mardi 5 avril 2011

Rétif de La Bretonne et ses Veillées du Marais (1785). Edition originale fort rare, ici brochée, non rognée. Tirage presque entièrement non cartonné.



[Nicolas-Edme RÉTIF DE LA BRETONNE]


LES VEILLÉES DU MARAIS ; OU HISTOIRE DU GRAND PRINCE ORIBEAU, ROI DE MOMMONIE, AU PAYS D'EVINLAND ; & DE LA VERTUEUSE PRINCESSE ORIBELLE, DE LAGENIE : Tirée des Anciennes Annales Irlandaises, & récemment translatées en français : Par Nichols-Donneraill, du Comté de Korke, descendant de l'auteur.

Imprimé à Waterford, capitale de Mommonie, 1785. [A Paris, Veuve Duchesne].

4 volumes in-12 (18 x 11 cm), brochés, de 236 pages pour la première partie (premier volume) ; paginé (237) à 496 pour la seconde partie (deuxième volume) ; 268 pages pour la troisième partie (troisième volume) et paginé de (269) à 556 pour la quatrième et dernière partie (quatrième volume). Collationné complet, broché sous couverture muettes de papier à la colle bleu du début du XIXe siècle (ce papier recouvre un papier dominoté fleuri du XVIIIe siècle dont on distingue à peine quelques vestiges). Ensemble non rogné, tel que paru en librairie à l'époque, manque un plat de couverture, quelques coins roulés, petites déchirures et salissures sans gravité, plats de couvertures détachés, dos fendus, feuillets détachés (brochage à restaurer). Collationné complet.

ÉDITION ORIGINALE RARE.

L'histoire de ce livre est singulière et mérite d'être contée. C'est encore une fois une œuvre singulière et étrange que donne au public Rétif de La Bretonne. Ainsi que nous l'indique Rives-Child qui se réfère lui-même à Paul Lacroix, cet ouvrage fut commencé le 23 avril 1777, mais Rétif n'en fit que neuf pages en manuscrit. Il reprit l'écriture le 1er mars 1784 et le manuscrit fut achevé le 1er janvier 1785. Mais le livre avait été vendu bien avant (contrat du 7 mai 1784 avec la veuve Duchesne à Paris). L'ouvrage sort ainsi en librairie en mai 1785 (La vie de mon père, II, 3e éd., p. 45). Ce livre s'avère être en réalité un livre à clé, mais si difficile à suivre que bien des lecteurs n'y ont rien vu. L'abbé Terrasson, le premier censeur de l'ouvrage, craignait les allusions faites par Rétif à la famille royale. Des changements furent imposés entrainant l'impression de nombreux cartons (voir la liste énoncée dans Rives-Child). L'ouvrage fut finalement accepté par la censure. Rives-Child ajoute : "il y a des exemplaires non cartonnés, car Rétif se faisait un malin plaisir de ne jamais tenir compte, pour un certain nombre d'exemplaires, des corrections exigées par la police." Notre exemplaire ne contient que deux cartons et ferait donc partie des exemplaires les moins cartonnés à l'époque.

"Le titre des Veillées du Marais, dit Rétif, n'est pas de moi, mais du libraire, qui eut cette idée dans le temps que paraissaient les Veillées du Château ; mais mon ouvrage ne put paraitre à temps pour profiter de cet à-propos, sans doute favorable à la vente : d'un côté l'impression n'avançait pas, de l'autre, l'abbé Terrasson, me faisait des difficultés si grandes, qu'il finit par s'excuser d'approuver. Par bonheur le Vicomte de Toustain-Richebourg (non encore tombé dans les absurdités de l'odieux christianisme, qui l'ont perdu) fut alors nommé censeur. Je le demandai à M. de Devilledeuil ; je l'obtins et il me parapha. L'ouvrage parut avec beaucoup de cartons, que la crainte avait fait exiger par Terrasson, pour des raisons qui ne subsistent plus aujourd'hui. La forme de cet ouvrage est singulière ! L'ordre alphabétique y règne non seulement dans les chapitres qui sont intitulés A, B, C, D, etc., mais encore à chaque alinéa des chapitres."

Les noms des personnages sont des anagrammes pour la plupart. Il existe une clé mais qui n'est pas complète et que Rétif a donné dans un autre de ses ouvrages. Cet ouvrage bizarre a été publié à nouveau sous un autre titre "L'instituteur d'un Prince Royal", en 1792.

Rétif imprime ces mots au verso du premier titre : "A quel but cet ouvrage ? A montrer la fausseté des bruits populaires sur les Princes, les Grands, & leurs Ministres : A donner une idée de l'ancienne éducation des Rois barbares des Germains & des Bretons." Tout est dit ! Comprenne qui pourra ... L'ouvrage contient des contes, des légendes, etc.

Quérard dans sa France Littéraire écrit à propos de cet ouvrage : "Restif regardait cet ouvrage ennuyeux et mal écrit, comme très-propre à diriger l'éducation d'un Prince destiné au trône." L'avis de Quérard sur Rétif de La Bretonne résume assez bien ce qu'on peut ressentir à la lecture de cet ouvrage ahurissant : "Restif était d'une organisation singulière ; et sa conduite, comme ses écrits, offre un mélange continuel de folie et de sagesse, de sottise et de raison."

Références : Rives-Child ; Rétif de La Bretonne, Mes inscripcions, (p. 84, 87, 100 et 296) ; Rives-Child, p. 286.

EXEMPLAIRE COMPLET, A RESTAURER, DE CET OUVRAGE RARE DE RÉTIF DE LA BRETONNE, PRESQUE ENTIÈREMENT NON CARTONNÉ (TRÈS RARE).

VENDU

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