vendredi 6 juin 2025

Alcide, Baron de M*** [Alfred de Musset]. GAMIANI ou Deux Nuits d'Excès par Alcide, Baron de M***. Lecharmeur, éditeur, A Sofia, sans date [Paris, vers 1908] 1 volume in-8 relié plein vélin à l'époque. Avec 3 gravures libres tirées sur Chine. Edition ancienne peu commune de ce grand classique de la littérature érotique.


Alcide, Baron de M*** [Alfred de Musset]

GAMIANI ou Deux Nuits d'Excès par Alcide, Baron de M***.

Lecharmeur, éditeur, A Sofia, sans date [Paris, vers 1908]

2 parties en 1 volume in-8 (18,3 x 12,4 cm) de 124 pages. Avec 3 gravures libres hors-texte tirées sur papier de Chine (dessins au trait à l'antique). Vignette gravée sur la page de titre.

Reliure de l'époque à la bradel plein vélin ivoire avec pièce de titre, tête dorée, relié sur brochure, couvertures muettes conservées. Très bon état. Imprimé sur papier vergé satiné.


Nouvelle édition.

Tirage probable à petit nombre (250 exemplaires ?).

Dans cette édition, le roman proprement dit est précédé d'une Préface (qui occupe les pages 5 à 10), et d'un "Extrait des Mémoires de la comtesse de C*** sur l'auteur de Gamiani" (qui occupe les pages 11 à 19). Ce sont là des textes issus, le premier, de l'édition d'Amsterdam (1840 [1864]); le second, de l'édition de Lesbos (même année).

Ce roman est l'ouvrage licencieux le plus lu et le plus réimprimé de tout le XIXe siècle avec plus de 40 éditions. L'attribution du roman à Alfred de Musset a longtemps été contestée. Elle semble désormais établie. Par tradition et depuis Auguste Poulet-Malassis, on attribue désormais cet ouvrage à Alfred de Musset, parfois aidé de George Sand, mais cette seconde attribution reste des plus douteuses. Dans l'attente d'un éventuel document venant conforter ou infirmer ces attributions, le secret de Gamiani demeure l'un des mieux gardés de la littérature érotique.

Le roman raconte deux nuits de la vie de la comtesse Gamiani marquées par ses ébats avec Fanny et Alcide. Pendant ces deux nuits, les trois personnages vont successivement raconter leur initiation sexuelle ainsi que leurs plus grands exploits dans ce domaine.

Pierre Louÿs dans le Manuel de civilité pour les petites filles à l'usage des maisons d'éducation écrit : « Ne suivez pas l'office sur un exemplaire de Gamiani, surtout s'il est illustré ».








"La première fois que je fus mise à l’épreuve, j’étais dans le délire du vin. Je me précipitai violemment sur la sellette, défiant toutes les nonnes. L’âne fut à l’instant dressé devant moi, à l’aide d’une courroie. Son braquemart terrible, échauffé par les mains des sœurs, battait lourdement sur mon flanc. Je le pris à deux mains, je le plaçai à l’orifice, et, après un chatouillement de quelques secondes, je cherchai à l’introduire. Mes mouvements aidant, ainsi que mes doigts et une pommade dilatante, je fus bientôt maîtresse de cinq pouces au moins. Je voulus pousser encore, mais je manquai de forces, je retombai. Il me semblait que ma peau se déchirait, que j’étais fendue, écartelée ! C’était une douleur sourde, étouffante, à laquelle se mêlait pourtant une irritation chaleureuse, titillante et sensuelle. La bête, remuant toujours, produisait un frottement si vigoureux que toute ma charpente vertébrale était ébranlée. Mes canaux spermatiques s’ouvrirent et débordèrent. Ma cyprine brûlante tressaillit un instant dans mes reins. Oh ! quelle jouissance ! Je la sentais courir en jets de flamme et tomber goutte à goutte au fond de ma matrice. Tout en moi ruisselait d’amour. Je poussai un long cri d’énervement et je fus soulagée… Dans mes élans lubriques, j’avais gagné deux pouces ; toutes les mesures étaient passées, mes compagnes étaient vaincues. Je touchais aux bourrelets sans lesquels on serait éventrée ! Épuisée, endolorie dans tous les membres, je croyais mes voluptés finies lorsque l’intraitable fléau se raidit de plus belle, me sonde, me travaille et me tient presque levée. Mes nerfs se gonflent, mes dents se serrent et grincent ; mes bras se tendent sur mes deux cuisses crispées. Tout à coup un jet violent s’échappe et m’inonde d’une pluie chaude et gluante, si forte, si abondante, qu’elle semble regorger dans mes veines et toucher jusqu’au cœur. Mes chairs lâchées, détendues par ce baume exubérant, ne me laissent plus sentir que des félicités poignantes qui me piquent les os, la moelle, la cervelle et les nerfs, dissolvent mes jointures et me mettent en fusion brûlante… Torture délicieuse !… intolérable volupté qui défait les liens de la vie et vous fait mourir avec ivresse !" (extrait)







Référence : Bibliographie des ouvrages érotiques publiés clandestinement en français entre 1880 et 1920, n°360 bis (Dutel indique par erreur qu'elle est imprimée sur un papier vélin, elle est en réalité imprimée sur un papier vergé satiné à pontuseaux verticaux)

Très bon exemplaire de cette édition ancienne peu commune et joliment illustrée.

Prix : 650 euros

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