Antoine HAMILTON
MEMOIRES DE LA VIE DU COMTE DE GRAMMONT ; contenant particulièrement l'histoire amoureuse de la cour d'Angleterre, sous le règne de Charles II.
A Cologne, chez Pierre Marteau, 1713
1 volume in-12 (16,5 x 10,5 cm) de IV-426-(2) pages.
Cartonnage bradel plein papier gris, dos muet, gardes et doublures de papier vergé crème (reliure neuve). Intérieur frais. Quelques feuillets plus teintés que d'autres, sans gravité aucune.
ÉDITION ORIGINALE.
"Une particularité curieuse distingue l'édition originale de Cologne, 1713. L'éditeur a pris soin d'indiquer en italique tous les
mots sur lesquels il pensait que devait s'arrêter l'attention dos
lecteurs. On aurait peine à croire, sans en juger par soi-même,
à quelle quantité de mots s'est appliqué ce procédé." [et tous les noms des personnes sont en majuscules]. (Gay)
Antoine Hamilton ou Anthony Hamilton, né en 1646, mort le 21 avril 1719 à St Germain-en-Laye, est un écrivain écossais d'expression française. Descendant d'une famille de vieille noblesse catholique écossaise, sa date de naissance n'est pas absolument sûre (1645 ou 1646). Il est le troisième d'une famille de six garçons et trois filles ; en 1651, les Hamilton s'exilent en France pour échapper à la dictature de Cromwell après l'exécution de Charles Ier ; Anthony y fait ses études, s'imprégnant de la culture et de la littérature françaises de l'époque Louis XIII, et rejoint l'Angleterre en 1661 sous le règne de Charles II, où il fréquente la meilleure société ; en 1663, il rencontre le comte de Gramont, esprit brillant et libertin qui épouse sa sœur Elizabeth en 1663 et l'emmène en France. En 1668, il entame une carrière militaire dans le cadre d'une « gendarmerie » anglaise de l'armée royale française ; il rejoint son pays en 1678. À l'avènement de Jacques II (1685), Hamilton s'engage dans la vie politique irlandaise : il est nommé gouverneur de Limerick et semble avoir reçu du roi un régiment d'infanterie. Lorsque Guillaume d'Orange monte sur le trône, il combat pour la restauration à partir de l'Irlande, tandis que Jacques II est accueilli en France au château de Saint-Germain, sous la protection de Louis XIV.
Anthony Hamilton rejoint cette cour exilée vers 1695. Il logera dans la ville de Versailles jusqu'à sa mort, en 1719. Il y mène une vie mondaine, fréquente le maréchal de Berwick, fils naturel de Jacques II, et se distrait de l'atmosphère pesamment dévote de la cour auprès des quatre sœurs Bulkeley (le conte du Bélier est dédié à Henriette) ; il écrit des vers de circonstance et des chansons galantes qui le font admettre comme un bon poète dans les petites cours littéraires de l'époque, notamment la cour de Sceaux ; il fréquente chez sa sœur à Versailles, laquelle est appréciée du roi au point d'en avoir reçu une maison dans le parc du château ; il écrit les Mémoires du comte de Gramont inspirés de la vie de son beau-frère (publication en 1713), et invente des contes orientaux parodiques qui circulent en manuscrit mais ne seront publiés qu'en 1730. On prétend qu'Hamilton, si gai dans ses écrits, ne l'était pas du tout en société, et ne s'y faisait remarquer que par son humeur chagrine et caustique. Qui le croirait en lisant les Mémoires de Grammont ? Il est probable que le fond de l'ouvrage lui a été fourni par celui qui en est le héros, mais qu'il y a ajouté beaucoup d'ornements de son invention. Chamfort raconte que ce fut le comte de Gramont lui-même qui vendait quinze cents francs le manuscrit de ces mémoires, où il est si clairement traité de fripon. Fontenelle, censeur de l'ouvrage, refusait de l'approuver par égard pour le comte de Gramont. Celui-ci s'en plaignit au chancelier, à qui Fontenelle dit les raisons de son refus. Le comte, ne voulant pas perdre les quinze cents francs, força Fontenelle à approuver le livre d'Hamillon. « De tous les livres frivoles, dit La Harpe, c'est le plus agréable et le plus ingénieux ; c'est l'ouvrage d'un esprit léger et fin, accoutumé dans la corruption des cours à ne connaître d'autre vice que le ridicule, à couvrir les plus mauvaises mœurs d'un vernis d'élégance, à rapporter tout au plaisir et à la gaieté. II y a quelque chose du ton de Voiture, mais infiniment perfectionné. L'art de raconter les petites choses, de manière à les faire valoir beaucoup, y est dans sa perfection. » Voltaire porte à peu près le même jugement.
Provenance : ex libris gravé à l'eau-forte d'un lord anglais collé au verso du titre (armoiries). "The Right Honourable Robert Lord Viscount Tamworth Grandson and heir Apparent to y Earle Ferrers." Possiblement Robert Shirley, 6th Earl Ferrers (1723–1787), petit-fils du 1er Earl Ferrers. Voir la page consacrée à cette famille http://en.wikipedia.org/wiki/Earl_Ferrers
BON EXEMPLAIRE DE L’ÉDITION ORIGINALE DE CET OUVRAGE CLASSIQUE.
VENDU