Pierre LOUYS - Jacques TOUCHET, illustrateur
LES AVENTURES DU ROI PAUSOLE. Illustrations en couleurs de Jacques Touchet.
Paris, L'édition d'Art H. Piazza, s.d. (1939)
1 volume in-8 (20,5 x 15 cm), broché, 350-(1) pages. Couverture illustrée en couleurs. Très bon état.
NOUVELLE ÉDITION ILLUSTRÉE.
TIRAGE A 3.200 EXEMPLAIRES.
CELUI-CI UN DES RARES 40 EXEMPLAIRES DE TÊTE SUR JAPON IMPÉRIAL AVEC UNE SUITE EN NOIR ET UNE SUITE EN COULEUR DES ILLUSTRATIONS.
Jolie illustrations miniaturistes et simplifiées au trait rehaussée au pochoir en couleur. Jacques Touchet saisit ici parfaitement l'ambiance des Aventures du Roi Pausole de Pierre Louÿs.
"Pour un roman publié en 1900, Les aventures du roi Pausole garde un ton très XVIIIème : conte à portée philosophique, dont l'intrigue se résume en deux lignes et qui fournit le prétexte à des digressions et autres conversations livrées d'un ton léger et badin, quand ce n'est pas un peu polisson ... On se croirait parfois chez Voltaire (d'ailleurs cité à titre parodique) ou chez Diderot. Cependant, Pausole se présente comme un ouvrage contemporain, le roi du pays de Tryphème est contemporain et voisin d'Emile Loubet, président français de l'époque. C'est juste que son pays ne figure pas sur les cartes, il est trop prospère pour ça ... Cela pourrait attirer les touristes ... Alors les géographes ont préféré laisser ce pays en bleu, dans la Méditerranée - comme les critiques littéraires montent des "conspirations du silence" contre les "œuvres fortes", ne manque pas d'ajouter l'auteur. Et à Tryphème, ce pays imaginaire si proche de la France, règne un roi débonnaire qui souhaite avant tout le bonheur de son peuple, en proix au démon de l'incertitude. C'est pour cela qu'il a 366 femmes : une pour chaque jour de l'année, et une prévue pour les années bissextiles. Cela lui évite de se confronter à la perspective d'un choix ... Souverain double, Pausole accorde et recommande une grande liberté de moeurs à tous ses sujets, et le code pénal de Tryphème se résume à deux articles : "Ne nuis pas à ton voisin. Cela étant bien compris, fais ce qu'il te plaît." On ne fait pas plus simple et plus compliqué. En cela, le personnage du roi illustre bien les problèmes complexe que sous-tendent ces déclarations : tandis que les Tryphémoises se promènenent avec pour tout vêtement un mouchoir sur la tête et des mules aux pieds, il interdit cette tenue à sa fille ; de même, alors que mariage et monogamie ne sont pas particulièrement recommandés dans son pays, il est interdit aux femmes de son propre harem de voir des hommes, hormis la seule nuit par an qu'elles passent en compagnie du roi. Cependant, Pausole règne sans se questionner, faisant justice sous un cerisier plutôt que sous un chêne (parce que cet arbre fait autant d'ombre qu'un autre et qu'en plus, il donne de bons fruits) jusqu'à ce que son petit monde s'écroule.
Sa fille, la princesse Aline, prend un jour la poudre d'escampette, fuyant sa prison dorée en compagnie d'une belle danseuse. Après bien des hésitations, Pausole part à sa recherche, monté sur sa mule, accompagné de deux conseillers hauts en couleurs : l'eunuque Taxis "qui jouera dans la suite du récit (disons-le tout de suite pour plus de clarté) le rôle toujours nécessaire du personnage antipathique" et le page Djilio-Guiguelillot-Gilles-etc., personnage plein de pétulance et de malice, dénué de toute inhibition et multipliant les conquêtes. On ne fait pas plus opposé : d'un côté le libertin, à mi-chemin entre serviteur et bouffon, évoquant toute la lignée des valets de comédie (du personnage de l'esclave rusé dans le théâtre antique au Scapin de Molière) ; de l'autre le chrétien protestant et professeur d'arithmétique, au "profil concave", incarnant ordre et rigueur et arrivant toujours mal à propos dans l'atmosphère joyeuse et délicieusement légère du pays de Tryphème. Ce voyage mené par cet improbable trio, accompagné de quarante soldats tour à tour armés de lances ou de tulipes (selon les préceptes de l'un ou del'autre conseillers) apparaît alors comme le prétexte à mille petites aventures, sans grande conséquence et qui, bien loin d'amener à la conclusion, prolongent bien plus volontiers les pauses et les escales. L'épilogue du roman se clot à peu près sur ces termes : "Ci finit l'aventure extraordinaire du Roi Pausole qui, pour retrouver sa fille, alla jusqu'à parcourir sept kilomètres à dos de mule, de son palais à sa grand'ville." Les aventures du roi Pausole baigne dans un érotisme ambiant, du début à la fin. Léger, souvent bien plus suggestif que descriptif, mais bien là. En passant, l'auteur développe un des thèmes qui semblent lui être assez chers : celui du saphisme, à travers la fuite de la princesse Aline avec Mirabelle, qui devient son initiatrice. Au-delà de ça, Tryphème apparaît comme le lieu des plaisirs décomplexés, et l'amour y est décrit comme quelque chose de naturel et allant de soi. Et derrière un ton apparemment léger se cachent des réflexions sur l'amour, la nudité, la sexualité et la morale. Par ce récit, Louÿs livre une forme particulière d'utopie, répondant à des idées déjà exposées ailleurs dans ses écrits, où il défend la sensualité en lui retirant toute notion de péché et fait l'éloge de l'amour libre. En conclusion, Pausole n'est pas un roman à recommander à de prudes lecteurs." (source : http://carnets-plume.blogspot.fr/2008/10/pierre-lous-les-aventures-du-roi.html)
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