dimanche 6 novembre 2011

Meloenis, conte romain (1851), par Louis Bouilhet, l'ami intime de Gustave Flaubert. Exemplaire imprimé sur papier vélin offert à Jules Michelet.



Louis BOUILHET
MELOENIS, conte romain par Louis Bouilhet. Extrait de la Revue de Paris.

Paris, Imprimerie de Pillet fils ainé, 1851.

1 volume grand in-8 (25 x 16 cm) de 88 pages y compris le faux-titre et le titre.

Reliure demi-maroquin orange à coins, filets à froid, titre et auteur dorés au dos, tête dorée, non rogné pour les autres tranches, couvertures jaunes conservées (reliure de l'époque ou postérieure de quelques années seulement). Quelques frottements et traces à la reliure, sans aucune gravité, deux coins légèrement touchés, intérieur parfaitement frais, immaculé. Les deux plats de couverture imprimés sur papier jaune sont légèrement salis.


ÉDITION ORIGINALE EN LIBRAIRIE ET VÉRITABLE TIRAGE A PART SUR PAPIER VÉLIN.
EXEMPLAIRE OFFERT PAR L'AUTEUR A L'HISTORIEN JULES MICHELET, AVEC CET ENVOI : "à Monsieur Michelet, hommage respectueux de l'auteur. L. Bouilhet"

Ce long poème échevelé et à l'antique ne compte pas moins de 2.900 vers et nous entraine dans la Rome décadente.

Il ne faut pas confondre cette édition grand in-8 dont la pagination commence à (4)-5 à 88 avec l'Extrait de la Revue de Paris qui a été également relié à part à l'époque mais qui est paginé de 85 à 168 (avec en plus un titre et un faux-titre). Cet extrait dont la pagination est celle de la Revue de Paris n'est en réalité qu'un fragment de cette revue détaché pour l'occasion. Notre édition quant à elle est belle et bien un tirage à part, repaginé et entièrement recomposé et réimposé au format grand in-8. Notre exemplaire est imprimé sur un beau papier vélin épais, collé et absolument dénué de rousseurs. Il s'agit là probablement d'un très petit tirage de luxe, pour l'auteur et ses amis, non signalé par les bibliographes.

Louis Bouilhet était l'ami de Flaubert, son intime, et ce jusqu'à la fin de sa vie. Voici le jugement de Guy de Maupassant sur Louis Bouilhet : "J’avais alors dix-huit ans, et je faisais ma rhétorique à Rouen. Je n’avais rien lu de Bouilhet, bien qu’il fût le plus cher camarade de Flaubert. En ville, on ne le connaissait guère ; mais on en parlait beaucoup parce qu’il était bibliothécaire. L’académie locale le méprisait un peu, sous l’influence d’un poète indigène, M. Decorde, un barde étonnant dont les vers semblent avoir été faits par Henry Monnier pour les attribuer à l’immortel Prudhomme. Dans le public, les nombreux parents des académiciens déclaraient Louis Bouilhet surfait. Quelques jeunes gens l’admiraient frénétiquement. Un jour, comme nous nous dirigions vers le collège, après une promenade, le pion, un piocheur qu’on estimait, chose rare, eut un geste brusque comme pour nous arrêter ; puis il salua, d’une façon respectueuse et humble, ainsi qu’on devait jadis saluer les princes, un gros monsieur décore à longues moustaches tombantes qui marchait, le ventre en avant, la tête en arrière, l’œil voilé d’un pince-nez. Puis quand le promeneur fut loin, notre maître d’études qui l’avait longtemps suivi du regard nous dit : « C’est Louis Bouilhet. » Et immédiatement il se mit à déclamer les vers de Melœnis, des vers charmants, sonores, amoureux, caressant l’oreille et la pensée comme font tous les beaux vers. Le soir même j’achetais Festons et Astragales. Et pendant un mois je restai grisé de cette vibrante et fine poésie. Tout jeune encore je n’osais demander à Flaubert, dont je n’approchais alors qu’avec un respect craintif, de m’introduire chez Bouilhet. Je résolus d’y aller seul. Il habitait rue Bihorel, une de ces interminables rues des banlieues provinciales qui vont de la ville à la campagne. (...) Pendant six mois, je le vis chaque semaine, tantôt chez lui, tantôt chez Flaubert. Timide en public, il était, dans l’intimité, débordant d’une verve incomparable, d’une verve nourrie, de grande allure classique, pleine de souffle épique et de finesse en même temps. J’appris un jour qu’il était fort malade. Il mourut brusquement le lendemain. (...)" (Extrait de Le Gaulois, 21 août 1882, les chroniques de Guy de Maupassant).
Meloenis parait dans la Revue de Paris de novembre 1851. L'annonce du tirage à part est faite dans la Bibliographie de la France dès le 8 novembre.

Louis Bouilhet dédie ce long poème, sa première œuvre, à son ami intime Gustave Flaubert. Il apparaît comme un précurseur du Parnasse par son soucis de la pureté de la forme, son goût de l'antique et le culte de la science ainsi que par son goût pour la poésie objective et impersonnelle, quoique quelques-uns de ses meilleurs vers soient précisément ceux où il a trahi le sentiment qui l'obsédait en les écrivant (ainsi sa poétique apostrophe A une femme, l'actrice Durey). Les deux hommes correspondront ensemble presque constamment et laisserons un témoignage d'amitié qui se révèlera, en 1857, avec la parution de Madame Bovary de Flaubert où Louis Bouilhet est le dédicataire. Le 19 septembre de cette même année 1851, Flaubert, poussé par ses amis Louis Bouilhet et Maxime Du Camp, commence la rédaction de Madame Bovary, en s'inspirant d'un fait divers normand. Il achèvera son roman réaliste et psychologique en mai 1856 après 56 mois de travail.

Nous constatons que Louis Bouilhet avait tissé suffisamment de liens avec Jules Michelet (que Flaubert ne connaissait pas encore en 1851) pour lui offrir un bel exemplaire de son poème imprimé sur beau papier.


BEL EXEMPLAIRE POUR CET EXEMPLAIRE RARE ET ÉMOUVANT.

VENDU

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