dimanche 30 octobre 2011

Les Oeuvres diverses de Cyrano de Bergerac (1678). Une des rares éditions anciennes rouennaises.



Hercule Savinien Cyrano, dit CYRANO DE BERGERAC

LES ŒUVRES DIVERSES DE MONSIEUR DE CYRANO BERGERAC. Avec son Pédant joué.

A Rouen, chez Jean B. Besongne, s.d. (1678).

2 tomes en 1 volume in-12 (16 x 9,5 cm) de 419 et 154 pages, y compris un titre particulier pour chacune des deux parties.

Reliure plein veau brun, dos à nerfs orné, pièce de titre de maroquin rouge, tranches mouchetées de rouge (reliure de l'époque). Reliure avec quelques petits défauts d'usage (mors fendillés en partie, coiffes et coins usés, intérieur frais malgré quelques légères salissures et mouillures anciennes sans gravité à quelques feuillets. Exemplaire non restauré. Reliure décorative malgré les petites défauts mentionnés. Collationné complet.

NOUVELLE ÉDITION DE ROUEN.

Si la première partie ne porte pas de date sur le titre, Le Pédant joué possède sa propre page de titre, à la même adresse, à Rouen chez Jean B. Besongne, rue Ecuyère, au Soleil, et est daté 1678. Ce volume contient une épître à Monseigneur le Duc d'Arpajon signée de Cyrano Bergerac, ainsi qu'un poème en vers, du même, "A Mademoiselle d'Arpajon". On trouve à la suite quatre Lettres de Monsieur de Cyrano Bergerac à Monsieur Le Bret, avocat au Conseil, puis diverses autres Lettres : deux lettres sur la description de l'acqueduc ou la fontaine d'Arcueil à ses amis les buveurs d'eau, une autre sur l'ombre que faisaient des arbres dans l'eau, la description d'un cyprès, description d'une tempête, pour une dame rousse, une autre intitulée Le campagnard, une autre Pour les sorciers, contre les sorciers. Une lettre à Monsieur Gerzan sur son triomphe des dames ; le Duelliste, sur le recouvrement de santé. Des lettres satyriques de Monsieur de Cyrano Bergerac contre un poltron, contre un médisant, contre une demoiselle, contre un ingrat, contre Soucidas, contre Monsieur de V***, Consolation à un ami sur l'éternité de son beau-père, contre un pilleur de pensées (deux lettres sur ce sujet), contre un gros homme, contre Ronscard, Lettre à Messire Jean, contre un Pédant, Description du Carême, Pour Mademoiselle **** à Monsieur Le Coq, à un Comte de bas-aloi, contre un liseur de romans, contre les médecins, contre un faux brave, d'un songe, contre les frondeurs, Thésée à Hercule, sur une énigme que l'auteur envoya à Monsieur de ******. On trouve à la suite les Lettres amoureuses de Monsieur de Cyrano Bergerac à Madame *** (8 lettres). On trouve ensuite l'Histoire comique de la lune (p. 267 à 419), qui termine la première partie du volume. La seconde partie du volume est entièrement composée du Pédant joué, comédie en cinq actes et en prose.

Qui ne connait pas aujourd'hui Cyrano de Bergerac à jamais immortalisé par Edmond Rostand dans sa pièce de théâtre éponyme jouée pour la première fois au théâtre de la Porte Saint-Martin à Paris en 1897. Mais qui était vraiment le véritable Cyrano de Bergerac ? Contrairement à ce qu'indique son nom, Cyrano était né à Paris, dans la paroisse Saint-Sauveur, le 6 mars 1619. Il descend de quelques obscurs marchands bourgeois de Paris. Il étudie au collège de Beauvais de Paris (c'est d'ailleurs le principal de ce collège, Jean Grangier, qui lui inspire le personnage principal du Pédant joué). Il n'est donc pas du tout Gascon, mais il s'engage en 1638 avec son ami Henry Le Bret dans la compagnie Royal Gascogne du baron Alexandre Carbon de Casteljaloux, du régiment des gardes du roi, qui en comptait un grand nombre. Engagé dans les combats qui opposent Français et Espagnols dans la guerre de Trente Ans, Cyrano est blessé en 1639 au siège de Mouzon d'un coup de mousquet à travers le corps", puis, peut-être passé dans les troupes de Conti, en 1640 à celui d'Arras "d' un coup d'épée dans la gorge », qui met fin à sa carrière militaire. Parmi les compagnons de bataille de Cyrano, Christophe de Champagne, baron de Neuvillette (mort dans une embuscade, au retour du siège d'Arras, en août 1640), qui a épousé le 20 février 1635 Madeleine Robineau (1610-1657), cousine maternelle de l'écrivain. De retour dans la vie civile, il reprend ses études au collège de Lisieux en 1641, passe un marché avec un maître d'armes et prend un engagement avec un maître à danser. À la même époque, Libre-penseur, il devient intime avec Chapelle et s'introduit auprès du précepteur de ce dernier, Pierre Gassendi, un chanoine de l’Église catholique qui tente de concilier l’atomisme épicurien avec le christianisme, dont il devient le disciple. C'est également sans doute à cette époque, qu'il aurait mis en fuite une centaine de spadassins pour défendre le poète François Pajot de Lignières, près de la porte de Nesle, et qu'il refuse, par haine de la « sujétion », de prendre du service auprès du maréchal Jean de Gassion. Après la fin de sa carrière militaire, il s'engage dans la carrière littéraire. Son Pédant joué est peut-être représenté en 1646, sa Mort d'Agrippine avec certitude en 1653 — elle fait d'ailleurs scandale. Tallemant des Réaux écrit dans ses Historiettes : « Un fou nommé Cyrano fit une piece de théatre intitulée: la mort d'Agrippine, où Séjanus disoit des choses horribles contre les dieux. La pièce estoit un vrai galimathias. Sercy qui l'imprima dit à Boisrobert qu'il avoit vendu l'impression, en moins de rien: Je m'en estonne, dit Boisrobert. - Ah! Monsieur, reprit le libraire, il y a de belles impietez » Avant même leur parution, ses œuvres circulent sous une forme manuscrite. Nicéron prétend, dans ses Mémoires pour servir à l'histoire des hommes illustres, qu'il a rencontré Molière. Même si ce n'est pas le cas, ce dernier lui a emprunté de nombreux passages, en particulier une scène de son Pédant Joué. Les œuvres les plus éminentes de Cyrano sont son duo de proto-romans de science-fiction, L’Autre Monde : l’Histoire comique des Estats et empires de la Lune (1657) et L’Histoire comique des Estats et empires du Soleil, inachevée à sa mort, qui décrivent des voyages fictifs vers la Lune et le Soleil. Inventives, souvent ingénieuses, et parfois enracinées dans la science, les méthodes de voyage spatial que décrit Cyrano reflètent la philosophie matérialiste dont il était adepte. L’objectif principal de ces romans de science-fiction était de critiquer de façon subtile la physique traditionnelle d'inspiration aristotélicienne, notamment le géocentrisme, et le point de vue anthropocentrique de la place de l’homme dans la création, ainsi que les injustices sociales du XVIIe siècle. Comme en témoignent les divers manuscrits existants, la version de L’Autre Monde parue après la mort de Cyrano a été mutilée pour satisfaire la censure. Cyrano, décrit par maints auteurs comme homosexuel, devient probablement, vers 1640, l’amant de l’écrivain et musicien D’Assoucy, avant de rompre brutalement en 1650. Lorsque leur relation se transforme en amère rivalité, Cyrano adresse des menaces de mort à D’Assoucy, qui l’obligent à quitter Paris. La querelle prend alors la forme d’une série de textes satiriques : Cyrano écrit Contre Soucidas (anagramme du nom de son ennemi) et Contre un ingrat, tandis que D’Assoucy contre-attaque avec la Bataille de Cyrano de Bergerac avec le singe de Brioché sur le Pont-Neuf. En 1653, à bout de ressources, il accepte la protection du duc d'Arpajon, qui l'aide à publier l'année suivante chez Charles de Sercy ses Œuvres diverses et La Mort d'Agrippine. Cyrano est blessé, en 1654, par la chute d’une poutre en bois alors qu’il entrait dans la maison de son protecteur, le duc d’Arpajon. On ignore s’il s’agit d’une tentative délibérée contre sa vie ou simplement d’un accident, de même qu’il est impossible de déterminer si sa mort est ou non la conséquence de cette blessure, ou d’une raison non précisée. Abandonné par le duc d'Arpajon, il trouve refuge chez Tanneguy Renault des Boisclairs. Le 23 juillet 1655, il se fait transporter à Sannois, dans la maison de son cousin Pierre de Cyrano, trésorier général des offrandes du Roi, où il meurt chrétiennement, selon le certificat de décès délivré par le curé de la paroisse, le 28 juillet, à l'âge de 36 ans. Il est inhumé dans l’église de Sannois.


Les éditions anciennes des Œuvres de Cyrano de Bergerac sont toutes rares, bien qu'il y en ait eu plusieurs entre 1654 et la fin du XVIIe siècle. Paul Lacroix (Enigmes et découvertes bibliographiques, p. 21 et suiv.) justifie cette rareté par les persécutions qui s’abattirent sur l’auteur et les destructions opérées sur ses œuvres par la « Confrérie de l’Index ». Celle-ci a été publiée sans privilège.

Provenance : Exemplaire provenant de la bibliothèque P. BOSQUET avec le supra libris doré sur le premier plat et la signature autographe sur le titre.

TRÈS BON EXEMPLAIRE DE CE LIVRE PEU COMMUN.

VENDU

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