[MANNOURY D'ECTOT (Marquise de)]. FREDILLLO (illustrateur).
Le Roman de Violette. Œuvre posthume d'une célébrité masquée.
Lisbonne, chez Antonio Da Boa-Vista, 1870 [Henriette Doucé, 1890] [1883 pour la suite de gravures].
1 volume in-18 (17,7 x 12,3 cm) de (4)-198 pages. 6 eaux-fortes érotiques hors-texte (ici en 2 états, noir et coloriées à l'époque, donc 12 gravures au total).
Reliure strictement de l'époque bradel demi-toile bronze à larges coins, pièce de titre de cuir noir, couvertures grises imprimées en noir et rouge conservées en très bon état. Exemplaire relié sur brochure, non rogné. Quelques légers frottements à la reliure, intérieur frais imprimé sur beau papier vergé à pontuseaux verticaux. Le verso des gravures tirées en noir a uniformément jauni le feuillet de texte placé juste avant (sans gravité).
Tirage à petit nombre (non précisé).
Nouvelle édition non répertoriée probablement publiée à Paris vers 1890 par Henriette Doucé. Contrefaçon de l'édition de Brancart. Elle est imprimée sur un papier vergé filigrané Olyrood à pontuseaux verticaux et est ornée de 6 gravures de Fredillo.
Avec 12 eaux-fortes libres par Frédillo (6 en noir tirées sur Japon et 6 en couleurs tirées sur Hollande).
Ce texte a paru pour la première fois à Bruxelles en 1883 par A. Brancart (en 195 pages). Dutel (n°758) précise que cette première édition était accompagnée ou non d'une suite de 6 gravures (de Frédillo) et le prix en était de 10 francs sans les gravures et 20 francs avec. Il s'agit de la même suite que nous avons dans notre exemplaire. On la trouve mentionnée dans une autre édition en 198 pages (Dutel n°759). Pour tout dire la chronologie des éditions anciennes du Roman de Violette est un peu embrouillée voire beaucoup et Dutel ne saurait assurer exactement quelle édition est la première et exactement par qui elle a été imprimée.
"La jeune fille, échappée d'une boutique de modes pour tomber dans les bras d'un jeune viveur délicat, a de gracieuses naïvetés tout d'abord, pour s'initier ensuite avec le meilleur goût à toutes les perversions voluptueuses que son amant s'ingénue à lui apprendre. Elle laisse d'ailleurs à ces jeux épuisants une santé fragile ; et sur sa tombe, ses deux amants, Christian et la comtesse la pleurèrent longtemps, non sans évoquer son souvenir dans des étreintes d'amour." (Dutel).
"Ce roman très libre est l'œuvre posthume d'une des gloires littéraires modernes. C'est aussi l'une des plus gracieuses compositions dans ce genre. Nulle expression déplacée ne vient choquer le regard, et les tableaux se succèdent toujours plus lascifs quoique l'action reste presque idyllique. Après avoir lu cet ouvrage, dont le style et le choix des sujets sont également remarquables, on comprendra la réserve qui nous empêche d'en nommer l'auteur, un prince des lettres, avons-nous dit." (Notice de Hirsch reprise en partie dans les catalogues de 1900 et 1902 de la Maison Richard).
Ce roman d'inspiration saphique passe pour être du même auteur que "Les Cousines de la colonelle", c'est-à-dire de la marquise de Mannoury (Pia, Les Livres de l'Enfer, 1281-1285). Cet ouvrage fut en son temps attribué faussement à Alexandre Dumas fils ou encore Guy de Maupassant.
« Lecteurs pudibonds, lectrices timorées, qui craignez d'appeler un chat un chat et Rollet un fripon, n'allez pas plus loin ; je n'écris pas pour vous. Que ceux-là seulement qui ont compris, aimé, pratiqué l'aimable science qui a nom Volupté, me suivent » (avertissement de l'auteur).
L'illustration, très libre, se compose d'un frontispice titré et de 5 hors-textes. Ces compositions sont parfois signées du monogramme F pour Frédillo (1855-1924). Dans notre exemplaire ont été reliées ensemble deux suites, l'une en noir tirée sur beau papier du Japon et l'autre coloriée à la main à l'époque au pinceau tirée sur beau papier vergé de Hollande. La présence simultanée de ces deux suites dans un exemplaire relié à l'époque est de la plus grande rareté. Le coloris est superbe et resté particulièrement frais et vif. Cette suite aurait été gravée dès 1883 pour quelques exemplaires de l'édition Brancart. Son tirage doit être fort restreint. On ne sait que très peu de choses de Frédillo. iL fut d'abord caricaturiste pour La Lanterne (en 1874-1876), L’Écho des jeunes et La Plume (après 1889). Il signait Frédillo avec un accent et parfois d'un simple F.
Il connaissait sans doute Paul Verlaine et la marquise de Mannoury d'Ectot, née H. Nicolas Le Blanc, plus connue sous le pseudonyme de vicomtesse de Cœur-Brûlant. Il produisit une grande quantité d'illustrations érotiques, d'assez bonne facture selon Pascal Pia et non sans style, et ce, clandestinement : entre autres pour l'éditeur belge Auguste Brancart (vers 1880-1890), les éditeurs parisiens René Pincebourde et Jean Fort (vers 1895-1911). Son thème de prédilection (du moins, celui pour lequel on lui passait commande) semble avoir été la flagellation, répondant ainsi à une mode fin-de-siècle.
On perd sa trace peu avant 1914.
Référence : Dutel, Bibliographie des ouvrages érotiques publiés clandestinement en français entre 1880 et 1920, n°761.
Très bon exemplaire relié à l'époque avec les deux très rares suites de gravures libres par Frédillo (en noir et en couleurs).
De la plus grande rareté.
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