ANONYME
Les Amours d’Éléonore. Illustrations de Alain DUMOND.
Publié par les Editions de l'Ibis, pour un groupe de souscripteurs. [1963]
1 volume in-4 (25,5 x 19 cm), en feuilles, sous couverture crème imprimée en rouge sur le premier plat. Emboîtage de tissu rouge de l'éditeur. Excellent état de l'ensemble malgré un emboîtage légèrement passé par endroit (légère tache au verso de l'emboîtage). Intérieur immaculé.
Tirage à 700 exemplaires.
Celui-ci, 1 des 181 exemplaires sur vélin de Renage accompagnés d'une suite en noir des 15 illustrations pleine page (dont 1 double-page) et de 4 planches refusées.
Le nom de l'auteur de cet ouvrage libertin achevé d'imprimer le 8 mai 1963 n'est pas connu, et personne ne semble s'être penché sur la question.
L'avant propos commence ainsi : "Madame de L... était depuis trois mois dans son vieux château ; sa seule compagnie était un renfrogné parent, antiquaire infatigable, ne s'occupant que de médailles et de vieux livres ; épiant les secrets de la nature ; physicien, botaniste, naturaliste, chimiste, passant pour sorcier dans le pays, mais amusant fort peu sa cousine, qui, jeune et jolie, en voulait beaucoup à son mari de l'avoir reléguée en si maussade lieu, en si triste compagnie. (...)"
Ce texte écrit dans un langage châtié et sobre n'évoque pas moins les tensions du désir entre diverses débauchées dont Éléonore est le maître d'oeuvre. De nombreuses scènes sont anticlérico-lubriques à souhait. Bien que l'histoire se passe dans les siècles passés, sans doute au XVIIIe siècle, au milieu des turpitudes du couvent notamment ... les illustrations de Alain Dumond ne laissent pas de faire planer un doute sur le dénudé très "sixties" de l'héroïne de ce roman libertin d'une lecture très agréable.
"Non, tu n'est point un homme, disait le prieur ; tu n'est point une femme : tu es un ange, sans doute un de ceux qui vinrent sauver Loth. Les habitants de Sodome les préféraient aux pucelles du bonhomme ; ils avaient bien raison : jamais ni femme ni pucelle ne te valut ; aucune ne me fit pousser aussi loin ma carrière amoureuse ; aucune ne me fit éprouver tant et de si vifs plaisirs ; et toi, mon ange, si tu prenais très-bien la chose, dans les derniers moments surtout, j'enviais ta place ; j'aurais voulu tout à la fois recevoir, prendre et donner du plaisir ; j'étais pourtant bien, parfaitement bien, mieux que je ne fus jamais en aucune autre place. Que tu es joli, comme ta bouche est fraîche ! Quelles belles formes ! que tu es blanc ! comme j'aime à voir tes muscles prononcés, mais gracieux ! Tu es ma maîtresse, mon maître, mon idole ; tu m'aimeras, je partagerai ton lit, je mourrai encore sur toi, je te sentirai pâmer dans mes bras ; cette nuit n'est pas finie, nous recommencerons encore ; en attendant, viens dans mes bras, dors sur mon sein ; nous ne nous réveillerons que pour nous livrer à de nouveaux plaisirs !" (extrait)
Références : Pia, Les Livres de l'Enfer, col. 45-46, B.N. Enfer, 1669, Monod, 233.
Bel exemplaire du tirage avec suite et planches refusées.
Prix : 215 euros