HISTOIRE DES QUATRE FILS AYMON TRES NOBLES ET TRES VAILLANS CHEVALIERS illustrée de compositions en couleurs par EUGÈNE GRASSET. Gravure et impression par Charles Gillot. Introduction et notes par Charles Marcilly.
Paris, H. Launette, éditeur, 1883 (achevé d'imprimer le 1er décembre 1883, à Paris, sur les presses de Charles Gillot).
1 volume in-4 (28,5 x 23,5 cm), broché, couverture rempliée illustrée en couleurs, 1 feuillet de faux-titre avec la justification du tirage de luxe au verso, 1 feuillet de titre imprimé en rouge et noir, 1 feuillet de faux-titre pour l'introduction, 1 feuillet frontispice en couleurs, 224 pages chiffrées et 8 feuillets non chiffrés pour les notes, la table des matières et achevé d'imprimer). Exemplaire à l'état proche du neuf, tel que paru. A signaler quelques légers fendillements du papier du dos, sans gravité, brochage fragile du fait de la lourdeur du papier (voir ci-dessous).
ÉDITION ORIGINALE ET PREMIER TIRAGE DE L'EXCEPTIONNELLE ILLUSTRATION DE EUGÈNE GRASSET.
UN DES 100 EXEMPLAIRES SUR PAPIER JAPON, PREMIER PAPIER DE LUXE AVEC 100 EXEMPLAIRES SUR CHINE.
Ce célèbre ouvrage est illustré à chaque page, texte et compositions colorées se mêlent ensemble pour former un ensemble des plus réussis. Octave Uzanne n'a pas peur, à la parution de ce livre, de lui décerner le titre du "plus beau livre du siècle". Ce livre marque en effet un tournant important dans l'illustration du livre moderne illustré, c'est en effet l'un des premiers ouvrages imprimés par le procédé de Gillot ou Gillotage, c'est à dire un procédé d'impression chromotypographique ou photogravure. Il ne connut pourtant pas le succès escompté à sa parution, les amateurs semblant alors déroutés par cette innovation technique qui rendait les couleurs d'une manière toute nouvelle. Cet admirable ouvrage fut cependant bientôt rapidement reconnu comme un ouvrage phare de l'Art Nouveau. Eugène Grasset y déploya tout son art, à chaque page d'une manière nouvelle et toujours plus délicate. Les relieurs Marius Michel puis Charles Meunier s’enthousiasmèrent pour cet ouvrage dont ils couvrirent de reliures incisées les exemplaires de luxe. Une enquête en 1895 auprès des « amateurs » classa ce livre en tête des publications les plus recherchées.
Lecteur et disciple de Viollet le Duc, Eugène Grasset mis plus de deux ans a dessiner les exploits chevaleresques, les architectures anciennes, les costumes et les armes qui firent impression. On admira les connaissances de l’artiste sans voir que ces minutieuses reconstitutions du haut moyen age, ces ornements tirés des manuscrits Irlandais, cotoyaient des nuages, des arbres en fleurs, des vols de canards japonisants, ainsi qu’un certaine flore décorative qui sera bientôt envahissante. Tout l’Art Nouveau encore corseté par les contraintes archéologiques est déjà là. Dans ce livre Grasset multiplia les audaces de mise en pages que Gustave Doré, qu’il admirait tant, n’en avait jamais osé. Le décors symbolique et l’imagerie illustrative échangent leurs rôles, l’espace de la page s’oriente selon des diagonales, les cadres débordent, les plans se superposent, se cachent, se répondent, celui du texte n’en étant qu’un parmi d’autres.
Véritable manifeste des libertés permises par l’illustration photomécanique, l’Histoire des quatre fils Aymon ouvrait des perspectives nouvelles. Le résultat est une mise en page dans laquelle les illustrations et ornements pseudo moyenâgeux contrastent avec le recours volontaire aux nouvelles techniques d’impression et une construction résolument asymétrique (source site internet Eugène Grasset http://eugene.grasset.perso.sfr.fr).
Du point de vue bibliophilique, il n'est finalement pas si rare de rencontrer de nos jours quelque luxueux exemplaire relié avec richesse par Marius Michel ou Charles Meunier, dans des maroquins décorés, mosaïqués ou des cuirs peints et incisés. Essayer de trouver un exemplaire à l'état broché, le plus pur qu'il soit possible, tient de la gageure.
Doit-on attacher plus de valeur à un exemplaire luxueusement relié à l'époque ou postérieurement ou à un exemplaire tel que paru, broché, parfaitement conservé ? La question mérite ici d'être posée sans attendre de réponse pour savoir que cet exemplaire est le plus désirable qui soit sans atours extérieurs au livre imprimé lui-même. Ce volume ne doit son mérite qu'à lui-même !
Ce magnifique volume était vendu 100 francs pour les exemplaires ordinaires (tiré à assez grand nombre), 300 francs pour les exemplaires sur Japon et 200 francs pour les exemplaires sur Chine. Ces prix exorbitants sont à comparer aux quelques francs demandés pour un livre ordinaire d'édition courante (moins de 5 francs) et aux 40 ou 50 francs demandés pour les beaux livres illustrés de la même époque (notamment ceux publiés par Octave Uzanne). 300 francs or représentent alors (1883) une somme équivalente à plus d'une année de salaire d'un ouvrier non qualifié.
Références : Vicaire, Manuel de l'amateurs de livres du XIXe siècle, IV, 142-143 (qui place le frontispice entre les pages 8 et 9 et signale que les exemplaires sur papier de Chine et Japon ont été livrés en feuilles dans un carton - ce qui n'est pas le cas de notre exemplaire livré broché d'origine) ; Carteret, Trésor du bibliophile, IV, 204 : "Bel ouvrage très rare et coté, surtout en grand papier."
UN DES PLUS BEAUX LIVRES ILLUSTRÉS DE LA SECONDE MOITIÉ DU XIXe SIÈCLE.
CE LIVRE MARQUA A JAMAIS LA CARRIÈRE D'EUGÈNE GRASSET TOUTE ENTIÈRE AU SERVICE DE L'ART NOUVEAU.
CE LIVRE MARQUA A JAMAIS LA CARRIÈRE D'EUGÈNE GRASSET TOUTE ENTIÈRE AU SERVICE DE L'ART NOUVEAU.
EXEMPLAIRE DE HAUTE BIBLIOPHILIE.
VENDU