mardi 13 septembre 2011

Les Réflexions d'un citoyen sur la révolution de 1788 par le marquis de Condorcet (1788). Edition originale rare de ce pamphlet annociateur de 1789.



Marie Jean Antoine Nicolas de Caritat, marquis de CONDORCET

RÉFLEXIONS D'UN CITOYEN, SUR LA RÉVOLUTION DE 1788.

A Londres, s.n., 1788.

1 volume in-8 (20,5 x 14 cm) de 56 pages y compris le titre.

Cartonnage bradel plein papier bleu moderne, dos muet. Cartonnage neuf. Intérieur lavé, quelques cicatrices de mouillure sans gravité, habile réparation à un feuillet sans conséquence. Papier très fin.

ÉDITION ORIGINALE.

Il existe une autre édition parue la même année, en 31 pages. Une édition, à Paris chez Volland, et datée de 1789, est indiquée comme étant la "seconde édition".

La Révolution de 1788 dont il est question c'est l'établissement des Grands-Bailliages et de la Cour plénière. Le 8 mai 1788 un lit de justice tenu à Versailles impose les réformes judiciaires et politiques, tandis que les gouverneurs de province tiennent des lits de justice dans toutes les cours souveraines. 47 tribunaux de grand bailliage, remplacent les Parlements. Ils doivent appliquer un nouveau code d’instruction criminelle qui supprime la « question préalable », torture précédant l'exécution afin d'obtenir le nom des complices du condamné. L’enregistrement des lois passe à une cour plénière dont les membres sont choisis par le roi. Elle se réunit le 9 mai, mais de nombreuses personnalités refusent d’y siéger. Les Parlements résistent à leur mise en vacance et sont soutenus par des émeutes populaires à Paris (19 juin), Toulouse et Rennes.

Condorcet dénonce dans ce pamphlet la répugnance qu'ont eu les chefs du gouvernement envers les Etats Généraux : "Un Roi de France qui aime son Peuple, peut-il se défier de sa fidélité, de sa soumission ? Peut-il, surtout dans les conjonctures difficiles, redouter de s'environner de son zèle ? Courra-t-il jamais aucun danger en quittant un moment le Trône pour descendre auprès de lui ? Un bon père est-il, nulle part, plus en sûreté qu'au milieu de ses enfants ? Ah ! cette place est la plus digne d'un Roi vertueux : elle convenait à Louis XVI." (p. 8). Il décrit les conséquences fâcheuses de ces décisions pour le Peuple de France : "L'établissement des Grands-Bailliages ruinera donc les grandes villes sans enrichir les petites, et cet effet inévitable acquerera bientôt l'influence la plus fâcheuse sur le crédit public et par conséquent, sur la prospérité nationale." (p.11). C'est un plaidoyer pour l'indépendance de la justice aussi. L'ouvrage se termine sur une note optimiste de Condorcet qui est heureux d'apprendre au moment de l'impression de son texte que finalement les États Généraux seront bien réunis, ce qui était son vœu le plus cher.

Ce texte de Condorcet annonce les premiers grondements de la Révolution, émis par l'un des plus grands érudits de son temps, l'un des acteurs principaux qui prit rang parmi les "penseurs" de 1789. Finalement sous le coup d'un décret d'arrestation (8 juillet 1793), il fut contraint de se cacher. Il trouva refuge pendant neuf mois dans la demeure de Mme Vernet, rue de Servandoni, à Paris. Il en profita pour écrire l’un de ses ouvrages les plus appréciés par la postérité, Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain qui fut publié après sa mort, en 1795. Le 25 mars 1794, il quitta sa cachette, convaincu de ne plus y être en sécurité et d'être un trop grand danger pour Madame Vernet, sa généreuse hôtesse. Il tenta de fuir Paris. Il fut arrêté à Clamart deux jours plus tard, et mis en prison à Bourg-Égalité (Bourg-la-Reine). On le retrouva deux jours plus tard mort, dans sa cellule. Les circonstances de sa mort restent énigmatiques (suicide, meurtre ou maladie).

TRÈS BON EXEMPLAIRE DE CE TEXTE IMPORTANT POUR L'HISTOIRE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.

VENDU

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