mardi 29 juin 2010

Les Scènes de la vie de jeunesse d'Henry Murger (1851). Edition originale en jolie demi-reliure de l'époque.




Henry MURGER

SCÈNES DE LA VIE DE JEUNESSE par Henry Murger.

Paris, Miche Lévy frères, 1851. Corbeil, Typographie de Crété.

1 volume in-18 (18,5 x 11,5 cm) de (4)-399-(1) pages.

Reliure demi-veau cerise, dos lisse orné de filets dorés, pièce de titre de maroquin vert sombre, plats de papier marbré marron, doublures et gardes de papier marbré (reliure de l'époque). Reliure très fraîche en dépit d'une petite éraflure au dos (voir photo), intérieur frais, pratiquement sans rousseurs. Les couvertures imprimées n'ont pas été conservées.


ÉDITION ORIGINALE.

Paru la même année que les Scènes de la vie de bohème, chez le même éditeur mais sorti des presses de Crété à Corbeil (les Scènes de la vie de bohème ont été imprimées à Sceaux chez E. Dépée), Henry Murger donne ici une suite esquisse de la jeunesse "de la bohème".

Pour comprendre une oeuvre, il est souvent plus intéressant et utile de lire les plus farouches critiques contemporaines que les panégyriques flamboyants. Lisons le Bulletin littéraire de la Bibliothèque universelle de Genève, tome XVI, Joel Cherbuliez, 1851 :

"Après avoir peint la Bohême parisienne, M. Murger entreprend d'esquisser la vie de jeunesse, et il a soin, pour cela, de mettre un peu d'eau dans son encre. C'est bien le moins qu'il puisse faire, car autrement on croirait qu'il n'a jamais hanté d'autre société que celle des bastringues et des estaminets. Mais ne vous attendez pas cependant à ce qu'il vous présente des tableaux gracieux et purs, des jeunes hommes candides et droits, des jeunes filles naïves et portant sur leur front la sainte auréole de l'innocence. Non, tout cela est trop poétique pour M. Murger, il lui faut de la réalité positive, et à ses yeux il n'y en a que dans l'histoire des faiblesses humaines. C'est une triste disposition d'esprit, surtout pour un littérateur, qui se condamne ainsi à ne jamais s'élever au-dessus de la foule de ces romanciers vulgaires, marchant sur les traces des Pigault-Lebrun, des Picard, des Paul de Kock, etc. Il y a cependant en France une meilleure place à prendre, et Georges Sand, avec la merveilleuse souplesse de son beau talent, montre le chemin par où l'on peut y arriver. Mais M. Murger n'est pas de ceux qui tenteront de la suivre, du moins il ne semble guère s'en soucier. Sa plume facile, légère, peu scrupuleuse, ne vise qu'aux succès de feuilleton. Il veut amuser ses lecteurs et s'inquiète assez peu que ce soit aux dépens des convenances, de la morale ou du bon goût. Les aventures galantes, les intrigues de la Chaumiore ou du Château-Rouge, les roueries de viveurs et les bonnes fortunes d'artistes, voilà les sujets qu'il choisit de préférence. En racontant de semblables épisodes, dont il sait, du reste, assez bien varier les détails, il croit sans doute, être fort amusant. Cependant la jeunesse telle qu'il la peint, est loin d'être séduisante pour quiconque ne s'arrête pas à la superficie et cherche à découvrir ce que devient l'âme au sein de cette vie frivole, dissipée, sans but sérieux, où le sentiment du devoir joue le moindre rôle, si même il en joue un quelconque. Dans ce milieu factice que tant de jeunes gens se font en dehors des conditions régulières de l'ordre social, tout est faussé, la vertu côtoie le vice, la probité pactise avec une certaine hypocrisie de mœurs, les principes du bien et du mal sont si bien altérés, si bien confondus, qu'on ne sait trop ce qui pourra sortir du mélange. Le résultat le plus probable sera l'indifférentisme, funeste maladie de notre temps, qui énerve les caractères et frappe d'impuissance les meilleurs esprits, déjà blasés avant même d'avoir atteint l'âge mûr. Au fond, rien n'est moins gai que toutes ces joies bruyantes de bals publics et d'orgies échevelées, que ces récits amplifiés d'amours illégitimes et d'intrigues scandaleuses. Faites taire l'orchestre, substituez le grand jour du soleil à l'éclat des lumières, et le bal ne vous offrira plus que visages hâves, fatigués, mécontents, et cette vieille histoire d'une jeune fille séduite, entraînée par l'attrait du plaisir, puis abandonnée bientôt et tombant de chute en chute jusqu'au fond de l'abîme, vous apparaîtra singulièrement triste, malgré tous les efforts de l'auteur pour conserver l'illusion. M. Murger ne manque pas d'un certain talent ; c'est dommage qu'il n'en sache pas mieux tirer parti. Ses productions portent en général le cachet de la négligence et de la trivialité. Leur mérite littéraire est médiocre, et le ton de mauvaise société qu'on y trouve presque à toutes les pages, en fait une lecture fort peu recommandable."

Cette critique à elle seule doit rendre ce roman recommandable et curieux pour les lecteurs modernes.

Henry Murger meurt à 39 ans en 1861 à la maison de santé municipale à Paris.

BEL EXEMPLAIRE DANS UNE CHARMANTE RELIURE DE L'ÉPOQUE.

VENDU

Liens vers d'autres livres

Related Posts with Thumbnails