un effet subit & extraordinaire : saint Thomas raisonne sur les mêmes principes, & en tire les mêmes conséquences. S. August. quoest. 21. in Exod. S. Thom. I. part. quoest. 104. art. 4.

La grande difficulté dans ce système est que la nature & la force des démons & des ames séparées de la matiere nous étant assez inconnues, il n’est pas aisé de marquer positivement jusqu’où va leur pouvoir sur les corps, ni d’expliquer comment une substance purement spirituelle peut agir d’une maniere physique sur un corps. Il faut pour cela reconnoître en Dieu des volontés particulieres, par lesquelles il a décidé qu’à l’occasion de la volonté d’un esprit, un corps fût mis en mouvement de la maniere que cet esprit le voudroit, ou plutôt que Dieu. » (Extrait de l’encyclopédie Diderot et d’Alembert à l’article « Miracle », tome X, p. 560-562).

Serces admet les miracles du Christ et des apôtres. « Les prodiges des païens étaient ridicules, dit-il, absurdes; il ne faut tenir aucun compte des guérisons d'Esculape, de Vespasien, d'Apollonius, etc. C'étaient autant de fourberies humaines qui ne pouvaient porter nulle atteinte aux vrais miracles. Plus tard l'Église romaine, pour autoriser ses dogmes, eut aussi ses miracles. —Mais, d'après le système de Serces, tous évidemment sont des faussetés; la plupart sont absurdes, d'autres sont impossibles, contradictoires. — On peut faire sur ceux-ci la remarque qu'on a faite sur ceux des païens, ils sont trop nombreux, ils se ressemblent trop les uns les autres; ils favorisent la créance de dogmes absurdes. On a grand soin que ces miracles se fassent en secret, sans témoins ou devant des personnes affidées. C'est l'avarice, l'imposture des prêtres qui les fabriquent; pendant longtemps on a ignoré leurs artifices, mais on les a surpris en flagrant délit, et pour le prouver il cite, dit-il, un seul exemple, d'après Jurieu : c'est, en 1668, le miracle d'une sainte hostie à Saumur, approuvé par l'évêque d'Angers. » (V. Traité sur les miracles, Amst., 1729, p. 258 et suiv.) Serces, en se fixant à ce seul fait, déclare qu'il en pourrait rapporter une foule d'autres; il demande ensuite pourquoi le nombre des miracles a considérablement diminué, pourquoi il ne s'en fait plus pour faire rentrer les hommes dans leur devoir, etc. (in Joseph Bizouard, Des rapports de l’homme avec le démon, 1863, p. 309).

Ouvrage très intéressant.

Référence : Caillet, 10153.

BON EXEMPLAIRE, MIRACULEUSEMENT CONSERVÉ DANS SON BROCHAGE D'ÉPOQUE.

VENDU

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