Henri de RÉGNIER
L'AMPHISBENE. Roman moderne.
Paris, Mercure de France, 1912
1 volume in-12 (19,5 x 13 cm) de 372 pages.
Reliure plein maroquin chocolat, dos à nerfs, auteur, titre et millésime dorés au dos, premier plat orné d'un amphisbène (serpent à deux têtes) en mosaïque de maroquin marron, vert et rose, filet à froid sur les coupes, large encadrement intérieur de maroquin chocolat avec double jeu de triple filets dorés en encadrement d'un carré central de soie marron-vert, tranches dorées sur témoins, couvertures jaunes imprimées conservées à l'état neuf (les deux plats et le dos) (reliure de l'époque ou légèrement postérieure signée LE ROY - DESRIVIERES). Exemplaire en excellent état, proche du neuf. Infirmes ombres au maroquin, intérieur immaculé. Etui bordé de maroquin.
ÉDITION ORIGINALE.
UN DES 97 EXEMPLAIRES SUR HOLLANDE (avec 19 ex. sur Japon).
« C’est après-demain le 1er janvier, et j’ai eu hier trente-trois ans. » Tels sont les premiers mots de l’écrivain Delbray qui, à partir de ce jour, va tenir un journal où se mêlent propos insignifiants, portraits d’ amis, souvenirs d’enfance, rêves, descriptions d’intérieurs, scènes de la vie quotidienne et de nombreuses réflexions originales sur l’amour et les femmes.
La première des trois parties de ce long roman est une suite, pendant deux mois, de notes quasi quotidiennes qui précèdent le « coup de foudre » développé plus tard.
Pourquoi ce titre de L’Amphisbène (1912) ?
« Ce monstre, d’ailleurs d’un aspect fort décoratif, s’appelle un « Amphisbène », ce qui veut dire, étymologiquement, qu’il marche aussi bien en avant qu’en arrière… L’Amphisbène est donc, un serpent monstrueux, avec une tête à chaque extrémité du corps, et qui marche aussi bien à reculons qu’en avant… L’on rencontre de ces Amphisbènes dans les déserts de la Lybie, et l’on en trouva des figures représentées dans la tombe du Roi Chilpéric à Tournai, quand on l’ouvrit ! Il paraîtrait également que l’Amphisbène est le symbole de la trahison et de l’esprit de satire. J’aime mieux n’en rien croire et attribuer à l’emblème qu’a choisi le cher Pompeo Neroli une autre signification. Pourquoi ne le pas considérer comme une simple image de l’incertitude ? »
Dans la première partie de L’Amphisbène, le journal de Julien d’Elbray ne nous laissait rien ignorer de son auteur, avant sa rencontre avec Laure de Lerins. Dans la deuxième, Laure, de retour à Paris, écrit amicalement 9 lettres à son ex-mari Jérôme, vivant aux USA, dans lesquelles elle analyse ses sentiments nouveaux et termine par l’aveu de sa passion naissante pour Julien d’Albret.
Ils vont s’embarquer sur un yacht baptisé L’Amphisbène par Julien…
Laure est une spécialiste de l’introspection et une conseillère avisée dans le domaine amoureux :
« Oui, Jérôme, il ne suffit pas, avec une femme, avec sa femme, d’être « attentionné », il faut être « attentif ». Par là, j’entends qu’il faut s’astreindre, jour à jour, heure à heure, à la comprendre, chercher à se rendre compte de ses variations de caractère et de tempérament. Il faut l’observer minutieusement et lui donner l’impression qu’elle vit dans une atmosphère vigilante. Cette impression d’être comprise, entourée, soutenue, d’être environnée de soins intelligents, est de celles auxquelles les femmes sont très sensibles. Cela leur donne un précieux réconfort de bien-être et de sécurité. Cela les aide à se sentir en communication avec qui les aime. C’est ainsi que se créent entre les amants, les époux, mille petits liens délicats, indissolubles, qui fortifient leur union, la protègent comme d’un filet aux mailles serrées. » Dans la dernière partie de ce roman-journal, Julien d’Elbray reprend la plume et son gros cahier. Il y note avec art les principales étapes de sa croisière méditerranéenne et de son amour pour Laure de Lérins…
Inquiets sur l’issue de leur aventure, nous sommes heureusement rassurés avec l’épilogue quand nous entendons cette femme, parfois difficile à comprendre, avouer :
« Les bûches brûlantes mêlaient leurs flammes serpentines qui s’enlaçaient, s’étreignaient, se séparaient, reculaient pour se reprendre. Alors, j’ai songé à l’amphisbène qui était brodé sur le pavillon du yacht, j’ai songé à Julien, j’ai songé à moi-même et longtemps, la tête entre mes mains, j’ai pleuré. »
SUPERBE EXEMPLAIRE RELIÉ AVEC GOÛT PAR UN MAÎTRE RELIEUR DOREUR SPÉCIALISTE DE LA MOSAÏQUE.
LE MOTIF DÉCORATIF DU PREMIER PLAT EST DES PLUS RÉUSSI ET DONNE A L'ENSEMBLE UN CHARME UNIQUE.
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