[Simon-Nicolas-Henri LINGUET]
THÉORIE DES LOIX CIVILES OU PRINCIPES FONDAMENTAUX DE LA SOCIÉTÉ.
A Londres [Paris ?], s.n., 1767.
2 volumes in-12 (17 x 10,5 cm) de (4)-507 et (4)-532 pages.
Reliure plein vélin véritable à la bradel (reliure moderne). Dos muets, tranches rouges (époque). Reliures récentes en parfait état. Intérieur frais, les premiers et derniers feuillets de chaque volume sont légèrement brunis. Feuillets légèrement gondolés sur l'ensemble des deux volumes. Exemplaire anciennement relié en veau très usagé, replacé récemment dans une fine reliure en vélin. Collationné complet.
ÉDITION ORIGINALE DE PREMIER TIRAGE.
Le premier tirage, très rare, se reconnait à l'errata qu'on trouve aux pages 178-180 du premier volume. Les fautes du deuxième volume ont été corrigées. Il existe encore au moins une autre édition à la même date avec une pagination et des fleurons de titre et des ornements différents.
Dans cet important ouvrage, l'objet de Linguet est de combattre une partie du système de Montesquieu. Cet avocat rémois "ne décrit pas à priori une société idéale, soit une utopie imaginaire, soit un état de nature qui ne l'est pas moins, en cela il diffère de la plupart de ses contemporains "socialistes". Il se contente de faire une critique violente des institutions de son époque." Il y traite de la question de la propriété, de la condition des travailleurs, d'une possible révolution, non celle qui surviendra en 1789, mais celle de tous les pauvres contre tous les riches. Linguet est un radical. Pour lui, le fondement sur lequel repose la société entière, c'est la propriété ; en cela il se rapproche des physiocrates. En revanche, il s'écarte complètement de leur manière d'établir ce principe et d'en montrer les conséquences. Tandis que Quesnay et ses disciples font du droit de propriété un droit primitif, sacré, antérieur à la société et naturel à l'homme, Linguet lui donne une moins noble origine : "L'état de nature, dit-il, n'admet ni juges, ni prohibitions, ni propriété. C'est un état de liberté, c'est-à-dire d'anarchie absolue, dans lequel chacun possède et consomme en raison de ses besoins ; les uns se livrent à l'agriculture, d'autres à la chasse, selon leurs goûts. On peut supposer qu'après une expédition infructueuse les chasseurs, plus belliqueux, dépouillèrent les agriculteurs des terres qu'ils cultivaient en commun et les forcèrent à travailler pour eux. Quelque temps, ce butin demeura indivis ; mais la fréquence des querelles, et la réflexion que la propriété individuelle serait plus simple et plus facile à faire respecter, décidèrent à faire un partage par lequel on interdit tout brigandage à l'avenir : "On convint que chacun posséderait tranquillement la part qui lui serait échue et que quiconque tenterait de la lui enlever serait déclaré ennemi public et poursuivi en cette qualité."(Théorie, Tome I, p. 298-350)
Le Discours préliminaires qui occupe les pages 1 à 177 du premier volume fut condamné et supprimé par arrêt du Parlement de Paris dès 1767. D'après Weller (tome 2, p. 178), ces deux volumes sortent d'une imprimerie parisienne.
Rédigé sans doute quelques temps avant sa publication en 1767, par un jeune avocat surdoué de 31 ans, cet ouvrage fournit au public des Lumières, près de 22 ans avant la Révolution, tous les outils nécessaires pour refonder la société sur des valeurs égalitaires et humanistes. Linguet reste cependant un personnage complexe. Et s'il dénonce le despotisme de l'ancien régime, il se méfie du peuple en révolution. La Révolution française dévora sans concession ses meilleurs enfants. C'est ainsi qu'il fut finalement accusé de collusion avec la monarchie par les révolutionnaires de 1789. C'est ainsi qu'il fut arrêté sous la Terreur sur l'accusation de publication d'articles élogieux publiés dans son journal (les Annales civiles, politiques et littéraires) avant la Révolution (1784) afin d'obtenir des gratifications de monarques étrangers. Des lettres trouvées dans l'Armoire de fer ne firent rien pour son cas. Ces flatteries datant de 1784 l'envoient à la guillotine le 9 messidor an II (27 juin 1794). Il fut inhumé au cimetière de Picpus. Adversaire du parti philosophique, ses ouvrages sont marqués par un radicalisme sans demi-mesure. Curieux contre-révolutionnaire qui défend un égalitarisme proche du babouvisme. Linguet est considéré par de nombreux historiens comme un des principaux précurseurs des réformateurs socialistes modernes (Fourier, Cabet, Marx). Karl Marx qui commenta ce texte dans son "Theorien über den Mehrwert". in Le socialisme utopique (ouvrage collectif).
"La Théorie des lois civiles est l’un des livres les plus importants de Linguet “où brille d’ailleurs un talent remarquable, des pensées fortes, des vues profondes, un style plein d’éclats et de hardiesse”. (Dupin)
Références : Dupin, 130 ; INED,2930 ; Kress, 6459 ; Higgs, 4251.

TRÈS BON EXEMPLAIRE.
TRÈS RARE PREMIER TIRAGE DE CET OUVRAGE IMPORTANT POUR L'HISTOIRE DU COURANT DE PENSÉE SOCIALISTE UTOPIQUE.
VENDU
THÉORIE DES LOIX CIVILES OU PRINCIPES FONDAMENTAUX DE LA SOCIÉTÉ.
A Londres [Paris ?], s.n., 1767.
2 volumes in-12 (17 x 10,5 cm) de (4)-507 et (4)-532 pages.
Reliure plein vélin véritable à la bradel (reliure moderne). Dos muets, tranches rouges (époque). Reliures récentes en parfait état. Intérieur frais, les premiers et derniers feuillets de chaque volume sont légèrement brunis. Feuillets légèrement gondolés sur l'ensemble des deux volumes. Exemplaire anciennement relié en veau très usagé, replacé récemment dans une fine reliure en vélin. Collationné complet.
ÉDITION ORIGINALE DE PREMIER TIRAGE.
Le premier tirage, très rare, se reconnait à l'errata qu'on trouve aux pages 178-180 du premier volume. Les fautes du deuxième volume ont été corrigées. Il existe encore au moins une autre édition à la même date avec une pagination et des fleurons de titre et des ornements différents.
Dans cet important ouvrage, l'objet de Linguet est de combattre une partie du système de Montesquieu. Cet avocat rémois "ne décrit pas à priori une société idéale, soit une utopie imaginaire, soit un état de nature qui ne l'est pas moins, en cela il diffère de la plupart de ses contemporains "socialistes". Il se contente de faire une critique violente des institutions de son époque." Il y traite de la question de la propriété, de la condition des travailleurs, d'une possible révolution, non celle qui surviendra en 1789, mais celle de tous les pauvres contre tous les riches. Linguet est un radical. Pour lui, le fondement sur lequel repose la société entière, c'est la propriété ; en cela il se rapproche des physiocrates. En revanche, il s'écarte complètement de leur manière d'établir ce principe et d'en montrer les conséquences. Tandis que Quesnay et ses disciples font du droit de propriété un droit primitif, sacré, antérieur à la société et naturel à l'homme, Linguet lui donne une moins noble origine : "L'état de nature, dit-il, n'admet ni juges, ni prohibitions, ni propriété. C'est un état de liberté, c'est-à-dire d'anarchie absolue, dans lequel chacun possède et consomme en raison de ses besoins ; les uns se livrent à l'agriculture, d'autres à la chasse, selon leurs goûts. On peut supposer qu'après une expédition infructueuse les chasseurs, plus belliqueux, dépouillèrent les agriculteurs des terres qu'ils cultivaient en commun et les forcèrent à travailler pour eux. Quelque temps, ce butin demeura indivis ; mais la fréquence des querelles, et la réflexion que la propriété individuelle serait plus simple et plus facile à faire respecter, décidèrent à faire un partage par lequel on interdit tout brigandage à l'avenir : "On convint que chacun posséderait tranquillement la part qui lui serait échue et que quiconque tenterait de la lui enlever serait déclaré ennemi public et poursuivi en cette qualité."(Théorie, Tome I, p. 298-350)
Le Discours préliminaires qui occupe les pages 1 à 177 du premier volume fut condamné et supprimé par arrêt du Parlement de Paris dès 1767. D'après Weller (tome 2, p. 178), ces deux volumes sortent d'une imprimerie parisienne.
Rédigé sans doute quelques temps avant sa publication en 1767, par un jeune avocat surdoué de 31 ans, cet ouvrage fournit au public des Lumières, près de 22 ans avant la Révolution, tous les outils nécessaires pour refonder la société sur des valeurs égalitaires et humanistes. Linguet reste cependant un personnage complexe. Et s'il dénonce le despotisme de l'ancien régime, il se méfie du peuple en révolution. La Révolution française dévora sans concession ses meilleurs enfants. C'est ainsi qu'il fut finalement accusé de collusion avec la monarchie par les révolutionnaires de 1789. C'est ainsi qu'il fut arrêté sous la Terreur sur l'accusation de publication d'articles élogieux publiés dans son journal (les Annales civiles, politiques et littéraires) avant la Révolution (1784) afin d'obtenir des gratifications de monarques étrangers. Des lettres trouvées dans l'Armoire de fer ne firent rien pour son cas. Ces flatteries datant de 1784 l'envoient à la guillotine le 9 messidor an II (27 juin 1794). Il fut inhumé au cimetière de Picpus. Adversaire du parti philosophique, ses ouvrages sont marqués par un radicalisme sans demi-mesure. Curieux contre-révolutionnaire qui défend un égalitarisme proche du babouvisme. Linguet est considéré par de nombreux historiens comme un des principaux précurseurs des réformateurs socialistes modernes (Fourier, Cabet, Marx). Karl Marx qui commenta ce texte dans son "Theorien über den Mehrwert". in Le socialisme utopique (ouvrage collectif).
"La Théorie des lois civiles est l’un des livres les plus importants de Linguet “où brille d’ailleurs un talent remarquable, des pensées fortes, des vues profondes, un style plein d’éclats et de hardiesse”. (Dupin)
Références : Dupin, 130 ; INED,2930 ; Kress, 6459 ; Higgs, 4251.

TRÈS BON EXEMPLAIRE.
TRÈS RARE PREMIER TIRAGE DE CET OUVRAGE IMPORTANT POUR L'HISTOIRE DU COURANT DE PENSÉE SOCIALISTE UTOPIQUE.
VENDU