FEUILLET Octave
LE DIVORCE DE JULIETTE - CHARYBDE & SCYLLA - LE CURÉ DE BOURRON par Octave Feuillet de l'Académie Française.
Paris, Calmann Lévy, Ancienne Maison Michel Lévy, 1889
1 volume in-12 (19 x 12,5 cm) de (3)-272-(1) pages.
Reliure plein maroquin bleu nuit, dos à nerfs richement orné aux petits fers dorés, triple-filet doré en encadrement des plats, double-filet doré sur les coupes, roulettes et filets dorés en encadrement intérieur des plats, doublures et gardes de papier marbré, tête dorée, autres tranches non dorées, couvertures imprimées orange conservées à l'état de neuf (reliure de l'époque signée DAVID). Exemplaire à l'état proche du neuf.
ÉDITION ORIGINALE.
UN DES 50 EXEMPLAIRES IMPRIMÉS SUR PAPIER DE HOLLANDE.
EXEMPLAIRE TRUFFÉ A L'EPOQUE D'UN PETIT BILLET AUTOGRAPHE DE L'AUTEUR.
"Paris 1er avril 73. Monsieur, je vous donne avec grand plaisir l'autorisation que vous voulez bien me demander. Votre musique est charmante et je suis heureux qu'elle soit jouée partout où ma pièce le sera. Croyez, Monsieur,à ma sympathie dévouée. Octave Feuillet." (à un compositeur).
Ce volume contient deux pièces de théâtre et une nouvelle.
"C’est là un petit volume que M. Octave Feuillet, plongé dans un deuil encore récent et qu’il ne quittera jamais, s’est laissé arracher par son éditeur. Le Divorce de Juliette, comédie en trois actes et quatre tableaux, a beaucoup plu quand la Revue des Deux Mondes la donna. Réussirait-elle aussi bien sur la scène ? D’excellents juges ont décidé qu’oui. Ils savent ces choses-là infiniment mieux que moi. Je ne suis pas pour les contredire. Mais, ayant un goût particulier pour le spectacle dans un fauteuil, je me tiens satisfait de la représentation à laquelle j’ai assisté les pieds au feu. Je me flatte d’avoir vu une Juliette assez jolie, bien qu’un peu maigre, comme il convient à sa jeunesse : elle n’a que vingt-deux ans. Juliette veut divorcer, et ce n’est pas sans raison. Si M. d’Épinoy l’a épousée, ç’a été, non pas parce qu’elle est charmante, mais uniquement pour aimer avec plus de sécurité la belle princesse de Chagres. Le prince avait des soupçons et il était homme à tuer M. d’Épinoy comme il avait précédemment tué, à Florence, ce pauvre diable de Borgo-Forte. M. d’Épinoy se maria pour détourner les soupçons du prince. (...) Ce n’est pas une idée médiocrement philosophique, certes, que celle de la rédemption finale des créatures. Et les dénouements heureux, les conclusions morales de M. Octave Feuillet sont irréprochables au point de vue symbolique. Le Divorce de Juliette n’est qu’une élégante esquisse, mais on y retrouve la main du maître. Je ne parle pas aujourd’hui de Charybde et Scylla, qui est imprimé à la suite : ce proverbe renferme en quatre scènes une spirituelle satire de nos lycées de filles et de l’enseignement supérieur qu’on y donne aux petites demoiselles. La question est intéressante ; nous y viendrons quelque jour.
Ce que j’avais à cœur de dire dès à présent, ce que je veux dire bien haut, c’est mon admiration pour l’art achevé avec lequel M. Octave Feuillet compose ses romans. Ils ont la forme parfaite : ce sont des statues de Praxitèle. L’idée s’y répand comme la vie dans un corps harmonieux. Ils ont la proportion, ils ont la mesure, et cela est digne de tous les éloges.
On a voulu faire mieux depuis et l’on a fait des monstres. On est tombé dans la barbarie. On a dit : « Il faut être humain. » Mais qu’y a-t-il de plus humain, je vous prie, que la mesure et l’harmonie ? Être vraiment humain, c’est composer ; lier, déduire les idées ; c’est avoir l’esprit de suite. Être vraiment, humain, c’est dégager les pensées sous les formes, qui n’en sont que les symboles ; c’est pénétrer dans les âmes et saisir l’esprit des choses.
C’est pourquoi M. Octave Feuillet est plus humain dans son élégante symétrie et dans son idéalisme passionnel, que tous les naturalistes qui étalent indéfiniment devant nous les travaux de la vie organique sans en concevoir la signification. L’idéal c’est tout l’homme. Le Divorce de Juliette m’a fourni une occasion de rendre hommage au talent accompli de M. Octave Feuillet." (in Anatole France, La vie littéraire)
SUPERBE EXEMPLAIRE.
VENDU