Monsieur de La Braguette [Théodore HANNON]
LES TREIZE SONNETS DU DOIGT DEDANS.
Domremy-la-Pucelle (Vosges), Au couvent des Puces-Travailleuses (Avec approbation), s.d. (1882), sans nom (publié par à Bruxelles chez Henry Kistemarckers).
1 volume in-8 (22,5 x 14,5 cm) de 30 pages et 1 feuillet blanc avec encadrement, broché sous couverture muette de couleur violine pâle. Couvertures usagées avec de petits manques en bordure des plats, dos frotté, légèrement salies, brochage faible. Exemplaire à relier. Impression en cinq couleurs.
On lit au verso du titre : "Cette artistique plaquette n'a été tirée qu'à 69 exemplaires, non mis dans le commerce, et exclusivement réservés aux Dames repenties du Couvent de Donremy-la-Pucelle. (Vosges)."
La "Table des Matières Fécales" qu'on trouve à la fin indique les XIII pièces suivantes : I. Sonnet dédicatoire - II. Fleurs blanches. - III. Fleurs rouges. IV. Duettino. - V. Chauvinisme. - VI. Le Balcon. - VII. Sonnet biblique. - VIII. Absinthes. - IX. Goussets. - X. Sherry-Cobbler. - XI. Oubli romantique. - XII. Marine. - XIII. P.P.C.
L'ensemble des vers présente un tableau obscène et scatologique des plus évocateur de la poésie libre de Théodore Hannon. Cette unique et rarissime édition a été imprimée à Bruxelles par A. Lefèvre sur papier vélin fort teinté. La mise en page artistique et l'impression en cinq couleurs font de ce petit livre une petite curiosité de boudoir bibliophile.
« Théodore Hannon, un élève de Baudelaire et de Gautier, mû par un sens très spécial des élégances recherchées et des joies factices (...). Sa corruption charmante correspondait fatalement aux penchants de des Esseintes » (Huysmans). L'ouvrage, qui comporte une Table des matières fécales, s'inscrit dans la production des livres sur les « vents ».
Un petit extrait pour juger de la qualité des vers de Hannon :
"Absinthes.
Sa lance a fourragé le con mol et suspect.
L'altière fanfaronne en est déshonorée
Et bien humble aujourd'hui vous nomme avec respect,
Douce Blennorhagie, aimable Gonhorrée !
Son vit emmailloté comme un crâne de vieux
Sait la torture aigüe, au hasard des latrines,
Alors qu'il faut vider l'urêtre pluvieux...
Le benin Copahu parfume ses urines.
Il connait la douleur plus cuisante qu'un cor
Des seringues dardant la canule assassine
Et crachant au méat le tannin qui calcine !
Jour et nuit son gland lourd pleure des larmes saintes
Et vertes : on dirait qu'il veut refaire encor
Goutte à goutte, et sans fin, les anciennes absinthes."
ou encore :
"P.P.C.
Connin, bijou sans prix finement ciselé,
Un soir, par quelque fée experte et japonaise,
Fleur de vie ou de mort pour l'homme ensorcelé
A ses fraîcheurs d'aurore, à ses feux de fournaise.
Fruit de chair, pulpe exquise et dont l'accent amer
(Ce rappel de l'arome étonnant où la brise
Pimente son haleine en passant sur la mer)
Vaut tous les poivres-longs sous le duvet qui frise.
Calice aux vins puissants et magiques dont nous
Ne devons approcher qu'en extase, à genoux,
Sans en faire rougir les roseurs d'aubépine.
Car la langue, elle seule, y doit servir d'amant,
Avec le doigt, sans ongle - et mouillé prudemment
Le cul n'est-il pas là pour y fourrer sa pine ?"
Références : Dutel, 853. ; Pia, 1441. ; Gay-Lemonnyer III, 1248 ; Pierrat, Le Livre des livres, p. 206. ; Peyrefitte, 104 ; Vente Gérard Nordmann, seconde partie, n°245 (estimé 1.000 / 1.500 euros en 2006). Un exemplaire adjugé à la vente EROTICA Peirre Faur et Emmanuel Pierrat, Pierre Bergé du 7 décembre 2007 (adjugé 800 euros sans les frais, broché).
BON EXEMPLAIRE DE CE LIVRE RARE AUX ACCENTS BAUDELAIRIENS "LIBRES". A RELIER.
VENDU