jeudi 6 septembre 2012

Petit Traité de l'amour des femmes pour les sots par Champcenetz (1788). Edition originale peu commune de ce sympathique pamphlet.


[CHAMPCENETZ, Louis René Quentin de Richebourg, Marquis de]


PETIT TRAITÉ DE L'AMOUR DES FEMMES POUR LES SOTS.

A Bagatelle, s.n., 1788

1 plaquette petit in-8 (19 x 11 cm) de 44 pages y compris le titre.

Cartonnage demi-toile chagrinée bleue, plats de papier marbré, dos muet (cartonnage d'attente de la fin du XIXe siècle). Très bon état de conservation. petite mouillure angulaire sans atteinte au texte et sans gravité, à quelques feuillets seulement.

ÉDITION ORIGINALE.

Ce curieux petit traité s'ouvre sur une épître à Madame P ***** ; elle est signée C., "le plus obscur de vos adorateurs".


Louis René Quentin de Richebourg de Champcenetz, dit le « chevalier de Champcenetz », est né en 1759 à Paris et a été guillotiné le 23 juillet 1794. Il était le fils du gouverneur du Louvre, lui-même servant comme officier aux gardes françaises, tout en s’occupant beaucoup plus de ses plaisirs que de ses devoirs militaires. Ce fut un homme à la mode, faiseur de chansons, de bons mots, de petits vers ; Champcenetz était cité dans le monde pour son esprit et son élégance. Il se fit une réputation par des couplets satiriques d’une excessive légèreté de principes. Ses chansons portent la marque de ses moeurs fort libres. Sa hardiesse satirique lui vaut la prison et les épigrammes qu’il ne ménageait pas à autrui lui attirent des représailles. Quand éclate la Révolution, Champcenetz se déclare parmi les adversaires les plus déclarés des nouvelles institutions qu’il attaque avec l’arme du ridicule, tournant contre elles toute la fécondité de sa verve mordante que la gravité croissante des évènements ne peut intimider. Avec Rivarol, Suleau, Rivard, Peltier, Bergasse, Mirabeau-Tonneau, il est le collaborateur actif des Actes des Apôtres, pamphlet politique, en vers et en prose accompagné de caricatures, paru de novembre 1789 – l’an zéro de la liberté, proclame le titre – à 1792 qui prenait pour cible l’Assemblée nationale et Lafayette. Outre ses articles, Champcenetz publie divers écrits de circonstance, dont : Parodie du Songe d’Athalie (1787, in-8) ; les Gobe-Mouches au Palais-Royal (1788, in-8) où il fait son portrait sous le nom du Gobe-Mouches sans-souci ; Petit traité de l’amour des femmes pour les sots (1788, in-8) ; Réponse aux lettres (de Mme de Staël) sur le caractère et les œuvres de J.-J. Rousseau, bagatelle que vingt libraires ont refusé de faire imprimer (Genève [Paris], 1789, in-8°. Il a également fait, avec Rivarol, le Petit Almanach des grands hommes (1790, in-12) et écrit dans le Petit Journal de la cour et de la ville. Après la journée du 10 août, Champcenetz peut sortir de Paris et se réfugier dans une ville voisine. Grâce à Journiac de Saint-Méard, sauvé des massacres de l’Abbaye et qui avait su se faire quelques protections influentes, il obtient un certificat de civisme et a l’imprudence de revenir à Paris. À Saint-Méard qui va le voir et lui reprocher son imprudence, Champcenetz réplique : « Voilà les seuls amis qui me restent », en montrant ses livres, « je ne peux me résoudre à les abandonner ». Bientôt arrêté, il est enfermé aux Carmes et traduit comme conspirateur devant le Tribunal révolutionnaire qui le condamne à mort. Toujours fidèle à son insouciante gaîté, Champcenetz demande à l’accusateur public Fouquier-Tinville si c’était là comme à la section et « s’il y avait des remplaçants ». Il garde le même comportement et fait bonne figure jusqu'au dernier moment.


"De toute antiquité les femmes ont eu de la prédilection pour les sots. (...) Il faut bien aujourd'hui que les sots soient adorés, puisqu'ils réunissent à eux seuls presque tous les avantages ; un sot aujourd'hui est ou un grand seigneur, ou un magistrat, ou un millionnaire, ou un joli homme, ou un bel-esprit de société, ou un colosse de bonne-mine, ou un apprenti prélat, ou un colonel, ou ce qu'on appelle un bon coeur. Quelle femme peut résister à une seule de ces perfections ? Aucune, pas même hélas ! une jeune fille de quinze ans, et comme il n'y a pas plus d'espèce de femmes que d'espèce de sots, le beau sexe est nécessairement l'esclave né de la sottise (...)" extrait pp. 10-11.

Beaumarchais écrivait :

Au noble hôtel de la vermine
On est reçu très proprement
Rivarol y fait la cuisine
Et Champcenetz l'appartement

Il a été contrecollée une clé en tête du feuillet de garde ; c'est la clef donnée par la Correspondance de Grimm, 3e partie, tome IV, p. 522. Ex libris non identifié.

BON EXEMPLAIRE.

VENDU

Liens vers d'autres livres

Related Posts with Thumbnails