dimanche 15 mai 2011

Samuel de Paul de Musset (1833). Edition originale rare de ce roman de la période romantique. Frontispice par Célestin Nanteuil.



Paul de MUSSET

SAMUEL, roman sérieux, par M. Paul de Musset, auteur de La table de nuit.

Paris, Eugène Renduel, 1833. [imprimerie de Plassan et Cie].

1 volume in-8 (22 x 14 cm) de 448-(4) pages.

Reliure demi-maroquin à grain long à coins, dos à faux-nerfs plats orné, filets dorés, plats de papier marbré, doublures et gardes de papier marbré, tête dorée, autres tranches non rognées (reliure du XXe siècle pastiche de l'époque romantique - la reliure n'est pas signée mais possède les caractéristiques des reliures sorties de l'atelier de BERNASCONI). Exemplaire parfaitement conservé, très frais. Bien complet du frontispice tiré sur papier de Chine collé par Célestin Nanteuil. Seuls deux feuillets de catalogue de l'éditeur ont été conservés sur les quatre (pages 1 et 2 et pages 7 et 8).


ÉDITION ORIGINALE RARE.

"Les scrupules de bien des gens pourraient s'éveiller vivement à la lecture du livre de M. Paul de Musset. Samuel est un roman sérieux, dit son auteur, en s'écriant dans la préface avec un air de béatitude extatique : « Heureux cent fois le romancier! » Heureux, sans doute, quand il a pour héros un jeune homme du caractère de Samuel. Samuel, homme actif, c'est l'épithète ordinaire que lui donne M. de Musset, est un nouvel adversaire du mariage, et, semblable en ce point à l'héroïne du roman de M. Delécluze, mademoiselle Justine de Liron, il bâtit là-dessus un système singulier qui pourrait bien n'être pas du goût de tout le monde. Ce jeune homme de vingt-cinq ans environ, assez avantageusement doté par la fortune et par la nature (deux femmes étourdies auxquelles M. Paul de Musset paraît en vouloir beaucoup), que vous voyez à l'ouverture du livre, dans son petit appartement de la rue Vivienne, rêver mélancoliquement , la tête dans ses deux mains , c'est Samuel, c'est le héros du roman. Il a fait quelque temps la cour à Juliette, fille de M. de R***, espèce d'automate à ressorts, et s'est fait aimer de cette jeune fille. A ce moment, vous croyez peut-être que l'intrigue va se nouer, et que Samuel, avec toute l'ardeur irréfléchie d'un premier amour, va courir chez le père de sa bien aimée lui demander sa fille en mariage ? Erreur. Le jeune homme se garde bien de laisser voir sa passion à une autre personne qu'à la jeune fille, près de laquelle il se donne la mission de Lovelace: Je veux en faire ma maîtresse, s'cst-il dit un jour; et pour parvenir à ce but, il emploie tous les moyens, use de tous les artifices, et triomphe en effet de Juliette, qui dans l'inexpérience de son âge, ne sait bientôt plus rien refuser au seul homme qu'elle aime au monde. Samuel, qui veut à toute force s'endurcir le cœur, quand il est le meilleur enfant du monde, selon le dire de son ami Henryt érige sa séduction en système, et, prenant pour texte une phrase qu'il a rencontrée par hasard dans Clarisse Harlowe : Quand une femme est subjuguée, c'est pour la vie, joue avec l'amour de Juliette comme avec un jouet d'enfant ; humiliant à plaisir et outrageant même avec un sang-froid infâme la jeune fille qui s'est donnée a lui. Deux hommes connaissent seuls au monde cet amour : Henry, l'ami de Samuel, et Raoul, son rival. Ce dernier personnage , sombre et triste, timide et gauche, l'une de ces natures incomplètes et maussades qui se développent dans l'ombre pour la malheur de ceux qui les entourent, aime dès long-temps Juliette; il a surpris son amour pour Samuel ; il sait qu'elle eat déshonorée, et pourtant il la demande en mariage a son père. Riche, il l'obtient, et prétend alors se débarrasser de Samuel par un meurtre. Vous dire le dénouement du livre serait bien difficile. C'est comme la fable de l'homme qui court après la fortune et de celui qui l'attend dans son lit. Samuel, l'homme actif, après tant de peines, de soucis pour parvenir à pouvoir dire orgueilleusement cette phrase en montrant du doigt Juliette : Cette femme est ma maltresse, s'éclipse subitement, après avoir fourni la carrière d'un volume, dans les nuages mystérieux qui entourent le dénouement des aventures. Quant à son ami Henry, l'homme tranquille, tout le jour enseveli dans son large fauteuil de velours rouge, fumant et bavant, insouciant de l'amour , il continue à vivre de sa vie molle et paresseuse. Juliette reparaît dans le inonde plus belle et plus séduisante que jamais, puis quitte un jour son mari pour voyager au loin. Raoul reste sombre et triste; et M. Paul de Musset, tout en rassurant le lecteur sur la continuation du bonheur des amans, se hâte d'inscrire nu bas de sa page le bienheureux mot FIN en grosses lettres, laissante chaque lecteur le plaisir ou l'ennui de chercher la morale et la suite du tout. Ce roman sérieux est écrit tout entier avec une originalité piquante et des formes inouïes qui le rendent intéressant a force de bizarrerie. L'auteur, avec une verve moqueuse, y promène ses lecteurs à la suite de ses personnages au gré de son imagination vagabonde et paradoxale." (Carnot et Leroux, Revue encyclopédique, ou Analyse raisonnée des productions etc, vol. 57, janvier 1833, p. 193)

Paul de Musset, frère ainé de l'auteur de Louison et des Confessions d'un enfant du siècle, bien qu'ayant produit une oeuvre littéraire importante, n'a finalement vécu pour la postérité presque exclusivement dans l'ombre de son frère et ses amours tumultueuses avec George Sand. C'est Paul de Musset qui, en 1859, deux ans après le décès de son frère, publia Lui et Elle, parodie du récit autobiographique de George Sand, Elle et Lui, paru six mois plus tôt et évoquant sa relation avec Alfred de Musset. Paul de Musset détestait particulièrement George Sand.


BEL EXEMPLAIRE PARFAITEMENT ÉTABLI D'UN LIVRE RARE DE L’ÉPOQUE ROMANTIQUE.

VENDU

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