ARETIN (Pietro ARETINO)
LA VIE DES NONNES illustrée de dix gravures.
Paris, sans date, sans nom [vers 1930]
1 volume in-8 carré (19,8 x 17,7 cm), broché, 74 pages, couverture à rabat imprimée en noir en papier marbré brun marbré. 10 illustrations hors texte (bois gravés ou linoléum). TRès bon état sur papier vélin épais. Petites marques sans gravité en tête et en queue du dos (fissures).
Référence : Dutel, Bibliographie des ouvrages érotiques publiés clandestinement en français entre 1920 et 1970, n° 2616 ; Pia, Les livres de l'Enfer, n° 1241.
Cet ouvrage se présente de la même manière que Les amis du crime du marquis de Sade également illustré de bois gravés (12) dans un même format et une mise en page identique. Les deux volumes ont du paraître à quelques mois d'intervalle par les soins du même éditeur ou groupe d'amateurs.
Le nom de l'illustrateur reste un mystère.
"La Vie des nonnes de Pierre Arétin (1492-1556), tirée de ses sulfureux Ragionamenti, trouve donc un plumage digne de son ramage. Très profondément érotique, voire pornographique, La Vie des nonnes se présente sous la forme d'un dialogue entre Antonia et Nanna. Cette dernière ayant été tour à tour religieuse, mariée et courtisane, elle est sommée de dire à sa compagne quel état paraît le plus enviable. Nanna se remémore d'abord sa vie de nonne lors de laquelle elle fut dépucelée par un bachelier qui planta "deux fois l'étendard dans le donjon et une fois dans le fossé". A l'entendre, le couvent est une maison close, où le voyeurisme est élevé au rang de prière. On fornique à tout va dans les cellules des nonnes où le regard est invité à pénétrer par d'innombrables fentes.Outre la charge
virulente de l'Arétin, on retiendra surtout de ce texte la formidable puissance
d'une langue où l'érotisme se niche dans ses recoins obscurs et métaphoriques.
Ainsi, comprendra-t-on ce que l'on voudra lorsque Nanna voit "la prudente
mère supérieure" en compagnie d'un visiteur"prendre les choses
du bon côté". Nanna, au couvent, fait son apprentissage et remarque
qu'"il est moins difficile d'apprendre à jouer des mains avec les
gobelets, que l'art de caresser l'oiseau si gentiment qu'il se dresse sur ses
pattes, quand même il ne le voudrait pas." De même un confesseur
est surpris retirant "le bouchon de la bouteille" et
voulant "à toute force le mettre dans le pot à civette". On n'en
finirait pas de relever toutes les inventions de cet auteur autodidacte, à
propos duquel l'histoire littéraire retient le fait que de nombreuses et très
belles femmes fréquentaient la demeure vénitienne. Heureux inventeur d'une
langue puissante et imagée qui trouva au XVIe siècle, une protection qu'on
serait loin de lui accorder aujourd'hui." (Présentations de la réédition de l'édition de 1882 donnée par Alcide Bonneau).
Bel exemplaire de ce joli livre illustré clandestin anticlérical.
Prix : 280 euros