vendredi 25 mars 2011

L'arretin moderne (1783) de l'abbé défroqué Henri-Joseph Dulaurens. Bel exemplaire en maroquin du XIXe siècle. L'anticléricalisme au XVIIIe s.



[Abbé Henri-Joseph DULAURENS]

L'ARRETIN MODERNE.

A Rome, aux dépens de la Congrégation de l'Index. 1783.

2 volumes petits in-8 (15,5 x 10 cm) de XLII-200 et (4)-199 pages.

Reliure plein maroquin framboise, dos à nerfs, caissons encadrés d'un filet à froid, filet doré perlé sur les nerfs, filets dorés, triple-filet doré en encadrement des plats, roulettes dorées en encadrement intérieur des plats, filet doré sur les coupes, doublures et gardes de papier peigne, tranches dorées (fine reliure non signée de le deuxième moitié du XIXe siècle, vers 1880 ?). Reliure très fraîche en excellent état, intérieur très frais, exemplaire non lavé, papier uniformément teinté.


NOUVELLE ÉDITION.

Cet ouvrage curieux de l'abbé Henri-Joseph Dulaurens a été publié pour la première fois en 1763 sous le titre "L'arretin". Il a été réimprimé plusieurs fois depuis.

"Ce livre est une critique vive et assez gaillarde des principales histoires de la Bible… L'Epouse de Suze est une petite critique de La Nouvelle Héloïse, Le Sage Pangloss est Salomon, le plus sage des hommes ; c'est un chapitre original, même par ses singulières citations bibliques, lesquelles étant un peu vives, ne sauraient être reproduites ici, L'Histoire de Suzon est celle de Suzanne avec les deux vieillards, l'histoire de Godemiché est à peu près le même sujet que la Novella dell'Angelo Gabriello, c'est-à-dire du Parapilla. C'est comme on sait, l'origine de ces instruments de chamois ou de velours devenus si communs dans les maisons de religieuses. Enfin, les Couvens de Jésuites sont une allégorie à l'histoire de Sodome puis de Loth et ses filles. En un mot, le volume tout entier est plutôt une critique facétieuse de la Bible et des institutions cléricales qu'un livre simplement gaillard". (Lemonnyer, I, p. 263).

Baptisé à la collégiale Saint-Pierre de Douai, fils de Jean-Joseph Laurens, chirurgien-major au régiment de La Roche-Guyon, et de Marie-Joseph Guyon. Dès l’âge le plus tendre, il annonça un esprit vif et supérieur, qui pouvait faire concevoir de grandes espérances. Envoyé de bonne heure au collège d’Anchin, desservi par les Jésuites, il commença ses études qui eurent beaucoup d’éclat. À peine les eut-il achevées que sa mère, femme très pieuse, le fit entrer, le 12 novembre 1727, âgé de seize ans, chez les les chanoines réguliers de la Trinité, Dulaurens fut admis à la profession, le 12 novembre 1727, étant à peine âgé de dix-neuf ans. La vivacité de son esprit, l’ardeur de son imagination, et, par dessus tout, le désir extrême de se distinguer le fit se livrer tout entier à l’étude de la théologie et des belles-lettres. Il parvint bientôt à se faire haïr de ses confrères, qu’il cherchait sans cesse à humilier en faisant parade de son esprit et de ses connaissances. Les jésuites ne le détestèrent pas moins, parce qu’il se faisait un plaisir de les confondre dans les thèses publiques. Les désagréments qu’on lui faisait éprouver le déterminèrent à demander sa translation dans l’ordre de Cluny. Mais ayant été refusé dans une maison de cet ordre, il protesta juridiquement contre ce refus, quitta la vie monastique et se rendit à Paris pour soutenir ses droits, peut-être espérant trouver dans les lettres plus de tranquillité que dans son couvent, ainsi que la fortune et la gloire. Mais cette fortune, objet de ses vœux et de son ambition, le trompa bien cruellement, car pendant toute sa vie il fut malheureux et persécuté. Le parlement de Paris ayant lancé, au mois d’août 1761, le célèbre arrêt contre les jésuites, Dulaurens, depuis longtemps leur ennemi, saisit avec empressement l’occasion de se venger en composant contre eux une satire violente à l’imitation des Philippiques, sous le titre de Jésuitiques, dont il avait communiqué l’idée à Marc-Ferdinand Groubentall de Linière, l’un de ses amis logé dans sa maison. L’ouvrage, fait en commun, fut achevé et imprimé en huit jours mais, craignant les poursuites de la police, Dulaurens partit à pied pour la Hollande, le lendemain de la publication de son pamphlet, en négligeant de prévenir son ami Greuber de Groubental, qui fut arrêté et conduit à la Bastille, où il resta pendant un mois. Le peu d’argent que Dulaurens retira des libraires d’Amsterdam (chez Marc-Michel Rey de 1761 à 1763), lui fit quitter celle ville pour se rendre successivement à Liège et à Francfort, où il espérait trouver un gain plus considérable. Doué d’une imagination féconde, d’une prodigieuse facilité pour le travail, il vécut toujours dans un état voisin de l’indigence. Ayant été dénoncé en décembre 1765 à la chambre ecclésiastique de Mayence, comme auteur d’ouvrages impies, il fut jugé et condamné par sentence du 30 août 1707 à une prison perpétuelle et enfermé dans une maison de pauvres prêtres à Mayence. Il présentait alors des signes de délire. À partir de 1788, il termina sa peine au couvent surveillé de Marienborn, où il mourut à l’âge de 74 ans (1793). La physionomie de l’abbé Dulaurens, qui était gros, court et replet, n’annonçait pas ses talents. Méfiant et caustique, il n’était officieux et serviable que lorsque cela ne pouvait lui porter préjudice. Vif et turbulent, inquiet et hypocondre, souvent même visionnaire, et toujours inconstant, il formait mille projets en un jour et ne les mettait jamais à exécution. Sa vivacité le rendait brouillon ; mais son génie était une de ces sources qui jaillissent sans cesse. Il a publié une foule d’ouvrages dont la plupart ont eu plusieurs éditions. Son abondance extrême rend son travail inégal et ses idées peu suivies. Il fit beaucoup de vers, dans lesquels on remarque des pensées profondes et une poésie, sonore. Sa prose est pleine de feu et de saillies. Dans ses nombreuses productions il se trouve toujours des pensées neuves et hardies, au milieu du cynisme le plus affirmé. (source Wikipedia).

Référence : Stéphan Pascau, Henri-Joseph Dulaurens (1719-1793), réhabilitation d’une œuvre, Paris, Champion, DHS 109, déc. 2006, 540 p.

Provenance : De la bibliothèque du docteur en médecine René Fauvelle, avec son cachet ex libris sur le faux-titre et le titre de chaque volume, bibliophile de la deuxième moitié du XIXe siècle, sans doute le commanditaire de la reliure.

BEL EXEMPLAIRE DE QUALITÉ FINEMENT ÉTABLI A LA FIN DU XIXe SIÈCLE.

VENDU

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