vendredi 9 novembre 2012

L'éducation sentimentale de Gustave Flaubert (1937). Superbe édition illustrée par Paul-Emile Bécat avec suites et dessins originaux. Belle édition de bibliophiles.


Gustave FLAUBERT - Paul-Émile BECAT illustrateur

L’ÉDUCATION SENTIMENTALE.

La Tradition, Paris, s.d. (1937)

2 volume in-4 (24,5 x 19,5 cm), brochés, 266 et 299-(1) pages. 39 cuivres en couleurs dans le texte et hors-texte (dont 1 sur double-page), 2 dessins originaux en couleurs à la mine de plomb sur papier calque, 1 dessin à la mine de plomb sur le faux-titre du premier volume, envoi autographe de l'illustrateur. Couvertures rempliées imprimées couleur vert d'eau, portrait de Flaubert en médaillon gravé sur bois par Gandon sur le premier plat de couverture (repris sur le titre). Bel exemplaire à l'état proche du neuf. Emboîtages plein papier vert de l'éditeur (légèrement frottés).



Dessins originaux signés P.-Emile Bécat
Mine de plomb et crayon de couleurs.


ÉDITION DE BIBLIOPHILE TIRÉE A SEULEMENT 550 EXEMPLAIRES.

CELUI-CI, UN DES 30 EXEMPLAIRES SUR JAPON IMPÉRIAL COMPRENANT EN PLUS DE L'ETAT DÉFINITIF DES GRAVURES EN COULEURS (dont quelques-unes en noir), UNE SUITE EN NOIR AVEC REMARQUE A LA SANGUINE, ET UN CROQUIS.

NOTRE EXEMPLAIRE CONTIENT EN OUTRE, NON REQUIS POUR CE TIRAGE DE GRAND LUXE, 2 DESSINS ORIGINAUX DE PAUL-EMILE BECAT A LA MINE DE PLOMB, COLORIÉS, SUR PAPIER CALQUE, ET UN ENVOI AUTOGRAPHE "A Madame Klaguine, Hommage de l'illustrateur, P-Emile Bécat".




Provenance : Madame Claire Klaguine, bibliophile des années 30, connues pour visiblement apprécier les hommages des meilleurs illustrateurs de son temps. On a ainsi pu repérer deux autres ouvrages offerts avec les hommages les plus empressés : Sylvain sauvage offre à Claire Klaguine un exemplaire des Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos illustrées par ses soins avec ses mots : "À Madame Claire Klaguine / à la très bonne, à la très belle, / hommage de / Dom Sylvain Sauvage." Lobel-Riche ne fut pas en reste et offrit aussi ses hommages d'illustrateur à la dame Klaguine.

Volumes achevés d'imprimer le 30 juin 1937 sur les presses de l'imprimerie J. Dumoulin (H. Barthélémy, directeur). Les illustrations ont été gravées sur cuivre à la pointe sèche par l'artiste. Elles ont été tirées sur les presses de l'atelier d'impression en taille-douce (L. Aubert, contremaître). Les portraits de Gustave Flaubert ont été gravés sur bois par Pierre Gandon. Édition réalisée par Paul Durupt.

Références : Monod, 4638 ; Carteret, IV, p. 157 : "Édition recherchée et cotée. Une des bonnes illustrations de l'artiste."




L’Éducation sentimentale, histoire d’un jeune homme est un roman de Gustave Flaubert, publié le 17 novembre 1869 chez Michel Lévy frères. Le cœur du récit est tiré du roman de Sainte-Beuve, Volupté, qu’Honoré de Balzac avait déjà traité et d’une certaine manière réécrit avec le Lys dans la vallée. Le roman de Flaubert reprend le même sujet selon des règles narratives entièrement neuves, réinventant le roman d'apprentissage pour lui donner une profondeur et une acuité nouvelle. Malgré la critique négative lors de sa parution, il est devenu, depuis Marcel Proust, un livre de référence pour les romanciers du XXe siècle. L'Éducation sentimentale est le fruit de trois essais de jeunesse de Flaubert. Ainsi de janvier 1843 à janvier 1845 il produit une première Éducation sentimentale qui succédait à la rédaction de Novembre, achevé le 25 octobre 1842, et à une toute première ébauche de jeunesse intitulée Mémoires d'un fou en 18382. Le roman définitif est rédigé à partir de septembre 1864 et achevé le 16 mai 1869 au matin. L'Éducation sentimentale comporte de nombreux éléments autobiographiques, tels la rencontre de madame Arnoux, inspirée de la rencontre de Flaubert avec Élisa Schlésinger, l'amour de sa vie. Le personnage principal est Frédéric Moreau, jeune provincial de dix-huit ans venant faire ses études à Paris. De 1840 à 1867, celui-ci connaîtra l’amitié indéfectible et la force de la bêtise, l’art, la politique, les révolutions d’un monde qui hésite entre la monarchie, la république et l’empire. Plusieurs femmes [Rosanette, Mme Dambreuse] traversent son existence, mais aucune ne peut se comparer à Marie Arnoux, épouse d’un riche marchand d’art, dont il est éperdument amoureux. C’est au contact de cette passion inactive et des contingences du monde qu’il fera son éducation sentimentale, qui se résumera pour l’essentiel à brûler, peu à peu, ses illusions. Le personnage de Frédéric, sans doute inspiré à Flaubert par ses propres expériences de jeunesse, est aussi la figure définitive d'une génération nourrie par le courant d'idées romantique le plus large. Ainsi, en même temps qu'il exalte la pureté de son amour pour madame Arnoux, celle-ci empêche Frédéric de choisir la moindre situation dans une société, d'abord influencée par la monarchie constitutionnelle de Louis-Philippe, puis par la deuxième République et enfin par le Second Empire, et qui mise beaucoup sur la carrière et l'idée de parvenir. Selon Marthe Robert, Frédéric est le « Bâtard moyen », plein de rêves qui le détournent de l'action, en opposition avec le Bâtard de l'époque de Napoléon, où conquérir le pouvoir était à la portée de toute volonté, immortalisé par Balzac avec le personnage de Rastignac. Les différents personnages que côtoie Frédéric sont eux aussi autant de types d'un genre nouveau, représentant chacun les idées reçues d'un milieu bien défini et agissant en fonction des codes sociologiques stéréotypés. On retrouve ainsi le bourgeois parvenu en Jacques Arnoux, la bourgeoisie d'affaires avec le ménage Dambreuse, le petit bourgeois rêvant de pouvoir dans le personnage de Deslauriers, ami de collège de Frédéric, la courtisane avec Rosanette… Cette diversité permet la peinture de la fin de la Monarchie de Juillet à Paris. Pierre Bourdieu a vu ce roman comme un champ d'expérimentation sociologique. Ce point de vue permet de voir Flaubert comme l'un des phares du réalisme. Justement parce que Flaubert cherche à pointer les idées toutes faites de chaque milieu, L'Éducation sentimentale est aussi traversé par l'ironie : le narrateur se refuse à intervenir directement, et se borne à chercher la connivence avec le lecteur par de discrètes allusions à un cliché, ou grâce au style indirect libre si souvent analysé. Les opinions des personnages se trouvent ainsi discréditées par leur propre attitude ou par la description objective de ce qu'ils ne voient qu'à travers le filtre de leurs préjugés. Les quelques mots de Frédéric, au terme de la description peu amène du pillage des Tuileries par le peuple en février 1848, en offrent un exemple marquant : le narrateur dépeint les ivrognes et les brutes, les blessés s'entassant dans les pièces dévastées. « N'importe, dit Frédéric, moi, je trouve le peuple sublime ». Il ne fait que nier la réalité au profit de ses présupposés romantiques. Moins connu que Madame Bovary, L'Éducation sentimentale est cependant un roman complet au style pleinement maîtrisé, et où le monde construit méticuleusement est celui qu'il connaît d'expérience. La fresque ainsi créée est à la fois un bilan du romantisme et le tableau précis d'une époque, faisant de Flaubert l'initiateur spirituel du naturalisme. Maupassant et Émile Zola le considéreront d'ailleurs comme leur maître.

SUPERBE EXEMPLAIRE DU RARE TIRAGE SUR PAPIER DU JAPON A 30 EXEMPLAIRES SEULEMENT AVEC SUITES ET DEUX DESSINS ORIGINAUX AJOUTÉS.

VENDU

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