MIRABEAU [attribué à] / Louis PERCEAU / Gaston TRILLEAU (illustrateur, attribué à) ou ZYG BRUNNER ?
Le Libertin de qualité par Mirabeau. Nouvelle édition accompagnée d'une notice bibliographique par Helpey, bibliographe poitevin. Ouvrage orné de 19 eaux-fortes.
Alençon, chez Jean-Zacharie Malassis, 1929
1 volume in-4 (23 x 16,5 cm), broché, 245 pages. 10 eaux-fortes hors-texte aquarellées à la main et 9 eaux-fortes à mi-page en noir. Couverture muette à rabats en papier argenté. Excellent état. Très beau papier et mise en page très esthétique. Brochage faible (volume épais disloqué).
Tirage à 320 exemplaires seulement.
Celui-ci, 1 des 200 sur vélin d'Arches (non numéroté).
Détail du tirage : 10 ex. sur Japon Impérial avec une suite des eaux-fortes avec remarques, un cuivre (hors-texte) et un dessin original, 10 ex. sur Japon Impérial avec une suite des eaux-fortes avec remarques, un cuivre et un dessin original, 100 ex. sur vélin d'Arches, 200 ex. sur vergé d'Arches.
La notice bibliographique qui se trouve à la fin (pp. 227 à 245) est de Louis Perceau signée de son pseudonyne Helpey bibliographe poitevin.
Pas plus Pascal Pia que Jean-Pierre Dutel ne se sont risqués à essayer d'identifier l'artiste qui a illustré cette très belle édition clandestine. Néanmoins cet ouvrage est à rapprocher de La matinée libertine d'Andréa de Nerciat publiée en 1928 et illustrée par des pointes sèches de Gaston Trilleau (sous le pseudonyme de Jean-Gilles Legendre). Toutefois, certains détails nous font penser au travail de Zyg Brunner qui à la même époque illustre d'autres ouvrages érotiques, selon différentes techniques de gravures.
Le Libertin de qualité a été publié pour la première fois en 1783 (sous le titre de Ma conversion). L'attribution à Mirabeau est restée incertaine. Louis Perceau penche positivement pour une oeuvre du grand Mirabeau. Il détaille, avec son professionnalisme habituel, 17 éditions de ce texte libertin jusqu'en 1912.
La mise en couleurs à l'aquarelle au pinceau à la main des 10 hors-texte sur un trait d'eau-forte très fin et à peine visible confère à cet ouvrage un charme évident (on croirait qu'il s'agit d'aquarelles originales).
"Ma déesse était en cornette... Sacredieu, qu'elle avait d'appas ! Son lit à la turque, de damas jonquille, semblait assorti à son teint (car celui du jour était répandu sur dix mouchoirs qui invoquaient la blanchisseuse) ; un sourire qu'elle grimace me fait apercevoir qu'elle ne dort point. Enfin je grimpe sur l'autel. - Bandais-tu ? Hélas ! il fallait bien bander de misère, ou renoncer à Julie, et à cette bourse devenue nécessaire ; car le maudit brelan m'avait arraché les derniers louis qui fussent en ma possession. Que parlais-je de possession ? - J'en ai sacredieu bien une autre. Regarde, mon cher ami, c'est pour toi que je n'abaisse pas la toile. Je parcours des mains et des pieds les vieux charmes de ma dulcinée. De la gorge, je lui en prêterais au besoin. Des bras longs et décharnés ; des cuisses grêles et desséchées ; une motte abattue ; un con flétri et dont l'ambre qui le parfume affaiblit à peine l'odeur naturelle ... Enfin, n'importe : je bande ; je ferme les yeux ; j'arpente ma haridelle et j'enfourne. [...] le diable m'emporte !" (extrait)
Références : Dutel, Bibliographie des ouvrages érotiques publiés clandestinement en français entre 1920 et 1970, n°1853 ; Pia, Les livres de l'Enfer, 806 ; Bnf, Enfer, 1094 (exemplaire non numéroté sur vergé comme le nôtre).
Très bon exemplaire de ce rare clandestin illustré avec talent.
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