lundi 19 mai 2025

Ma vie secrète. Londres 1885 [Paris, Marcel Seheur, vers 1932]. Ouvrage attribué à Henry Spencer Ashbee. 3 volumes petits in-8 brochés. Tirage unique à 400 exemplaires tous sur papier vélin d'Arches à la forme. Avec 26 illustrations en couleurs de Berthommé Saint-André et de nombreux dessins au trait imprimés en rouge dans le texte (bandeaux et cul-de-lampe). Bel exemplaire de cette jolie édition artistique clandestine imagée par Berthommé Saint-André.

 

[Attribué à Henry Spencer Ashbee]

Ma vie secrète.

Londres 1885 [Paris, Marcel Seheur, vers 1932]

3 volumes petits in-8 (16,5 x 12,8 cm) à pagination continue de 403-(2) pages, couvertures illustrées rempliées en papier rose imprimées en noir et rouge dans un encadrement (premier plat). Avec 26 illustrations en couleurs de Berthommé Saint-André et de nombreux dessins au trait imprimés en rouge dans le texte (bandeaux et cul-de-lampe). Très bon état. Petite déchirure sans manque en pied du premier tome (uniquement le papier rose de couverture). Très frais.

Tirage unique à 400 exemplaires tous sur papier vélin d'Arches à la forme.

Non mis dans le commerce, réservé aux souscripteurs.

Edition publiée vers 1932 par Marcel Seheur. Elle est joliment illustrée de 26 hors-texte libres en couleurs par Berthommé Saint-André et de nombreuses vignettes au trait tirées en rouge par le même artiste.

Il a été fait plusieurs autres éditions dans les années 1920, notamment par Maurice Duflou.








Ma vie secrète (titre original : My Secret Life) est un ouvrage de onze volumes en langue anglaise, publié par un « gentleman victorien », couvert par le pseudonyme de Walter, aux Pays-Bas à la fin du XIXe siècle et attribué par la suite à Henry Spencer Ashbee. Initialement, l'ouvrage, imprimé intégralement à frais d'auteur, ne devait pas être imprimé à plus de 6 exemplaires, ce qui ne fut pas respecté par l'éditeur. La première mention officielle de l'ouvrage serait apparue dans un catalogue clandestin d'écrits érotiques, publié par le libraire-éditeur parisien Carrington, en 1902. Il faudra attendre 1966 pour que My Secret Life sorte des Enfers des rares bibliothèques qui le conservaient et soit enfin publié légalement dans les pays anglo-saxons. La traduction intégrale et sérieuse du texte en français date de 1994, aux éditions Stock. Il est à noter que l'édition la plus récente, dans la collection « Lectures amoureuses » aux éditions La Musardine, regroupe l'intégralité des 11 volumes en 6 tomes. Cette œuvre ne se présente pas comme un roman et n'est, probablement, pas romancée. L'auteur la décrit comme étant un mémoire aussi fidèle que possible aux faits qui y sont décrits, changeant les noms (exception faite de ceux des domestiques), les lieux, la composition de sa propre famille (qu'il évoque à peine et seulement en cas d'absolue nécessité à la compréhension du texte), mais restant par ailleurs totalement fidèle quand il décrivait quelque chose : emplacement des objets dans une pièce, physique d'un(e) partenaire sexuel(le), actes... Cependant, il n'y a pas lieu de voir dans cet ouvrage une quelconque tentative d'analyse psychologique des faits : Walter observe les faits, grave dans sa mémoires les plaisirs découverts, les « cote » selon l'intensité de son ressenti... Mais il n'analyse absolument rien. Ma vie secrète est une longue observation, scrupuleusement notée et annotée, de chacune de ses expériences sexuelles. Ce qui en fait un livre précieux pour la compréhension des mœurs sexuelles des hommes à l'époque victorienne, qui pratiquaient abondamment le double standard sexuel (c'est-à-dire la différence de tolérance et d'acceptation des actions quelles qu'elles soient d'un individu par la société dans laquelle il évolue, selon que cet individu soit homme ou femme).

Henry Spencer Ashbee, né le 21 avril 1834 à Southwark (Londres) et mort le 29 juillet 1900 (à 66 ans), est un bibliophile, un bibliographe et un écrivain britannique, connu également sous le pseudonyme de Pisanus Fraxi.​ Les débuts d'Ashbee montraient un homme d'affaires spécialisé dans le commerce du textile, voyageant beaucoup et s'intéressant aux livres anciens : il possédait une belle collection d'éditions originales du Don Quichotte aussi un bon millier d'ouvrages érotiques anciens ou modernes. Sur le plan culturel, Ashbee appartenait à une communauté d'intellectuels franchement ouverte aux questions d'ordre sexuel : Richard Francis Burton ou Algernon Charles Swinburne ne s’embarrassaient pas avec lui de préjugés victoriens. Il commença à compiler une bibliographie d'ouvrages érotiques de toutes les époques et de toutes langues sous le pseudonyme de Pisanus Fraxi, cryptonyme établi à partir du latin fraxinus (frêne = ash en anglais) et apis (abeille = bee en anglais). Ex libris d'Ashbee conçu par Paul Avril (1890) montrant un frêne et une abeille. Par la suite, il souhaita léguer à la British Library sa collection à la condition qu'elle fût traitée comme n'importe quelle autre. La vénérable institution accepta sous réserve qu'Ashbee fasse également don de ses éditions originales de Cervantès. Dans le traitement du fonds qui s'ensuivit après sa mort, six caisses complètes furent détruites, dont un bel échantillon de productions érotiques victoriennes. Toutefois, le reste fut relégué dans une réserve spéciale intitulée Private Case, l'équivalent en quelque sorte de l'Enfer de la Bibliothèque nationale : l'accès à cette réserve fut seulement autorisé à partir de 1962 puis les ouvrages furent dispersés dans différents rayonnages de la British Library. Ashbee avait épousé Elisabeth Lavy, la fille de son associé, à Hambourg en 1862. Ils eurent quatre enfants dont un fils, Charles Robert Ashbee. Annie Le Brun a rappelé que seuls six exemplaires de Ma vie secrète (My Secret Life) sont connus à ce jour. Cette autobiographie sexuelle, ce journal de la vie amoureuse d'un anonyme anglais du XIXe siècle prénommé Walter, ne comporte pas moins, dans son édition établie sans doute par Auguste Brancart (1890), de 10 volumes soit plus de 3 750 pages parfois rehaussées d'aquarelles ! En 1962, Gershon Legman croit pouvoir en identifier l'auteur dans une préface à la réédition de l'Index de Pisanus Fraxi. Il émet l'hypothèse d'Henry Spencer Ashbee, Pisanus Fraxi et Walter ne font qu'un. Legman avait découvert dans un catalogue édité en 1902 par Charles Carrington une notice mentionnant Ma vie secrète, laquelle précisait : « Vers l'année 1888, un libraire et éditeur connu d'Amsterdam [...] fut appelé à Londres par l'un de ses clients, un vieil Anglais fortuné qui désirait faire imprimer pour son plaisir personnel un énorme manuscrit où il avait consigné, dans ses moindres détails, toutes les pensées érotiques de son existence. Il était prêt à couvrir tous les frais d'impression à condition qu'il ne soit pas tiré plus de six exemplaires de son texte. » Legman passa une copie du texte à Grove Press qui produisit en 1966 la première édition complète. L'imprimeur était un anglais nommé Arthur Dobson et il fut condamné à deux ans de prison en 1969 par la justice britannique (affaire The Queen versus Dobson, Leeds, janvier 1969). En 1994, Jean-Jacques Pauvert rédige une préface à la première traduction en français : rien, dit-il en substance, ne permet encore d'affirmer qu'Ashbee soit l'auteur de cet ouvrage.











"[...] [J'avais à peine fini de décharger que ka curiosité s'empara de moi. La femme céda à mes désirs comme sait le faire toute Française qui veut faire plaisir à un homme, et même elle alla au-delà de ce que je pouvais souhaiter. La noire toison de ses aisselles fut pour moi le premier objet de mon admiration ; me soulevant sur un coude, la pine encore enfouie dans son vagin, j’admirai tour à tour ses yeux, puis ses tétons ; je regardais et je touchais tout ; je lui ouvris même la bouche et caressai ses dents, qui étaient splendides. Ensuite, je me redressai sur les genoux et contemplai longuement entre ses jambes, le buisson splendide de ses poils noirs. Loin d’essayer de me relever ou de se défendre, elle ouvrit d’elle-même ses cuisses plus largement et alors j’écartai de chaque côté les deux lèvres du con d’où s’écoulait mon essence, laquelle engluait l’orifice carminé du délicieux organe. À cette vue, ma pique se remit à bander, et toute dégoutante encore, je l’enfonçai une seconde fois dans le divin passage lubrifié par mon sperme. Une fois tiré ce second coup, la Française se lava. Je voulus aussitôt revoir ses charmes secrets. — Vous êtes grand amateur de femmes, dit-elle. On dirait que vous n’en avez jamais vu ! Je lui passai une nouvelle inspection. Son con était noir et rose, un bijou… Je lui donnai un louis, et osant à peine formuler ma demande, car elle s’était rhabillée, je lui dis : — Oh ! comme je voudrais vous le faire encore !... — Vous me faites perdre bien du temps, mais vous êtes si gentil… Refaites-le-moi, si vous voulez, au bord du lit. Je sortis ma queue. De son côté elle exhiba son cul, son ventre, et sa fente avec la toison noire et je l’enfilai et déchargeai une troisième fois, puis elle la quitta avec promesse de revenir. Je la revis le jour suivant, et ensuite presque tous les jours. Peu à peu, je pris l’habitude de me rendre chez elle à toute occasion et d’y coucher. Plus je la possédais, plus je la désirais. C’était la femme aimable par excellence. Je ne la trouvais jamais ni négligée ni sale ni échevelée. S’il ne l’était pas habillée, elle portait toujours sur elle un peignoir propre, elle avait presque toujours des bas de soie et une chemise propre, et chaque fois que je n’en manifestais le désir, elle était prête à baiser, à la minute même. Elle était en outre bonne cuisinière ; elle me faisait de délicieuses omelettes et préparait gentiment d’agréables mets que nous mangions dans sa chambre. Souvent, je tirais un coup, je quittais le lit, je mangeais et recommençais à baiser, la bouche encore à moitié pleine. Quelquefois aussi je prenais dans sa chambre des repas qui nous étaient apportés par une cuisinière française. Ensuite, l’estomac plein, le cœur mis en joie par des vins délicats, je passais la soirée dans les plus délicieuses cochonneries. [...]" Extrait de Ma vie secrète, Londres 1885, pp. 160-161.

Références : Dutel, Bibliographie des ouvrages érotiques publiés clandestinement en français entre 1920 et 1970, n°1880 (Dutel indique une pagination séparée pour les 3 volumes et des impressions dans le texte en bistre et non en rouge) : Pia, Les livres de l'Enfer, n°847.

Joli édition artistique clandestine imagée par Berthommé Saint-André.

Prix : 1 250 euros

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