jeudi 17 novembre 2011

Exceptionnel ensemble de 3 suites d'estampes d'après Lancret, Boucher, Eisen, etc, pour les Contes de La Fontaine (1883). Tirages sur Japon. Rare.



Jean de LA FONTAINE

SUITE D'ESTAMPES DESSINÉES PAR LANCRET, PATER, EISEN, BOUCHER, VLEUGHELS, ETC, pour illustrer les CONTES DE LA FONTAINE, gravées au burin par Depollier ainé.

Librairie de J. Lemonnyer, Paris, 1883-1885.

Ensemble de 3 suites identiques dans 3 états différents de 38 estampes imprimées sur papier Japon (voir détail ci-dessous).

114 estampes 17 x 13 cm imprimées en noir sur papier au format in-folio (42,5 x 31,5 cm), avec faux-titre, titre, table des illustrations avec vignette à l'eau-forte et 2 vignettes à l'eau-forte.

Voici le détail des planches :

- La courtisane amoureuse d’après Paterre - La courtisane amoureuse d’après Boucher - Paté d’anguille d’après Lancret : - Le petit chien qui secoue de l’argent et des pierreries d’après Lancret - Le faucon d’après Lancret - Le rossignol d’après Le Clere - Le baiser donné d’après Paterre - Les oyes du frère Philippe d’après Lancret - le baiser rendu d’après Paterre - Les deux amis d’après Lancret - Le glouton d’après Paterre - La clochette d’après P. Le Mesle - Frère Luce d’après Vleughels - Le cas de conscience d’après Eisen - Le bast d’après Vleughels - La chose impossible d’après Lorrain - Le cuvier d’après Le Mesle - Les troqueurs d’après Lancret - Le cocu battu et content d’après Paterre - Le savetier d’après Paterre - Le faiseur d’oreilles et le racommodeur de moules d’après Leclere - Le magnifique d’après Boucher - Le Gascon puni d’après Lancret - On ne s’avise jamais de tout d’après Lancret - A femme avare galant escroc d’après Lancret - La calendrier des vieillards d’après Boucher - Le Gascon d’après Eisen - Les rémois d’après Lancret - La servante justifiée d’après Lancret - Le villageois qui cherche son veau d’après Vleughels - L’anneau de Hans Carvel d’après Laurin - La jument du compère Pierre d’après Vleughels - Nicaise d’après Lancret - La gageure des trois commères d’après Eisen - La matrone d’Ephèse d’après Paterre - Promettre est un et tenir c’est un autre d’après Eisen - Les deux indiscrets d’après Paterre - Le fleuve Scamandre d’après Boucher


Détails du tirage :

- Une suite complète de PREMIER ÉTAT, eaux-fortes pures, tirée à 50 exemplaires seulement, celle-ci une des 25 exemplaires sur Japon Impérial, en noir, publiée à 300 francs or en 1883.

- Une suite complète de DEUXIÈME ÉTAT, épreuves non terminées, tirée à 75 exemplaires seulement, celle-ci une des 50 exemplaires sur Japon Impérial, en noir, publiée à 250 francs or en 1883.

- Une suite complète de TROISIÈME ÉTAT, épreuves terminées, avant la lettre et avec le nom des artistes à la pointe sèche (dans la planche), tirée à 525 exemplaires, celle-ci un des 125 sur Japon Impérial, en noir, publiée à 150 francs or. Cette suite ne contient pas les deux vignettes (38 estampes, faux-titre, titre et table des gravures).

On joint 2 exemplaires du prospectus détaillant les conditions de publication de cette production de luxe, avec un spécimen de gravure (rousseurs).

L'ensemble des estampes est en excellent état, sans rousseurs, très fraîches. Chaque estampe est protégée par un papier calque fin avec les vers des Contes de La Fontaine relatifs à l'illustration. Quelques calques détachés mais néanmoins présents. Nous joignons un grand nombre de pochettes de livraisons imprimées en rouge et noir sur papier fort gris avec la mention de tirage au crayon. Presque toutes sont en excellent état, voire à l'état de neuf.

Cette suite a été imprimée dans le même format que les gravures de Fragonard donnée quelques temps plus tôt pour illustrer les Contes de La Fontaine. Ces nouvelles estampes devaient se joindre à l'édition in-4° des Contes.


ENSEMBLE EXCEPTIONNEL POUR CES TROIS SUITES SUR JAPON IMPÉRIAL TIRÉES A TRÈS PETIT NOMBRE D'EXEMPLAIRES.

TRÈS RARE.
VENDU

mardi 15 novembre 2011

Les Dresseuses d'Hommes illustrées par Luc Lafnet (Jim Black), récit sadomasochiste imprimé à Dijon par Darantière en 1931. Rare.



Florence FULBERT [pseudonyme, auteur non identifié]. Luc LAFNET, illustrateur.

DRESSEUSES D'HOMMES. Dialogues intimes. Illustrations de Jim Black [i.e. Luc LAFNET].

Collection des orties blanches, Paris, s.d. (achevé d'imprimé à Dijon par Darantière en juin 1931).

1 volume in-8 (19,5 x 14 cm), broché, de 210-(1) pages. 8 illustrations hors-texte en noir signées Jim Black alias Luc Lafnet. Sous couverture bleue/vert imprimée en noir et rouge, défraichie. Brochage solide et en très bon état intérieur. Imprimé sur papier bouffant crème.

ÉDITION ORIGINALE.

"Bien des ménages sont désunis malgré le grand amour mutuel des époux. Presque toujours, la mésentente est provoquée par les défauts ou par les vices du mari. L'homme a de mauvais instincts. Il a rarement la force de caractère nécessaire pour résister aux penchants de sa nature qui le conduisent au mal plutôt qu'au bien ... Et les pauvres épouses souffrent et voient leur ménage en état de guérilla continuelle à cause des multiples errements de leurs maris : le café, le jeu, l'ivrognerie, le cotillon, etc. Les hommes - la plupart - pèchent par faiblesse de volonté. Ils adorent leur femme, mais ils ne peuvent résister aux appels de leurs vices... Après coup, les maris défaillants regrettent leurs mauvaises actions... Ils jurent de ne jamais recommencer, les épouses pardonnent et huit jours après, c'est la même histoire... Comment remédier à ce désastreux état de chose ? (...) Un seul procédé est à votre disposition : le châtiment corporel ... appliqué sévèrement à chaque faute constatée... (...)" (extrait de l'avertissement au lecteur par l'auteur).

Toute la suite du livre n'est que la mise en application de ce précepte simple : tolérance zéro avec les maris volages. Sévérité absolue et châtiments à la hauteur de la faute !

L'éditeur de cet ouvrage, Jean Fort, a commencé sa carrière aux débuts du XXe siècle (1917), il éditait des ouvrages traitant presque exclusivement de la flagellation. Ces publications condamnées l'ont obligé à changer plusieurs fois d'adresse. La dernière connue est au 79 rue de Vaugirard. Il créa alors à cette adresse la « Collection des Orties Blanches », une série de romans sadomasochistes illustrés par certains des plus célèbres dessinateurs de livres libertins de l'époque. Cette collection s'arrête brusquement en 1939.




Luc Lafnet (1899-1939) vécut et travailla à Paris de 1923 à 1939. C'est dans son œuvre érotique qu'il se dévoile et donne le meilleur de lui même en illustrant quelques classiques de la littérature érotique et en réalisant, pour quelques collectionneurs friands de joyeusetés, des ouvrages uniques dont certains furent truffés de dessins et d'aquarelles originales à caractère sulfureux où la part la plus belle est donné à la femme, très présente dans son œuvre gravée. Il fut l'ami de Georges Simenon qui l'encouragea dans cette voie. Il n'hésita pas , à l'instar de Martin Van Maele, d'illustrer des ouvrages traitant de la flagellation et notamment ceux de la célèbre collection des Orties blanches où il signa des compositions sous le nom de Jim Black et Grim. Ses pseudonymes les plus fréquents sont Viset et O. Lucas mais aussi Pol et Luc dans d'autres ouvrages. En 1937, la mort prématurée de sa fille unique, l'acheva et accéléra la sienne qui survint deux ans plus tard en 1939.




Belle impression due au talent de l'imprimeur dijonnais Darantière. Les illustrations sont sur un papier crème et sont en photogravure.

TRÈS BON EXEMPLAIRE DE CE LIVRE SADOMASOCHISTE ASSEZ RARE.

VENDU

samedi 12 novembre 2011

Le nouveau Juvénal satirique pour la réformation des moeurs et des abus de ce siècle par Louis Petit (1716). Maroquin de Raparlier. Ouvrage rare.



ANONYME [Louis PETIT]
LE NOUVEAU JUVÉNAL SATIRIQUE POUR LA RÉFORMATION DES MŒURS ET DES ABUS DE CE SIÈCLE, dédié à son altesse royale Monseigneur le Duc d'Orléans, Régent de la Monarchie française.
A Utrecht, chez Antoine Schouten, marchand libraire, 1716.

1 volume in-12 (16 x 9,5 cm) de (17)-185 pages.


Reliure demi-maroquin rouge à coins, dos à nerfs, titre et date dorés au dos, tête dorée, non rogné, relié sur brochure avec de nombreux témoins (reliure postérieure de la fin du XIXe siècle signée R. RAPARLIER).

Reliure très fraîche en excellent état, intérieur très frais imprimé sur papier chiffon très fin. Ornements gravés sur bois (vignettes et culs-de-lampe).


NOUVELLE ÉDITION AVEC UN NOUVEAU TITRE ET UNE PRÉSENTATION AU RÉGENT DE FRANCE.

Ce petit livre contient une épître dédicatoire à Monseigneur Philippe d'Orléans alors Régent de France (depuis septembre 1715 et la mort de Louis XIV), elle est signée Ant. Ch. (qui sont les initiales du libraire-éditeur). On trouve ensuite l'épître de l'auteur au même Régent. Il est écrit : "Cette épître est une espèce de Satyre, où l'auteur dit qu'il ne peut rien écrire qui soit nouveau, toutes sortes de matières étant épuisées. Qu'il n'y a que le tour que l'on donne aux pensées qui les fait paraitre nouvelles. Que tous les poètes sont de grands voleurs & que la manière des anciens satyriques qui nommaient les gens ne doit point être imitée." Vient ensuite un sonnet au Roi.

L'ouvrage se compose de XII satyres et d'une Lettre morale à Mademoiselle ** dont la fortune n'était pas bonne. On trouve à la fin des stances satyriques contre les mensonges & les extravagances des poètes.
La satyre I est contre l'ambition, contre l'avidité des richesses, & contre la volupté. La satyre II est contre les défauts et les vices. La satyre III est sur la vie de Cour qui n'est pas la plus heureuse. La satyre IV roule sur les paroles du sage qui dit que le nombre de fous est infini et que c'est la folie qui gouverne l'esprit de l'homme, où il montre que tout est folie. La satyre V est en forme de dialogue traite des parvenus, insatiables de biens. La satyre VI est une peinture de la vie libertine de certains abbés. La satyre VII roule sur la misère de l'homme le plus à plaindre de tous les animaux. La satyre VIII est contre les vieilles coquettes. La satyre IX est contre la critique. La satyre X est contre la guerre. La satyre XI est contre le mensonge dont le monde fait profession. Enfin, la satyre XII est contre la mode et ses abus.

Ce petit volume est rare et est joliment orné à la fin de chaque satyre d'un bois gravé original (certains répétés). D'après une intéressante note du Bulletin du Bouquiniste d'Auguste Aubry, il s'agirait d'une réimpression faite en Hollande et dédiée pour la circonstance au Régent par l'éditeur, des Discours Satyriques de Louis Petit, Paris, 1686, in-12.

Ce Louis Petit, comme l'indique la fiche du Bulletin du bouquiniste, "était receveur des domaines à Rouen, sa patrie, et fut l'ami et le premier éditeur de Pierre Corneille. Ses poésies ont un tour naïf et facile qui plait. Il est mort en 1693. Cette réimpression de 1716 est singulière par le choix des fleurons (vignettes) placés à la fin de chacune des douze satires qui composent le volume. On y remarque des sujets du XVIe siècle, d'anciennes marques de libraires tels que les Gryphes et Tardif, de Lyon, des têtes de pages et des lettres ornées des Elzévier et autres imprimeurs. Ces particularités qu'on ne retrouverait dans aucun autre livre, donnent à ce volume un vif intérêt de curiosité et ouvrent un vaste champ aux conjectures des érudits." (n°6315 du Bulletin du Bouquiniste de mai 1862 - coté 15 francs).

Ce petit volume ne manque pas de sel quand on sait qu'il est dédié à Philippe d'Orléans, Régent du Royaume de France, dont la vie dissolue est connue de presque tous. Le Palais-Royal est alors le théâtre de ses abandons à la débauche en compagnie de ses « roués » et autres « fanfarons d’incrédulité et de crimes » ; les petits soupers y tournent parfois à l’orgie.

BEL EXEMPLAIRE PARFAITEMENT ÉTABLI SUR BROCHURE A LA FIN DU XIXe PAR RAPARLIER DE CE PETIT LIVRE CURIEUX ET PEU COMMUN.

VENDU

mercredi 9 novembre 2011

Les Amours des Dames illustres de France sous le règne de Louis XIV (1695-1737). Superbe exemplaire en maroquin du temps. Condition très rare.



[Roger de RABUTIN, comte de BUSSY, dit BUSSY-RABUTIN] - Gatien COURTILZ DE SANDRAS

AMOURS DES DAMES ILLUSTRES DE FRANCE SOUS LE RÈGNE DE LOUIS XIV. Tome premier et second.

A Cologne, chez Pierre Marteau, s.d. (1737)

On joint :

LA FRANCE GALANTE, OU HISTOIRES AMOUREUSES DE LA COUR SOUS LE RÈGNE DE LOUIS XIV. Tome premier et second.

A Cologne, chez Pierre Marteau, s.d. (?) et même adresse 1695.

Ensemble 4 tomes en 4 volumes petits in-12 (133 x 77 mm). Tome I : 1 feuillet de titre imprimé en rouge et noir, 3 feuillets non chiffrés d'avis au lecteur, 2 pages non chiffrées de table pour les 2 tomes, 501 pages. Ce premier volume contient en outre 1 frontispice gravé et 8 gravures hors texte. Tome II : 1 feuillet de titre imprimé en rouge et noir et 472 pages chiffrées. Ce second et dernier volume contient en outre 8 gravures hors texte. Tome III : 1 feuillet de titre imprimé en rouge et noir, 2 pages non chiffrées d'avis au lecteur et 263 pages chiffrées. Ce troisième volume contient en outre 4 gravures hors texte. Tome IV : 1 feuillet de titre imprimé en noir "à la sphère", la pagination débute à 265 et s'achève avec la page 492 et dernière. Ce quatrième volume contient en outre 5 gravures hors texte.


Reliure plein maroquin olive, dos lisses richement ornés aux petits fers dorés, pièces de titre et tomaison de maroquin rouge, filet à froid en encadrement des plats, roulette dorée sur les coupes, tranches dorées, doublures et gardes de papier marbré (reliure de l'époque). Fine reliure de maroquin exécutée probablement vers 1740. L'extrémité des deux coiffes supérieures des deux premiers volumes est usée avec manque, à noter quelques infimes piqures de vers au dos de trois volumes, quelques taches sombres sur quelques plats, dos passés virés au marron (homogène), quelques infimes frottements et traces sans aucune gravité. Intérieur frais. Quelques rousseurs dans le dernier volume uniquement. Exemplaire très décoratif et d'une grande fraîcheur malgré les petits défauts signalés.


EXEMPLAIRE CONSTITUÉ A L’ÉPOQUE, PAR UN AMATEUR, DE DEUX ÉDITIONS DISTINCTES DES ROMANS GALANTS ET LICENCIEUX ATTRIBUÉS A BUSSY-RABUTIN ET GATIEN COURTILZ DE SANDRAS.

Voici le détail de ce que contient ces volumes. Les deux premiers volumes contiennent l'intégralité d'une édition sans date que les bibliographes donnent vers 1737. Elle contient les textes suivants : Histoire amoureuse des Gaules, par le Comte de Bussy-Rabutin, et sans doute le seul texte de lui dans ces deux volumes, avec les Maximes d'amour et une Lettre au Duc de St Aignan - Le Palais Royal ou les Amours de Madame de La Vallière - Histoire de l'amour feinte du Roi pour Madame - La Princesse, ou les amours de Madame - Le Perroquet, ou les amours de Mademoiselle - Junonie, ou les amours de Madame de Bagneux - Les fauses prudes, ou les amours de Madame de Brancas et autres dames de la Cour - La déroute et l'adieu des filles de joie de la ville et faubourgs de Paris, avec leurs noms, leur nombre, les particularités de leur prise, et de leur emprisonnement et la requête à Madame de La Vallière - Le Passe-temps royal ou les Amours de Mademoiselle de Fontange - Les Amours de Madame de Maintenon, sur de nouveaux Mémoires très curieux - Les Amours de Monseigneur le Dauphin avec la Comtesse du Roure. La plupart de ces romans licencieux sont attribués à Gatien Courtilz de Sandras.


Un amateur au XVIIIe siècle, commanditaire de la reliure en maroquin de belle facture, a cru utile de joindre à ces deux premiers volumes, les deux qui suivent et qui portent le titre de "France galante" et qui contiennent : La France galante (qui occupe à elle seule tout le premier volume. Le second et dernier volume contient La France devenue italienne avec les autres désordres de la Cour (qui se termine à la page 439) et Le Divorce Royal ou Guerre civile dans la famille du Grand Alcandre (pp. 440 à 466), puis enfin les Amours de Monseigneur le Dauphin avec la Comtesse du Rourre (pp. 467 à 492), texte que l'on trouvait déjà dans le deuxième volume des "Amours des Dames illustres de France". Il n'y a donc qu'un seul texte en commun entre ces deux séries d'Histoires amoureuses. A noter, comme nous l'avons déjà signalé plus haut, que le dernier volume porte une page de titre datée 1695 tandis que le troisième volume porte un titre sans date. Cependant, le caractère et la disposition du texte, ainsi que les gravures, appartiennent sans conteste au tirage de 1695. Il y eut un grand nombre d'éditions de ce recueil entre la fin du XVIIe siècle et les premières décennies du XVIIIe siècle.


Ces textes furent publiées pour la première fois, seuls, ou à la suite de l'Histoire amoureuse des Gaules de Bussy-Rabutin, en 1680, dans un volume intitulé les Amours des Dames illustres de France.

Les deux ouvrages sont chacun illustrés par une série de gravures sur cuivre, très différentes entre elles. Les premières (pour les 2 premiers volumes) sont assez fines et classiques et datent de 1737. Les deuxièmes (pour les 2 derniers volumes) sont d'une autre facture et les personnages y sont plus caricaturés. L'ensemble comprend donc 1 frontispice, 16 eaux-fortes pour la première série et 9 pour la seconde, soit 26 gravures au total (bien complet).


Fort, bien involontairement du scandale que provoqua la publication en 1665 de l'Histoire amoureuse des Gaules, Bussy-Rabutin, bel esprit fort railleur et libertin, se vit alors attribué la plupart des productions licencieuses dans les années qui suivirent, alors même qu'il était déjà exilé dans ses terres de Bussy en Bourgogne. Il y restera près de 18 ans, loin de la cour et des méandres des histoires amoureuses et politiques du siècle de Louis XIV. Enfin rappelé un jour de 1682 pour assister au lever du Roi, ce dernier ne le regarda point et Bussy comprit alors que ce n'était plus son temps. Il s'en retourna dans sa campagne bourguignonne et ne reparut plus à la Cour qu'en de brèves occasions. Il mourut à Autun le 9 avril 1693. Outre les histoires que l'on sait, c'est grâce à ce cousin facétieux qu'on peut lire aujourd'hui les célèbres Lettres de Madame de Sévigné (qu'il dépeint peu gentiment dans l'Histoire amoureuse des Gaules). En effet, les premières lettres de la marquise furent publiées dans les Mémoires in-quarto publiées en 1696 par le fils de Bussy. Puis d'autres lettres furent publiées dans la correspondance de Bussy (1696-1709). Ce sont les fils de Bussy qui participèrent à la publication des premières éditions des Lettres de la marquise aidés par la petite-fille de Simiane (1726-1734-1736) aidés en cela ensuite par les soins du Chevalier Perrin. Bussy-Rabutin nous laisse ainsi bien plus qu'un simple roman galant et divertissant, il nous laisse une correspondance à jamais devenue immortelle.


UN DES EXEMPLAIRES LES PLUS DÉSIRABLES POUR CETTE SÉRIE, LA PLUS COMPLÈTE POSSIBLE, EN MAROQUIN DU TEMPS, CONDITION DES PLUS RARES POUR CE GENRE D'OUVRAGE LICENCIEUX.

VENDU

Comédie Galante de M. B. (1667). Pièce de théâtre à caractère pornographique faussement attribuée à Bussy-Rabutin. Très rare première édition.



[attribué à BUSSY-RABUTIN, Roger de Rabutin, comte de Bussy - attribué aussi à Pierre-Corneille BLESSEBOIS]
COMÉDIE GALANTE DE MONSIEUR D. B.

S.n., à Paris, 1667 [Hollande ?]

1 volume in-12 (133 x 73 mm - Hauteur des marges : 129 mm) de 1 page de titre et 34 pages.

Cartonnage plein vélin de la fin du XIX siècle (dans le genre des cartonnages en vélin sortis des ateliers du relieur de Gayler-Hirou), titre et date en noir en long au dos. Reliure en excellent état. Intérieur en bon état. Exemplaire court de marges extérieures. Complet.


PREMIÈRE ÉDITION EXTRÊMEMENT RARE DE CE TEXTE ORDURIER FAUSSEMENT ATTRIBUÉ A BUSSY-RABUTIN.

Une ancienne note à la plume de la fin du XIXe siècle, sur la première garde blanche, indique : "On a, sans doute à tort, attribué à Bussy-Rabutin cette pièce libre, dirigée contre la comtesse d'Olonne célèbre par son inconstance aux débuts du règne de Louis XIV. Consulter le catalogue de la Bibliothèque dramatique de M. Soleinne, n° 4312."

En effet, on trouve en tête du premier feuillet : "COMEDIE DE MONSIEUR de BUSSY." (en toutes lettres - voir photo). Pourtant, à la lecture de cette pièce en 4 actes très courts, on s'apperçoit vite que cette pièce libre, écrite dans le style ordurier, ne peut être l’œuvre du spirituel auteur de l'Histoire amoureuse des Gaules. De plus Bussy est cité dans le texte, à la page 25 :

"Je sçay ce que l’on dit, d’un homme qui souffre, Sa femme a ses yeux foutre. Partout ainsy, comme sont Montglas, De Lisle, Pressy, Biron, Desoissons, St Remy, de Villars, Castelno, de Fienne d'Armagnac, Crinault Mirepoix, Et mille autres que je dirois, Qui souvent ont souffert, qu'aux pieds de leurs estrades, On ait foutu plus de cent fois, Comme un prelat fit à la Vergne, Comme à la Montglas fit Bussy, et à la Villards Benserade."

Cet ouvrage licencieux serait plus vraisemblablement l’œuvre d'un spécialiste du genre à l'époque : Pierre-Corneille Blessebois, surnommé le « Casanova du dix-septième siècle » ou encore le « poète-galérien » et dont on sait très peu de choses. On lui a attribué divers ouvrages licencieux du même tonneau : Aventures du Parc d’Alençon, 1668 - Les Palmes du Fils de l’homme, 1675 - Les Soupirs de Sifroi ou l’innocence reconnue, 1675 - Le Rut ou la pudeur éteinte, 1676 - Marthe le Hayer, ou Mademoiselle de Sçay, 1676 - L’Eugénie, 1676 - Le Bretteur, 1676 - Filon réduit à mettre à cinq contre un, 1676 - La Bibliothèque de l’Arétin, 1676 - Le Lion d’Angélie, 1676 - La Corneille mademoiselle de Sçay, 1678 - Le Zombi du grand Pérou, ou La comtesse de Cocagne, 1697. Voir Édouard Cléder, Notice sur la vie et les ouvrages de P. de Cornèille Blessebois (pp. XLIX-LI).

Les bibliographes s'accordent tous pour dire l'extrême rareté de cette édition de 1667 en 34 pages (Il existe une autre édition, sans date, publiée sous le nom de Pierre Marteau, qui n'est pas reconnue comme étant la première édition).

Provenance : ex libris Maud Harley.

Cette pièce de peu de chose (34 pages seulement) est néanmoins à classer parmi les pièces à caractères pornographiques parmi les plus rares publiées au XVIIe siècle et mérite de ce fait d'être recherchées des amateurs.

Localisation : BNF (Paris-Richelieu), Versailles.

Je ne résiste pas au plaisir de vous livrer quelques vers libres extraits de cette pièce :


La Comtesse s’étendant dans son lit en s’éveillant.
Ah ! que je fout… bien maintenant quater coups !
Et que j’ay dans mon lict du plaisir à m’estendre.
La Comtesse.
Non, laisse moy, de grace, encore un peu resuer,
Il n’est rien de si doux quand on est éveillée.
Que de goûter un peu la chaleur de son lit.
Et d’y promener son esprit.
Sur mille objects divers, dont l’ame est chatouillée.
Du moins l’on y contente a demy son desir.
Et pour moy souvent de plaisir
Je m’en trouve toute mouillée.
Ouy, je voudrais bien, tant j’ayme le deduit
Que chaque doigt de l’homme eust pris forme de vit.
Et qu’au lieu du bas ventre, ou nos cons sont sans grace.
La paulme de la main fust desormais leur place,
En tout temps, en tout lieu, lors fort commodement.
Nous aurions toujours nostre contentement
Qui finissant d’ailleurs aussi tost qu’il commence,
Auroit en fin par là, plus longue subsistance
Un doigt relevant l’autre, il ne se vertoit pas.
Que ces vigoreux vits devinssent jamais las.
Car enfin c’est par moy chose trop avorée,
Que le deduit ancien a trop peu de durée.

La Comtesse.
Enfin, mon cher Cousin, je te tiens en mes bras
Et puis enfin jouir du sujet de ma flame,
Embraise moi, fou.. moy, coule toy dans mes draps,
Que je te baisse ! ah ! je me pasme !

Vistes, les chausses bas, ne perdons point de temps,
Est il roide mon cœur, ouy mets le moy dedans,
Et sans qu’il flechisse ou deconne,
J’en attends d’abor 4. Coups
Pour le retour si Cupidon l’ordonne,
Vienne quand il pourra, me sera toujours doux,
Je tressaille d’espoir d’estre bien chatouillée
Tost, qu’en deux coups de cul ma fesse soit mouillée,
Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! mon cœur, tost disje a gros bouillons
Arrose moy le Con d’essence de Couillons,
Et qu’ainsy de ton fait ma matrice feconde
Puisse d’un beau Poupon enfin peupler le monde :
Mais o Dieu ! je sens ton vit plat !

Le Comte.


Je Passe pour un Galand Homme,

Quoy qu’on me puisse reprocher,
S’il se trouvoit quelqu’un qui pust mieux chevaucher, (…)
De douze coups autant de fois,
Sçachez que je les ay foutues, (…)
Qui sont les plus aspres fouteuses
Qui vescurent jamais sous l’empire du Vit, (…)
Et d’autres fouteuses encore,
Qui veulent tous les jours qu’on les foute a Gogo.
Sans Compter vingt putains Fameuses,
Qui, si l’on ne les fout tres vigoureusement
Vont raillans malheureusement
Avec leur langues venimeuses,
Peuvent suffire a faire foy,
Qu’il n’est pas dans le monde un fouteur comme moy, (…)
Que je bande toujours d’une roideur extrême :
Car cent fois, par-dessus mon habit
Ses deux pudiques mains ont manjé mon Vit !
La Comtesse.
Ah ! certe en voila beaucoup dire
Et cela n’est plus surprenant
Que voys ayez le Vit rempant
Il faudroit qu’il fust bon pour y pouvoir suffire,
Apres en avoir foutu tant. Le Comte.
Arresté la, de grace, & ne passez pas outre,
Mon vit ne fut jamais de ces vits languissants
Que les coups redoublez peuvent rendre impuissants.
Plus il fout, plus il veut foutre. (…)
La Comtesse.

Ces excez ont beacoup d’appas,

Et peuvent, je le croy, charmer une maistresse,
Mais quand certaine rage presse,
Le Con ne se contente pas. ...
Le Comte.
Appaisez vous, je sens mon vit qui se redresse (…)
La Comtesse.

Moy que sans deconner on fout 3. coups de suitte. (…)


Le Comte (un autre).
Je sçay ce que l’on dit, d’un homme qui souffre,
Sa femme a ses yeux foutre. (…) ...

Le Comte (un autre).
Vostre con est mouillée madame. ...
La Comtesse.

C’est que c’est déjà fait.
Ah ! Ah ! Ah ! j’ay fait, que tu m’en as Coulés !
Ton sperme a gros bouillons m’a ma foy toute esmue. (…)
Qu’il revienne tantost,
Car ma foy je m’engage

Qu’aujourdhuy je foutray à double & triple Estage. (…)

L’Abbé.
Moy ? j’en foutrais bien trois
Car le foutre en mes reins croupit depuis un mois.
Prenons cette foutée
Tout de bout à la derobée (…)
La Comtesse.
J’apprehende ton vit car la derniere fois que tu me le fis,
Tu m’escochas dessous la motte. (…)
Ah ! depeche leve la Cotte Ton vit est déjà tout en feu. (…)


BEL EXEMPLAIRE DE CETTE PIÈCE LIBRE DE LA PLUS GRANDE RARETÉ.
VENDU

mardi 8 novembre 2011

Lettres de Marie Rabutin-Chantal, Marquise de Sévigné (1728) Une des premières éditions et l'une des plus rares de cette célèbre correspondance.



Marie de RABUTIN-CHANTAL, marquise de SÉVIGNÉ
LETTRES DE MARIE RABUTIN-CHANTAL, MARQUISE DE SÉVIGNÉ, A MADAME LA COMTESSE DE GRIGNAN SA FILLE. Tome premier [second et troisième].

Sans lieu ni nom, 1728

3 tomes reliés en 2 volumes in-12 (17 x 10 cm - Hauteur des marges : 165 mm) de 264 (la dernière étant mal chiffrée 164), (1)-144 et 252 pages.

Reliure plein veau brun de l'époque, dos à nerfs ornés (reliure défraichie). Il manque la pièce de titre du premier volume, usures marquées au coins, coiffes et mors (fendus, usés), intérieur en bon état avec quelques cicatrices de mouillures sans gravité. Complet des deux faux-titre en tête de chaque volume. Reliure à restaurer. Exemplaire grand de marges.

NB : nous avons préféré laisser le soin à l'amateur qui se portera acquéreur de cet exemplaire de faire réaliser, au mieux et avec tout le soin nécessaire, les petites restaurations de reliure qui s'imposent pour faire de cet exemplaire un très bon exemplaire.


L'UNE DES PREMIÈRES ÉDITIONS DES LETTRES DE LA MARQUISE DE SÉVIGNÉ PARMI LES PLUS RARES.

Cette édition est précisément décrite dans la Notice Bibliographique des éditions imprimées des Lettres de la marquise de Sévigné (Lettres de Madame de Sévigné, Édition des Grands Écrivains de la France, Tome XI, p. 441-442, n°6) :

"Cette édition, imprimée avec les mêmes caractères et les mêmes fleurons que la contrefaçon de 1726, lui est, pour le tome I, presque entièrement semblable : elle a le même nombre de pages, et les pages, non pas toujours, mais très-souvent, sont identiques par le nombre et le contenu des lignes. Le tome II continue cette ressemblance jusqu'à la lettre de Charles de Sévigné qui est placée à la suite de la lettre CV, et qui termine le volume de 1728 (qui n'a que 144 pages). Le tome III de 1728 se compose : 1° des lettres CVI à CXXXIV inclusivement, qui terminent le tome II de 1726. 2° 50 autres lettres, précédées d'une première, sans chiffre, à M. de Grignan, qui sont tirées de l'édition de La Haye, mais rangées dans un autre ordre. Ce tome III commence par un Avertissement, qui ne diffère de celui que cette édition de Hollande (Gosse & Neaulme) a mis en tête de la préface que par la suppression des critiques adressées à l'impression de Rouen (ce qui laisserait supposer que cette édition de 1728 est bien sortie des presses rouennaises)."


On sait que la première édition des lettres de Mme de Sévigné date de 1725 et a été donnée subrepticement en une mince plaquette de 75 pages regroupant seulement quelques lettres pour la plupart incorrectement retranscrites et fragmentaires (31 fragments). Cette première édition rarissime et quasi mythique n’était connue qu’à 2 ou 3 exemplaires à la fin du XIXè siècle, il ne semble pas qu’on en est répertorié d’autres depuis. Les bibliographes considèrent donc comme véritable seconde édition originale l’édition dite de Rouen publiée en 1726 par les soins du fils de Roger de Bussy-Rabutin (cousin indiscret de la Marquise). On a beaucoup tergiversé pour savoir s’il s’agissait du fils aîné (Amé-Nicolas de comte Bussy-Rabutin) ou bien du cadet, futur évêque de Luçon, abbé de Bussy. Cette édition furtive, désavouée par la petite-fille de Mme de Sévigné, Mme de Simiane, fille de Mme de Grignan, est très rare et les exemplaires en reliure de l’époque en bonne condition se rencontrent difficilement. Les éditions suivantes de 1726, 1728 et 1733 sont également peu communes et reprennent avec des variantes la première édition dite de Rouen en gros caractères citée plus haut. Seule l'édition de La Haye, très rare, apporte de nouvelles lettres (qui se retrouvent dans l'édition de 1728 et 1733 comme nous venons de le voir ci-dessus). Il faudra attendre 1734-1736 avec l'édition pourtant mutilée donnée par les soins du Chevalier Perrin pour avoir à disposition plusieurs centaines de nouvelles lettres. L'édition de 1818, puis l'édition de 1862, données par Monmerqué, puis Charles Capmas (supplément "Lettres inédites" de 1876), donneront un panorama complet du génie épistolaire de la marquise de Sévigné.

BON EXEMPLAIRE (RELIURE A RESTAURER) DE CETTE ÉDITION RARE DES LETTRES DE MADAME LA MARQUISE DE SÉVIGNÉ.

VENDU

lundi 7 novembre 2011

Lettres de Marie Rabutin-Chantal, Marquise de Sévigné (1733) Une des premières éditions de la plus célèbre correspondance entre une mère et une fille.



Marie de RABUTIN-CHANTAL, marquise de SÉVIGNÉ

LETTRES DE MARIE RABUTIN-CHANTAL, MARQUISE DE SÉVIGNÉ, A MADAME LA COMTESSE DE GRIGNAN SA FILLE. Tome premier [second et troisième].

Sans lieu ni nom, 1733

3 tomes reliés en 1 fort volume in-12 (16,5 x 10 cm - Hauteur des marges : 160 mm env.) de 264, 144 et 252 pages.

Reliure plein veau brun de l'époque. Reliure à restaurer (un mors entièrement fendu, le cuir du dos n'adhère pas au dos et ne tient plus que par un mors, pièce de titre détachée et perdue, coins légèrement usés, les tranchefiles sont bien présentes). Intérieur d'une fraîcheur remarquable. A noter un petit frottement en début de première ligne du dernier feuillet qui a effacé la fin d'un mot commencé à la page précédente, la lecture se déduisant parfaitement malgré tout. Exemplaire grand de marges, bien que les feuillets soient massicotés de travers (comme cela arrivait parfois à l'époque).

NB : nous avons préféré laisser le soin à l'amateur qui se portera acquéreur de cet exemplaire de faire réaliser, au mieux et avec tout le soin nécessaire, les petites restaurations de reliure qui s'imposent pour faire de cet exemplaire un bel exemplaire.


L'UNE DES PREMIÈRES ÉDITIONS DES LETTRES DE LA MARQUISE DE SÉVIGNÉ. REPRODUCTION PRATIQUEMENT PAGE POUR PAGE ET LIGNE POUR LIGNE DE LA TRÈS RARE ÉDITION DE 1728.

Cette édition est précisément décrite dans la Notice Bibliographique des éditions imprimées des Lettres de la marquise de Sévigné (Lettres de Madame de Sévigné, Édition des Grands Écrivains de la France, Tome XI, p. 441-442, n°7) : "Cette impression suit page pour page et à peu près ligne pour ligne (il n'y a que de rares et légères différences dans le contenu des lignes) l'édition de 1728. Elle sort des mêmes presses ; le caractère nous parait être identique ; il n'y a, outre la différence que nous avons remarquée ça et là dans la composition des lignes, d'autre variété que celle de quelques ornements, et d'un certain nombre de fautes typographiques que l'impression de 1733 ne reproduit pas ou qu'elle est seule à avoir. Une note de l'édition de Perrin de 1734 parle en ces termes de ces trois volumes de 1733 : "Il a paru, sur la fin de l'année 1733, une autre édition furtive des lettres de Mme de Sévigné, 3 vol. in-12, sans nom de ville ni d'imprimeur, où l'on a exactement copié les fautes des éditions de Rouen et de La Haye." La réimpression de 1738 ajoute : "Elle ne contient d'ailleurs que le même nombre de lettres." La critique de Perrin est fort juste ; mais c'est, nous l'avons vu, à l'impression de 1728 qu'elle doit remonter."


Cette édition, comme celle de 1728 qu'elle reproduit donc, contient la Préface de M. de Bussy (p. 5 à 9), la Lettre de Madame la Marquise de Simiane, à Monsieur le Comte de Bussy (p. 10 à 14), les 4 lettres adressées à M. de Coulanges, LXXIII lettres pour le tome I, le tome II commence avec la lettre LXXIV (mal chiffrée LXXVI) et se termine avec la lettre CV, on trouve à la suite une lettre adressée à son fils, Charles de Sévigné ; le troisième tome contient un avertissement de l'éditeur (p. 3 à 9), puis les lettres CVI à CLXXXIV. Cette édition contient cinquante lettres tirées de l'édition de La Haye (Gosse et Neaulme, 1726, 2 vol. in-12), rangées dans un autre ordre.

On sait que la première édition des lettres de Mme de Sévigné date de 1725 et a été donnée subrepticement en une mince plaquette de 75 pages regroupant seulement quelques lettres pour la plupart incorrectement retranscrites et fragmentaires (31 fragments). Cette première édition rarissime et quasi mythique n’était connue qu’à 2 ou 3 exemplaires à la fin du XIXè siècle, il ne semble pas qu’on en est répertorié d’autres depuis. Les bibliographes considèrent donc comme véritable seconde édition originale l’édition dite de Rouen publiée en 1726 par les soins du fils de Roger de Bussy-Rabutin (cousin indiscret de la Marquise). On a beaucoup tergiversé pour savoir s’il s’agissait du fils aîné (Amé-Nicolas de comte Bussy-Rabutin) ou bien du cadet, futur évêque de Luçon, abbé de Bussy. Cette édition furtive, désavouée par la petite-fille de Mme de Sévigné, Mme de Simiane, fille de Mme de Grignan, est très rare et les exemplaires en reliure de l’époque en bonne condition se rencontrent difficilement. Les éditions suivantes de 1726, 1728 et 1733 sont également peu communes et reprennent avec des variantes la première édition dite de Rouen en gros caractères citée plus haut. Seule l'édition de La Haye, très rare, apporte de nouvelles lettres (qui se retrouvent dans l'édition de 1728 et 1733 comme nous venons de le voir ci-dessus). Il faudra attendre 1734-1736 avec l'édition pourtant mutilée donnée par les soins du Chevalier Perrin pour avoir à disposition plusieurs centaines de nouvelles lettres. L'édition de 1818, puis l'édition de 1862, données par Monmerqué, puis Charles Capmas (supplément "Lettres inédites" de 1876), donneront un panorama complet du génie épistolaire de la marquise de Sévigné.

Provenance : Exemplaire portant la signature ancienne (ex libris) "Griselle" sur la première page de titre.

BON EXEMPLAIRE (RELIURE A RESTAURER) DE CETTE ÉDITION RARE DES LETTRES DE MADAME LA MARQUISE DE SÉVIGNÉ.

VENDU

dimanche 6 novembre 2011

Francillon d'Alexandre Dumas fils (1887). 1/10 ex. sur Chine. Très rare. "Les hommes sont lâches, les femmes sont bêtes ..."



Alexandre DUMAS fils
FRANCILLON. Pièce en trois actes par Alexandre Dumas fils, de l'Académie française.

Paris, Calmann Lévy, Ancienne Maison Michel Lévy Frères, 1887. [Bourloton - Imprimeries Réunies].

1 volume in-8 (26,5 x 17,5 cm) de (4)-153 pages.

Reliure à la bradel demi-toile beige à coins, pièce de titre de maroquin rouge, filets dorés sur les plats (reliure de l'époque). Reliure d'attente parfaitement conservée. Quelques petites décolorations à la toile des plats. Les couvertures imprimés oranges ont été conservées à l'état de neuf. Intérieur immaculé sans rousseurs, relié sur brochure, non rogné.


ÉDITION ORIGINALE.

UN DES 10 EXEMPLAIRES SUR PAPIER DE CHINE (avec 1 ex. unique sur peau vélin, 55 ex. sur Japon et 75 ex. sur Hollande).

Cette pièce de théâtre d'Alexandre Dumas fils a été représentée pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre-Français, le 17 janvier 1887.

Voilà bien un ouvrage de théâtre fort dédaigné par l'auteur de la Dame aux camélias.

« Les hommes, ma chère, c'est comme les cerfs-volants, plus on leur rend de corde, plus on les tient. » (A. Dumas fils, Francillon).

Il est dit de cette pièce que "le talent de l'auteur et celui des artistes appelés à le seconder ont fait accepter, non parfois sans résistance, les invraisemblances et les audaces." Cette pièce fit un triomphe au Théâtre-Français.

La revue Le Livre, dirigée par Octave Uzanne, ne consacre pas moins de 4 pages de critique pour la sortie de cette pièce et en résume ainsi l'intrigue : "Un homme du monde, marié à une femme charmante, la trompe pour une ancienne maîtresse, avec qui, une nuit de bal à l'Opéra, il va souper dans un cabinet de restaurant. La femme légitime l'apprend, se fait emmener par un "inconnu" et soupe dans un cabinet voisin. Puis le lendemain, elle raconte tout à son mari. "Je me suis vengée jusqu'au bout" dit-elle. Bref, quand tout va se dénouer par un scandale public, elle avoue n'avoir voulu que donner une leçon au mari infidèle, et tout est bien qui finit bien. (...) (Le Livre, 1887, Bibliographie moderne, pp. 62-63).

Le critique de la revue Le Livre (qui signe l'article des seules initiales A. A. - fort probablement Octave Uzanne lui-même) élève cette pièce au rang de chef d’œuvre : "Car Francillon est un chef-d'oeuvre que je n'hésite pas à mettre au premier rang parmi l'oeuvre déjà si considérable du maître. Jamais Alexandre Dumas n'a rien écrit de plus humain, de plus nerveux, de plus sagacement observé et profondément fouillé, de plus ingénieux, de plus attachant, de plus émouvant, de plus charmant que cette merveilleuse comédie, dont le dialogue étincelant de verve, d'esprit, de jeunesse a soulevé, trois heures durant, les exclamations de toute une salle frémissante de joie. (...) Il y a là une peinture exacte, cruelle, mais non impitoyable d'une société névrosée, frivole et corrompue, devant qui le moraliste est tenté de s'écrier, comme un des personnages de Francillon : "Les hommes sont lâches, les femmes sont bêtes ..., faites donc un monde avec cela ! (...)" (Ibid., pp. 63-66)

Anecdote : Tous les gourmets venus applaudir la pièce apprécient les treize répliques d’Annette, la servante, qui détaille la recette d’une étonnante "salade Francillon". Une recette sur scène? C’est inattendu. Mais quelle recette ! Des pommes de terre cuites dans du bouillon et coupées en tranches tièdes, de l’huile d’olive, du vinaigre d’Orléans, un demi-verre de vin blanc (“Château-Yquem, si possible, indique Dumas fils), sel, poivre, fines herbes en abondance. Annette y ajoute de très grosses moules, cuites au court-bouillon et des rondelles de truffes réchauffées au vin de Champagne. La "salade Francillon" franchira les portes de la Comédie-Française pour s’installer bien vite sur les tables des restaurants à la mode.


TIRAGE TRÈS RARE SUR PAPIER DE CHINE POUR CETTE PIÈCE DE DUMAS A REDÉCOUVRIR.
VENDU

Meloenis, conte romain (1851), par Louis Bouilhet, l'ami intime de Gustave Flaubert. Exemplaire imprimé sur papier vélin offert à Jules Michelet.



Louis BOUILHET
MELOENIS, conte romain par Louis Bouilhet. Extrait de la Revue de Paris.

Paris, Imprimerie de Pillet fils ainé, 1851.

1 volume grand in-8 (25 x 16 cm) de 88 pages y compris le faux-titre et le titre.

Reliure demi-maroquin orange à coins, filets à froid, titre et auteur dorés au dos, tête dorée, non rogné pour les autres tranches, couvertures jaunes conservées (reliure de l'époque ou postérieure de quelques années seulement). Quelques frottements et traces à la reliure, sans aucune gravité, deux coins légèrement touchés, intérieur parfaitement frais, immaculé. Les deux plats de couverture imprimés sur papier jaune sont légèrement salis.


ÉDITION ORIGINALE EN LIBRAIRIE ET VÉRITABLE TIRAGE A PART SUR PAPIER VÉLIN.
EXEMPLAIRE OFFERT PAR L'AUTEUR A L'HISTORIEN JULES MICHELET, AVEC CET ENVOI : "à Monsieur Michelet, hommage respectueux de l'auteur. L. Bouilhet"

Ce long poème échevelé et à l'antique ne compte pas moins de 2.900 vers et nous entraine dans la Rome décadente.

Il ne faut pas confondre cette édition grand in-8 dont la pagination commence à (4)-5 à 88 avec l'Extrait de la Revue de Paris qui a été également relié à part à l'époque mais qui est paginé de 85 à 168 (avec en plus un titre et un faux-titre). Cet extrait dont la pagination est celle de la Revue de Paris n'est en réalité qu'un fragment de cette revue détaché pour l'occasion. Notre édition quant à elle est belle et bien un tirage à part, repaginé et entièrement recomposé et réimposé au format grand in-8. Notre exemplaire est imprimé sur un beau papier vélin épais, collé et absolument dénué de rousseurs. Il s'agit là probablement d'un très petit tirage de luxe, pour l'auteur et ses amis, non signalé par les bibliographes.

Louis Bouilhet était l'ami de Flaubert, son intime, et ce jusqu'à la fin de sa vie. Voici le jugement de Guy de Maupassant sur Louis Bouilhet : "J’avais alors dix-huit ans, et je faisais ma rhétorique à Rouen. Je n’avais rien lu de Bouilhet, bien qu’il fût le plus cher camarade de Flaubert. En ville, on ne le connaissait guère ; mais on en parlait beaucoup parce qu’il était bibliothécaire. L’académie locale le méprisait un peu, sous l’influence d’un poète indigène, M. Decorde, un barde étonnant dont les vers semblent avoir été faits par Henry Monnier pour les attribuer à l’immortel Prudhomme. Dans le public, les nombreux parents des académiciens déclaraient Louis Bouilhet surfait. Quelques jeunes gens l’admiraient frénétiquement. Un jour, comme nous nous dirigions vers le collège, après une promenade, le pion, un piocheur qu’on estimait, chose rare, eut un geste brusque comme pour nous arrêter ; puis il salua, d’une façon respectueuse et humble, ainsi qu’on devait jadis saluer les princes, un gros monsieur décore à longues moustaches tombantes qui marchait, le ventre en avant, la tête en arrière, l’œil voilé d’un pince-nez. Puis quand le promeneur fut loin, notre maître d’études qui l’avait longtemps suivi du regard nous dit : « C’est Louis Bouilhet. » Et immédiatement il se mit à déclamer les vers de Melœnis, des vers charmants, sonores, amoureux, caressant l’oreille et la pensée comme font tous les beaux vers. Le soir même j’achetais Festons et Astragales. Et pendant un mois je restai grisé de cette vibrante et fine poésie. Tout jeune encore je n’osais demander à Flaubert, dont je n’approchais alors qu’avec un respect craintif, de m’introduire chez Bouilhet. Je résolus d’y aller seul. Il habitait rue Bihorel, une de ces interminables rues des banlieues provinciales qui vont de la ville à la campagne. (...) Pendant six mois, je le vis chaque semaine, tantôt chez lui, tantôt chez Flaubert. Timide en public, il était, dans l’intimité, débordant d’une verve incomparable, d’une verve nourrie, de grande allure classique, pleine de souffle épique et de finesse en même temps. J’appris un jour qu’il était fort malade. Il mourut brusquement le lendemain. (...)" (Extrait de Le Gaulois, 21 août 1882, les chroniques de Guy de Maupassant).
Meloenis parait dans la Revue de Paris de novembre 1851. L'annonce du tirage à part est faite dans la Bibliographie de la France dès le 8 novembre.

Louis Bouilhet dédie ce long poème, sa première œuvre, à son ami intime Gustave Flaubert. Il apparaît comme un précurseur du Parnasse par son soucis de la pureté de la forme, son goût de l'antique et le culte de la science ainsi que par son goût pour la poésie objective et impersonnelle, quoique quelques-uns de ses meilleurs vers soient précisément ceux où il a trahi le sentiment qui l'obsédait en les écrivant (ainsi sa poétique apostrophe A une femme, l'actrice Durey). Les deux hommes correspondront ensemble presque constamment et laisserons un témoignage d'amitié qui se révèlera, en 1857, avec la parution de Madame Bovary de Flaubert où Louis Bouilhet est le dédicataire. Le 19 septembre de cette même année 1851, Flaubert, poussé par ses amis Louis Bouilhet et Maxime Du Camp, commence la rédaction de Madame Bovary, en s'inspirant d'un fait divers normand. Il achèvera son roman réaliste et psychologique en mai 1856 après 56 mois de travail.

Nous constatons que Louis Bouilhet avait tissé suffisamment de liens avec Jules Michelet (que Flaubert ne connaissait pas encore en 1851) pour lui offrir un bel exemplaire de son poème imprimé sur beau papier.


BEL EXEMPLAIRE POUR CET EXEMPLAIRE RARE ET ÉMOUVANT.

VENDU

vendredi 4 novembre 2011

L'écumoire, Histoire japonaise ou les amours contrariés de Tanzaï et Néadarné (1735). Conte licencieux de Crébillon fils. Rare.



Claude-Prosper Jolyot de Crébillon, dit CREBILLON Fils

L’ÉCUMOIRE, HISTOIRE JAPONAISE. Par Mr. de Crébillon fils. Tome premier et second.

A Londres, aux dépens de la Compagnie, 1735.

2 tomes en 1 volumes in-12 (13 x 8,5 cm) de (1)-XVIII-(4)-208 et (5)-328 pages.

Cartonnage ancien usagé. Titre à l'encre au dos (effacé). Intérieur assez frais. Titres imprimés en rouge et noir. Chaque tome est précédent du même frontispice gravé, assez curieux. Cachet ancien (initiales ex libris) sur le premier titre.

NOUVELLE ÉDITION.

Voltaire écrivit, en 1735, à propos de ce roman libertin : "Si je l'avais fait, je serais brûlé, je ne sais rien de si fou que ce livre." Ce livre a valu à Crébillon d'être conduit à la prison de Vincennes en décembre 1734. Ce qui n'empêcha pas que cet ouvrage connut au moins une trentaine d'éditions entre 1734 et la fin du XVIIIe siècle, soit sous ce titre "L'écumoire, Histoire japonaise", soit sous celui de "Tanzaï et Néadarné". La première édition parait d'ailleurs sous ce dernier titre (Pékin [i.e. Paris] : Lou-Chou-Chu-La , 1734).

Ce conte licencieux est d'une "hétérogénéité totalement déconcertante", le titre vient du fait que cet étrange et fort prosaïque instrument (une écumoire), s'est fiché, lors de la nuit de noces, du Prince Tanzaï, en un lieu de l'anatomie de l'homme interdisant la consommation de son mariage avec la belle Néadarné : ainsi plantée dans le corps du jeune prince, l'écumoire maléfique exhibe une virilité qui est en fait une impuissance. Ce n'est qu'au terme d'une double inconstance que les jeunes gens parviendront à se débarrasser du sortilège, et pourront gouter les délices que leur promettait leur amour. (Sylvain Menant et Dominique Quéro, Séries parodiques au siècle des Lumières, p. 316). Le jeune romancier s'amuse à imiter La vie de Marianne de Marivaux dans le Livre III de l’Écumoire, ce dernier y voyant une parodie blessante. C'est la Duchesse du Maine qui le fit sortir de prison et l'admit à Sceaux, ce qui lui ouvrit les portes des salons parisiens.

Crébillon fils peint avec brio le relâchement des mœurs de son temps. Cynique, il ne croit ni à la vertu, ni à l'amour et leur préfère le plaisir : « il est rare qu'une jolie femme soit prude, ou qu'une prude soit jolie femme, ce qui la condamne à se tenir justement à cette vertu que personne n'ose attaquer et qui est sans cesse chagrine du repos dans lequel on la laisse languir. » (Le Sylphe) Il est le peintre du libertinage, d'un monde d'hypocrisie, de duperie et de perfidie où perce à l'occasion un sentiment d'insatisfaction : « Nous voulons satisfaire notre vanité, faire sans cesse parler de nous ; passer de femme en femme ; pour n'en pas manquer une, courir après les conquêtes, même les plus méprisables : plus vains d'en avoir eu un certain nombre, que de n'en posséder qu'une digne de plaire ; les chercher sans cesse, et ne les aimer jamais. » (Le Sopha)

BON EXEMPLAIRE DE CE LIVRE LIBERTIN PEU COMMUN.
VENDU

Liens vers d'autres livres

Related Posts with Thumbnails