PIGAULT-LEBRUN (Charles-Antoine-Guillaume Pigault de l'Épinoy, dit)
L'enfant du bordel ou les aventures de Chérubin. Nouvelle édition.
Sur l'imprimé de Paris MDCCC, Le Mans, à l'enseigne des citoyens du Maine (sans date, imprimé Rotterdam par Bergé, ca 1890)
2 parties en 1 volume in-12 (17,4 x 11,2 cm) broché non rogné de 165 pages. Couverture muette de papier gris. Belle impression sur papier vergé de Hollande à pontuseaux verticaux. Bon état. Renforts de papier cristal ancien dans la marge intérieur de quelques feuillets. Une note bibliographique dactylographiée collée partiellement sur le bord de la page de titre.
Nouvelle édition.
Il existe plusieurs éditions sous cette adresse "Le Mans, à l'enseigne des citoyens du Maine". La nôtre est avec une rose en fleuron sur la page de titre. Elle est référencée sous le n°252 par Dutel dans sa Bibliographie des ouvrages érotiques publiés clandestinement en français entre 1880 et 1920. Elle a été imprimée selon Dutel vers 1890 à Rotterdam. Cette édition n'est pas illustrée.
L’Enfant du bordel, roman pornographique publié clandestinement pour la première fois en 1800, appartient à la veine satirique et libertine de Pigault-Lebrun, l’un des écrivains les plus mordants de la période révolutionnaire et consulaire. L’auteur, ancien militaire, dramaturge et romancier fécond, s’était fait une spécialité de peindre les travers de la société avec une verdeur de ton qui lui valut un grand succès populaire — et quelques ennuis avec la censure.
L’Enfant du bordel s’ouvre sur une scène choc : un nourrisson abandonné, fruit des amours tarifées, trouvé dans une maison de débauche. Recueilli et élevé dans un milieu marginal, le personnage principal devient le miroir grossissant des hypocrisies sociales et morales de son temps. À travers ses aventures, Pigault-Lebrun dénonce l’hypocrisie des honnêtes gens, l’injustice des institutions et la cruauté de la morale officielle.
Le roman alterne réalisme cru et satire sociale : derrière l’anecdote piquante et la description des mœurs légères, on sent l’intention philosophique et politique. Le titre même — L’Enfant du bordel — est une provocation qui vise à faire tomber les masques : ceux qui méprisent les filles publiques en fréquentent les lits, et ceux qui condamnent le libertinage ne sont souvent que ses clients assidus.
L’ouvrage est publié en 1800, dans un moment charnière : la France sort des convulsions révolutionnaires et entre dans l’ère consulaire. Pigault-Lebrun, qui avait connu prison et exil sous l’Ancien Régime, saisit bien l’air du temps : ce besoin de liberté de mœurs, mais aussi cette fascination pour les marges et les exclus.
"[...] Cependant, cette vue m’avait mis en fureur, et je bandais. Ah ! je bandais… ; c’est cela que demandait madame de Sennerville. — Bandes-tu bien, mon ami ? me dit-elle en appuyant sa bouche sur la mienne, et en y introduisant une langue avec laquelle la mienne eut bientôt fait connaissance. Pour toute réponse je pris sa main que j’appuyai sur mon vit ; elle déboutonna ma culotte, et mit à l’air un membre d’une raideur qui lui promettait plus d’un assaut. — Allons, s’écria madame de Sennerville, à la besogne ! Alors les deux femmes travaillèrent à se dépouiller de leurs vêtements et me prièrent d’en faire autant. Le feu est redoublé, pour que l’absence de nos habits ne nous laisse pas apercevoir la rigueur de la saison. Nous voilà nus tous les trois. Madame de Sennerville gagnait à être vue ainsi ; et elle n’était pas déplacée auprès de Jeannette, qui était de la tête aux pieds un composé de grâces. Je croyais tout uniment que j’allais foutre les deux femmes chacune à leur tour, ou du moins madame de Sennerville ; combien j’étais loin de compte ! Je la prends dans mes bras, et, après un baiser voluptueux, je forme ma main entre ses cuisses… Oh ! surprise !… ce n’est point un conin, pas même un con, c’est un gouffre, dans lequel j’aurais pu, je crois, entrer tout entier ; aussi aurais-je débandé tout net, si la vue des charmes de Jeannette n’eût soutenu mon courage. Cependant, le mot de madame de Sennenville : A la besogne ! avait une signification à laquelle je ne m’attendais pas. Jeannette fouilla dans une petite armoire, dont sa maîtresse vient de lui donner la clef ; elle tire un godemiché, recouvert en velours, qui avait, sans exagération, six pouces de diamètre sur dix de long ; elle l’attacha autour de ses reins avec une ceinture de maroquin, et fut se coucher sur une chaise longue qui était dans le salon. Madame de Sennenville se mit sur Jeannette, et, à mon grand étonnement, elle se fit entrer tout entier dans le corps. Voyez ce qu’il vous reste, me dit-elle. Je ne voyais que son cul… ; c’était ce que demandait madame de Sennenville ; aussi, sans me faire prier davantage, je me mis à l’enculer. C’était la seule manière dont madame de Sennerville pouvait se procurer des jouissances ; aussi s’en donna-t-elle tant et plus pendant deux heures que les jouissances se multiplièrent. [...]" (extrait)
Bon exemplaire de ce livre érotique succulent peu commun dans toutes les éditions anciennes, ici très bien imprimé sur beau papier vergé de Hollande.
Prix : 600 euros